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L’afflux continu des réfugiés soudanais maintient l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) à l’est du Tchad

L’afflux continu des réfugiés soudanais maintient l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) à l’est du Tchad

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  • Messages clé
  • Résumé
  • Contexte de la sécurité alimentaire
  • Conditions actuelles de sécurité alimentaire en octobre 2024
  • Analyse des principales sources de nourriture et de revenus
  • Assistance alimentaire humanitaire
  • Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en octobre 2024
  • Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’en mai 2025
  • Résultats estimés les plus probables de l’insécurité alimentaire aiguë jusqu’en mai 2025
  • Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë
  • Aperçu d’une zone de préoccupation TD06, provinces du Ouaddaï (département d’Assongha) et du Sila (Département de Kimiti (Figure 8)
  • Annexe : Résultats projetés en matière d’insécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’assistance alimentaire humanitaire
  • Messages clé
    • FEWS NET estime que 1.5 à 1.99 millions de personnes auront besoin d’aide alimentaire, qui atteindrait le maximum entre février et mai 2025, en particulier les réfugiés soudanais et les retournés tchadiens dans les provinces de l’Est du pays et les personnes déplacées internes de la province du Lac. L’assistance alimentaire continuerait d’être disponible pour les réfugiés, mais elle serait insuffisante pour couvrir les déficits de la consommation alimentaire des bénéficiaires en raison de l’augmentation des personnes dans le besoin avec l’afflux continu des réfugiés. 
    • Les zones de préoccupation sont les provinces d’Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est où les réfugiés soudanais et retournés tchadiens sont accueillis. Les résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et de Crise (Phase 3) sont attendus dans ces provinces entre octobre et mai 2025, avec des poches de ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC). L’afflux continu des réfugiés fuyant le conflit au Soudan, plus de 681 444 réfugiés en octobre, exerce des pressions sur les moyens d’existence, augmentant l’offre de main-d’œuvre et la concurrence dans un contexte de rareté des opportunités de travail agricoles et non agricoles. La consommation alimentaire des réfugiés dépend des marchés et surtout des assistances alimentaires, malgré un volume insuffisant ainsi qu’une distribution irrégulière. En outre, les inondations ont rendu difficile l’accès à certaines localités et camps des réfugiés, ce qui a encore impacté la distribution de l’assistance alimentaire.
    • Les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus aussi dans la province du Lac, affectée par les attaques des groupes terroristes et les inondations, et qui reste également parmi les zones de préoccupation. L’insécurité, exacerbée par les inondations, entraîne des déplacements des populations et perturbe les moyens d’existence et l’approvisionnement des marchés de cette province.
    • Les inondations depuis juillet ont affecté l’ensemble du pays, dont 432 000 ha de cultures ont été détruites et 70 000 têtes de bétails tuées, en plus des pertes en vies humaines et des destructions des infrastructures. En effet, la destruction des champs de culture, combinée avec la diminution des superficies emblavées à cause de l’insécurité au Lac, entraînera la baisse de la production céréalière de cinq pour cent par rapport à la campagne 2023/2024 et de neuf pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. En outre, les inondations ont entravé aussi l’approvisionnement de la plupart des marchés. 

     L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 16 octobre 2024.

    Résumé

    Figure 1

    Évolution des effectifs cumulés des réfugiés soudanais

    Source: UNHCR

    La crise humanitaire des réfugiés née des conflits en cours au Soudan maintient les résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) dans les départements d’Assongha (Province du Ouaddaï) et Kimiti (Province du Sila) et de Crise (Phase 3 de l’IPC) dans les autres localités des provinces d’accueil de l’Est du Tchad (Ouaddaï, Wadi Fira, Sila et Ennedi Est), avec des poches des ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC). Les moyens d’existence dans les zones d’accueil sont soumis à de fortes pressions en raison de l’afflux des réfugiés (plus de 681 944 Soudanais) et des retournés fuyant les hostilités au Soudan (Figure 1). D’intenses compétitions entre réfugiés, retournés et ménages hôtes sur les rares opportunités d’embauche limitent les niveaux de revenus perçus des activités exercées. Entre octobre 2024 et janvier 2025, la consommation alimentaire des ménages hôtes sera améliorée avec la disponibilité des récoltes. Cependant, les réfugiés, dont la capacité d’achat est très limitée, dépendent des marchés et surtout des assistances alimentaires pendant toute la durée de la perspective. En conséquence, l’afflux continu des réfugiés, combiné avec la baisse anticipée de la production agricole, maintient élevé les effectifs de personnes ayant besoin d’assistance alimentaire.

    La production agricole pluviale attendue, en particulier la production céréalière, devrait diminuer en raison des fortes précipitations depuis juillet qui ont provoqué des inondations dans tout le pays, notamment dans la région du Lac, le Mandoul, le Moyen Chari, la Tandjilé, le Mayo-Kebbi Est et le Batha. L’approvisionnement des marchés est aussi affecté par les inondations en plus du coût élevé de transport, secondaire à la levée des subventions. La baisse des superficies emblavées liée à l'insécurité (au Lac) impacte encore davantage la production. Ceci entraînera un épuisement précoce des stocks des ménages à partir de février 2025. 

    La disponibilité des ressources pastorales et l’état d’embonpoint du bétail se sont améliorés dans les zones pastorales et agropastorales compte tenu des cumuls pluviométriques globalement excédentaires. Cependant, malgré l’amélioration de l’état physique des bétails, les perturbations des marchés, la baisse relative de la demande et la dépréciation du naira, et les revenus tirés de la vente des bétails permettront seulement de couvrir les dépenses alimentaires des éleveurs entre octobre et janvier 2025, mais pas les dépenses non alimentaires. Ainsi, les pasteurs et agropasteurs éleveurs du Sahel Ouest (Barh el Ghazel et Kanem) seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). Leur consommation alimentaire se détériorera entre février et mai 2025, surtout pendant la soudure pastorale et ils seront en Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant cette période. 

    Dans la région du Lac, les inondations et l’insécurité civile accentuent la dégradation des moyens d’existence. Le débordement des bras du lac durant l'hivernage a forcé le déplacement de plusieurs ménages, dont des déplacés internes privés de moyens d’existence. Ces inondations ont entraîné des pertes supplémentaires des superficies emblavées qui sont déjà réduites par l’insécurité. L’accès réduit aux marchés à cause de la faible capacité d’achat oblige les ménages hôtes et les déplacées à développer des stratégies d’adaptation de crise. Ils sont confrontés à l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la période de l’analyse.

    Ainsi, les besoins en assistance alimentaire resteront élevés pendant toute la période de la perspective et augmenteront encore après la période des récoltes, en 2025. En outre, avec l’afflux continu des réfugiés et des retournés dans les provinces de l’Est du pays, il est urgent d’augmenter les assistances humanitaires.   

    Contexte de la sécurité alimentaire

    Les conflits résultants des attaques des groupes terroristes dans le bassin du Lac Tchad, des rebelles dans les frontières avec la Libye et la République centrafricaine et les conflits intercommunautaires dans la région soudanienne impactent les moyens d’existence des ménages, les flux commerciaux et le fonctionnement des marchés. Dans le Lac, la persistance de l’insécurité depuis 2015, due aux attaques de l’État Islamique de la Province de l’Afrique, a entraîné l’abandon des terres cultivables, des déplacements des populations et la limitation des activités de pêche dans le lac Tchad. Dans le Nord, les attaques sporadiques des rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde (FACT) et du Front de la Nation pour la Démocratie et la Justice au Tchad (FNDJT), depuis 2016, malgré qu’elles soient maîtrisées par les forces de sécurité, perturbent les flux commerciaux en provenance de la Libye. Cette perturbation des flux transfrontaliers diminue l’approvisionnement des marchés dans les zones déficitaires, surtout les provinces du Nord ainsi qu’au Kanem et Bahr-el-Gazal (BEG). Les conflits intercommunautaires fréquents en zone soudanienne perturbent les activités de production agricole. Ces conflits entraînent parfois des déplacements des populations. 

    Le conflit soudanais qui a débuté en avril 2023 a entraîné l’afflux des réfugiés soudanais et retournés tchadiens dans les provinces de l’Est du Tchad, en particulier au Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est. Depuis le début du conflit au Soudan, plus de 681 944 réfugiés et 213 339 retournés sont arrivés au Tchad (UNHCR). Les réfugiés sont fortement concentrés dans le département d’Assongha (Province du Ouaddaï). Les réfugiés et retournés continue d’exercer une pression sur les sources de nourriture et de revenus. Dépourvus de leurs moyens d’existence et pour satisfaire leurs besoins en consommation alimentaire, les réfugiés dépendent largement de l’aide alimentaire, dont le financement est limité. L’afflux régulier de ces réfugiés maintient le nombre de population dans le besoin élevé.

    Les moyens d’existence des ménages du Tchad sont surtout dominés par l’agriculture et l’élevage. La production agricole et céréalière, prédominante dans les zones agricoles soudanienne mais aussi dans les zones agropastorales, est très sensible à la variabilité des précipitations, en particulier les sécheresses et les inondations. Depuis fin juillet, les fortes pluies ont provoqué des inondations, en particulier au Lac, Mandoul, Moyen-Chari, Tandjilé et le Mayo-Kebbi. Les inondations coïncident avec la phase de maturation des cultures et ont détruit plus de 432 000 hectares de champs de culture, compromettant les récoltes qui sont estimées en baisse. La période de février à mai 2025 coïncide avec le début de la période de soudure (Figure 2). Les stocks des ménages s’épuiseront rapidement à cause de la baisse prévue des récoltes, entraînant la dépendance des ménages aux marchés. Dans les zones pastorales, les précipitations excédentaires améliorent les pâturages et remplissement des points d’eaux, améliorant l’embonpoint des bétails ainsi que leurs valeurs marchandes. 

    Figure 2

    Calendrier saisonnier pour une année typique dans le Sud du Tchad

    L’ensemble complet des calendriers saisonniers pour Tchad est disponible ici.

    Source: FEWS NET

    Conditions actuelles de sécurité alimentaire en octobre 2024

    L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section. 

    Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).

    Figure 3

    Répartition des réfugiés par camp (au 14 octobre 2024)

    Source: FEWS NET utilisant les données de l’UNHCR

    Principaux dangers 

    Conflit :

    Dans les provinces du Sud, l’insécurité découle des attaques des groupes armés non étatiques au Lac, des activités des groupes rebelles aux frontières avec la Libye, au Nord, et des conflits communautaires, affectant les moyens d’existence des populations, et l’approvisionnement et le fonctionnement des marchés. Les incidents sécuritaires au Lac ont légèrement augmenté en 2024 par rapport à 2023. Cependant, ces incidents sont surtout liés aux attaques des forces de défense et de sécurité tchadiennes contre les positions des groupes armés terroristes de l’État Islamique de la Province d’Afrique de l’Ouest. Ces perturbations sécuritaires, couplées avec des inondations, ont surtout affecté les activités agricoles, limité les mouvements des personnes, la pratique de la pêche et les flux des approvisionnements des marchés dans la province du Lac. 

    En zone soudanienne, les conflits intercommunautaires entre agriculteurs et éleveurs demeurent la préoccupation sécuritaire majeure. Toutefois, le nombre de conflits pendant le premier semestre 2024 a diminué de 26 cas contre 37 cas en 2023. Néanmoins, ces conflits ont entraîné des pertes de vie humaines, mais aussi des destructions des cultures, des déplacements de personnes et des perturbations des fonctionnements des marchés. Les rixes intercommunautaires, notamment au Mandoul en septembre, affecte sévèrement les moyens d’existence. Ces conflits ne sont pas limités dans le sud, mais aussi dans les zones agropastorales. En août, le conflit entre éleveurs nomades et cultivateurs dans la province du Ouaddaï a causé 37 morts.  

    Dans la zone frontalière du Nord, la présence des opposants armés près des frontières libyennes maintien une vigilance sécuritaire des forces gouvernementales. Le renforcement des positions des forces de défense et de sécurité contre les groupes rebelles continue de perturber le flux commercial transfrontalier et les flux migratoires à destination de la Libye. Ces mesures sécuritaires affectent ainsi l’approvisionnement des marchés non seulement des provinces du Nord, mais aussi des autres provinces, notamment au Barh El Ghazel, Kanem, Wadi Fira et même Ouaddaï. Dans les sites aurifères du Tibesti, les reflux d’orpailleurs artisanaux, principalement ceux venus des autres provinces du Sahel et du Sahara, se poursuivent à cause des restrictions sécuritaires

    Crise des réfugiés :

    La persistance de la crise soudanaise continue d’entraîner l’afflux des réfugiés soudanais et retournés tchadiens dans les provinces d’Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est. Le Tchad accueille plus de 681 944 réfugiés soudanais et 213 339 retournés tchadiens au 14 octobre 2024 (UNHCR). Le département d’Assongha accueille toujours la majorité des réfugiés arrivant au Tchad (Figure 3). La population d’Assongha a presque doublé en une année, car les réfugiés représentent plus de 47 pour cent de la population totale du département. Les réfugiés dépourvus de leur moyen d’existence continuent d’exercer une pression sur les ressources locales et font la concurrence avec les ménages locaux sur les rares opportunités de travail agricoles et non agricoles. Ces personnes déplacées ont augmenté le nombre de main d’œuvre disponible dans les provinces de l’Est alors que les opportunités de travail sont très limitées, entraînant une suroffre et une baisse des revenus. En outre, les impacts des inondations sur la destruction des champs de cultures, la perte des bétails emportés par les inondations et les impacts sur les infrastructures routières ont affecté non seulement les moyens d’existence des ménages hôtes, mais aussi l’acheminement des assistances alimentaires aux camps des réfugiés. La moitié du camp des réfugiés de Goz-Amir, à Sila, a été aussi inondée (UNHCR).

    Les inondations :

    Les fortes pluies depuis début juillet ont provoqué des inondations dans toutes les provinces du Tchad, touchant plus particulièrement les provinces du Lac, Mandoul, Moyen Chari, Tandjilé, Mayo-Kebbi Est et le Batha. Plus de 1 941 869 personnes sont affectées, plus de 432 000 hectares de champs de culture sont détruits. En outre, plus de 70 000 têtes de bétails sont tuées (OCHA). La persistance des inondations et la destruction des champs de cultures ont affecté la production agricole qui est en phase de maturation et de récolte. Au sud, et dans les localités agricoles et agropastorales, comme au Lac, les travaux de récolte et de préparation de la campagne de contre-saison froide sont affectés par les eaux d’inondation. Des baisses de récoltes et les retards de transplantation des pépinières du sorgho de décrue sont signalées dans la plupart des zones. En outre, les infrastructures routières ont aussi subi des dégâts, en particulier la destruction de plusieurs ponts dans le sud du pays. La montée des eaux des ouadis entrave l’accès aux différentes communautés et aux camps des réfugiés. À la fin de septembre, les cumuls pluviométriques étaient excédentaires par rapport à la moyenne des 30 dernières années et une augmentation généralisée des niveaux des fleuves Logone et Chari (Figure 4).   

    Figure 4

    Précipitations pourcentage normal (mai – septembre)

    Source: USGS

    Analyse des principales sources de nourriture et de revenus

    Production agricole : 

    Malgré l’installation tardive des précipitations en zones soudanienne et sahélienne avec des séquences sèches par endroit, les cumuls pluviométriques étaient excédentaires en 2024 et marqués par les inondations affectant les 25 provinces du pays. Les récoltes sont affectées et les préparatifs de la campagne de contre-saison sont retardées par les inondations. Selon la Météo Tchad, à la 2e décade de septembre, le cumul pluviométrique du Logone Oriental et de Mandoul a atteint de 1000 à 1200 mm avec des endroits dans l’extrême sud de 1200 à 1400 mm de pluies. Au Logone Occidental, Tandjilé et Salamat, la pluviométrie a été estimée de 800 à 1000 mm. La bande sahélienne a reçu 100 à 500 mm de pluie. Dans la province du Lac, d’importantes pertes de surfaces agricoles sont rapportées. Les superficies ont été réduites par les fortes inondations, notamment les périmètres agricoles des terres dunaires exploités par les petits producteurs. Au Salamat et dans la bande sahélo-saharienne, les pertes de superficies par suite des inondations sont également signalées. 

    Les inondations ont détruit plus de 432 800 hectares de cultures, entraînant une baisse de la production agricole (OCHA). Ainsi, la production céréalière attendue pour 2024/2025 tendrait vers la fourchette basse des dernières estimations de la Direction de la Planification et des Statistiques Agricoles au PREGEC, environ 2.5 millions de tonnes. Cela représenterait une nouvelle baisse annuelle de cinq pour cent par rapport à la campagne précédente 2023/2024 et neuf pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Dans les zones non inondées, en septembre, les cultures sont aux stades phénologiques différents. Les céréales, le sésame et l’arachide sont au stade de floraison à maturation et récolte. En outre, les revenus obtenus par la vente de ses propres produits agricoles ne rapporteront pas beaucoup pour les ménages pauvres et très pauvres, car leur production seront réservées principalement pour l’autoconsommation et peu pour la vente.    

    Production animale :

    Après une longue soudure pastorale causée par le retard d’installation de la saison, les fortes pluies enregistrées ont amélioré les conditions pastorales. Les pâturages sont bien développés et les points d’eau sont remplis permettant d’améliorer l’alimentation et l’état d’embonpoint des animaux. Un excédent de biomasse est relevé dans les zones agropastorales et de transhumance grâce à un excellent niveau de tapis herbacé favorisé par les précipitations excédentaires (ACF). Il est également rapporté une bonne disponibilité en produits laitiers dont le beurre dans ces zones. En outre, des campagnes de vaccination contre la pneumonie contagieuse bovine (PPCB) et de la peste des petits ruminants (PPR) ont été menées par le Ministère de l’élevage, contribuant à favoriser une situation zoosanitaire calme. Pourtant, la difficulté d’approvisionner les marchés intérieurs limités par les inondations, les coûts de transport élevés et la dépréciation du naira ont contribué à la baisse de la demande d’exportations vers le Nigeria, notamment pour les caprins et les gros ruminants. Malgré l’amélioration de l’embonpoint des animaux, les prix des animaux ne s’améliorent donc pas et restent inférieurs à l’an dernier et à la moyenne quinquennale. En outre, le cycle de la transhumance est quasiment typique. Les conditions favorables dans leurs zones d’origine ont permis aux ménages d’accéder aux ressources pastorales dans leurs zones d’origine. 

    Sources de revenus hors ferme : 

    La plupart des sources de revenus sont en baisse à cause des inondations et des faibles opportunités d’embauche. 

    La main d’œuvre agricole demeure la principale source de revenus des ménages très pauvres et pauvres. L’impact des inondations sur la disponibilité des opportunités de travail agricole, en particulier les travaux de récoltes, est varié selon les dégâts observés dans chaque localité et province. Dans les zones agricoles et agropastorales où les inondations ont affecté un nombre élevé de personnes, notamment au Lac, Mandoul, Moyen-Chari, Tandjilé et Mayo-Kebbi, les opportunités de travail sont à la baisse à cause des champs de culture inondés. L’offre saisonnière en main d’œuvre agricole est supérieure par rapport à une année normale, résultant à une baisse de salaire. Dans les provinces d’accueil des réfugiés à l’Est du pays, la suroffre des mains d’œuvre et la concurrence sur les rares opportunités entraîneront la baisse des revenus de 750-800 CFA contre 1500 CFA en moyenne durant une année normale. 

    Les revenus tirés de la vente des bois de chauffe ainsi que des produits forestiers sont très dérisoires à cause des inondations qui limitent l’accès aux sites de collectes. De même, les difficultés d’accès des grandes villes à cause des inondations limitent provisoirement les revenus obtenus par la vente des charbons. La destruction continue de l’environnement et la compétition entre des ménages très pauvres utilisant ces sources de revenus contribuer également à l'appauvrir. 

    Au Sahel, malgré l’amélioration de l’état d’embonpoint des bétails, les revenus tirés par les ventes de petits ruminants sont en-dessous de la moyenne, en particulier des bétails exportés à cause de la dépréciation du naira et les perturbations des flux allant vers le Nigeria du fait des problèmes d’insécurité. 

    Approvisionnement des marchés : 

    Le flux des approvisionnements des marchés en ce début des récoltes est encore faible en raison des perturbations des voies routières d’accès engendrées par les inondations et les coûts élevés de transport. Cependant, au fur et à mesure que les eaux tarissent et les récoltes progressent, le volume d’approvisionnement des marchés en produits locaux augmentera de façon saisonnière, en particulier dans les zones agricoles et agropastorales. À l’Est du pays dans les zones d’accueil des réfugiés soudanais, l’offre en produits alimentaires sur les marchés reste inférieure aux niveaux d’une année normale. Dans les zones déficitaires de Sahel, l’offre en produits alimentaires est encore faible à cause des inondations et de la hausse des prix des carburants. En outre, les perturbations sécuritaires à la frontière avec la Libye ralentissent aussi les approvisionnements en produits alimentaires manufacturés et importés qui alimentent les marchés de Kanem, Barh El Gazel, Batha, et Ouaddaï. Au Lac, l’insécurité continue de perturber les volumes des flux commerciaux et le fonctionnement des marchés, réduisant les disponibilités en produits alimentaires sur les marchés. A cause de la demande forte des produits alimentaires, les prix des produits céréaliers demeurent élevés par rapport à la moyenne quinquennale (Figure 5). À Bahr El Ghazel, la hausse du prix du mil est à 146 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale et 97 pour cent à Hadjer Lamis tandis que le sorgho est en hausse de 95 pour cent au Mandoul et 120 pour cent à Guéra. Cependant, avec la disponibilité des récoltes, sur la plupart des marchés du pays, les prix vont baisser saisonnièrement, mais globalement resteront au-dessus de la moyenne quinquennale.

    Figure 5

    Évolution du prix du mil à Bol

    Source: FEWS NET

    Pour les marchés à bétails, l’offre des bétails sur les marchés locaux est moyenne en raison des mouvements limités des bétails causés par les inondations et d’une faible demande locale. En outre, la forte hausse des prix des céréales sur les marchés a accentué la détérioration des termes de l’échange par rapport à l’an passé et à la moyenne quinquennale. Ils demeurent en défaveur des éleveurs (Figure 6). Pour l’exportation au Nigéria, qui est la principale destination du bétails Tchadien, la persistance de l’insécurité à la frontière avec le Niger et le Nigéria entraîne l’utilisation du corridor passant par le Cameroun. Le coût élevé de ce long détour et la dépréciation du naira nigérian entraînent la baisse de la demande à l’exportation du bétail, ainsi la baisse des revenus des éleveurs.  

    Figure 6

    Termes de l’échange

    Source: FEWS NET

    Capacité d’achat des ménages : 

    Durant la période des récoltes, l’autoconsommation des produits récoltés constitue la principale source de nourriture des ménages pauvres et très pauvres. Cependant, dû à la quantité limitée disponible, le marché constitue toujours une source non négligeable de nourriture, en particulier pour les ménages très pauvres. Dans les zones agricoles et agropastorales dont les inondations ont détruit des champs de culture, les opportunités d’embauche de la main d’œuvre sont limitées et entraînent la baisse des revenus. L’intensification des autres sources de revenus a été largement affectée par la suroffre et la pression sur les faibles ressources disponibles (collecte et vente de fagot, cueillette de produits sauvages). Au Sahara, le commerce transfrontalier et la migration transfrontalière, principales sources de revenus sont affectées par les impacts des mesures sécuritaires, ainsi que les revenus tirés de l’orpaillage artisanal. Au Sahel, zone à dominance agropastorale et pastorale, les revenus tirés de la vente des animaux restent modérés à cause de la dépréciation du naira nigérian et de la baisse relative de la demande à l’exportation du bétail. La faiblesse des revenus des ménages pauvres et très pauvres face aux prix encore élevés des produits alimentaires, ainsi que des ménages éleveurs dont les termes de l’échange sont en leur défaveur, illustrent leur capacité d’achat très limitée. 

    Assistance alimentaire humanitaire

    L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.

    L’afflux continu des réfugiés soudanais dû à la crise soudanaise et les impacts des inondations ont augmenté les besoins en assistances alimentaires. Les inondations, touchant les 23 provinces du Tchad, ont affecté plus de 1,941,869 personnes et entraîné le décès de 576 personnes. Le nombre des personnes sinistrées des inondations, couplé avec l’afflux continu des réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est du pays, a maintenu élevé les besoins d’assistance alimentaire dans un contexte où le financement des assistances humanitaires n’arrivait même pas à répondre. Au 1er octobre, le financement d’urgence reçu par les organisations humanitaires pour faire face aux impacts des inondations n’était que de 16 pour cent par rapport aux besoins (OCHA).

    En outre, les inondations ont aussi impacté la distribution des assistances alimentaires aux camps des réfugiés. La montée des eaux, rendant les routes impraticables, a entraîné la suspension de la distribution des assistances alimentaires dans les camps de Dougui, Alacha et Arkoum en septembre. En outre, l’insuffisance des financements des opérations humanitaires, couplée aux difficultés d’accès routières causées par les inondations, a entraîné des réactions de protestation des réfugiés aux camps de Milé, pour une interruption de l’assistance humanitaire de trois mois (juin à août) et de Touloum, en août 2024. Selon les données partielles de l’assistance alimentaire disponible, environ 27 pour cent de la population reçoivent des assistances alimentaires sous forme de vivre et/ou des transferts monétaires à Assongha. De même, selon les informateurs clés, une importante proportion de la population continue de recevoir des aides alimentaires à Kimiti. Le taux de couverture des assistances alimentaires dans les provinces de Wadi Fira et Ennedi-Est est inférieur à 10 pour cent. 

    Au Lac, les opérations d’assistance alimentaire d’urgence aux personnes déplacées internes et à la communauté hôte ont été réduites à cause des difficultés de financement. Les données disponibles de la première semestre 2024 indiquaient que seulement 8.5 pour cent de la population ont reçu des assistances alimentaires d’urgence. 

    Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en octobre 2024

    Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.

    Les provinces du Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est :

    L’afflux des réfugiés soudanais et des retournés tchadiens dépourvus de leur moyen d’existence dans ces quatre provinces continue d’exercer des pressions sur les opportunités de travail de récoltes et est exacerbé par les impacts des inondations. A cause de la suroffre de main d’œuvre, la concurrence sur les faibles opportunités de travail agricole et non-agricole ne peut générer que des revenus dérisoires. Malgré le début de la période des récoltes, les réfugiés n’ont pas de production agricole et dépendent des marchés pour leur source de nourriture. Cependant, les prix des produits alimentaires de base sont encore atypiquement élevés, à cause de l’approvisionnement limité des marchés en ce début des récoltes et les difficultés causés par les inondations et la hausse du coût de transport. Ainsi, l’accès des réfugiés aux aliments est limité, entraînant des déficits de consommation alimentaire, malgré l’utilisation des stratégies d’adaptation négatives. Cependant, la dépendance des réfugiés à l’assistance alimentaire réduit leurs déficits de la consommation. À Assongha, l’assistance alimentaire couvre 27 pour cent de la population. Au Sila, en particulier à Kimiti, selon les informateurs clés, malgré les difficultés de l’acheminement des assistances, une proportion élevée des réfugiés continue de bénéficier des transferts monétaires. Ainsi, Assongha et Kimiti sont en insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC). Les autres départements du Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est, où les ménages ne peuvent satisfaire leurs besoins de consommation alimentaire sans recourir à des stratégies d’adaptation de crise, sont en insécurité alimentaire aigüe de Crise (Phase 3 de l’IPC). En outre, des catégories des ménages, estimés à moins 15 pour cent de la population de ces localités, font recours à des stratégies d’adaptation d’urgence et ils sont en insécurité alimentaire aiguë d’Urgence (Phase 4 de l’IPC).

    Cependant, les ménages hôtes ont accès aux récoltes qui leur permettent d’améliorer leur consommation alimentaire et de satisfaire leurs besoins énergétiques, mais pas leurs dépenses non alimentaires, en particulier le département de Ouara (Ouaddaï) et Biltine (Wadi Fira). Ces deux départements sont en Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Au Lac : 

    Les inondations ont affecté plus de 277 409 personnes et ont entraîné des déplacements des populations. Ceci exacerbe la précarité des déplacés internes contraints à de nouveaux mouvements. Ces inondations ont causé une dégradation accentuée et parfois même une perte des moyens d’existence des déplacées internes et des ménages hôtes, notamment les périmètres agricoles et des têtes de bétail. Ces inondations ont aussi impacté l’accès à des différentes zones, ralentissant les approvisionnements des marchés dont les personnes déplacées internes, les ménages hôtes et les sinistrées en dépendent. Ainsi, l’impact des conflits et des inondations sur leurs moyens d’existence limite leurs revenus. Face aux tendances haussières atypiques des prix, ces ménages éprouvent des déficits de consommation malgré le recours aux stratégies d’adaptation négatives. En outre, en l’absence de données nutritionnelles récentes, les enquêtes SMART réalisées pendant les périodes de mai à juillet 2023 dans les localités de Liwa, Bagasola et Bol ont montré une dégradation de la situation nutritionnelle indicative d’une phase critique. Les prévalences de la malnutrition aiguë étaient très élevées et élevées, respectivement 19,3, 15,7, 12,4 pour cent. Par conséquent, les ménages hôtes pauvres et les personnes déplacées internes font face à l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC).   

    Au Bahr el Ghazel et Kanem :

    Ces départements sont déficitaires et les ménages pauvres et très pauvres dépendent des marchés. Les récoltes sont en cours dans les zones productrices et l’approvisionnement des marchés avec des produits locaux est encore faible et est limité par les impacts des inondations sur l’état des routes. En outre, la baisse du volume d’approvisionnement de la Libye entraîne la hausse des prix des denrées alimentaires. Cependant, ces inondations ont amélioré les bonnes conditions pastorales favorisant un bon état physique du bétail, améliorant leur valeur marchande. Malgré la faible demande à l’exportation au Nigéria et la hausse des produits alimentaires sur les marchés, les revenus tirés des ventes des bétails permettent aux ménages de couvrir les dépenses alimentaires. Cependant, ils ne peuvent satisfaire leurs besoins non alimentaires sans s’engager dans des stratégies d’adaptation irréversibles. Ils sont en insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Dans les provinces septentrionales (Borkou, Ennedi Ouest, Tibesti) :

    Les ménages de ces provinces sont largement dépendants des marchés pour leur consommation alimentaire. Le commerce transfrontalier, les transferts monétaires de la migration en Libye et le travail dans les sites aurifères sont leurs principales sources de revenus. Cependant, en raison des mesures sécuritaires aux frontières et des restrictions aux sites aurifères, les revenus tirés de ces activités sont limités et sont en baisse. En outre, ces mesures sécuritaires affectent aussi le flux d’importation des produits alimentaires manufacturés en provenance de la Libye qui approvisionnent les marchés de ces zones. Les flux internes sont faibles en raison des impacts des inondations sur les récoltes et l’état des routes. En conséquence, les prix des produits alimentaires sont atypiquement élevés, limitant l’accès des ménages aux nourritures. Malgré le recours à des stratégies d’adaptation négatives, telles que la limitation du nombre de repas par jour, ils sont confrontés à des déficits de consommation alimentaire. Ainsi, ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Dans la zone soudanienne :

    Les récoltes de la campagne pluviale en cours permettent de reconstituer les stocks des ménages, malgré la baisse prévue de la production agricole affectée par les inondations. La consommation alimentaire des ménages très pauvres et pauvres s’améliore grâce à la consommation de leur propre récolte. Ainsi, ils pourront couvrir leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies d’adaptation négatives et ils sont en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC). 

    Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’en mai 2025

    La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.

    Suppositions nationales :

    • Selon les prévisions conjointes de l’USGS et de la NOAA établies durant la mi-saison, des périodes sèches plus ou moins longues seraient observées vers la fin de la saison en zone agricole. 
    • De baisses de productions pluviales pourraient être rapportées dans les localités agricoles, notamment en zone soudanienne et au Lac, à cause des impacts des inondations durant la saison. Ainsi, les stocks des ménages vont s’épuiser rapidement et à partir de janvier 2025, contre avril-mai, en année normale.
    • La campagne agricole de contre-saison sera affectée par la faible disponibilité des pépinières occasionnée par les fortes précipitations de la saison empêchant leur développement. Ceci sera exacerbé par le retrait tardif des eaux qui limiterait les emblavures, malgré le bon niveau d’humidité. Les productions de contre-saison seraient nettement inférieures à une année normale. 
    • En dépit de ces contraintes, les perspectives économiques resteraient favorables grâce au secteur pétrolier avec une prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 5,2 pour cent en 2024 et 5,3 pour cent en 2025 (BAD). L’inflation pourrait baisser dans les mois à venir bien que restant toujours supérieure à l’objectif de trois pour cent de la Banque centrale des Etats d'Afrique centrale (BCEAC). Toutefois, la volatilité des cours mondiaux du pétrole dans un contexte de conflits géopolitiques au Moyen-Orient et autour de la mer Noire, l’insécurité à l’intérieur du pays et dans la région et les récents incidents agroclimatiques constituent les principaux risques pesant sur les perspectives économiques. 
    • Les hausses de prix du carburant, suite à la levée des subventions, maintiendraient la hausse du coût de transport et impacteraient la mobilité des personnes et le transport des marchandises.
    • Les revenus issus de la plupart des sources seraient en baisse à cause de la baisse des productions, de la concurrence entre ménages pour la collecte de produits sauvages dont les volumes seraient en baisse. 
    • Une légère baisse saisonnière ponctuelle serait observée sur les prix de produits alimentaires entre octobre et fin novembre avec les récoltes. Toutefois, les prix resteraient supérieurs à la moyenne quinquennale et à l’année passée à cause de la pression de la demande liée aux faibles disponibilités (Figure 7). Des tendances localisées de prix supérieurs à la moyenne atteignant 50 pour cent ou plus pourraient être rapportés sur certains marchés sahéliens, et au Sahel Ouest dès début novembre 2024.

    Figure 7

    Projection des prix du mil à Abéché

    Source: FEWS NET

    • Sur la plupart des marchés à bétail, l’offre serait relativement supérieure à une année normale à cause de l’arrêt des exportations à destination du Soudan et des coûts de transport affectant les baisses des exportations pour le Nigéria et le Cameroun. La dépréciation du naira nigérian couplée à l’insécurité sur les axes d’exportation vers le Nigéria maintiendrait une faible demande locale. 
    • Malgré le bon état d’embonpoint du bétail, les revenus issus des ventes de petits ruminants seraient inférieurs à une année normale à cause de la suroffre sur le marché durant la première période du scénario. Cependant, malgré les hausses ponctuelles durant les périodes festives (fête de fin d’année et Ramadan), les revenus des ventes resteraient moins importants malgré les achats intenses.

    Suppositions pour les provinces de l’Est (Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est) :

    • La poursuite du conflit au Soudan, notamment dans la région du Grand Darfour, devrait entraîner de nouveaux flux de réfugiés vers le Tchad et de prolonger davantage l’arrêt du commerce transfrontalier licite avec le Soudan. 
    • Les moyens d’existence des populations en zones d’accueil continueraient de se dégrader durant toute la période de scénario à cause de l’afflux continu des réfugiés soudanais et retournés tchadiens qui renforcerait la pression sur les ressources et la compétition sur les opportunités. 

    Suppositions pour la zone agropastorale, pêche (Province du Lac) :

    • Les incursions de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest devraient rester à leur niveau actuel jusqu'en mai 2025, mais bien en deçà des tendances observées au cours des cinq années précédentes (2017 - 2021). Des incursions isolées pourraient être observées mais resteraient contrées par les forces de défense et de sécurité dont les positions ont été renforcées à la suite des récentes attaques dans la province. 
    • Les apports des cultures de contre-saison ne pourraient compenser les écarts occasionnés par les faibles emblavures causées par le retrait tardif des eaux sur les surfaces cultivables, notamment dans les bras du lac.

    Suppositions pour la zone soudanienne :

    • Des affrontements isolés entre agriculteurs et éleveurs pourraient être observés ou même augmenter durant les récoltes en raison de la présence des pasteurs qui tendent à se sédentariser et dont les bétails pourraient envahir les champs de cultures. Cela sera largement observé dans le Moyen Chari, dans le Mandoul, la Tandjilé et les deux Logone.

    Assistance alimentaire humanitaire :

    Supposition nationale

    • Face à l’afflux continu des réfugiés soudanais et des migrants tchadiens retournés du Soudan et malgré les difficultés de financement éprouvés par les acteurs humanitaires, selon les tendances historiques de la distribution et les informations recueillies auprès des partenaires humanitaires, les assistances alimentaires d’urgence continueraient d’être disponibles durant toute la durée de la perspective.  
    Table 1
    Principales sources de données intégrées par les analystes de FEWS NET dans le développement des suppositions ci-dessus

    Principales sources de données

    Prévisions saisonnières de l’Agence Nationale d’Applications Météorologiques (ANAM)UNHCR : Sudan situation : external update N° 83)  Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED)
    FEWS NET conflict analysis Perspectives économiques au Tchad Banque Africaine de Développement (BAD)Tchad : Vue d’ensemble (Banque Mondiale)
    UNICEF, Base de données PCIMAS, Zones Est et Nord du TchadChad Food Security ClusterFinancement du Plan de Réponse Humanitaire du Tchad (OCHA)
    Résultats estimés les plus probables de l’insécurité alimentaire aiguë jusqu’en mai 2025

    En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë.  Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.

    Dans les provinces de l’Est : Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est 

    Entre octobre 2024 et mai 2025, les afflux réguliers de réfugiés et de migrants retournés continueraient d’exacerber la dégradation des moyens d’existence dans les zones d’accueil. Malgré les récoltes qui vont améliorer saisonnièrement la consommation alimentaire des ménages hôtes entre octobre 2024 et janvier 2025, en raison de l’épuisement précoce des stocks des ménages, ils vont dépendre des marchés entre février et mai 2025. Cependant, les réfugiés et les retournés vont continuer d’exercer des pressions sur les moyens d’existence des communautés d’accueil et de concurrencer sur les rares opportunités d’embauche de main d’œuvre agricole et non agricole. Ainsi, du fait de la suroffre de main d’œuvre, les revenus tirés de ces activités continueront d’être faibles. En outre, à cause de la hausse des prix des produits alimentaires de base, malgré la baisse saisonnière des prix pendant la première période d’analyse, l’accès aux marchés est limité pour les réfugiés et ils dépendront des assistances alimentaires pour leurs sources de nourriture. Le volume des assistances alimentaires sera insuffisant par rapport aux besoins, mais est estimé continuer pendant toute la durée de la perspective malgré les défis de financement auxquels les organisations humanitaires font face. Ainsi, l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) persistera dans les départements d’Assongha et de Kimiti et de Crise (Phase 3 de l’IPC) pour les autres départements et provinces de l’Est jusqu’en mai 2025. Des effectifs de plus en plus importants de ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC) seront rapportés jusqu’en mai 2025, dont la proportion restera inférieure à 15 pour cent de la population de ces zones.

     Au Lac : 

    Entre octobre 2024 et mai 2025, les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus dans la province du Lac. L’insécurité civile qui a entraîné des déplacements de population a été exacerbée par les inondations qui non seulement ont endommagé les champs de culture et des infrastructures, mais aussi ont déplacé des ménages hôtes et des personnes qui ont été auparavant déplacées par les attaques de groupes armés non étatiques (GANE). La destruction des cultures entraînera la baisse des récoltes, qui ne permettra pas la reconstitution des stocks des ménages. Ils vont dépendre des marchés, comme les déplacées internes, pour leur source de nourriture et font face à la hausse des prix des aliments. En raison de la baisse des revenus, les déplacés internes et les ménages hôtes éprouveraient des écarts de consommation alimentaire. Ils ne pourront satisfaire leurs besoins de consommation sans recourir à des stratégies d’adaptation négatives ; ils resteront en insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) durant toute la période de la perspective.

    Au Sahel Ouest :

    Entre octobre 2024 et janvier 2025, les bonnes précipitations permettront d’améliorer les pâturages et des points d’eau pour les bétails. Ceci améliorerait l’embonpoint des bétails ainsi que leur valeur marchande. Cependant, l’augmentation de l’offre sur les marchés, en raison de la baisse de demande à l’exportation vers le Nigéria et de la dévaluation du naira, n’améliorera pas la vente des bétails. Ainsi, les revenus tirés de la vente permettront de soutenir la consommation alimentaire, mais les ménages ne pourront pas s’engager dans des dépenses essentielles non alimentaires. Ils seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). 

    Entre février et mai 2025, l’accès aux marchés serait significativement réduit à cause des faibles capacités d’achat des ménages très pauvres et pauvres, dont la plupart des sources de revenus se sont détériorées. En effet, cette période coïncide avec la période de soudure pastorale pendant laquelle les pâturages se rarifient et l’état d’embonpoint des animaux se détériorera davantage. En outre, les volumes de flux céréaliers intérieurs, en provenance des autres provinces, continueraient d’être impactés par les coûts élevés de transport et des inondations et le flux d’importation de la Libye par les renforcements des mesures sécuritaires aux frontières. Cela entraînera une hausse des prix des produits alimentaires de base et ces ménages seront en Crise (Phase 3 de l’IPC). 

    Au Sahara : 

    Entre octobre 2024 et mai 2025, les conditions sécuritaires aux frontières n’évolueront pas, affectant le commerce, et la migration transfrontalières, les sources de revenus des ménages. Ils seront confrontés à l’érosion de leurs principales sources de revenus et continueraient d’avoir un accès limité aux marchés de produits alimentaires importés de la Libye qui constituent la base de leur consommation alimentaire. En outre, l’approvisionnement des marchés par les céréales locales sera limité par la baisse attendue des récoltes des zones productrices et le coût élevé du transport, entraînant une hausse atypique des prix. Par conséquent, ils seront confrontés à des déficits de consommation alimentaire et font recours aux stratégies d’adaptation de crise. Ainsi, ils seront en Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la durée de la perspective.

    Dans les zones agricoles du Sud : 

    Entre octobre 2024 et janvier 2025, la disponibilité des récoltes améliore la consommation alimentaire de la plupart des ménages. Ils seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) 

    Entre février et mai 2025, les ménages des localités inondées de Mandoul, Mayo Kebbi Est et de Chari Baguirmi n’auront que des stocks qui permettent de couvrir leurs dépenses alimentaires, mais pas non alimentaires. Ainsi, ils seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). L’insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC) persistera pour les autres provinces.

    Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë

    Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.

    National :

    Des incursions de groupes rebelles aux frontières nord du pays 

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Les attaques entre groupes rebelles et forces gouvernementales occasionneraient des restrictions sécuritaires aux frontières entre le Tchad et la Libye. Il s’en suivra une importante baisse du flux des produits alimentaires importés de la Libye et de l’offre de ces produits sur les marchés. L’accès alimentaire des ménages très pauvres et pauvres serait davantage réduit à cause des bas niveaux de revenus. Ceci entraînera des hausses d’effectifs de populations en Crise (Phase 3 de l’IPC) avec des poches de ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC) dans le Sahel Ouest. Dans les zones d’accueil des réfugiés et des migrants retournés, le nombre de ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC) augmentera. 

    Accalmie des hostilités au Soudan

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : L’arrêt des combats au Soudan limiterait les effectifs de populations fuyant vers le Tchad en quête de refuge. Ceci limiterait la pression sur les ressources et les compétitions sur les opportunités existantes. Une reprise progressive de la stabilité des moyens d’existence fortement dégradée serait observée. Les ménages réfugiés et retournés en Crise (Phase 3 de l’IPC) seraient réduits.

    Renforcement des interventions humanitaires grâce à un appui financier substantiel des donateurs

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : L’octroi de financements adéquats aux acteurs humanitaires par les donateurs renforcera les opérations d’assistance aux réfugiés et migrants retournés à l’est du pays. Ceci permettra de développer des actions de réponse au bénéfice des ménages réfugiés et migrants ainsi qu’aux populations hôtes. Les opérations humanitaires pourraient ainsi couvrir les besoins de ces populations et contenir les vagues continuelles de nouveaux réfugiés. La consommation alimentaire des ménages s’améliorera et la plupart des provinces de l’Est serait en Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC).

    Reprise de l’action humanitaire au Lac 

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Une relance des interventions alimentaires au profit des déplacés internes et ménages hôtes du Lac réduirait les effectifs de populations en Crise (Phase 3 de l’IPC). Leur consommation alimentaire sera améliorée et ils passeraient en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) grâce à l’assistance.

    Aperçu d’une zone de préoccupation TD06, provinces du Ouaddaï (département d’Assongha) et du Sila (Département de Kimiti (Figure 8)

    La raison du choix de cette zone : La crise soudanaise intervenue depuis avril 2023 affecte sévèrement le Tchad notamment les provinces de l’Est du pays déjà affecté par des déficits de production agricole et une rude soudure pastorale. Additionnellement à la fermeture des frontières communes et ses impacts sur les flux transfrontaliers, les violences politico-militaires au Soudan provoquent des vagues d’afflux réguliers de réfugiés soudanais et migrants tchadiens à destination du Tchad. Les provinces de l’Est du Tchad accueillent plus de 681 944 réfugiés soudanais et 213 339 migrants tchadiens retournés. Cette présence humaine exacerbe la dégradation des moyens d’existence des populations locales.

    Période d’analyse :

    Octobre 2024 à Janvier 2025Février à Mai 2025

    Classification la plus élevée au niveau de la zone 

    Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC)

    Crise (Phase 3 ! de l’IPC)

    Classification la plus élevé au niveau du ménage

    Urgence (Phase 4 de l’IPC)

    Urgence (Phase 4 de l’IPC)

    Figure 8

    Carte de la zone de préoccupation TD06, provinces Ouaddaï et Sila

    Source: FEWS NET

    Crise soudanaise : 

    La persistance des conflits au Soudan continue d’occasionner d’importants afflux de nouveaux réfugiés et migrants tchadiens retournés. Au 14 octobre 2024, 681 944 réfugiés et 213 339 migrants tchadiens retournés ont été enregistrés principalement dans les trois provinces de l’Est du pays, frontalières du Soudan. La province du Ouaddaï accueille plus de 476 000 personnes majoritairement réfugiées. Ces réfugiés sont dépourvus de leur moyen d’existence, ce qui les soumet à la précarité financière et sont de plus en plus dépendant des achats sur les marchés. Cependant, l’offre des produits alimentaires sur les marchés sont encore faible en cette période de début des récoltes, exacerbé par les impacts des inondations sur l’approvisionnement. La réduction de l’offre entraîne une hausse des prix et limite davantage l’accès des réfugiés aux aliments. Récemment, l’intensification du conflit au Soudan, en particulier les combats dans les zones frontalières adjacentes à la province de Wadi Fira, a entraîné la recrudescence de l’afflux des réfugiés vers cette province.  

    Situation agricole : 

    Les semis effectués en mi-juillet et encouragés par les bons niveaux de précipitations enregistrés en juillet sont marqués par des extensions de superficies. Cependant, la plupart des emblavures ont été détruites par les intenses précipitations avec des cumuls excédentaires en fin juillet et qui ont perturbé les travaux d’entretien. Dans le département d’Assongha, depuis la fin du mois d’août, des re-semis ont dû être effectués à la suite des pertes de cultures en début de saison. Les inondations ont provoqué la destruction des champs et occasionné le retard des travaux d’entretien des champs de cultures non détruites dans les provinces de l’Est. Les récoltes des cultures pluviales ont commencé, toutefois les volumes récoltés sont encore faibles

    Situation pastorale et mouvements de bétail 

    Les bonnes pluviométries ont favorisé une biomasse excédentaire et un niveau appréciable de la disponibilité de l’eau dans les réservoirs. Cette bonne disponibilité en ressources améliore l’état d’embonpoint des animaux et maintient les pasteurs dans les départements de Kimiti et Ouara et autour d‘Abdi. Ainsi, le cycle de la transhumance serait similaire d’une année typique comparé aux tendances précoces observées ces dernières années. 

    Sources de revenus : 

    Une érosion globale des niveaux de revenus est observée en raison des effets conjugués de la suroffre de main-d’œuvre, de la pression sur les ressources et de la compétition sur les opportunités d’embauche entre les réfugiés et les ménages hôtes, particulièrement visible à Adré en raison de les afflux continus de réfugiés. Ainsi, les salaires journaliers ont baissé de 1000 FCFA à 750 FCFA contre 2000 FCFA en année normale. À Kimiti, la perte des superficies emblavées à la suite des inondations a exacerbé la baisse des revenus de la main d’œuvre agricole.  

    Sources de nourritures : 

    Les réfugiés sont largement tributaires de l’assistance humanitaire tandis que les ménages hôtes dépendent de leurs propres récoltes. Cependant, les achats sur les marchés et les cueillettes des produits sauvages sont d’autres sources de nourriture, que ce soit pour les ménages hôtes que pour les réfugiés. 

    Assistance humanitaire : 

    Le déploiement de l’assistance saisonnière des ménages hôtes vulnérables à l’insécurité alimentaire pendant la période de soudure a été planifié de commencer depuis juin. Toutefois, en août, l’impraticabilité des routes occasionnée par les eaux d’inondations a entravé la distribution du PAM pour 274 665 personnes ciblées. En outre, le mauvais état des routes causé par les inondations a aussi rendu difficile l’accès aux camps des réfugiés par les organisations humanitaires pour la distribution des assistances alimentaires, en particulier pour les camps de Dougui, Alacha et Arkoum à Ouaddaï, et Zabout et Djabal dans le Sila. Au regard de cette difficulté, OCHA a disponibilisé un cargo pour acheminer l’assistance dans les zones à accessibilité réduite. 

    Le faible financement de l’assistance continue de restreindre les volumes de l’assistance destinée aux réfugiés soudanais. En général, les assistances alimentaires consistent soit à la distribution des vivres composés de 7,5 kg de céréales, 3 kg de légumineuses, 0,25 g de sel et 1 kg d’huile, soit au transfert monétaire de 8 000 FCFA/personne/mois. En raison de la concentration des réfugiés dans le département d’Assongha, selon les données partielles collectées, environ 27 pour cent de la population de ce département bénéficie de l’aide alimentaire. Le département de Kimiti reçoit aussi une importante assistance alimentaire, selon les informateurs clés.

    Résultats de l’insécurité alimentaire entre octobre 2024 et janvier 2025 : 

    Les disponibilités alimentaires des ménages hôtes seraient renforcées par les apports de récoltes et des produits de cueillette, permettant ainsi d’améliorer saisonnièrement leur consommation alimentaire. Les réfugiés continueraient d’éprouver des écarts de consommation malgré les stratégies d’adaptation comme le partage des repas, qui réduisent la quantité de calorie ingérée et la vente des articles personnels. L’intensification de la mendicité ainsi que la pression sur les ressources naturelles disponibles ne rapporteraient que des quantités très limitées de vivres. Face à l’érosion des principales sources de revenus découlant de la pression sur les rares ressources disponibles, ainsi que la compétition sur les opportunités d’embauche, les réfugiés développeraient des stratégies d’adaptation négatives. Cependant, les départements d’Assongha et de Kimiti sont en Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) grâce à l’assistance alimentaire, et les autres départements d’Ouaddaï et de Sila et les provinces de Wadi Fira et Ennedi Est sont en Crise (Phase 3 de l’IPC), avec des poches de populations en Urgence (Phase 4 de l’IPC). 

    Résultats de l’insécurité alimentaire entre février et mai 2025 : 

    Les ménages hôtes commenceraient à intensifier les achats sur les marchés à cause des baisses de stocks pour certains et des épuisements pour d’autres, ainsi que la faible disponibilité des récoltes de contre-saison. Ils dépendent aussi des marchés pour leurs sources de nourriture. La concurrence des ménages pauvres et très pauvres avec les réfugiés pour les rares opportunités d’embauche exacerbera la baisse des revenus tirés de la main d’œuvre. De plus, leur consommation alimentaire se détériorera. En outre, la situation des réfugiés ne s’améliorera pas avec l’afflux continu des nouveaux réfugiés soudanais fuyants les conflits. Le volume de l’assistance alimentaire, dont les réfugiés en dépendent, serait insuffisant, mais devrait se poursuivre malgré les difficultés de financement. En conséquence, l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et de Crise (Phase 3 de l’IPC) persistera.

    Annexe : Résultats projetés en matière d’insécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’assistance alimentaire humanitaire

    Citation recommandée: FEWS NET. Tchad Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2024 - Mai 2025: L’afflux continu des réfugiés soudanais maintient l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) à l’est du Tchad, 2024.

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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