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La production céréalière au niveau national est estimée moyenne avec environ trois millions de tonnes, et couplée à la baisse saisonnière des prix des céréales, elle améliorera l’accès et la consommation alimentaire des ménages pauvres. Hormis les 131 000 personnes au Lac (Source : UNHCR) qui sont en Stress (phase 2 de l’IPC) alimentaire à cause du conflit, le reste du pays est à un niveau Minimal (Phase 1 de l’IPC), et y restera jusqu’en janvier 2018.
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Les stocks agricoles en cours de renforcement grâce aux nouvelles récoltes, permettront aux ménages de tenir jusqu’à la période de soudure (mai 2018), sauf dans certaines zones affectées par des périodes sèches et qui connaitront une faible production céréalière où les stocks seront épuisés entre février ou mars 2018.
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Les ressources pastorales sont insuffisantes pour couvrir les besoins des animaux jusqu’en mars-avril comme c’est le cas en année normale en raison de séquences sèches localisées. Par conséquent, la soudure pastorale sera observée précocement à partir de février (Wadi Fira, Batha, Bahr-El-Gazel (BEG), Kanem, Lac) à cause de la détérioration du pâturage. La descente des transhumants a commencé dès septembre au lieu de novembre.
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Des inondations ont affecté 4 200 ménages dans les départements du Moyen Chari et du Mandoul, détruisant près de 12 778 ha de cultures (Source : ANADER Moyen Chari, 20 septembre 2017), et les rendements du mil et du sorgho sont en baisse. En revanche, ces inondations ont un impact positif sur le bétail (embonpoint et production laitière) et favorisent une bonne campagne de contre-saison (berbéré et maraîchage).
Situation actuelle
Situation agricole
Conditions Pastorales
La main d’œuvre agricole
Marchés agricoles
Marches à bétail
Suppositions
- Conditions Agro-climatiques : La fin de la saison des pluies sera normale. En plus de 12 778 ha actuellement inondés, de nouvelles superficies risquent de l’être, surtout dans le Mandoul et le Moyen Chari, entraînant la baisse du rendement de la campagne agricole en cours. La fin de la campagne pastorale sera normale avec un niveau de pâturage qui continuera d’être en dessous de la moyenne dans une grande partie de la zone pastorale, notamment le Hadjer Lamis, BEG, Kanem, Batha, Guera et Wadi Fira.
- Les insectes et autres ravageurs : On pourrait s’attendre à des attaques très sporadiques d’insectes pendant les récoltes avec des dégâts limités. La situation des oiseaux granivores, actuellement calme au niveau national, pourrait devenir inquiétante dans le Guera (département d’Abtouyour) avec la maturation et les récoltes du penicillaire en cours. Il pourrait y avoir une baisse de rendement et de production. Dans la zone de Djaya (la partie nord d’Abtouyour), le sorgho est menacé par la présence d’oiseaux granivores qui pourraient faire des dégâts sur la production jusqu’en novembre.
- La main d’œuvre agricole : Dans la zone soudanienne, l’offre de main d’œuvre pendant les récoltes pluviales (octobre à janvier) serait supérieure à une année normale du fait des inondations et de la réduction des superficies de coton d’environ 38 pourcent. Les producteurs affectés devront aller vendre leur force de travail pour compenser leurs pertes. En revanche, la demande sera en baisse à cause des pertes de superficies dues aux inondations. Pendant la deuxième période de scenario, l’offre de main d’œuvre pour le maraichage serait importante à cause des pertes de superficies enregistrées en pluvial et de l’engouement des cotonculteurs qui n’ont pas assez produit. Dans le Sahel, l’offre sera identique à une année normale pendant la campagne agricole pluviale et en période de contre saison. La demande baissera en raison du recours à la main d’œuvre familiale pour les travaux de récolte, qui par le passé nécessitaient une main d’œuvre saisonnière.
- La crise économique qui perdure au Tchad depuis plus de deux ans a occasionné la chute des revenus des ménages en raison de la compression de travailleurs des grandes sociétés de la place (COTONTCHAD, Compagnie Sucrière du Tchad, etc.), de l’arrêt des chantiers routiers et de la construction des immeubles publics et privés. Cette crise pourrait impacter les moyens d’existence des ménages et leur pouvoir d’achat continuera d’être réduit par rapport à une année normale.
- L’offre et la demande :
- L’offre locale de produits alimentaires et de bétail : L’offre de produits alimentaires sera normale au cours de la première période de scénario grâce aux nouvelles récoltes céréalières. A partir de mars, les marchés seront approvisionnés comme en année normale, grâce aux récoltes de berbéré (sorgho de contre saison), du bon niveau des stocks commerçants et des produits de l’ONASA qui pourraient être mis sur le marché. L’offre de bétail serait supérieure à la normale, pendant toute la période d’analyse, à cause de la fermeture de la frontière avec le Nigeria. Par conséquent, les prix ainsi que le revenu des éleveurs resteront en dessous de la moyenne.
- Demande céréalière et de bétail : La demande céréalière restera stable pendant la première période du scénario en raison du bon niveau de stocks. Elle connaîtra une légère hausse saisonnière dans le Mandoul et le Moyen Chari, entre février et mai 2018, à cause des inondations ayant causé des baisses de rendement. La demande nationale de bétail connaîtra une hausse relative due aux fêtes de fin d’année durant la première phase du scénario et, en mai, durant le Ramadan. Ces hausses seront de courte durée, et la demande baissera en dessous de la normale à cause de la fermeture de la frontière avec le Nigeria.
- Les stocks des ménages et institutionnels : Le niveau des stocks sera normal dans la plupart des régions agricoles pendant la première période de scénario grâce aux récoltes pluviales en cours, à l’exception des régions qui montrent des signes de déficits céréaliers (sud Kanem et BEG, Nord Batha, Lac et Wadi Fira) et qui pourraient souffrir de l’épuisement de leurs stocks à partir de février – mars 2018. Le reste du pays disposera de stocks moyens qui assureront la consommation alimentaire des ménages jusqu’en mai 2018. Malgré les difficultés financières qu’éprouve l’ONASA, la reconstitution annuelle des stocks nationaux de sécurité alimentaire serait normale grâce à la production proche de la moyenne au niveau national. Les achats institutionnels pourraient avoir lieu au début de la deuxième période de scénario (février 2018).
- Les ressources pastorales et le mouvement de bétail : La disponibilité actuelle des ressources pastorales montre des déficits par rapport à la moyenne dans les régions du Kanem, Lac Tchad, BEG, Hadjer Lamis, Batha et Wadi Fira. Par conséquent, la soudure pastorale sera précoce (fin février au lieu d’avril au Batha, fin décembre au lieu de mars dans le Wadi Fira) ; l’embonpoint pourrait être affecté à partir de mars 2018, en raison du déficit fourrager. Ceci va entraîner une détérioration des termes de l’échange bétail – céréales durant les mois d’avril et mai. Cette détérioration sera observée sur la plupart des marchés de la zone pastorale et agropastorale, ce qui réduira le pouvoir d’achat des ménages pasteurs et agropasteurs, limitant ainsi leur accès aux aliments. Les pasteurs sont à leur point d’attache entre le Ouaddaï et la région du Wadi-Fira et le BET, comme c’est le cas en année normale. Leur mouvement saisonnier vers la partie méridionale a débuté deux mois plutôt qu’en année normale.
- Les perspectives des récoltes pluviales et de contre saison : Les bonnes conditions pluviométriques et hydrologiques se traduiront sur le terrain par de bons développements des cultures pluviales et de contre saison (berbéré). Quant aux perspectives des récoltes pluviales, la campagne agricole 2017/2018 présage une production autour de la moyenne dans la majeure partie du pays, avec une faible production dans les régions du Sud qui ont été affectées par des inondations occasionnant la destruction des champs et la perte des stocks alimentaires. Les dernières pluies de la saison augmentent la teneur en humidité des sols, ce qui assure une bonne condition de production de berbéré. Dans la plupart des zones de moyens d’existence à l’exception du Lac Tchad, les sources de nourriture et de revenus liées au maraichage et aux cultures de décrue seront d’un niveau moyen.
- Evolution de la situation nutritionnelle : L’évolution des admissions montre une baisse dans presque toutes les régions entre mai et juillet 2017. Les prémices d’août et septembre et les récoltes d’octobre à décembre favorisent une amélioration de l’accès aux aliments et de la consommation alimentaire. La situation nutritionnelle pourrait davantage s’améliorer pendant la première période de scénario. A partir de février, l’épuisement des stocks dans certaines zones, et les infections pulmonaires dues à la saison froide pourraient augmenter le nombre d’admissions. Selon OCHA (19 septembre 2017), la situation nutritionnelle reste préoccupante dans l’ensemble du pays avec près de 250 000 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère attendus en 2018, soit 16,4 pourcent (source : Direction de la Nutrition et de la Technologie Alimentaire).
La tendance des prix
- Prix du mil : A Abéché, le prix du mil connaîtra une baisse saisonnière (15 à 8 pourcent) par rapport à la moyenne quinquennale entre octobre et décembre à cause des récoltes en cours. Cette baisse sera de courte durée car le prix va commencer à se stabiliser en janvier puis à croître à partir de février. Cette hausse va continuer jusqu’à la fin de la période de scénario avec un pic en mars (13 pourcent) par rapport à la moyenne quinquennale.
- Prix du sorgho : A Mongo, le prix du sorgho connaîtra une stabilité sur presque toute la période de scénario du fait des bonnes récoltes pluviales et de contre saison (sorgho de décrue) attendues.
- Prix du maïs : A Bol, le prix du maïs connaîtra une baisse saisonnière jusqu’en novembre due aux récoltes qui engendrent une offre globalement moyenne. Cependant, les prix seront en hausse saisonnière modérée à partir de décembre – février avec des niveaux supérieurs de ceux de l’an dernier et de la moyenne quinquennale. Le prix pourrait atteindre son pic en décembre 2017 (190 F CFA/kg contre 170 F CFA/kg en année moyenne), à cause des achats institutionnels prévus en décembre par l’ONASA.
- Prix du sésame : A Moundou, le prix du sésame connaîtra une baisse atypique à cause du bon niveau de stock résiduel et des bonnes récoltes attendues.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.