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Les heurts entre les forces gouvernementales et les éléments de Boko Haram survenus entre mars – avril, conjugués à l’état d’urgence, au couvre-feu et aux restrictions gouvernementales relatives au COVID - 19, exacerbent l’insécurité alimentaire au Lac en dépit des stratégies développées par les ménages. Les moyens d’existence des ménages hôtes du Lac continuent de se dégrader en raison de la pression des nouveaux déplacés. En conséquence des déficits de consommation s’observent et la zone est en Stresse (Phase 2! de l'IPC) avec l’assistance.
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Les ménages des Provinces du Barh el Gazel (BEG) et Kanem qui en année normale dépendent en cette période des marchés pour leur alimentation vivent une situation alimentaire très détériorée en raison de l’épuisement total des stocks céréaliers et des prix élevés de produits alimentaires sur les marchés. L’érosion des avoirs productifs des ménages donc leurs faibles revenus, limitent l’accès aux marchés et ces ménages n'arrivent pas à satisfaire leur consommation alimentaire et se trouvent en Crise (Phase 3 de l’IPC).
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Le fonctionnement des marchés est impacté par les restrictions sur le trafic et la fermeture des frontières qui affectent les volumes de l’offre. Face à une offre en baisse, la demande est timide dans la plupart des zones du pays. Cependant des hausses localisées de demandes en produits alimentaires s’observent dans la Province du Tibesti, et le Département d’Abdi dans la province du Ouaddaï, et a Goz Beida au Sila.
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Compte tenu des impacts négatifs du COVID-19 sur la situation alimentaire des ménages, la situation nutritionnelle des enfants de 0 à 59 mois est en détérioration à cause d’un faible accès alimentaire couplée aux mauvaises conditions hygiéniques au BEG et Kanem. Au Lac, l’afflux des nouveaux déplacés a mis à jour la détérioration de l’état nutritionnel des enfants malgré l’extension des dispositifs de prise en charge.
Situation actuelle:
COVID-19 : Depuis la déclaration du premier cas le 19 mars 2020, le Tchad enregistre en date du 26 juin 2020 865 cas testés positifs au COVID-19 dont 778 guérisons, 74 décès et 13 cas sous traitement. Pour circonscrire la propagation des cas, le gouvernement tchadien a adopté des restrictions. Celles-ci comprennent la fermeture commerces non alimentaires, des établissements d’enseignement, des frontières, les restrictions sur le trafic comme l’interdiction de la circulation du trafic urbain et interurbain. Certaines de ces mesures sont assouplies voire suspendues depuis peu.
Contexte macroéconomique : La détérioration de la situation économique du Tchad, déjà paralysée par la baisse des prix du baril de pétrole couplée à la lutte contre le terrorisme en cours depuis près de 6 ans, est davantage accentuée par les impacts négatifs de la pandémie de COVID-19.
L’économie du Tchad se trouve fragilisée dans sa globalité notamment à travers la baisse significative des recettes et des échanges commerciaux, ainsi que sur les investissements. Les populations tchadiennes, plus spécifiquement les ménages très pauvres et pauvres qui font face à l’érosion de leurs revenus par suite de l’effritement des principales sources de revenus (main d’œuvre, migration, transferts d’argents, ventes de denrées alimentaires de base et de petits ruminants, etc. sont grandement affectés.
Situation agricole : Les activités de la campagne de contre - saison chaude sont terminées en fin mai –mi-juin, comme en année normale. Elles sont dominées par les récoltes du riz dans le bassin rizicole à Laï, Kim, Kolobo et Mroup. Tandis qu’au Lac, les récoltes sont achevées depuis la première décade de juin. Par ailleurs, le démarrage de la campagne pluviale évolue diversement suivant les latitudes, selon que l’on va de la zone soudanienne à la zone sahélienne. Ainsi, dans les provinces du Moyen Chari, du Mandoul et des deux Logone, les activités agricoles sont dominées par les travaux préparatoires avec des semis localisés. Les semailles varient entre 15 à 45 pourcents comme un année moyenne. Dans la province du Lac, les travaux préparatoires de la campagne pluviale sont en cours sur la plupart des polders. On observe la confection des carreaux au niveau des polders, la reconstruction des réseaux d‘irrigations et le début des labours sur les espaces dunaires.
En zone de transhumance, des quantités de pluviométries variables ont été enregistrées, durant la première décade de juin. Tels qu’à Abéché (24mm), Abdi (17mm), Goz Beida (36mm) où quelques semis localisés, dont certains à sec, sont rapportés.
Situation pastorale : Le tapis végétal se reconstitue progressivement dans la zone soudanienne et à l’Est notamment au Sila et dans la partie sud du Ouaddaï grâce aux petites quantités de pluies enregistrées en ce début de campagne. En zone soudanienne, l’installation de la saison pluvieuse a suscité la remontée progressive des transhumants vers leurs points d’attache, comme en année normale. Au Sahel une détérioration de la situation pastorale est rapportée à l’entame de cette saison pluvieuse en raison de la raréfaction des pâturages et l’assèchement des points d’eau dans la zone. Dans la région du Batha, comme au BEG et au Kanem, les animaux continuent de parcourir de grandes distances, plus de 15 km, pour paître et, le sens inverse pour s’abreuver. Ainsi, l’état d’embonpoint des animaux est fortement détérioré dans ces localités en raison de la sévérité de la soudure pastorale, qui tend quand bien même vers sa fin. Au Lac, on assiste à une surcharge pastorale dans la partie sud de la province et aux périphéries de la ville de Bol en raison de l’insécurité dans les localités septentrionales par suite du déguerpissement sur ordre du gouvernement. Néanmoins la situation zoo sanitaire est globalement calme. Il est à relever que les restrictions relatives au COVID-19 n’affectent pas le mouvement des transhumants qui circulent librement d’une localité à l’autre.
Les stocks céréaliers dans les ménages : Dans la plupart des zones du pays, les stocks céréaliers des ménages sont en baisse voire épuisés. Ces baisses et épuisements sont conséquents aux impacts économiques de COVID-19 qui ont occasionné le bradage par les ménages de leurs stocks, à vils prix en quête d revenus. Au BEG et au Kanem, les ménages dépendent exclusivement des marchés pour leur consommation alimentaire à cause de l’épuisement total de leurs stocks céréaliers. Les stocks céréaliers de nombreux ménages hôtes de la province du Lac sont nuls. Cet épuisement de stocks est consécutif à la pression exercée par suite de l’arrivée de nouvelles vagues de déplacés intervenue après les heurts entre les forces gouvernementales et les éléments de Boko Haram, fin mars et mi- avril 2020.
Stocks institutionnels : Les stocks institutionnels de l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA) sont fortement limités. Les achats envisagés pour la reconstitution de ces stocks tardent à être effectués. Cependant, seuls quelques partenaires comme le PAM disposent de stocks actuellement déployés sur le terrain pour des distributions en réponse au COVID-19.
Main d’œuvre agricole : A cause des restrictions sur le trafic routier couplées à l’interdiction de la mobilité des personnes entre les agglomérations conséquentes à la pandémie du COVID-19, l’offre de la main d’œuvre est inférieure à une année normale dans la plupart des zones de productions agricoles du pays. A Koumra, l’offre de main d’œuvre est en baisse en raison du retard accusé par les migrants saisonniers, bloqués dans les grandes villes comme N’Djaména. En revanche, dans le Lac, l’afflux de nouveaux déplacés par suite des hostilités de fin mars à la mi-avril, a généré une suroffre de la main d’œuvre. Cependant, la demande en main d’œuvre agricole est inférieure à une année normale compte tenu de la baisse du pouvoir d’achat découlant des pertes de revenus occasionnées par le COVID-19. En conséquence, les coûts journaliers sont inférieurs de 15 à 25 pourcents comparé au coût en une année normale. A Bol par exemple la journée de travail et payée 1750 à 1500 FCFA contre 2000 FCFA en année normale.
Main d’œuvre non agricole : Compte tenu du ralentissement de la vie économique nationale, ayant cours depuis quelques années, ajouté aux mesures gouvernementales contre la pandémie du COVID-19, la main d’œuvre non agricole est fortement limitée. Ainsi, des milliers d’emploi sont supprimés dans de nombreux secteurs d’activités (maçonnerie, menuiserie, transports en commun, transport des marchandises, manutention, etc.) qui sont à l’arrêt. La demande est marginale et les coûts journaliers sont dérisoires. A titre illustratif, la journée d’un manœuvre exerçant autour du marché de Bongor rapporte en moyenne 1500 FCFA contre 3000 FCFA en année normale soit une baisse d’environ 50 pourcents.
Marchés de produits alimentaires et leurs prix
L’offre des produits alimentaires : Malgré le ralentissement observé dans l’approvisionnement des marchés, l’offre céréalière est légèrement inférieure à la moyenne, sur les principaux marchés de consommation du pays. Au BEG et au Kanem, elle est légèrement renforcée par les volumes marginaux de maïs importé du Cameroun via des couloirs inhabituels. Cependant pour le mil, l’offre demeure inférieure à son niveau d’une année normale en raison de la baisse des volumes de flux à partir du Hadjer Lamis et des provinces de la zone soudanienne. Au Lac, l’état d’urgence en vigueur couplé au ralentissement des flux par suite de l’insécurité et aux restrictions gouvernementales liées au COVID-19 affectent l’approvisionnement des marchés d’où une baisse de l’offre en maïs et en mil sur le marché de Bol. L’offre de produits alimentaires importés est inférieure à la moyenne sur la plupart des marchés à cause de la limitation de flux au niveau des frontières fermées pour les raisons de sécurité et les mesures de riposte contre le COVID-19.
La demande des produits alimentaires (achats institutionnels) : Sur la plupart des marchés, la demande de produits alimentaires est limitée en raison des baisses de revenus résultant des impacts des mesures gouvernementales décidées pour le contrôle de la pandémie. En revanche, des légères hausses localisées sont rapportées à Abdi, Am Dam et Goz Beida en raison des faibles volumes des flux couplés à l’irrégularité des approvisionnements. Cette tendance haussière de la demande est également observée dans le Lac à cause de l’état d’urgence en vigueur qui suscite une hausse de la demande par suite de l’épuisement des stocks céréaliers des ménages. Sur les marchés de N’Djaména, une légère hausse de la demande en mil est rapportée à cause de la limitation des approvisionnements.
Prix de produits alimentaires : En mai 2020, les prix de produits alimentaires de base sont globalement en baisse à l’exception de quelques hausses, comparées à la moyenne quinquennale, sur le prix du mil à Mao (+17 pourcents), Moussoro (+15 pourcents) et Massaguet (+14 pourcents). Ces hausses sont occasionnées par une légère augmentation de la demande occasionnée par le ralentissement des approvisionnements dans ces zones, structurellement déficitaires pour la plupart. A Bol, le prix du maïs est en hausse (+36 pourcents) par rapport à la moyenne quinquennale en raison d’une forte demande suscitée par l’afflux de nouveaux déplacés par suite de la recrudescence de l’insécurité entre mars et avril 2020. La plupart des marchés, en zone soudanienne affiche de bas prix à cause d’importants volumes céréaliers offerts sur les marchés par les ménages en quête de revenus pour lancer la campagne. Face à cette offre relativement élevée, il est opposé une demande timide résultant en des prix en baisse.
Marchés de bétail et leurs prix
L’offre du bétail : L’offre sur les marchés à bétail est moyenne sur la plupart des zones de moyens d’existence du pays sur les mois de mai et juin 2020, mais l’approvisionnement des marchés à bétail est timide en raison des relents de différends communautaires. La demande de gros bétail est grandement affectée à cause de la fermeture des frontières qui continue de limiter l’exportation à destination du Soudan et du Nigéria via le Cameroun. Toutefois la demande connait une hausse ponctuelle, en petits ruminants dans certaines localités à cause des fêtes de fin de ramadan, et se prolongera jusqu’à la fête de Tabaski. Cependant, la demande en bétail est limitée, alors qu’une suroffre est observée sur la plupart des marchés à bétail à cause de l’arrêt des exportations consécutive aux fermetures des frontières et de marchés relatifs au COVID-19.
Prix du bétail : Des hausses de prix du mouton sont rapportées à Moussoro (+28 pourcents), Massakory (+25 pourcents) et Bokoro (+24 pourcents) par rapport à la moyenne quinquennale.
Conflits et Mouvements de populations : Dans la province du Lac, un calme sécuritaire relatif est observé à la faveur des ripostes gouvernementales dénommées ‘’Colère de Boma’ en réaction aux attaques des éléments de Boko haram en fin mars 2020. A la suite de ces hostilités, la communauté humanitaire a identifié près de 40 000 nouveaux déplacés portant à plus de 270 000 personnes déplacés internes dans la province placée sous état d’urgence. Une accalmie est rapportée au Ouaddaï et Wadi Fira et Sila où les rixes communautaires ayant créée des différends tribaux s’atténuent relativement. Les mouvements des artisans orpailleurs à destination du Tibesti sont limités en raison de la pandémie du COVID – 19 tandis que le retour des migrants saisonniers dans leurs localités respectives est retardé et limité par suite des mesures gouvernementales.
Suppositions
Le scénario le plus probable de juin 2020 à janvier 2021 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national
- Prévisions climatiques pour la campagne agropastorale 2020 - 2021 : Selon les services hydrométéorologiques nationaux et régionaux (ANAM, ACMAD, AGRHYMET), le démarrage de la saison varierait de précoce à normale en zone soudanienne tandis qu’il serait normal dans les provinces septentrionales du Sahel.
Des cumuls de précipitations moyennes à supérieures aux cumuls moyens de la période 1981-2010 pourraient être enregistrés dans le Sud du pays. Tandis que la zone sahélienne recevrait des précipitations moyennes avec des séquences sèches de durée moyenne à supérieure à la moyenne. Il y serait observé des fins de saison pluvieuse globalement normale à tardive.
- Impacts de la pandémie du COVID – 19 sur l’économie nationale et les moyens d’existence des ménages : La pandémie du COVID-19 continuerait d’avoir des impacts économiques et sociaux critiques sur le pays. La situation économique du pays continuerait d’être impactée négativement durant toute la période d’analyse en raison des déficits budgétaires occasionnés par les baisses de recettes de l’état, le ralentissement des investissements et des échanges commerciaux. Ces impacts macroéconomiques du COVID-19 compromettraient les progrès de relance accomplis à ce jour, et auraient des conséquences néfastes sur les moyens d’existence des ménages. Les pertes de revenus observés depuis la crise économique relative à la chute des cours du pétrole, accentuée par les mesures de riposte et de réponses à la pandémie seraient intensifiées durant toute la période de soudure, de juin à août. Malgré les bonnes récoltes attendues en octobre, les moyens d’existence des ménages resteraient assujettis à la levée ou l’allègement des mesures de ripostes contre COVID-19.
- Prévisions de récoltes : Les productions de la campagne pluviale seraient moyennes grâce à la bonne pluviométrie attendue légèrement supérieure à la moyenne. Cependant, les emblavures pourraient être en baisse en raison des difficultés d’accès aux intrants, à la main d’œuvre salariée, etc. Néanmoins, la bonne hygrométrie résultant de cette saison pluvieuse prévue humide favoriserait de bons niveaux de production de contre -saison (maraîchage, berberé, maïs et riz de contre -saison, respectivement au Lac et dans le bassin rizicole).
- Perspectives des ressources pastorales, et mouvement de bétail : La reconstitution du tapis végétal et la recharge des mares semi permanentes seraient favorisées par la pluviométrie, globalement bonne, attendue dans le pays. Le cycle de la transhumance resterait globalement identique à celui d’une année normale. Toutefois un début de transhumance précoce pourrait être observés, dans une partie du Sahel central, en raison des perturbations occasionnées par la durée des séquences sèches et les dates de fin de saison. Au Lac, la plupart des pasteurs resteraient concentrés dans la partie sud de la province et les localités riveraines jugées plus sécures que le nord. Les mouvements dans les zones insulaires seraient limités par crainte de rapts isolés de bétail par des individus armés.
- Stocks céréaliers des ménages : Dans la plupart des zones du pays, les niveaux de stocks céréaliers des ménages seraient largement inférieurs à une année normale. En zone soudanienne, de faibles stocks seraient observés en raison des bradages occasionnés par les faibles prix sur les marchés. Dans le bassin rizicole, les récentes récoltes du riz de contre saison contribueraient à la reconstitution des stocks. Au Lac, en dépit des récoltes du maïs de contre saison, les niveaux des stocks de ménages resteraient en deçà des niveaux d’une année normale en raison de la pression des nouveaux déplacés sur les stocks des ménages hôtes.
- Main d’œuvre agricole : Entre juin et septembre, l’offre de la main d’œuvre serait normale à cause des restrictions sur le trafic relativement à la pandémie du COVID – 19 qui a ralenti le retour des migrants saisonniers à partir des grands centres urbains vers leurs localités respectives. La demande resterait timide et les coûts journaliers seraient globalement inférieurs à la normale en raison des baisses/pertes de capital des nantis résultant des mesures de ripostes contre COVID-19.
- Main d’œuvre non agricole : Compte tenu de la raréfaction des opportunités d’embauche due à la crise économique et accentuée par les impacts du COVID – 19, la main d’œuvre non agricole serait fortement limitée et se résumerait à quelques petites activités, de manutention et maçonneries dans les grands centres, avec des revenus marginaux pour les ménages très pauvres et pauvres.
- Marchés de produits alimentaires et prix : L’offre des produits alimentaires varierait de moyenne à légèrement inférieure à la moyenne quinquennale suivant les zones du pays. L’approvisionnement des marchés serait en baisse atypique à cause du mauvais état des routes, des fermetures des frontières. La demande resterait timide à cause des faibles niveaux de revenus. Les marchés afficheraient des bas prix par suite de la baisse des revenus à l’exception des marchés de Moussoro (BEG), Mao (Kanem) Abdi (Ouaddaï), Goz Beida (Sila), et les autres où des hausses modérées à significatives pourraient être observées à cause des baisses significatives des volumes de flux.
- Marchés à bétail et prix :
- L’offre sur les marchés à bétail resterait moyenne, entre juin 2020 et janvier 2021, sur la plupart des zones de moyens d’existence du pays. Cependant, l’approvisionnement des marchés à bétail continuerait de fonctionner au ralenti en raison des relents de différends communautaires qui limiterait l’offre en bétail.
- Globalement la demande resterait faible par suite des restrictions gouvernementales liées au COVID-19 qui limiteraient l’exportation du bétail. La demande de gros bétail resterait toujours faible à cause de la fermeture des frontières qui continuerait de limiter l’exportation à destination du Soudan et du Nigéria via le Cameroun.
- En ce qui concerne les prix de bétail, la plupart des marchés à bétail continueraient d’afficher des bas niveaux. Sauf les prix de petits ruminants connaitront de légères hausses ponctuelles durant les périodes festives (Tabaski, fêtes de fin d’année), mais elles resteraient en dessous du niveau d’une année normale.
- Situation nutritionnelle : Une hausse des admissions serait enregistrée dans les unités nutritionnelles par suite des difficultés alimentaires accentuées par des mauvaises conditions hygiéniques et des pratiques culturelles. Une évolution de la MAG à des proportions critiques pourrait être observée. Spécifiquement, les ménages très pauvres et pauvres du BEG et Kanem ainsi que les ménages hôtes déplacés du Lac auraient des difficultés nutritionnelles.
- Assistance humanitaire : Les déplacés et ménages hôtes du Lac bénéficieraient de l’assistance fournie par la communauté humanitaire sous le leadership du PAM jusqu’en fin décembre 2020. Une assistance saisonnière sera fournie, durant la soudure, à 425 255 personnes réparties dans les ménages très pauvres et pauvres dans les provinces du Batha, BEG, Kanem, Wadi Fira, Lac. Le volet nutritionnel de cette assistance enrôlera 47 251 personnes dont 28 350 enfants malnutris et 18 900 femmes enceintes et femmes allaitantes. Une action humanitaire en réponse à la pandémie du COVID-19 touchera 60 132 personnes dans ces cinq provinces.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
De juin à septembre 2020, l’épuisement des stocks des ménages hôtes du Lac desquels dépendent, par solidarité (partage des repas et autres ressources) les déplacés, la raréfaction des opportunités de la main d’œuvre, le bas niveau de revenus et donc d’un accès limité aux marchés. Ces déplacés du Lac et leurs ménages hôtes seraient en déficits de consommation malgré l’assistance et les stratégies développées. Ils seraient en Crise (Phase 3 de l’IPC). La situation alimentaire de la plupart des ménages très pauvres et pauvres, du pays serait en détérioration en raison des épuisements des volumes de leurs stocks céréaliers. L’accès aux marchés serait donc réduit. Au Logone Occidental, Logone Oriental, Tandjilé, malgré les stratégies développées, comme les bradages de derniers stocks céréaliers et l’intensification de la main d’œuvre, les ménages auraient une consommation alimentaire limitée. Aux provinces du BEG, Kanem, Guéra, Ouaddaï, Sila, les ménages auraient une consommation limitée, en dépit des ventes massives de petits ruminants. Au Tibesti, la limitation des flux transfrontaliers occasionnés par les fermetures des frontières tchado-lybiennes limitent l’approvisionnement des marchés. En plus de ceci, les bas niveaux de revenus tirés du trafic interurbain, de l’orpaillage perturbé et du petit commerce affectent le fonctionnement des marchés dont dépendent les ménages pour leur consommation. Par conséquent, les ménages de ces provinces auraient une consommation alimentaire minimale et ne pourraient se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles. Ils seraient en Stress (Phase 2 de l’IPC). Les ménages des autres provinces du pays couvriraient le minimum de leurs besoins alimentaires malgré la soudure grâce aux stocks résiduels ainsi que d’autres sources alimentaires tels que les produits de cueillette.
Entre octobre 2020 et janvier 2021, La situation alimentaire des ménages hôtes et des déplacés du Lac pourrait être améliorée grâce aux nouvelles récoltes couplées aux produits de l’assistance humanitaire qui couvrent partiellement les volumes requis de la ration quotidienne. En raison des bas niveaux de production et des faibles revenus issus de la main d’œuvre, des transferts d’argents, les ménages du BEG et du Kanem auraient une consommation alimentaire minimale d’adéquation réduite. Au Tibesti, la limitation des échanges transfrontaliers affecterait les volumes de l’offre sur les marchés et les faibles revenus des ménages réduiraient leur accès aux aliments. Dans ces provinces, les ménages ne pourraient satisfaire leurs besoins de consommation de base et se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles (santé, habillement, etc.) sans s’engager dans des stratégies d’adaptation. Ils resteraient en Stress (Phase 2 de l’IPC). Les autres provinces du pays seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Zone | Evénement | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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National |
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Zone 8 (Lac) |
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Zone 5 (BEG et Kanem) |
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Source : NOAA/NMME
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.