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La situation alimentaire est calme sauf dans les zones de conflit. Au Tibesti, l’insécurité continue de prévaloir entrainant une détérioration des moyens d’existence et un déficit de consommation maintenant les ménages en Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire. Au Lac, les déplacés reçoivent une assistance alimentaire et ont une consommation alimentaire minimale. Les revenus générés ne couvrent pas certaines dépenses. Ils sont donc en Stress (Phase 2 ! de l’IPC).
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Les stocks céréaliers des ménages pauvres sont presque épuisés dans certaines régions du sud, notamment les deux Logone, la Tandjilé, le Moyen Chari et le Mandoul. Ces ménages maintiennent leur accès alimentaire grâce aux ventes subventionnées mais ont des difficultés concernant les dépenses non alimentaires et sont donc en Stress (Phase 2 de l’IPC) dès début juin.
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Dans la zone sahélo-saharienne, les marchés sont bien approvisionnés en produits alimentaires et les niveaux de stocks sont légèrement supérieurs à la moyenne, à l’exception des marchés du lac Tchad et du Tibesti qui sont perturbés successivement par les incursions de Boko Haram et l’insécurité. En zone soudanienne, les stocks commerçants sont renforcés par ceux de l’ONASA destinés aux ventes à prix modérés.
Situation actuelle
Situation agricole : La saison pluvieuse s’est nettement installée dans le sud du pays. Les semis montrent une installation précoce de 10 à 20 jours dans la majeure partie du sud. Par contre, des retards d’une trentaine de jours dans l'extrême sud Mandoul et le Moyen Chari sont rapportés. En zone sahélienne, la demande en main d’œuvre est normale en cette période de défrichage. Elle est précoce en zone soudanienne avec les pluies enregistrées en avril/mai et les semis précoces qui précipitent les travaux de sarclage. La tendance du coût de la main d’œuvre agricole en cette période de préparation de la campagne varie entre 1500 et 1750 FCFA par personne par jour, ce qui est en baisse comparée aux années passées qui indiquaient 2000 FCFA.
La situation pastorale : Le pâturage est abondant et diversifié avec les résidus de récoltes de berberé. Certains éleveurs complètent l’alimentation de leur bétail avec le tourteau d’arachide. L’état corporel est en général meilleur que la moyenne. Toutefois, une épidémie est signalée à l’ouest où actuellement plus de 200 à 300 décès, surtout d’ânes et de chevaux, ont été rapportés par la direction des services vétérinaires. La chaîne de contamination est rapide et peut conduire à de pertes assez prononcées pour ces deux cheptels employés dans l’attelage et le transport en zone sahélienne.
La demande des produits céréaliers : La demande est légèrement en hausse pendant le mois du Ramadan où la consommation alimentaire est plus importante.
Les flux et prix des produits alimentaires : Les marchés de produits alimentaires sont globalement bien approvisionnés grâce au stocks commerçants supérieurs à la moyenne. Par contre, dans les zones des conflits, les flux sont inférieurs à la normale. Les prix du mil et du sorgho en mai connaissent une baisse modérée comparée à la moyenne grâce à la bonne disponibilité. Quant au prix du maïs, il est stable en mai compte tenu des récoltes qui viennent de s’achever au Lac. On note aussi une baisse des prix de certains produits, notamment les pâtes, l’huile ou le sucre, favorisée par des mesures gouvernementales supprimant les taxes douanières, et sur la valeur ajoutée (TVA) des produits de première nécessité. Ainsi, le sac de 50 kg de sucre sur le marché de N’Djamena se vend actuellement à 27 000 FCFA au lieu de 33 000 FCFA. Celui de 25 kg se vend à 13 500 FCFA au lieu de 17 500 FCFA.
Les prix de bétail : A Nokou (Nord Kanem) et Bokoro (Hadjer Lamis), le prix des ovins en mai est en légère hausse comparé à la même période de 2018, et au même niveau depuis le début de l’année à cause de la forte consommation de viande pendant le mois de Ramadan. Mais il reste en légère baisse (autour de 10 pourcent) comparé à la moyenne quinquennale. Les prix des caprins est en baisse (-15 pourcent) comparée à la moyenne quinquennale.
Situation de la sécurité alimentaire courante : Dans la zone sahélo-saharienne, la situation actuelle est relativement calme, à l’exception de Tibesti, où les conditions de sécurité alimentaire se sont dégradées à cause du niveau minimum des stocks, des faibles revenus pour accéder aux vivres et aux stratégies très limitées pour faire face aux déficits de consommation déjà en cours ; ils restent en Crise (Phase 3 de l’IPC). Les déplacés et réfugiés du Lac ont une consommation alimentaire d’adéquation minimale grâce à l’assistance. Dans les régions du sud, les stocks résiduels des ménages sont épuisés depuis fin mai, et ils accèdent aux céréales grâce à la vente à prix modéré de l’ONASA qui est en cours dans certaines régions telles que le Mandoul, Moyen Chari, Logone Occidental. Par conséquent, les déplacés et réfugiés du Lac ainsi que ces régions ci-dessus de la zone soudanienne sont actuellement en Stress (Phase 2 de l’IPC). Tout le reste du pays est en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) suite à la bonne production céréalière de la campagne agricole 2018/2019.
Suppositions
Le scénario le plus probable de juin 2019 à janvier 2020 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :
- Prévisions climatiques pour la campagne 2019 – 2020 : Selon les prévisions saisonnières des pays du CILSS/CEDEAO pour l'année 2019, des quantités de pluies globalement équivalentes à supérieures aux cumuls moyens de la période 1981-2010 sont attendus sur la partie sud du Tchad. Par contre, une pluviométrie normale à tendance déficitaire est attendue aux alentours du lac Tchad et dans le reste du pays. Des dates de début de saison précoces à normales sont attendues, mais des fins de saison tardives à normales seraient observées dans les zones sahélienne et soudanienne. Après l’installation de la saison, des périodes sèches plus longues que celles habituellement observées sur la période de référence (1981-2010) sont attendues. Cependant, durant la deuxième moitié de la saison, les séquences sèches seraient plus courtes sur la partie Centre-Ouest du Tchad. (voir Figure 1).
- Perspectives des récoltes 2019 – 2020 : Les récoltes seraient autour de la moyenne. Ces récoltes contribueraient à assurer un bon niveau de stocks céréaliers des ménages et une diversification alimentaire entre octobre 2019 et au moins janvier 2020.
- Perspectives de la main d’œuvre agricole : L’offre de main d’œuvre agricole pour les activités de semis entre juin et juillet et, pour le sarclage, entre juillet et août, serait normale, mais la demande serait en légère hausse grâce aux extensions de superficies prévues par l’ANADER.
- Perspectives des ressources pastorales, et mouvement de bétail : Les ressources pastorales actuellement disponibles pourraient couvrir les besoins des animaux jusqu’en juillet, période de régénérescence des nouvelles herbes fraiches. Cependant, la soudure pastorale et les mouvements du bétail, du sud vers le nord, seraient comme en année normale. L’embonpoint des animaux serait moyen. Compte tenu de l’insécurité au nord du Lac, les animaux resteraient concentrés dans la partie sud. Au Tibesti, l’insécurité qui persiste continue de limiter l’accès au pâturage. Ceci pourrait affecter l’embonpoint des animaux pendant toute la période de scénario.
- Les stocks céréaliers des ménages : Les stocks pourraient tenir, en général, jusqu’à la récolte prochaine d’octobre à l’échelle nationale. Cependant, ils seraient épuisés précocement (dès début juin au lieu de fin juillet) au Moyen Chari, Mandoul, la Tandjilé et les deux Logone à cause des faibles récoltes pluviales de 2018. Toutefois, les ménages dépendraient des achats pendant une courte durée (juin – juillet) grâce aux prémices qui seraient disponibles en août.
- Les prix de produits alimentaires : D’une manière générale, ils sont actuellement en baisse et resteraient en dessous de la moyenne quinquennale pendant tout le scenario, pour la plupart des marchés, grâce aux bons niveaux de stocks. Par contre, on pourrait observer une hausse atypique au Tibesti entre juin et janvier 2020 à cause des faibles approvisionnements des marchés en produits manufacturés (riz, pâtes, farine de blé, etc.).
- Evolution de la prévalence de la MAG pendant la période de scenario : Les admissions augmenteraient durant la soudure en raison des difficultés saisonnières d’accès à l’eau et de la dégradation des conditions d’hygiène. Cependant, elles resteraient dans des valeurs moyennes (12,6 - 14,5) en l’absence d’une épidémie.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Pour la période de juin à septembre 2019 : Face à la baisse des revenus des ménages du Tibesti durant toute la période d’analyse, à la production maraichère qui pourrait être compromise due aux difficultés d’accès aux oasis, et au faible approvisionnement des principaux marchés (Zouar et Bardai) entrainant une hausse des prix, la sécurité alimentaire resterait en crise (Phase 3 de l’IPC). Quant aux déplacés au Lac et des ménages pauvres du Kanem et Bahr El Ghazal, Mandoul, Logone Oriental, Logone occidental, Moyen Chari et Tandjilé, ils auraient une consommation alimentaire réduite et d’adéquation minimale. Ils ne pourraient se permettre certaines dépenses non alimentaires sans s’engager dans des stratégies d’adaptation irréversibles. Ils seraient donc en Stress (Phase 2 de l’IPC). La situation serait minimale (Phase 1, IPC) dans le reste du pays.
Pour la période d’octobre 2019 à janvier 2020 : Au Tibesti, la situation resterait stable dans une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’à janvier 2020 à cause de la persistance de la sécurité civile qui limite la consommation alimentaire et les sources de revenus. Au Lac, la poursuite de l’assistance planifiée par les acteurs humanitaires faciliterait l’accès alimentaire des ménages de déplacés. Ils auront une situation de Stress (Phase 2 ! de l’IPC) stable grâce à l’assistance. La situation alimentaire des ménages d’une partie de la zone soudanienne (Logone Occidental, Logone Oriental, le Mandoul et le Moyen Chari), du Kanem et BEG s’améliore de Stress à Minimale (Phase 1 de l’IPC) grâce aux récoltes et à la main d’œuvre agricole. Les réfugiés du Moyen Chari et de Mandoul seraient en situation une situation Minimale grâce à l’assistance. Tout le reste du pays serait en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) grâce aux bonnes récoltes attendues.
Zone | Evènements | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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National | Installation tardive des pluies et/ou séquences sèches longues | Productions agricoles inferieures à la moyenne.
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National | Ennemis des cultures | Faibles rendements. |
Source : NMME
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.