La situation alimentaire reste précaire dans les régions du Bahr El Ghazel et Wadi Fira

Messages clés

• La situation alimentaire demeure très préoccupante pour les ménages pauvres du Bahr El Ghazel (BEG) et du Wadi Fira où les réserves de nourriture issus des achats sont insuffisantes à cause des sources de revenus très limités. Ces ménages ne pourront pas couvrir leurs besoins alimentaires jusqu’aux prochaines récoltes prévues pour octobre malgré l’assistance alimentaire et resteront en Crise (Phase 3 ! de l’IPC).
• Dans la zone soudanienne, la mauvaise répartition des pluies en juin par rapport à une année normale a causé du retard dans le semis, occasionnant des ressemis par endroits, notamment dans le Mayo Kebbi, la Tandjilé, le Logone Occidental, le Logone Oriental, le Moyen Chari et le Mandoul.
• Dans la zone sahélienne, les pluies de juillet ont déclenché des semis partout dans les villages. Ces pluies ont regorgé les marres en eau d’abreuvage, offrant ainsi aux pasteurs de l’eau pour leur bétail et très bientôt du bon pâturage aussi. Cela redonnera de l’embonpoint aux animaux très efflanqués dans certaines localités et améliorera la disponibilité du lait, des revenus de l'élevage, et l’accès alimentaire pour les ménages.
• En raison de nouvelles récoltes pour les variétés précoces, de la baisse saisonnière des prix des céréales, et de l'amélioration des conditions pastorales, l’insécurité alimentaire Minimal (Phase 1 de l’IPC) sera observée dans presque toutes les zones du Tchad entre octobre et décembre hormis les réfugiés et les retournés de la RCA qui seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) en l’absence d’une poursuite de l’assistance humanitaire.

Présentation Nationale

Situation actuelle

En comparaison avec une année normale, la mauvaise répartition des pluies en juin dans le sud a causé du retard dans le semis, occasionnant des ressemis par endroits dans la zone soudanienne, notamment dans le Mayo Kebbi, la Tandjilé, le Logone Occidental, le Logone Oriental, le Moyen Chari et le Mandoul. Les travaux agricoles sont essentiellement ceux d’entretien des cultures (sarclages et désherbage). Cela a créé une main d’œuvre améliorant ainsi les sources de revenus des ménages pauvres.

Dans la zone sahélienne, malgré que la situation agricole a été marquée par le retard de l’installation effective de la campagne, les pluies se sont généralisées depuis le début du mois de juillet comme en année normale dans les régions de Sila, Guera, Salamat, Ouaddaï et Batha Ouest. Les semis ont commencé et se sont généralisés dans presque toutes les zones agricoles.

Le pâturage s’est normalement reconstitué et les animaux qui étaient maigres retrouvent petit à petit leur embonpoint comme en année normale. Le lait serait bientôt sur les marchés. Le problème de l’eau ne se pose plus, car on en trouve partout pour abreuver les animaux qui, en ce moment, jouissent d’une bonne santé. La situation zoo sanitaire a été relativement calme dans tout le pays et la remontée des transhumants vers le nord continue selon le calendrier saisonnier de la période de transhumance.

Depuis le début du mois de juillet, les différents marchés de la zone soudanienne sont bien approvisionnés en produits céréaliers de toutes sortes par des stocks commerçants grossistes et ceux de l’ONASA et qui peuvent couvrir la demande des consommateurs jusqu’au début des récoltes précoces (fin juillet). A ces stocks céréaliers s’ajoutent les produits de cueillette, les légumes hivernales et les tubercules (taro, patate, manioc) qui sont actuellement en train d’être récoltés dans les zones du sud et sont abondants sur les marchés locaux. La consommation de ces produits améliore l’alimentation des ménages pendant cette période de soudure et allègent aussi la demande pour les céréales. La tendance saisonnière des prix est observée dans la zone soudanienne. Par exemple, sur le marché de Sarh le prix du sorgho a augmenté de 11 pourcent comparée au mois passé (juin 2014).

Dans la zone sahélienne, on note aussi une hausse saisonnière des prix sur les céréales de base due à la période de soudure et qui s’explique aussi par une forte demande émanant des zones déficitaires et celle liée à la période de Ramadan. Par exemple, on note une hausse des prix des céréales à Mongo (19 pourcent) en juillet, comparée à la moyenne quinquennale du fait que les commerçants de Bitkine viennent principalement à Mongo pour s’approvisionner.

La fermeture de la frontière tchado-libyenne a affecté surtout la zone du BET en matière d’approvisionnement des produits alimentaires (pâtes alimentaires, huile, sucre et riz). Toutefois, le ravitaillement en céréales à partir d’Abéché est observé quotidiennement vers le nord en passant par Biltine et dont les flux sont importants qu’en année normale pour combler le vide causé par les importations libyennes. D’autres transferts céréaliers sont aussi observés de la zone frontalière de Tissi (Sila) vers Amdoukhoun (Soudan), de Addé (Sila) vers Farbaranga (Soudan), d’Adré vers El-Geneina (Soudan) et de Tiné (Nord Est Biltine dans l’Ennedi) vers Koulbousse (Soudan) et sont aussi normaux. Ces flux sont assurés par des véhicules 20 tonnes et des charrettes, mais de manière informelle. Ces transferts des céréales vers le Soudan font augmenter les prix sur le marche d’Abéché qui est approvisionné par ces marchés primaires réduisant le pouvoir d’achat des ménages pauvres. Plus précisément, le prix du mil à Abéché a enregistré une hausse de 8 pourcent et celui du sorgho 14 pourcent comparé à la moyenne quinquennale. Quant aux flux céréaliers interzones, ils sont importants et normaux du sud vers la zone sahélienne en cette période de soudure.

Les échanges internes de bétail sont dominants parce que ceux avec l’extérieur ont été rendus difficiles à cause des conflits au Nigeria et en RCA et la fermeture de la frontière tchado-libyenne. En outre, l'offre est atypiquement élevée sur certains marchés dans le sud, et même sur certains marchés de N’Djamena en juillet à cause de l’arrivée du bétail en provenance de la RCA. Cela a fait baisser les prix sur certains marchés, comme Moundou où les prix des caprins sont en baisse de 23 pourcent comparés à la moyenne quinquennale. Cependant, sur le marché de N’Djamena le prix de bétail est en hausse de 32 pourcent en juin comparé à la moyenne à cause de la forte demande en viande pendant la période de Ramadan.

Les ménages pauvres dans les régions de Batha, BEG, Wadi Fira, Kanem et nord Guera ont épuisé leur stock en avril et mai soit deux à trois mois plutôt qu’en année normale en raison d’une production agricole inferieure à la moyenne en 2013. Ils font aussi face à des prix des céréales plus élevés qu’en juillet 2013 et à des prix de bétail inférieurs à la moyenne. Par conséquent, le pouvoir d’achat des ménages est réduit et ils ont actuellement plus de difficultés qu’en année normale d’accéder la nourriture.

Pour les retournées de la RCA, dont les premières arrivées remontent en fin 2013, d’abord en petits groupes qui rejoignaient très souvent les familles hôtes avant de continuer sur les autres grands centres où ils sont accueillis dans de nouveaux sites à partir de janvier et février 2014. Les sites sont aujourd’hui au nombre de six repartis entre les 3 régions du sud du Tchad (Moyen Chari, Mandoul et Logone Oriental) et totalisant environ 106.000 personnes retournées et refugiées. Actuellement, ces ménages reçoivent suffisamment de vivres et non vivres du PAM, FAO, et autres humanitaires pour couvrir leur besoins essentiels.

En général, la situation nutritionnelle est calme au Sud comme les enfants se nourrissent aussi bien de manioc, de niébé, des fruits sauvages comme des noix de karité, et des œufs de pintade. Par contre, l’enquêteur de FEWS NET qui a visité l’hôpital Régional de Doba le 19 juillet a indiqué que, beaucoup d’enfants des retournés sont hospitalisés à cause des maladies saisonnières les plus récurrentes qui sont l’anémie, le paludisme et la diarrhée.

Situation alimentaire

En dépit de l’épuisement précoce des stocks céréaliers des ménages dû à la mauvaise production de 2013/14, les revenus agricoles inferieurs à la moyenne, et la hausse des prix des céréales comparée à la moyenne quinquennale, les ménages pauvres de Bahr El Ghazel sud et de Wadi Fira ont un déficit de consommation et sont en Crise (Phase 3 ! de l’IPC). Quant aux ménages pauvres dans le Batha, nord BEG, Kanem et Guera, ils ont également été touchés par les effets de la production agricole de 2013/14 inférieure à la moyenne et mauvaises conditions pastorales, bien qu'à un degré moindre que les ménages dans le Wadi Fira et Bahr El Ghazel. A cet effet, ils ont eu une consommation alimentaire réduite et d’adéquation minimale et sont en Stress (Phase 2 ! de l’IPC). Le reste du pays est en insécurité alimentaire Minime (Phase 1 de l’IPC).

Pour plus d'informations sur les hypothèses au niveau national au cours de cette période des  perspectives et sur les analyses des zones de préoccupation, s'il vous plaît télécharger le rapport complet.