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- L’insécurité alimentaire de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendues dans les provinces de l’Est, Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est, accueillant les réfugiés soudanais et retournés tchadiens. L’afflux régulier des réfugiés et migrants retournés exerce des pressions sur les moyens d’existence et des compétitions sur les faibles opportunités économiques existantes. Ils ont un accès limité aux sources de nourriture et de revenus à cause de leur faible capacité d’achat et dépendent des assistances alimentaires.
- L’afflux des réfugiés soudanais et des retournés tchadiens dans les provinces de l’Est augmentera les population dans le besoin d’assistance, malgré l’accès des ménages hôtes à des produits alimentaires de leur propre production à partir de la période des récoltes en septembre. FEWS NET estime que 2.0 à 2.5 millions de personnes auront besoin d’assistance alimentaire pendant la période de soudure de juin à août 2024.
- Les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont aussi anticipés dans le Sahel Ouest, le Lac et les provinces frontalières avec la Libye dans le Sahara. L’insécurité provoque des déplacements de population et perturbe les activités agricoles au Lac. Au Sahel Ouest et au Sahara, la perturbation des flux à partir de la Libye et des flux commerciaux internes à cause de la hausse des prix du carburant impactent l’approvisionnement des marchés et entraînent une hausse considérable des prix alimentaires dans ces régions.
- Les résultats Minimale (Phase 1 de l’IPC) observés en juin passeront ensuite à Stress (Phase 2 de l’IPC) dans les zones agricoles du sud à mesure que la soudure épuise les stocks. Cependant, malgré une distribution irrégulière des précipitations, des quantités à des niveaux normaux à excédentaires permettent d’anticiper une production céréalière moyenne pour la campagne agricole de 2024-2025.
L’afflux des réfugiés soudanais et retournés tchadiens dans les provinces de Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est a entraîné les résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et de Crise (Phase de l’IPC) dans ces provinces. Ces populations déplacées exercent des pressions sur les moyens d’existence causant des concurrences sur les faibles opportunités économiques disponibles. Cela entraîne ainsi des faibles revenus limitant leur accès aux denrées alimentaires alors qu’elles dépendent des marchés pour leur source de nourriture. Pour limiter les déficits de la consommation alimentaire, ces réfugiés dépendent surtout des assistances alimentaires. À la fin juin 2024, les provinces de l’Est du Tchad accueillent plus de 617 000 réfugiés soudanais et près de 174 000 migrants tchadiens retournés, dont plus de 70 pour cent des réfugiés sont enregistrés dans la province d’Ouaddaï seule (Figure 1). En raison de la proportion élevée des réfugiés dans les départements d’Assoungha, Ouaddaï et Kimiti de Sila et des pressions exercées par ces réfugiés sur les moyens d’existence, ces deux départements sont en Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC). Entre septembre 2024 et janvier 2025, une amélioration de la disponibilité alimentaire des ménages hôtes est anticipée en raison de la période des récoltes. Cette amélioration diminue légèrement le nombre de la population dans le besoin, mais les impacts de l’afflux des réfugiés soudanais dans ces provinces de l’Est persisteraient sur les moyens d’existence ainsi que sur les prix des produits alimentaires de base.
Dans la région du Lac, la recrudescence de l’insécurité civile par des attaques des groupes armés non étatiques entraîne les déplacements des populations et exacerbe la dégradation des moyens d’existence. Les personnes déplacées et les ménages hôtes font face à une érosion de la plupart de leur source de revenus à cause de la pression sur les ressources disponibles et de la compétition sur les opportunités d’embauche existantes. L’accès des ménages hôtes et des déplacés aux marchés est ainsi réduit à cause de la diminution du pouvoir d’achat face à la hausse des prix des produits alimentaires de base.
Dans les zones agricoles du Sud, en raison de l’épuisement des stocks pendant la période de soudure, les ménages dépendent des marchés pour leur source de nourriture où les prix des produits alimentaires sont élevés. Cependant, malgré les retards de précipitations accentués par des séquences sèches dans les localités agricoles au début de la saison, des précipitations normales à excédentaires prévues à travers le pays pendant la saison permettent d’anticiper une production céréalière moyenne à partir de septembre. Les ménages auront accès aux produits céréaliers à partir de leurs propres récoltes, ce qui améliorera leur consommation alimentaire, à partir de fin septembre. Ainsi, des résultats Minimale (Phase 1 de l’IPC) seront attendus.
Dans les zones pastorales et agropastorales, à cause du retard de l’installation de la saison, la soudure pastorale est rude et l’état physique des animaux est fortement détérioré à cause du manque de pâturages et de points d’eau. La valeur marchande des animaux est en baisse alors que les ménages pasteurs font face à des prix des produits alimentaires élevés. Des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus entre juin à septembre 2024 dans les provinces de Kanem et Barh el Gazel. Cependant, les pluies favorables à partir de juillet amélioreront les pâturages et les points d’eau. Ainsi, l’état physique des animaux devrait être amélioré et leur valeur marchande. En outre, les ménages ont aussi accès aux produits laitiers. Cependant, l’amélioration de leur consommation alimentaire reste limitée en raison de la hausse des prix des produits alimentaires dans ces zones traditionnellement déficitaires et de la perturbation des approvisionnements des marchés en produits importés et locaux. Les perturbations sécuritaires aux frontière de la Libye à la suite du renforcement des positions militaires par le grouvernement réduit les échanges transfrontaliers. Ceci est accentué par les coûts élevés de transport par suite de l’augmentation des prix du carburant limite les volumes des flux entrants de produits alimentaires importés en zones saharienne et sahélienne.. Ainsi, les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) persisteront entre octobre 2024 et janvier 2025.
Les assistances alimentaires par les partenaires sont orientées principalement aux réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est du pays. Du fait des contraintes des organisations humanitaires à mobiliser des financements, estimés à 18,7 pour cent du total du Plan de Réponse Humanitaire 2024 en juin 2024 (OCHA), la distribution des assistances alimentaires d’urgence est irrégulière dans les provinces de l’Est et même est arrêtée dans la province du Lac depuis avril 2024. Les personnes déplacées internes ainsi que les ménages hôtes dans la province du Lac n’ont plus bénéficié des assistances alimentaires d’urgence. Cependant, depuis le début de l’afflux des réfugiés soudanais et retournés tchadiens en avril 2023, le PAM a distribué des vivres et des transferts monétaires pour 541 909 réfugiés, 110 561 retournés et 55 939 ménages hôtes très pauvres.
En savoir plus
L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles en juin 2024. Les liens suivants donnent des informations supplémentaires :
- Dernier Perspectives sur la sécurité alimentaire février à septembre 2024
- Dernier Mise à jour des messages clés avril 2024
- Aperçu de la méthodologie de développement de scénarios de FEWS NET
- L’approche de FEWS NET pour estimer la population dans le besoin
- Aperçu des analyses IPC et IPC-compatible
- L'approche de FEWS NET en matière d'analyse de l'assistance alimentaire humanitaire
Les conflits résultants des attaques des groupes terroristes dans le bassin du Lac Tchad, des rebelles dans les frontières avec la Libye et la République centrafricaine et les conflits intercommunautaires dans la région soudanienne impactent les moyens d’existence des ménages, les flux commerciaux et le fonctionnement des marchés. Dans le Lac, la persistance de l’insécurité depuis 2015, due aux attaques de l’État Islamique de la Province de l’Afrique, a entraîné l’abandon des terres cultivables, des déplacements des populations et la limitation des activités de pêche dans le lac Tchad. Dans le Nord, les attaques sporadiques des rebelles depuis 2016, le Front pour l’Alternance et la Concorde (FACT) et le Front de la Nation pour la Démocratie et la Justice au Tchad (FNDJT), malgré qu’elles soient maîtrisées par les forces de sécurité, perturbent les flux commerciaux en provenance de la Libye. Cette perturbation des flux transfrontaliers diminue l’approvisionnement des marchés dans les zones déficitaires, surtout les provinces du Nord et les régions de Kanem et Bahr-el-Gazal (BEG). Les conflits intercommunautaires fréquents en zone soudanienne perturbent les activités de production agricole. Ces conflits entraînent parfois des déplacements des populations.
Le conflit soudanais qui a débuté en avril 2023 a entraîné l’afflux des réfugiés soudanais et retournés tchadiens dans les provinces de l’Est du Tchad, en particulier dans l’Ouaddai, Sila et Wadi Fira. Depuis le début du conflit au Soudan, plus de 617 000 réfugiés et 174 000 retournés sont arrivés au Tchad. Tant que le conflit soudanais continue, le nombre des réfugiés et retournés continue aussi d’augmenter et d’exercer une pression sur les sources de nourriture et de revenus. Dépourvus de leurs moyens d’existence et pour satisfaire leurs besoins en consommation alimentaire, les réfugiés dépendent largement de l’aide alimentaire des organisations humanitaires, dont le financement est devenu de plus en plus limité ces derniers temps. L’afflux régulier de ces réfugiés maintient le nombre de population dans le besoin élevé.
Les moyens d’existence des ménages du Tchad sont surtout dominés par l’agriculture et l’élevage. La production agricole et céréalière, prédominante dans les zones agricoles soudanienne mais aussi dans les zones agropastorales, est très sensible à la variabilité des précipitations, en particulier les sécheresses et les inondations. Un autre facteur affectant ces zones sont les conflits communautaires dans le sud et à des groupes armés au Lac. La première période de la perspective qui débute en juin coïncide avec la période des soudures pendant laquelle les stocks des ménages sont épuisés et les prix alimentaires de base sont élevés. Les stocks commerçants sont aussi en baisse et les besoins de l’importation des produits alimentaires sont élevés pour approvisionner les marchés. À partir de septembre, la consommation alimentaire des ménages va s’améliorer car ils ont accès aux récoltes. Dans les zones pastorales, le mois de juillet marque la fin de la soudure pastorale et, avec la régénération des pâturages et le remplissement des points d’eaux, l’embonpoint des bétails s’améliorera ainsi que leurs valeurs marchandes.
L’ensemble complet des calendriers saisonniers pour Tchad est disponible ici.
Source: FEWS NET
L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section.
Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).
Principaux dangers
Conflit : Le conflit et l’insécurité au Lac, due aux attaques des groupes armés aux frontières Nord, à cause des activités des rebelles et les conflits communautaires dans les provinces Moyen Chari et Logone Oriental, perturbent les moyens d’existence des populations et le fonctionnement des marchés. La recrudescence des attaques par les groupes armés non étatiques (GANE) au Lac et les restrictions sécuritaires empêchent la pêche en eaux profondes et limitent les volumes de capture. Les activités productives et les flux internes sont ainsi perturbés par l’insécurité persistante, notamment dans les départements de Fouli, Kaya et Mamdi. En outre, au Sahara (provinces du Borkou, Ennedi Ouest, Tibesti), les restrictions sécuritaires liées à l’orpaillage artisanal sur les sites aurifères ont réduit le fonctionnement de cette activité. Le renforcement des positions des forces de défense et de sécurité depuis août 2023, visant à prévenir les incursions rebelles, continue de perturber les moyens d’existence des ménages de la zone. Les ménages pauvres du Sahel (Barh El Ghazel, Kanem, Wadi Fira et Ouaddaï) sont également affectés par les impacts des mesures sécuritaires dans les provinces septentrionales. En zone soudanienne, les provinces du Moyen Chari et du Logone Oriental sont confrontées à des conflits communautaires entre agriculteurs et pasteurs en mars 2024. Ces conflits ont entraîné des pertes en vies humaines et de plusieurs produits agricoles, des déplacements de personnes, ainsi que des destructions des biens. La résurgence de ces conflits communautaires est une réelle menace en cette période de démarrage des activités agricoles.
Crise des réfugiés : L’influx des réfugiés soudanais et retournés tchadiens dû à la persistance de la crise soudanaise continue de compromettre les moyens d’existence des ménages des zones frontalières du Soudan. Selon le HCR, les provinces de l’Est du Tchad continuent d’accueillir des réfugiés soudanais et retournés tchadiens depuis le début du conflit au Soudan (Figure 3). Plus de 70 pour cent des réfugiés sont dans la province d’Ouaddaï, dont la plus grande partie est concentrée dans les départements d’Assoungha (province d’Ouaddaï et Kimiti (province du Sila), mais les autres provinces, comme Wadi Fira et Ennedi Est, accueillent aussi ces réfugiés. Pour faire face à cette situation, les réfugiés et retournés exercent une pression constante sur les ressources dont les disponibilités sont en deçà des besoins des populations à cause des concurrences entre ménages hôtes et populations déplacées (réfugiés et retournés).
Les conditions agro-climatiques : La saison actuelle est caractérisée par des retards de précipitations en début de saison, accentués par des séquences sèches dans les localités agricoles du Sud. Ceci a affecté le démarrage des activités agricoles pluviales. Cependant, au fur et à mesure que la saison avance, des précipitations moyennes à excédentaires sont prévues, permettant d’anticiper une production céréalière moyenne.
Production agricole : Le début de la saison est marqué par l’installation tardive des précipitations en zone soudanienne avec des longues séquences sèches. Une grande partie de la zone agricole du Sud a une accumulation des précipitations inférieure à la moyenne (Figure 4). Ceci a retardé le démarrage des travaux agricoles (défrichage, labour, semis), à fin mai début -juin contre avril et mai, dans les zones agricoles et agropastorales. Cependant, des séquences sèches, de 10 à 15 jours, sont rapportées dans le bassin du Logone (provinces du Logone occidental et du Logone Oriental) et au Mayo Kebbi. Ceci a entraîné des échecs lors de premiers semis qui n’ont pas pû être re-semis dans certaines zones à cause des difficultés financières d’accès aux semences, réduisant les superficies mises en valeur. En outre, le manque d’intrants (semences, engrais) et l’absence de matériel agricole (tracteurs) réduisent davantage les superficies cultivées. Les re-semis effectués, début juin 2024, par quelques agriculteurs, sont susceptibles d’être affectés de retard dans le cycle de développement.
Au Lac, les semis à sec, de mil, sur les terres dunaires entamés en début juin se poursuivent dans les localités de Ngouri et Liwa. Les emblavures de maïs sur les polders non aménagés gérés par les petits producteurs sont réalisées durant la première décade de juin 2024. Cependant, la pénurie, en cours, de carburant (essence) affecte les travaux d’irrigation et perturbe le développement des cultures. L’ensemencement des polders aménagés de Bagasola et Bol, par la Société de Développement du Lac (SODELAC), en maïs est effectué grâce aux premières pluies, enregistrées en date du 11 juin. Contrairement aux polders détenus par les petits producteurs, l’irrigation de ceux gérés par la SODELAC se poursuit grâce au diesel mis à disposition par les fournisseurs contractuels. Un début de germination est observé ; les plantes sont au stade deux feuilles.
Dans les départements de Bahr Azoum (Am Timan) et Abtouyour (Bitkine), des semis à sec, de mil et de sorgho ont été effectués en zone agropastorale, entre fin mai et début juin 2024. Les précipitations enregistrées durant la seconde décade ont permis d’arroser les cultures qui sont au stade de tallage. Dans les départements d’Abdi et Djourouf Al Ahmar, les travaux préparatoires de la campagne ont été entamés grâce à l’installation de la saison marquée par les précipitations enregistrées en début juin.
Source: FEWS NET/USGS
Situation pastorale : La rude soudure pastorale précocement entamée se prolonge à la suite du retard d’installation de la saison. L’état physique des animaux est fortement détérioré à cause du manque de pâturages et de points d’eau. L’accès aux compléments alimentaires est fortement limité par les prix élevés et la faible disponibilité sur les marchés locaux à cause des baisses d’importations.
En zone agropastorale, l'état corporel du bétail est significativement en deçà du poids normal. La sévère soudure pastorale étendue par le retard d’installation de la saison contraint les animaux à recourir aux feuillages des arbustes et autres épineux. Dans ces zones, les animaux parcourent en moyenne 10 km entre les rares points de pâturages et les puits pastoraux. Les précipitations attendues vers mi-juillet permettraient la repousse des pâturages et un début de remplissage des mares temporaires. Ceci contribue à améliorer les conditions pastorales assurant une meilleure alimentation des animaux.
La remontée des transhumants vers les sites d’attache est retardée par le retard de l’installation en zone soudanienne et des mauvaises conditions pastorales en zone sahélienne. La plupart des pasteurs prolongent leur présence jusqu’alors, au lieu de fin mai – début juin en année normale. Ils retardent leur avancée vers les zones d’attache au Sahel afin de profiter des repousses d’herbes et des plans d’eau au sud du pays.
Sources de revenus hors ferme : Les revenus de la main d’œuvre agricole, une des principales sources de revenus des ménages très pauvres et pauvres en zone soudanienne, sont inférieurs à une année normale à cause d’une suroffre.
Les déficits de production de la campagne précédente, couplés avec le retour des migrants saisonniers des grands centres urbains, ont entraîné une forte mobilisation des ménages très pauvres et pauvres à vendre leurs forces de travail. Ceci a occasionné une suroffre de personnes en quête de revenus pour l’acquisition des intrants (semences, engrais) et l’accès aux marchés de produits alimentaires en cette période de soudure. La suroffre affecte les niveaux de revenus à cause des salaires journaliers perçus qui varient de 750 à 1000 FCFA pour les travaux de semis contre 1500 FCFA en moyenne durant une année normale.
Au Sahel, les revenus tirés de l’orpaillage artisanal sont en baisse à cause des reflux réguliers de personnes par les forces de défense et de sécurité. Les ventes de petits ruminnants rapportent des revenus très dérisoires à cause du mauvais état physique des animaux et de la dépréciation continue de la monnaie nigériane, le Naira, pour les bétails exportés vers le Nigeria.
Dans la plupart des zones du pays, la pression sur les ressources (collecte de paille, bois de chauffe) induite par une forte mobilisation de ménages très pauvres et pauvres en réduit les quantités disponibles. Cette pression accentuée par la compétition entre ménages en quête de revenus pour accéder aux marchés réduit les revenus qui en sont tirés.
Les baisses d’opportunités (emplois domestiques, chantiers publics et privés) dans les destinations de migration à l’intérieur du pays et la détérioration des conditions sécuritaires dans les pays d’accueil limitent les revenus issus de la migration en zone sahélienne.
Approvisionnement des marchés : Sur la plupart des marchés, les volumes des approvisionnements en produits alimentaires sont en baisse par rapport à une année normale à cause des déficits de production de 7,2 pour cent enregistrés durant la précédente campagne (2023-2024) et de la hausse du prix des carburants occasionnée par l’arrêt des subventions gouvernementales du secteur pétrolier ayant entraîné des hausses de coûts de transport. Dans le bassin du Lac, la perturbation des flux commerciaux consécutive à l’insécurité exacerbe la diminution des approvisionnements des marchés (Figure 5). Les disponibilités en produits alimentaires importés (pâtes alimentaires, farine, huile de table, riz) sont largement en deçà des niveaux d’une année normale à cause des coûts élevés de transport qui réduisent les volumes de flux de ces produits. Ceci entraîne une pression sur les céréales locales, notamment en zone sahélienne où les déficits céréaliers sont plus prononcés par rapport aux autres localités en zone soudanienne. L’arrêt des flux entrants du Soudan a exacerbé les baisses de l’offre en produits importés dans les provinces frontalières du Soudan (Ouaddaï, Sila, Wadi Fira).
Sur la plupart des marchés du pays, les prix des produits alimentaires sont en hausse comparés à la moyenne quinquennale à cause de la forte pression découlant de la dépendance sur les marchés. A titre d’illustration, en mai, le prix du mil est en hausse de 85 pour cent comparé à la moyenne quinquennale à Biltine et 80 pour cent à Abéché, tandis que la hausse du prix du sorgho à Goz Beida dans le Dar Sila atteint 78 pour cent (Figure 6).
Capacité d’achat des ménages : L’érosion de la plupart des sources de revenus restreint les capacités d’achat des ménages malgré leur dépendance aux marchés pour leur consommation. Dans les zones agricoles, les revenus issus de la main d’œuvre agricole seraient significativement en baisse à cause de la suroffre résultant de l’érosion des autres sources de revenus. Malgré l’intensification des stratégies (collecte et vente de bois mort et de produits sauvages, artisanat) durant la soudure, la pression sur les disponibilités ne rapporterait aux ménages que des revenus dérisoires à cause des faibles quantités collectées. En zones agropastorales et pastorales, la faible demande en bétail, principalement celle destinée à l’exportation et la dépréciation du naira nigérian continueraient de limiter les revenus de la plupart des ménages. La vente de petits ruminants du lait et du beurre ne procure que très modestes revenus, inférieurs à une année normale à cause du mauvais état d’embonpoint couplé à la suroffre pendant l’hivernage.
Situation nutritionnelle : Selon les données IPC AMN, entre juin-septembre 2024, quatre camps de réfugiés du Wadi Fira et de l’Ennedi Est et la population hôte d’Iriba (Wadi Fira) sont classés en situation critique (Phase 4 de l’IPC MNA). Douze camps de réfugiés, essentiellement situés dans les départements d’Assoungha (Ouaddaï), Kimiti (Sila) et Kaya (Lac) sont en phase sérieuse (Phase 3 de l’IPC MNA). Par ailleurs, les camps restants sont en situation d’alerte (Phase 2 de l’IPC MNA). Dans les zones d’accueil de réfugiés, la situation nutritionnelle est liée en grande partie à l’arrivée continue des nouveaux migrants durant cette période. Ces afflux augmentent les effectifs des personnes dans le besoin de l’assistance humanitaire et réduisent les capacités des acteurs humanitaires à couvrir l’ensemble des besoins. Il y a une proportion non négligeable des ménages qui ne sont pas couverts par l’assistance humanitaire qui font partie des effectifs de malnutris.
L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.
Les besoins en assistances alimentaires sont élevés à cause de l’afflux régulier des réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est. La collecte des données relatives au nombre des bénéficiaires et aux volumes des assistances alimentaires est difficile dans ces provinces. Toutefois, les informations collectées, même partielles, à partir des différents rapports des organisations humanitaires, des informateurs clés et de l’évaluation rapide sur terrain permettent de conclure que ces populations déplacées sont largement tributaires de l’assistance alimentaire et que quelques ménages très pauvres autochtones limités ont aussi reçu des assistances alimentaires. En mai 2024, du fait de la concentration élevée des réfugiés dans les départements d’Assoungha, plus de 50 pour cent de la population, et de Kimiti, plus de 27 pour cent de la population, ces deux départements ont reçu plus d’assistances alimentaires que les autres provinces. À Assoungha, 29 pour cent de la population totale ont bénéficié des assistances alimentaires sous forme de vivres ou de transferts monétaires. De même, à Kimiti, selon les informations qualitatives, une large proportion de la population a été aussi bénéficiaire des aides alimentaires. Les réfugiés dans les autres départements des provinces Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est ont aussi bénéficié de ces assistances alimentaires. Cependant, la proportion des bénéficiaires par rapport à la population totale est faible ; elle représente moins de 20 pour cent. En outre, ces opérations de distribution des assistances d’urgence sont irrégulières à cause des difficultés de financement face aux effectifs sans cesse croissants des réfugiés soudanais. Depuis le début de la période d’urgence, en avril 2023 dans les provinces de l’Est, le nombre total des bénéficiaires des assistances alimentaires distribuées par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) est réparti comme suit : 541 909 réfugiés, 110 561 retournés et 55 939 populations hôtes.
Au Lac, les opérations d’assistance alimentaire d’urgence aux déplacés internes ont été arrêtées depuis avril 2024.
Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.
Les réfugiés soudanais dans les provinces d’Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est sont tributaires en majeure partie de l’assistance alimentaire. L’afflux des réfugiés et des retournés continue d’exercer des pressions sur les rares opportunités de travail agricole et non-agricole. À cause de la suroffre de main d’œuvre et de la concurrence existant sur ces faibles opportunités économiques liée aux afflux massifs des personnes fuyant les violences au Soudan, les revenus obtenus sont aussi en baisse. En outre, ils sont confrontés à la hausse des prix des produits alimentaires de base. En effet, à Adré, le prix du mil en mai a augmenté d’environ 52 pour cent par rapport au prix en janvier 2024. Ainsi, l’accès à la nourriture est limité et il en résulte des déficits de la consommation alimentaire. Cependant, du fait de la dépendance des réfugiés à l’assistance alimentaire, et pour une moindre part, de la solidarité des ménages hôtes, ces écarts de consommation sont légèrement réduits. En effet, pendant le mois de mai, plus de 29 pour cent de la population à Assoungha ont reçu des assistances alimentaires sous forme de vivres ou des transferts monétaires. De même, selon les informations qualitatives disponibles pendant l’évaluation rapide sur terrain, une large proportion des réfugiés du département de Kimiti sont aussi des bénéficiaires des assistances alimentaires. Ainsi, ces deux départements sont en Crise ! (IPC Phase 3 ! de l’IPC). Les autres départements des provinces d’Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est sont en Crise (Phase 3 de l’IPC) avec des poches des ménages hôtes et des réfugiés en Urgence (Phase 4 de l’IPC) qui ne dépassent pas les 20 pour cent de la population totale.
Au Lac, la recrudescence de l’insécurité civile par des attaques depuis mai 2024 entraîne les déplacements des populations et renforce la dégradation des moyens d’existence des déplacés et des ménages hôtes. Les personnes déplacées et les ménages hôtes font face à une érosion de la plupart de leur source de revenus à cause de la pression sur les ressources disponibles et de la compétition sur les opportunités d’embauche existantes. En outre, en raison des épuisements précoces des stocks des ménages hôtes depuis janvier 2024, ils sont tributaires des marchés pour leur source de nourriture. Ceci occasionne une forte dépendance des ménages hôtes sur les marchés où les prix des denrées alimentaires sont élevés. La situation alimentaire des ménages déplacés et hôtes s’empire pendant cette période de soudure. Ils ne peuvent satisfaire leurs besoins alimentaires de base sans recourir à des stratégies de crise. Ils font face à des déficits de consommation et sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Au Sahel Ouest (Bahr el Gazel et Kanem), les prix des produits alimentaires sont à la hausse en raison de la baisse des flux entrants de produits importés à partir de la Libye à la suite des contrôles renforcés sur les camions entrant au Tchad. Ceci est accentué par les coûts élevés de transport et a entraîné la hausse des prix des produits alimentaires. En outre, les prix de vente des petits ruminants sont en baisse comparé à la moyenne quinquennale, sauf à Kanem où les prix sont légèrement au-dessus de la moyenne. Les revenus issus de la migration saisonnière et de la vente de produits sauvages sont également en baisse. Compte tenu de la baisse généralisée des revenus issus des principales sources, le pouvoir d’achat des ménages très pauvres et pauvres à Bahr El Ghazel (BEG) et Kanem est en baisse. Ceci réduit leur capacité à satisfaire leurs besoins alimentaires à cause des niveaux de prix sur les marchés céréaliers. À BEG et au Kanem, les ménages très pauvres sont confrontés à des écarts de consommation ; ils développent des stratégies d’adaptation négatives. Ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Dans les provinces septentrionales (Borkou, Ennedi Ouest, Tibesti), le contexte sécuritaire volatile au Tibesti entraîne l’érosion des principales sources de revenus (orpaillage artisanal, transferts d’argent, migration) des ménages très pauvres et pauvres. Le renforcement des positions gouvernementales, depuis août 2023, afin de contrer les mouvements rebelles aux zones frontalières avec la Libye et affecte les flux transfrontaliers. Malgré l’intensification des flux céréaliers internes à partir des autres provinces, l’offre locale est en reste inférieure aux niveaux d’une année normale. Les ménages pauvres et très pauvres font face à des déficits de consommation à cause des perturbations sur leurs moyens d’existence et des bas niveaux de revenus qui réduisent les volumes de produits alimentaires achetés sur les marchés, limitant leur accès alimentaire. Ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).
En zone soudanienne, la consommation alimentaire des ménages très pauvres et pauvres reste tributaire des achats sur les marchés ; la plupart des ménages ont épuisé leurs stocks. Cependant, dans le bassin rizicole (Tandjilé, Mayo Kebbi), les stocks résiduels provenant des cultures de contre-saison soutiennent passablement la consommation alimentaire des ménages. Les volumes disponibles ne peuvent couvrir les besoins alimentaires que pendant une courte période de juin, car une partie des récoltes est écoulée sur les marchés en quête de l’accès aux capitaux financiers pour le démarrage de la nouvelle campagne. Les ménages ont une consommation alimentaire minimalement adéquate. Ils sont en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC), tandis que le reste de la zone soudanienne est en Stress (Phase 2 de l’IPC).
La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.
Suppositions nationales
- Les précipitations normales à excédentaires enregistrées à travers le pays couplées à de séquences sèches longues (affectant Logone Occidental, le bassin rizicole (Tandjilé, Mayo-Kebbi Est) au Batha-Est, Ouaddaï, Wadi Fira, Sud des deux Ennedi, Lac et Kanem) à normales et une fin de saison anticipée pourraient perturber les activités agricoles et pastorales.
- L’intensification du conflit armé au Soudan, en particulier dans la région d’El Fasher du Grand Darfour, devrait continuer d’augmenter les afflux réguliers de réfugiés vers le Tchad durant toute la période d’analyse.
- Des combats importants entre les factions rebelles et le gouvernement sont peu probables, jusqu'en janvier 2025. Toutes opérations localisées menées par des groupes rebelles dans le nord du Tchad devraient être rapidement contenues par les forces de sécurité tchadiennes.
- Dans la plupart des zones du pays, les tendances haussières, comparées à la moyenne quinquennale, de prix observées se maintiendraient durant l’hivernage, à cause de la pression sur les marchés. Ces niveaux élevés de prix persisteraient au Sahel et dans les zones d’accueil de réfugiés soudanais et de migrants tchadiens retounés à l’Est du Tchad (Figure 7).
- La hausse des prix du carburant intervenue en février 2024, à la suite de la levée des subventions par l'État, continuera d’impacter négativement les coûts de transport et in fine sur les approvisionnements et prix des produits alimentaires de base. Durant l’hivernage, les flux commerciaux afficheraient une baisse saisonnière à cause du mauvais état du réseau routier qui limiterait le trafic. Cependant, ils seraient en deçà des niveaux d’une année normale à cause des coûts élevés de transports à la suite de la hausse des prix du carburant.
- La demande à l’exportation du bétail vers le Nigéria resterait en deçà de son niveau d’une année normale à cause de la dépréciation du naira nigérian et de l’insécurité civile sur les axes routiers empruntés. Cependant, l’exportation du bétail à destination du Nigéria et du Cameroun se maintiendrait identique au niveau observé durant les trois dernières années.
- Les ventes de produits agricoles durant la période de récolte relèveraient légèrement les niveaux de revenus agricoles. Toutefois, ces revenus resteraient en deçà d’une année normale à cause des niveaux de productions relativement moyennes attendus.
Suppositions pour les provinces de l’Est (Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est)
- La présence des réfugiés soudanais et retournés tchadiens à l’Est du pays continuerait de dégrader les moyens d’existence des populations locales à cause de la pression exercée sur les rares ressources disponibles. La compétition pour l’accès aux opportunités d’embauche conduirait à des bas niveaux de revenus aux ménages durant la période de scénario.
- L'augmentation de la demande de terres pour loger une population croissante pourrait exercer une pression sur les activités agropastorales locales dans l'Est du Tchad. Des conflits isolés entre populations hôtes et ménages réfugiés soudanais pourraient être rapportés durant la période d’analyse.
Suppositions pour la zone agropastorale, pêche (Province du Lac)
- Des attaques sporadiques de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest pourraient être enregistrées dans la province du Lac jusqu’à la fin de l’hivernage. Cependant, ces attaques seraient à des niveaux inférieurs à ceux des cinq dernières années et ceux de l’année 2022 en raison du renforcement du dispositif sécuritaire dans la province.
Suppositions pour la zone soudanienne
- Une résurgence des conflits agriculteurs-éleveurs pourrait être observée en début de saison à cause de la baisse des ressources naturelles entraînant une compétition sur l’accès, le contrôle et la gestion de celles-ci. Le retour précoce des pasteurs à destination de ces localités, dès septembre, attiserait les possibles affrontements entre ces communautés. Ces conflits seraient probablement à des niveaux plus élevés que ceux observés en 2023 et similaires à ceux observés en 2022. Ils seraient concentrés dans le Mandoul, le Guéra, le Logone Oriental, le Logone Occidental, et le Mayo-Kebbi. Les vols de bétail et les tensions persistantes entre agriculteurs et éleveurs devraient entraîner des affrontements à Niellim et Kyabé (Moyen-Chari) pendant la saison hivernale et pendant les récoltes.
Assistance alimentaire humanitaire
Supposition nationale
- Les stocks institutionnels actuels sont estimés à environ 10 000 tonnes selon l’Office national de sécurité alimentaire (ONASA). Les achats institutionnels seraient effectués entre décembre 2024 et février 2025 comme en année normale. Cependant, les volumes d’achats seraient inférieurs aux besoins réels à cause des difficultés budgétaires.
Dans les provinces d’Ouaddaï, Sila, Wadi Fira, et Ennedi Est
- L’afflux continu des réfugiés soudanais et retournés tchadiens en raison de l’escalade de la crise en cours au Soudan entraînerait l’augementation des besoins humanitaires d’assistance alimentaires et non alimentaires.
Principales sources de données | ||
|---|---|---|
| Prévisions saisonnières de l’Agence Nationale d’Applications Météorologiques (ANAM) | UNHCR : Sudan situation: external update N° 68) | Tchad : Rapport opérationnel, 21 juin 2024 – Chad, ReliefWeb |
| FEWS NET conflict analysis | FEWS NET évaluation rapide de terrain conduite en mai 2024 | Tchad : Vue d’ensemble (Banque Mondiale) |
| UNICEF, Base de données PCIMAS, Zones Est et Nord du Tchad | PAM, Assistance des réfugiés dans le Sila | Financement du Plan de Réponse Humanitaire du Tchad (OCHA) |
En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.
Dans les provinces de l’Est : Ouaddaï, Sila, Wadi Fira et Ennedi Est. Les afflux réguliers de réfugiés soudanais et de migrants tchadiens retournés accentueront des pressions additionnelles sur les moyens d’existence des ménages hôtes dans les zones d’accueil de l’Est. Dans les départements d’Assoungha et de Kimiti, les pressions sur les ressources naturelles (collecte de fagots et produits sauvages) et la compétition sur les opportunités d’embauche (main d’œuvre agricole et non agricole) s’intensifieraient durant toute la période d’analyse. L’état nutritionnel des enfants et des femmes enceintes et allaitantes nouvellement arrivés se détériorerait à cause des mauvaises conditions hygiéniques. Le recours massif aux eaux de surface par les nouveaux arrivants couplé à la précarité alimentaire contribuerait à cette détérioration. La prévalence des pathologies renforcerait des hausses de cas de malnutrition dans les unités nutritionnelles durant la soudure. Ces ménages, qui dépendent essentiellement de l’assistance alimentaire, intensifieraient les stratégies afin de compenser les écarts de consommation. Ces stratégies d’adaptation qui consistent à se départir des biens personnels allant jusqu’à la vente des matériaux utilisés pour les abris, la vente d’ustensiles de cuisine, voire le vol, entre autres, ne permettraient pas d’accéder aux marchés durant la période de soudure. Dans les départements d’Assoungha et de Kimiti, les déficits de consommation alimentaire se maintiendraient durant toute la période d’analyse, mais grâce à l’assistance alimentaire, ils resteraient en Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC). Les autres départements resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC), malgré l’amélioration saisonnière de la consommation des ménages hôtes qui profiteraient des récoltes à partir d’octobre 2024 à janvier 2025.
Au Lac : Les écarts de consommation alimentaire des déplacés et ménages hôtes très pauvres et pauvres persisteraient durant tout le scénario, de juin 2024 à janvier 2025, à cause des faibles disponibilités alimentaires. Dépourvus de terres agricoles propres à eux, les déplacés dépendraient des productions agricoles sur les modestes espaces des ménages hôtes mis en valeur sur des terres dunaires, incultes, peu productives. Les niveaux de récoltes seraient moins importants à cause des perturbations sécuritaires durant l’hivernage. La pression sur les ressources et les compétitions sur les opportunités d’embauche induites par le retrait de l’assistance humanitaire entraîneraient des baisses prononcées de revenus. Ceci réduirait le panier alimentaire en raison des faibles volumes d’achats sur les marchés. Les ménages continueraient d’avoir des déficits de consommation alimentaire. Ils resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC) malgré les stratégies d’adaptation négatives développées.
Au Sahel Ouest : Les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont anticipés dans les provinces de BEG et Kanem entre juin et septembre 2024. Les ménages très pauvres et pauvres du Sahel Ouest (BEG, Kanem), structurellement déficitaires, continueraient d’être éprouvés par des écarts de consommation malgré la disponibilité en produits laitiers et les achats de céréales sur les marchés. Les quantités achetées seraient très minimes à cause des bas niveaux de revenus tirés de la vente de petits ruminants durant l’hivernage. Les faibles disponibilités en produits importés maintiendraient la pression sur les marchés céréaliers. Les prix resteraient au-dessus des niveaux de la moyenne quinquennale à cause des coûts élevés de transport exacerbant les effets de la pression sur les céréales locales à partir de fin septembre, malgré les récoltes. D’octobre 2025 à janvier 2025, les déficits de consommation alimentaire persisteraient ; les ménages très pauvres et pauvres resteraient en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Au Sahara : L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) persisterait au Sahara en raison des coûts élevés de transport qui limiteraient les volumes de l’offre sur les marchés. Les niveaux de revenus des ménages pauvres ne permettraient pas de faire face aux tendances des prix sur les marchés. Ils n’arriveront pas à couvrir leurs besoins alimentaires à travers les volumes limités de vivres achetés sur les marchés. Ils continueraient de faire face aux déficits de consommation durant toute la période de scénario.
Dans les zones agricoles du Sud : La consommation alimentaire des ménages sera affectée par le faible accès alimentaire durant la soudure à cause des bas niveaux de revenus qui limiteraient les volumes d’achats aux marchés. Entre juin et août 2024, malgré le recours aux aliments sauvages et l’utilisation des stratégies d’adaptation, ils seront en Stress (Phase 2 de l’IPC). L’apparition des prémices dès fin septembre, renforcée par les produits de récoltes, entre octobre et novembre, soutiendrait la consommation des ménages très pauvres et pauvres. Ils seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) entre octobre 2024 et janvier 2025.
Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.
National
Des incursions de groupes rebelles aux frontières nord du pays
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : La perturbation sécuritaire réduirait les volumes des flux commerciaux entrants à partir de la Libye. Il s’en suivra des hausses additionnelles de prix sur les marchés de produits alimentaires alors que le pouvoir d’achat des ménages pauvres de la zone septentrionale est déjà faible. Cette situation augmenterait le nombre des ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC).
Des faibles précipitations couplées à de longues séquences sèches
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Une campagne agricole perturbée réduira la disponibilité alimentaire issue de la propre production dans les zones agricoles et agropastorales. Ceci affectera également les disponibilités alimentaires dans les ménages très pauvres et pauvres. Les volumes de l’offre sur les marchés céréaliers seraient inférieurs à une année normale, tandis que les prix seraient en hausse atypique entre octobre 2024 et janvier 2025. Les ménages très pauvres et pauvres des zones sahéliennes (BEG, Kanem, Wadi Fira) seraient confrontés aux déficits de consommations à cause de leur accès très limité aux marchés de produits alimentaires. Le nombre des ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC) augmenterait.
Rétablissement de la distribution de l’assistance alimentaire d’urgence dans la province du Lac
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Le rétablissement des opérations humanitaires permettrait de soulager la situation alimentaire des déplacés internes et des ménages hôtes affectés par la crise sécuritaire au Lac. Ceci permettrait de maintenir une consommation alimentaire relativement stable et la zone serait en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC).
TD06, provinces du Ouaddaï (département d’Assoungha) et du Sila (Département de Kimiti (Figure 8)
La raison du choix de cette zone : La crise soudanaise intervenue depuis avril 2023 affecte sévèrement le Tchad notamment les provinces de l’Est du pays déjà affecté par des déficits de production agricole et une rude soudure pastorale. Additionnellement à la fermeture des frontières communes et ses impacts sur les flux transfrontaliers, les violences politico-militaires au Soudan provoquent des vagues d’afflux réguliers de réfugiés soudanais et migrants tchadiens à destination du Tchad. Les provinces de l’Est du Tchad accueillent plus de 607 000 réfugiés soudanais et près de 174 000 migrants tchadiens retournés. Cette présence humaine exacerbe la dégradation des moyens d’existence des populations locales.
Période d’analyse : | Juin à Septembre 2024 | Octobre 2024 à Janvier 2025 |
|---|---|---|
Classification la plus élevée au niveau de la zone | Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) | Crise (Phase 3 ! de l’IPC) |
Classification la plus élevé au niveau du ménage | Urgence (Phase 4 de l’IPC) | Urgence (Phase 4 de l’IPC) |
Crise soudanaise et impact sur la sécurité alimentaire : La persistance de la crise soudanaise continue d‘entraîner des vagues d’afflux de personnes fuyant les violences. Fin juin 2024, le HCR enregistre plus de 617 000 personnes réfugiées et 174 000 migrants tchadiens retournés dans les provinces de l’Est du pays. Près de 70% de ces personnes ont trouvé refuge dans la province du Ouaddaï. Le département d’Assoungha abrite les plus grands centres de transit et camps de réfugiés.
Situation agricole : Les activités agricoles sont dominées par les récoltes de produits de contresaison (oignon, ail). Les réfugiés et retournés sont essentiellement employés comme travailleurs sur les sites maraîchers en contrepartie des paiements en nature. Dans les localités autour d’Adré (Département d’Assoungha) ainsi que dans le Dar Sila, les productions maraîchères enregistrées sont largement en deçà des niveaux d’une année normale. Ces faibles niveaux de production sont principalement occasionnés par les coûts élevés de carburant qui ont significativement affecté les travaux d’irrigation.
Situation pastorale et mouvements de bétail : La raréfaction des pâturages et le tarissement des points d’eau ont éloigné le bétail plus loin au sud de la province du Sila. Fin avril- début mai 2024, quelques pasteurs autochtones du département d’Assoungha ont traversé les frontières soudanaises en quête du pâturage, malgré les risques sécuritaires liés aux violences politico-militaires ayant cours au Soudan.
Sources de revenus : La présence des réfugiés continuellement alimentée par des afflux réguliers de nouvelles vagues occasionne des pressions sur les opportunités d’embauche. De concurrences, entre les réfugiés et les ménages hôtes pour l’accès aux ressources et leur contrôle sont également rapportées. Une suroffre de main d’œuvre agricole suscitée par la présence des réfugiés et retournés est observée dans les périmètres maraîchers autour d’Adré, Kerfi, Farchana et Gaga. Les revenus tirés de cette activité sont dérisoires à cause de la suroffre face aux travaux agricoles très limités en cette période de contresaison. Ils varient entre 350 à 450 FCFA/jour contre 1000 FCFA par jour en moyenne au cours d’une année normale. Les activités de la saison pluviale n’ont pas encore débuté.
En outre, une explosion de la demande de main-d’œuvre pour la fabrication des briques et de la maçonnerie est observée à Adré, Farchana et Gaga en raison de la demande en habitat pour les travailleurs humanitaires et autres organisations. Cependant, une offre massive en main d’œuvre par les réfugiés sur les sites de fabrication de briques et de construction des bâtiments réduit les salaires perçus. Malgré les niveaux de salaires relativement meilleurs, de 2 000 FCFA à 2 500 FCFA en moyenne par rapport à 3 000 FCFA avant la crise soudanaise, la suroffre en main d’œuvre constitue une contrainte limitant les opportunités d’embauche dans la zone. Dans le département de Kimiti au Sila, la fabrication de briques au bénéfice des nantis et la vente d’eau à dos d’âne, notamment autour des marchés et dans la ville, sont les principales activités des réfugiés. Cependant, les opportunités sont rares et les effectifs employés sont très faibles comparés à la zone d’Assoungha.
Collecte et vente de bois de chauffe : Compte tenu de la pression exercée sur les quantités disponibles et de la compétition entre réfugiés et populations locales sur la collecte, les faibles volumes de bois de chauffe collectés ne rapportent que des revenus très limités. Ces revenus sont en deçà d’une année normale.
Marchés de produits alimentaires : L’arrêt des flux entrants à partir du Soudan continue de créer de fortes perturbations sur le fonctionnement des marchés locaux. Une intensification atypique de flux inverses, vers les localités soudanaises du Darfour, à travers des couloirs informels, est régulièrement observée. Ces flux concernent essentiellement des produits alimentaires importés qui sont réexportés vers le Soudan par des Tchadiens. Les approvisionnements du marché d’Adré en produits alimentaires importés sont effectués à partir de la Libye pour une grande part et du Cameroun via N’Djamena. Dans le Sila, l’incendie du marché de Kerfi, en fin avril début mai, affecte grandement l’offre sur les marchés céréaliers de Goz Beida et d’Adré. D’autres produits tels que les farines et le riz importés et les hydrocarbures proviennent essentiellement de la Libye. Les coûts élevés de transport par suite de l’augmentation des prix du carburant continuent d’impacter les niveaux de prix sur les marchés de produits alimentaires. À titre d’illustration, le kilogramme de mil qui était vendu à Adré à 312 en janvier 2024 est à 475 voire 490 F en moyenne, en fin mai 2024, suivant les jours de marchés.
Marchés à bétail : L’offre des marchés à bétail est en baisse comparé à une année normale à cause de la faible disponibilité des animaux, principalement à Adré et Goz Beida. Ceci fait suite à la rude soudure pastorale ayant contraint les pasteurs à s’éloigner vers des zones mieux pourvues en ressources pastorales. L’arrêt des échanges transfrontaliers avec le Soudan accentue la faible disponibilité du bétail dans la zone. Les approvisionnements du marché d’Adré sont assurés par les localités du Ouara (province du Ouaddaï) et du Dar Tama (Province du Wadi Fira). Ce bas niveau de l’offre face à une demande en hausse soutenue par les afflux de personnes travaillant dans les organisations humanitaires ou en quête d’emploi entraîne une hausse de prix. Les ovins de deux ans d’âge coûtent entre 35 000 et 40 000 FCFA contre 27 000 à 30 000 FCFA auparavant. Les caprins vendus autrefois 19 000 FCFA à 22 0000 FCFA sont vendus à 22 500 FCFA à 28 000 FCFA. Ces tendances montrent des niveaux supérieurs comparé à la période antérieure à la crise soudanaise.
Situation nutritionnelle : Selon les analyses IPC AMN (mai 2024), dans les camps de réfugiés soudanais (Bredjing et de Treguine), dans le département de Assoungha et la population hôte de Goz-Beida à l’Est du Tchad, la situation nutritionnelle dans ces camps passera d’Alerte (Phase 2 de l’IPC MNA) à la phase Sérieuse (Phase 3 de l’IPC MNA) durant la période de soudure agricole. Les facteurs de la détérioration de la situation nutritionnelle comprennent l’apport alimentaire insuffisant dans les zones d‘accueil à cause des afflux réguliers et massifs de nouveaux réfugiés et migrants. La précarité financière renforce la dégradation de la situation alimentaire des ménages hôtes. Ceci occasionne une détérioration de la situation nutritionnelle de ces ménages. La récurrence des pathologies telles que les IRA, et les parasitoses ainsi que la faiblesse de la couverture vaccinale, détériorent l’état nutritionnel des enfants. Les camps d’Arkoum et de Métché dans le département d’Assoungha sont classés à un niveau d’Alerte (Phase 2 de l’IPC AMN). Il est à noter que la non-livraison des intrants dans les Centres de Santé et les perturbations du cycle de Distribution Générale de Vivres (DGV) en février et mars 2024 ont empêché de réaliser les activités de prévention de la malnutrition dans certains camps.
Assistance humanitaire : Le ciblage des bénéficiaires de l’assistance saisonnière, par le Programme Alimentaire Mondial, est en cours. Cette planification concerne essentiellement des ménages hôtes. Un effectif cumulé de 274 665 personnes issues des ménages très pauvres et pauvres réparties dans les départements de Kimiti (134 558 personnes) et Assoungha (140 127 personnes) doivent ainsi bénéficier de l’assistance saisonnière. La prévention de la malnutrition couvrira 10510 enfants et 7006 femmes enceintes et allaitantes. L’assistance aux réfugiés est développée sous deux formes principalement : le transfert monétaire et les distributions de vivres. Les transferts d’argent sont plus répandus dans les différents camps. Le montant mensuel est de 7000 FCFA/personne. Cependant, l’argent reçu est aussi bien utilisé pour l’achat d’articles et services non alimentaires (savon, moulin) qu’alimentaires (sucre, viande). Ces dépenses réduisent les montants alloués aux besoins alimentaires.
Résultats de la consommation alimentaire : Entre juin et septembre, les ménages hôtes et les réfugiés dépendent essentiellement des marchés pour leur consommation. Cependant, le niveau atypiquement élevé des prix des produits alimentaires de base leur en limite l’accès. Il en résulte d’importants déficits de consommation alimentaire. Les partages de repas, la réduction de leur nombre et la priorisation des enfants au détriment des adultes, sont des stratégies d’adaptation développées par la plupart des réfugiés soudanais pour faire face aux faibles accès aux marchés. Les réfugiés soudanais et retournés sont confrontés à des déficits de consommation à cause des prix élevés des produits alimentaires et du faible pouvoir d’achat, limitant l’accès alimentaire à ces populations déplacées. Sous prétexte de manque de repas, certains jeunes et adolescents s’adonnent à la consommation de stupéfiants afin de calmer la faim. Cependant, grâce aux assistances alimentaires dont ces réfugiés dépendent, la détérioration de l’insécurité alimentaire est limitée. Ainsi, les départements d’Assoungha et de Kimiti sont en Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) tandis que les autres départements des provinces d’Ouaddaï et Sila sont en Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la durée de la perspective. Toutefois, à partir des récoltes en septembre jusqu’en janvier 2025, les ménages hôtes ont accès aux récoltes qui vont améliorer leur situation alimentaire. Ces ménages seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) et réduisent ainsi légèrement le nombre de population dans le besoin pendant cette période. Les réfugiés restent toujours tributaires des assistances alimentaires pendant cette période, malgré les irrégularités des distributions observées.
Citation recommandée: FEWS NET. Tchad Perspectives sur la sécurité alimentaire Juin 2024 - Janvier 2025: L’afflux des réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est du pays maintient les résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC), 2024.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.