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La situation alimentaire s’est améliorée grâce aux nouvelles récoltes en cours

La situation alimentaire s’est améliorée grâce aux nouvelles récoltes en cours

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    • Les récoltes céréalières pluviales de la campagne agricole 2015-2016 sont moyennes à légèrement inférieures à la moyenne à cause du démarrage tardif de la saison, des séquences sèches, de la baisse des superficies emblavées par endroit mais aussi à cause de l’arrêt précoce des pluies pour certaines zones. Certains départements déficitaires ont été enregistrés dans les régions du Lac, du Kanem, de Bahr el Ghazel, du Batha, de Wadi-Fira, du Nord Guera.

    • L’approvisionnement des marchés céréaliers s’est amélioré comparé à la période de soudure (juin-septembre) à cause des nouvelles récoltes des produits agricoles qui sont présents sur les marchés. On observe une baisse saisonnière des prix comparée à leur niveau de septembre améliorant l’accès des ménages aux céréales.

    • La sécurité alimentaire des ménages pauvres s’est améliorée dans l’ensemble du pays grâce à la disponibilité actuelle des nouvelles récoltes en cours. Les nouvelles récoltes couplées aux produits de cueillette et à la disponibilité laitière par endroits, permettront aux ménages de diversifier leurs sources de nourriture entre octobre et décembre 2015. Pendant cette période, tout le pays sera en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).

    • Le niveau des stocks céréaliers et la disponibilité laitière vont baisser dans le Lac, Kanem, Bahr El Ghazel, Batha, Nord Guera et Wadi-Fira à partir de janvier plus tôt qu’en année normale. A cet effet, les ménages pauvres de ces régions dépendront des achats sur les marchés et seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). Pour les populations déplacées du Nigeria et de la République centrafricaine qui bénéficient de l’aide des humanitaires, ils peuvent rester en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) grâce aux assistances en cours.

    Contexte nationale
    Situation actuelle

    La saison des pluies

    Dans le sud du pays, les pluies se poursuivent comme en année normale, bien que l’on note des déficits pluviométriques de manière générale comparés à 2014 et à la moyenne (Figure 1). Par contre, dans la zone sahélienne, la situation pluviométrique est normale à déficitaire, selon la Direction d’Exploitation et des Applications Météorologiques (DEAM). Les déficits pluviométriques sont les plus marqués dans les régions de Batha, Wadi Fira, et Ouaddai. La saison des pluies a commencé avec retard (fin de juillet) au lieu de fin juin comme en année normale et s’est achevée assez tôt (fin septembre), causant ainsi un grand retard sur la croissance des cultures ainsi que sur leur développement végétatif. Toutefois, les récoltes sont en cours dans la plupart des zones agricoles.

    Le niveau du fleuve Chari est en deçà de celui de l’année dernière et d’une année normale à la même période. Cela va entrainer une baisse de la production maraichère. Tandis que le niveau des eaux du Logone a augmenté grâce aux grosses pluies du mois d’août et de septembre. Il est plein comme en année normale et pareil à l’année passée à la même période. Dans le centre du pays, les eaux du Bahr-Azoum sont inférieures à une année moyenne mais continuent à alimenter les plaines qui sont favorables à la culture de sorgho de berbéré au Salamat. Le fleuve Batha et le Lac Fitri sont au plus bas de leur niveau habituel en cette période, laissant craindre une baisse de rendement de berbéré et une campagne maraichère difficile. Les fleuves temporaires, appelés «ouadis» ont commencé à tarir. Plus à l’Est également, la situation hydrologique est moins satisfaisante à cause d’un faible remplissage des marres. Le niveau de remplissage actuel reste inférieur de 25 à 30 pourcent par rapport à la normale suite aux poches de sécheresses enregistrées durant la saison.

    Situation acridienne

    Dans la zone soudanienne, elle est stable car il n’a été signalé nulle part la présence des acridiens. En septembre, des criquets solitaires isolés, immatures et matures étaient présents entre le Batha et le Kanem, entre Salal et Djedda, au Nord d’Abéché et au sud de Fada. Une reproduction à petite échelle a été détectée près d’Arada, où des larves solitaires ont été observées en mi-septembre suite aux pontes du mois d’août. Quelques adultes ont été observés près de Kalait au cours de la dernière semaine de septembre.  Une reproduction à petite échelle peut entrainer une augmentation des effectifs acridiens dans le Kanem, Batha, Biltine et Borkou-Ennedi-Tibesti avec des mues possibles en Octobre. Selon le FAO il existe également un risque modéré que des petits groupes se forment dans ces zones avec le début du dessèchement de la végétation.

    Situation agricole

    Dans la zone soudanienne, les activités agricoles se poursuivent avec les travaux d’entretien, de protection et de récoltes, notamment de l’arachide, du maïs et du sorgho. Les dernières pluies du mois d’octobre ont favorisé l’humidité des sols et facilité l’exécution des divers travaux. Globalement, les cultures sont aux stades de maturité et récolte.

    Néanmoins, on observe dans les zones de déficit pluviométrique, surtout dans la zone sahélienne, un prolongement de la période de récolte. Dans les zones les mieux arrosées on observe des cultures en phases de maturité. Les rendements sont en baisse dans la zone sahélienne à cause du retard dans le démarrage de la saison et des séquences sèches enregistrées.

    Dans la zone sahélienne, la campagne agricole 2015/2016 est déficitaire d’après le constat et selon les producteurs, comparés à celle de l’année 2014/2015 et à la moyenne quinquennale. Mais selon la Direction de la Production et des Statistiques Agricoles, la production agricole de la campagne 2015/2016 connaitra une baisse probable de plus de quatre pour cent par rapport à la moyenne quinquennale.

    Actuellement, les activités agricoles sont dominées par le nettoyage des terrains pour le maraichage et l’implantation des pépinières de maraichage, début de récoltes d’arachides pour les semis précoces et les récoltes de céréales. La demande en main d’œuvre agricole actuelle est encore timide, car la récolte n’est pas encore effective pour favoriser le revenu issu de la main d’œuvre agricole journalière. Dans la zone soudanienne également, la main d’œuvre est très rare même dans les villages. La rareté de la main d’œuvre s’explique par le fait que chacun s’occupe de sa récolte d’une part, et d’autre part la main d’œuvre valide quitte la campagne pour la ville à la recherche de meilleures opportunités. A Kiati dans la sous-préfecture de Bao (Logone Occidental) par exemple, le coût journalier de de main d’œuvre est passé de 500 FCFA à 1.000 FCFA.

    Situation des ressources pastorales

    Dans la zone soudanienne, les animaux présentent un embonpoint très appréciable en cette période à cause de l’abondance du pâturage qui peut satisfaire les besoins des animaux jusqu’à au moins mai 2016. Aussi, il faut relever que dans le département du Lac Iro, le manque de pâturage est pour bientôt (Février), car les résidus des cultures s’épuiseront assez vite du fait que les animaux des transhumants ont beaucoup dévastés les cultures, si bien que certains producteurs ont perdus une bonne partie leurs récoltes. Cette situation risquerait de plonger une petite partie de la population des Sous-Préfectures de Kyabé, Roro et Dindjebo dans des difficultés alimentaires avant la période de soudure habituelle (mai/juin contre juillet).

    Dans le Sahel en général, et le Ouaddaï et Wadi Fira en particulier, le niveau de pâturage observé est moins abondant par rapport à la normale à cause d’une rupture brusque des pluies. Il est estimé susceptible de couvrir de 3 à 4 mois les besoins des animaux, alors qu’en année normale il pourra couvrir jusqu’à six mois. Le lait est actuellement abondant un peu partout et accessible sur les marchés.

    Mouvement de population

    Pour le moment, les mouvements observés sont ceux des personnes à la recherche des travaux agricoles, notamment les récoltes, dans le but d’obtenir soit un peu de céréales, soit de l’argent pour satisfaire leurs besoins. Ces personnes vont des zones moins productrices (Kanem, Bahr El Ghazel, Hadjer Lamis, etc.) vers les zones de grandes productions (Ouaddai, Lac, Salamat) pour offrir la main d’œuvre. Les mouvements des transhumants sont observés également au Nord et Nord-Ouest du Lac Iro.

    Stock céréalier dans les ménages

    Les stocks céréaliers de l’année passée sont presque épuisés dans la plupart des ménages. Sur la majorité des ménages interviewés, durant l’enquête ENSA (Enquête Nationale de Sécurité Alimentaire), plus de 80 pour cent des ménages n’ont plus de sorgho résiduel de l’année passée. Les stocks disponibles sont très infimes et sont détenus par les grands producteurs. Les petits producteurs n’ont pratiquement plus de céréales de l’année écoulée. Beaucoup de ménages consomment le sorgho précoce issu de la nouvelle récolte. En attendant la fin des récoltes en cours, plus de 40 pourcent des ménages dépendent des achats sur le marché dont 25 pourcent environ sont des éleveurs. Dans la zone sahélienne, les récoltes étant amorcées les stocks des ménages commencent à se reconstituer comme en année normale.

    Marchés agricoles

    Dans la zone soudanienne, l’offre en céréales est faible comparée à l’année passée à la même période. La faiblesse de l’offre s’explique par le démarrage tardif de la campagne qui tend à décaler les récoltes. Toutefois, on observe l’arrivée progressive du sorgho et du maïs sur les marchés. L’offre en arachide est aussi inférieure à celle de l’année passée à la même période. Par contre, la demande en arachide est relativement supérieure à celle de l’année passée à la même période à cause des petites surfaces emblavées qui font que l’offre est en baisse.

    Le flux céréalier est encore faible. Le flux le plus important est observé sur l’arachide qui quitte la zone soudanienne pour le Soudan en traversant la zone sahélienne. Sur les marchés de regroupement, on note la présence des gros porteurs qui chargent l’arachide en direction de Ndjamena. Notamment à partir des marchés de Doher, de Bodo et de Moundou.

    Dans le Moyen Chari/Mandoul par exemple où le sorgho, le maïs et le mil pénicillaire, qui constituent les denrées de base des populations, les prix de ces denrées sont en baisse par rapport à la même période de l’année dernière, mais en hausse par rapport à la moyenne quinquennale (sorgho +22 pour cent, mil + 11 pour cent, maïs +24 pour cent). A Moundou également, le prix du sorgho est en baisse de 23 pour cent par rapport à la même période de 2014, bien qu’en hausse de 24 pourcent comparé à la moyenne quinquennale ; même chose pour le mil pénicillaire, qui connait une baisse de 14,3 pourcent et en hausse de 5,3 pourcent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le prix du sésame varie très peu avec les importants stocks paysans et commerçants, tandis que l’arachide se vend bien sur les marchés avec l’arrivée des nouvelles récoltes.

    Dans la zone sahélienne, on observe une stabilité du prix du mil pénicillaire sur le marché d’Abéché par exemple, par rapport au mois de septembre 2015 et comparé à octobre 2014. Le niveau d’approvisionnement est relativement satisfaisant à cause d’une disponibilité céréalière importante au sein des stocks ménages et commerçants. Bien que la production soit en baisse, les nouvelles récoltes arrivent sur les marchés.

    Marché à bétail

    L’offre en bovin est satisfaisante dans la zone soudanienne. L’offre en petit ruminants et surtout en chèvre est en baisse à cause des pertes par décès enregistrés pendant la période de soudure. Sur les marchés de Doher, Tapol et même de Goré les chèvres sont moins présentées. Or en cette période de la rentrée scolaire, les parents vendent plus des chèvres pour assurer les inscriptions, les achat des cahiers et tenues de classe pour leurs enfants. La disponibilité importante des animaux sur le marché conduit à une baisse considérable des prix par rapport aux mois précédents. Le niveau de l’offre continue d’être observé mais avec une faible demande compte-tenu de la fermeture des différentes frontières (Tchad-Lybie et Tchad-Nigeria). Les termes d’échange bouc/mil, reste en défaveur des éleveurs qui en vendant un bouc peut obtenir 55kg de mil sur le marché d’Abéché, alors qu’il y a cinq ans on pouvait en obtenir jusqu’à 75 kg. Le marché du bétail reste toujours tributaire de la fermeture des frontières avec certains pays voisins.

    Situation alimentaire

    Dans la zone soudanienne, l’alimentation des ménages en cette période des récoltes est facilitée grâce au sorgho, à l’arachide et au maïs déjà disponibles avec les nouvelles récoltes. Les oléagineux, légumes, produits maraîchers et tubercules sont disponibles et complètent efficacement l’alimentation de la population en ce moment. La situation alimentaire s’est améliorée avec la fin de la soudure et le début des récoltes. Les enfants dans la plupart des ménages mangent au moins deux fois dans la journée et ils complètent par les arachides, les goyaves, les légumes sauvages, pois de terre, le niébé, le manioc, etc. Dans la zone sahélienne, la situation alimentaire actuelle s’est également améliorée avec le début des récoltes. Au regard de la bonne disponibilité céréalière sur les marchés, soutenue par les stocks résiduels au sein des ménages qui coïncide avec la nouvelle récolte, la disponibilité laitière, la cueillette des fruits sauvages et légumes, les ménages pauvres et très pauvres peuvent couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires de base sans faire recours à des stratégies d’adaptation.

    Situation nutritionnelle

    Dans le sud, notamment dans le Moyen Chari, la situation nutritionnelle s’améliore progressivement dans les ménages des refugiés et retournés, car l’IRC (International Rescue Commitee) et le CSSI (Centre de Support en Santé International) continuent par suivre l’état nutritionnel des enfants dans les camps de Maïngama et de Belom.

    Ces ONG prennent immédiatement en charge les enfants malnutris en mettant à leur disposition de la bouillie enrichie et d’autres intrants riches en vitamines. Des cas cliniques observés sont immédiatement soignés. De façon générale, on note comparé à 2014, une baisse des taux d’admissions (sauf en aout) liés à la malnutrition aigüe sévère sur l’ensemble du pays. Cela est dû au moins en partie à la hausse du nombre de structures sanitaires de prise en charge de la malnutrition, mais aussi à l’amélioration de la qualité de la prise en charge. C’est également, le résultat des énormes efforts que consentent ces dernières années le Gouvernement et ses partenaires (OMS, UNICEF, ONG Internationales telles que MSF, IMC, ACF, CSSI etc.).

    Suppositions

    Le scénario le plus probable d’octobre 2015 à mars 2016 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :

    • La saison de pluie : Elle continuera jusqu'à la fin du mois d’octobre dans une grande partie du sud du pays. Les cumuls pluviométriques entre mi-septembre et octobre seront supérieurs à la moyenne et permettront aux cultures semées tardivement (fin juillet et août) de boucler leurs cycles végétatifs. Dans la zone sahélienne, les cumuls des pluies entre mi-septembre et octobre étaient au-dessus de la moyenne, surtout au Ouaddaï, Sila, Wadi Fira, Salamat, Hadjer Lamis et Lac, et la fin de la saison interviendra en octobre, en raison d'une retraite normale du Front intertropical (FIT) vers le sud.
    • Hydrologie : La plupart des mares et les ouadis sont moyennement remplis et des débordements par endroits de certains ouadis comme le Batha, Biteha, Ouadi Moura et la sortie du Bahr-Azoum de son lit ont été observés. A cet effet, le niveau actuel des mares et des divers points d’eaux devrait permettre au bétail de s’abreuver jusqu’au moins en janvier prochain selon les rapports de la DEAM et du Ministère de l’Agriculture.
    • Production agricole : Au niveau national, les rendements seront moyens à légèrement inférieurs à la moyenne et comparés à l’année dernière. La production agricole indépendamment des zones devrait être moyenne à légèrement inférieure pour l’ensemble du pays du fait du démarrage tardif et de la mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l’espace ; cette production devrait couvrir les besoins alimentaires de la plupart des ménages jusqu’à au moins le mois de mars 2016. Les perspectives agricoles calculées sur la base des superficies estimées par l’ONDR et la SODELAC affichent une tendance déficitaire selon l’hypothèse la plus probable.
      • La production de mil sera moyenne à supérieure à la moyenne compte tenu des conditions globalement bonnes intervenues dans les zones de production et l’augmentation des superficies opérée par les producteurs vers les dunes du Lac.
      • La production de maïs sera inférieure à la moyenne à cause de l’installation tardive des pluies et des pauses pluviométriques intervenues en juillet et août dans les zones de production (Lac, Batha, Salamat, Sila, Ouaddaï, Moyen Chari, Mandoul, Mayo Kebbi Est et Ouest).
      • La production de sorgho peut être moyenne à supérieure à la moyenne, surtout dans le sud du pays.
      • La production de niébé sera inférieure à la moyenne suite à l’installation tardive de cette culture et les attaques en champ dont elle a fait l’objet dans les grandes zones de production du sud du Tchad.
      • La production de contre-saison: C’est la fin de la phase de mise en pépinières pour l’ensemble des zones concernées et sa culture ainsi que sa récolte pourrait connaitre un retard comparée à une année normale du fait du retard dans la mise en pépinière et des faibles inondations signalées dans le Salamat, Sila et Batha.
    • Les disponibilités alimentaires (production 2015 et stocks de report) : Les stocks alimentaires des ménages seront globalement légèrement inférieurs à la moyenne des cinq dernières années. Cependant elles ne seront que légèrement inférieures aux besoins totaux qui ont connus une croissance soutenue sur la période suite à la croissance démographique. L’équilibre entre disponibilité et besoins sera plus précaire pour le maïs et le sorgho dont la production de cette année sera localement inférieure à la moyenne suite au démarrage tardif de la saison agricole.
    • La main d’œuvre agricole : Etant l’une des sources principales de revenu, elle devrait se comporter comme en année normale entre octobre et décembre à cause des récoltes céréalières jugées moyennes à légèrement inférieures à la moyenne. A partir de janvier, les ménages pauvres vont se tourner vers les activités maraichères dans certaines zones pour augmenter leurs sources de revenus jusqu’à mars comme en année normale.
    • Les ressources pastorales, les mouvements des animaux : La situation des pâturages qui s’est nettement améliorée avec la reprise des pluies en fin juillet sur l’ensemble des zones agricoles, reste légèrement déficitaire dans l’Est des régions de Sila, Ouaddaï et du Wadi-Fira, et la partie sud du pays. Cette situation sera légèrement compensée par la situation excédentaire dans le Nord depuis le centre Kanem jusqu'à l'Ouest Sila, Ouaddaï et Wadi Fira. A cet effet, la disponibilité de pâturage sera légèrement en dessous de la normale sur l’ensemble du pays entre octobre 2015 et mars 2016. Cependant, le niveau actuel de pâturage permettra aux éleveurs de nourrir leurs animaux au moins jusqu’à décembre sans trop s’éloigner de leur base et jusqu’à mars sans trop de difficulté. Les transhumants ont commencé leur descente du Nord vers le Sud depuis fin septembre/début octobre au lieu de novembre/décembre comme en année normale. Les grands transhumants qui remontent l’axe nord-est et qui se sont arrêtés autour d’Arada à cause du manque des pâturages pourraient entamer leur descente à partir d’octobre. D’une manière générale, les conditions physiques du bétail devraient être bonnes jusqu’à janvier. Le lait est disponible en quantité et sera accessible aux ménages pauvres et très pauvres jusqu’à décembre/janvier dans les zones de passage des transhumants et les zones d’élevage. A partir de décembre/janvier, le niveau de pâturage va baisser et le bétail s’éloignera au fur et à mesure de leurs points d’attache réduisant l’accès aux produits laitiers. Concernant l’eau pour l’abreuvement, les pluies enregistrées à partir de la deuxième décade de juillet ont permis le remplissage des mares et des ouadis favorisant l’abreuvement du bétail jusqu’en février/mars.
    • Criquets pèlerins : En prévision, une reproduction à petite échelle entrainera une nouvelle augmentation des effectifs acridiens dans le Kanem avec des mues probables en octobre dans le Batha, à Biltine, au Borkou-Ennedi-Tibesti. Il existe un risque modéré que quelques petits groupes se forment dans ces zones avec le début de dessèchement de la végétation selon le bulletin FAO sur le criquet pèlerin.
    • L’offre des produits alimentaires, et de bétail : En dépit des stocks résiduels des ménages pauvres déjà épuisés et de la production céréalière attendue en dessous de la moyenne, les marchés seront bien approvisionnés. A cet effet, aucune rupture d’approvisionnement ne devrait être observée du fait qu’après la saison des pluies, les routes seront accessibles, et les flux pourront fonctionner normalement en dehors de la région du Lac où les flux seront réduits à cause de l’insécurité. La récolte des cultures de décrue (berbèré) et de contre-saison froide (le maïs) attendues entre janvier et mars, ainsi que les stocks résiduels de l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA) de 2015 viendront renforcer l’approvisionnement des marchés. L’offre des produits de rente, particulièrement celle de l’arachide sera supérieure à la moyenne à cause de l’augmentation des superficies qui ont été augmentées au détriment des cultures céréalières. Celle du sésame sera aussi supérieure à celle de l’année dernière à cause de son intensification pour répondre à la forte demande du Soudan. L’offre en bétail sera supérieure à une année normale à cause des ralentissements des flux vers le Nigeria et la Libye et grâce à la présence des éleveurs venus de la RCA avec leur troupeau, mais aussi du retour des transhumants dans la zone.
    • La demande des produits alimentaires, et de bétail : Compte tenu de la récolte de contre saison de berbéré et de maïs attendue qui sera inférieure à la moyenne, la demande en céréales va être plus importante entre janvier et mars 2016. Mais entre octobre et décembre 2015, les ménages vont consommer pour la plupart les produits de leurs récoltes. Quant à la demande des oléagineux, elle est forte pour l’arachide due à la présence des grands commerçants importateurs soudanais sur les marchés tchadiens à cause de la faible récolte arachidière au Darfour (Soudan) et du prix atypiquement élevé au Soudan pendant la récolte.  La demande de bétail sera supérieure à une année normale à cause de la campagne électorale en prélude aux élections présidentielles prévues en avril 2016.
    • Les achats institutionnels : Le niveau de reconstitution des stocks nationaux sera plus faible que d’habitude en 2015 compte tenu des problèmes financiers que connait le pays et qui pourront avoir des effets induits sur l’ONASA (Office National de sécurité alimentaire).
    • La tendance des prix : La baisse saisonnière des céréales sera normale entre octobre et décembre avec une stabilité normale attendue entre janvier et mars. Le prix des animaux qui avait connu une certaine stabilité en octobre après la fête de tabaski (fin septembre) pourrait amorcer une nouvelle hausse saisonnière normale en décembre à l’approche des fêtes de fin d’année.
    • La fermeture de la frontière Tchado-Libyenne : L’arrêt des exportations des animaux causées par la fermeture de cette frontière vont continuer à se ressentir avec des conséquences économiques beaucoup plus dans les régions du Borkou Ennedi Tibesti, du Kanem et du Bahr el Gazel qui dépendent pour beaucoup des échanges avec ce pays voisin.
    • La fermeture de la frontière Tchado-Nigériane : Les attaques récentes (septembre et octobre 2015) des localités comme N’gouboua et Bagassola n’ont pas amélioré cette situation qui perdure déjà et devrait persister encore pour les prochains mois, empêchant la reprise normale des flux commerciaux autrefois importants entre les deux pays.
    • Les sources de revenus et de nourritures : Les sources de revenus et de nourriture devraient se comporter comme en année normale notamment entre octobre et décembre (travail agricole, vente de bétail, travaux de construction, vente de céréales et produits maraichers, vente des œufs/volailles, petit commerce, cueillette, vente de seccos/nattes/artisanat, vente de bois, etc.). La production maraichère dans certaines zones permettra aussi aux ménages pauvres de diversifier leur alimentation et d’augmenter leurs sources de revenus.
    • Situation nutritionnelle: Considérant les taux de prévalence de la Malnutrition Aigüe Globale
      (MAG) qui sont en baisse comparés à la moyenne quinquennale sur l’ensemble des régions du pays, on peut s’attendre à ce que cette tendance se maintienne jusqu’au moins en mars 2016, et que les ménages même les plus pauvres disposeront de leurs propres productions et vont dépendre beaucoup moins des achats sur le marché; ce qui va faciliter leur accès à la nourriture et les rendre moins vulnérables à la malnutrition. De ce fait, on peut s’attendre à une tendance de la malnutrition saisonnière typique avec une baisse de la prévalence pendant la période post-récolte dans toutes les régions. Hypothèse également soutenue par l’accroissement des centres de prise en charge nutritionnelles sur l’étendue du pays notamment dans le Kanem et Bahr El Gazal, deux régions enregistrant les taux de malnutrition les plus élevés du pays.
    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    La période d’octobre à décembre coïncide avec la période post-récolte et se caractérisera par une situation alimentaire globalement satisfaisante sur toute l’étendue du territoire à cause de la disponibilité laitière, des produits de cueillette, et de l’apparition des prémices pluviales qui arrivent déjà sur les marchés comme la patate douce, le maïs des cases, le manioc, l’igname, l’arachide, le gombo frais, etc. et qui interviennent comme aliments de substitution et améliorent l’accès aux denrées par les ménages pauvres. L’accès à ces différentes sources sera globalement suffisant bien que la production par endroit sera légèrement en-dessous de la moyenne. Dans les zones affectées par la baisse des productions, les effets ne seront appréciés qu’au plus tard dans l’année de consommation. A cet effet, les besoins de consommation des ménages sont satisfaits entre octobre et décembre 2015 pour la grande majorité des ménages du pays. Ils dépendront de leur propre production et ne feront recours à aucune stratégie d’adaptation. Sur le plan nutritionnel, on observera aussi une amélioration saisonnière de la situation due à la bonne disponibilité alimentaire. Toutes les zones du pays resteront en Phase Minimale (Phase 1 de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë jusqu’en décembre 2016.

    Dans certaines régions en zone sahélienne (Lac, Kanem, Bahr El Gazel, Batha et Wadi Fira), les stocks alimentaires vont diminuer à partir de février à cause du déficit de la production céréalière localisée dans certains départements de ces régions et les ménages dépendront beaucoup plus des achats sur le marché que la normale pour cette période. En effet, la demande en céréales va impacter sur les prix des céréales pendant cette période et ne sera pas de nature à garantir l’accessibilité sans difficultés par les ménages pauvres et très pauvres. Pour faire face à cette situation, les ménages pauvres augmenteront leurs stratégies d’adaptation habituelles (la cueillette, l’artisanat, etc.) à des niveaux atypiques afin de pouvoir combler le gap. En outre, ces stratégies ne compenseront pas entièrement les effets du déficit céréalier et des prix élevés sur les ménages pauvres, ce qui engendra un déficit de protection des moyennes d’existence pendant que ces ménages seront affectés. A cet effet, ces ménages dans les régions du Kanem, Bahr el Gazel, Batha, nord Guera et Wadi Fira s’engageront moins que d’habitude dans les dépenses non-alimentaires essentielles et seront en Stress (Phase 2 de l'IPC) insécurité alimentaire aiguë entre février et mars 2016. Toutes les autres zones du pays peuvent rester en Minimal (Phase 1 de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë, sauf pour les zones d’accueil des réfugiés et déplacés du Lac et de la République centrafricaine (Grande Sido), qui restent en Phase Minimale ! (Phase 1 ! de l’IPC) grâce aux assistances alimentaires prévues.

     

    Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.

    Figures Seasonal Calendar in a Typical Year Seasonal Calendar in a Typical Year

    Source : FEWS NET

    Figure 1 Figure 1. ARC2 Estimation de l’accumulation pluviométrique de juillet au septembre 2015

    Source : NOAA/CPC

    Figure 2 Figure 2. Tendance globale comparée des admissions la malnutrition aiguë sévère (MAS) 2013-2015

    Source : Cluster Nutrition Tchad

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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