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La sécurité alimentaire pourrait se dégrader au Lac en l’absence d’assistance humanitaire

La sécurité alimentaire pourrait se dégrader au Lac en l’absence d’assistance humanitaire

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  • CONTEXTE NATIONAL
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    • Face à la perte de leurs moyens d’existence, certains déplacés et réfugiés du lac Tchad dépendent de l’assistance pour leur consommation alimentaire et seront en Stress (Phase 2 ! de l’IPC) jusqu’en mai. Leur situation se détériorera en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de mai/juin avec l’incertitude de l’assistance et les faibles opportunités d’emploi. Dans le Tibesti, les ménages touchés par le conflit font face à des déficits de consommation.

    • La situation alimentaire des ménages pauvres pourrait se détériorer dans le Kanem, Bahr el-Ghazal (BEG), Tandjilé, les deux Logones, Mandoul et Moyen Chari, entre mars et septembre, à cause de l’épuisement de stocks céréaliers. Ils seront en Stress entre juin et septembre (Phase 2 de l’IPC). La plupart des ménages du reste du pays disposent de stocks moyens et resteront en insécurité Minimale (Phase 1 de l’IPC). 

    • Les conditions pastorales sont globalement bonnes. L’état corporel des animaux est satisfaisant et le restera jusqu’en avril avant de se détériorer entre mai et juin, comme en année normale. Cette situation s’améliorera à partir de juillet avec la régénération du pâturage, mais le revenu des pasteurs demeure faible à cause des bas prix des animaux.

    CONTEXTE NATIONAL

    Situation actuelle

    Situation agro-pastorale : Les récoltes du sorgho de décrue (berbéré) se poursuivent et sont estimées supérieures à la moyenne quinquennale (11 pourcent), selon la Direction de la Statistique Agricole (DSA) du ministère en charge de l’Agriculture. Au niveau des polders du Lac, les récoltes des cultures de rente (maїs, blé, fève, etc..) sont en cours. La production attendue est en hausse comparée à la moyenne suite à l’extension des surfaces (+9 pourcent) par rapport à la moyenne quinquennale selon la Division de la Production Agricole (DPA) de l’Agence Nationale d’Appui de Développement Rural (ANADER). Les récoltes maraichères (tomates, aubergines, laitue, choux, etc.) en cours sont meilleures qu’une année normale. Au Mayo Kebbi et dans la Tandjilé, le riz de contre-saison/irrigué se développe normalement et les récoltes sont attendues en mai/juin. 

    Les stocks céréaliers des ménages sont globalement supérieurs à une année normale dans la zone sahélienne, ainsi que dans les zones structurellement déficitaires, comme le Kanem et le BEG, grâce aux bonnes récoltes de 2018 (Source : DSA). Au Lac, le stock céréalier est autour de la moyenne pour les populations hôtes. Cependant, les ménages des déplacés et réfugiés qui n’ont pas de terres et ne pratiquent que très peu d’activités agricoles n’ont pas ou ont peu de stocks. Au Tibesti, les ménages dépendent uniquement du marché qui est de moins en moins approvisionné, alors que la demande est en hausse. En zone soudanienne (Tandjilé, deux Logones, Mandoul et Moyen Chari), les stocks des ménages sont légèrement inférieurs à la moyenne à cause des mauvaises récoltes pluviales.

    Stocks institutionnels : Les stocks actuels de l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA) sont estimés à 1860 tonnes de céréales, soit 9 pourcent du volume d’une année normale. Les achats institutionnels (ONASA) en cours devraient atteindre 4000 tonnes. Les stocks des agences humanitaires en cours de reconstitution sont en dessous d’une année normale du fait d’une diminution des besoins en termes d’assistance basée sur les constats du Cadre Harmonisé.

    La situation pastorale : Le niveau du pâturage est supérieur à la normale et les résidus de berbéré en cours de récolte renforcent la disponibilité fourragère. Le niveau des mares est généralement identique à celui d’une année normale. La situation zoosanitaire est calme et l’embonpoint des animaux est satisfaisant.

    La main d’œuvre agricole : La demande en cours est légèrement supérieure à celle d’une année normale du fait de l’augmentation de la superficie emblavée en berbéré (5 pourcent selon la DSA) au niveau national et par rapport à la moyenne quinquennale. Cette demande provoque le mouvement de personnes du Guera, Ouaddaï et Batha vers le Salamat. Par contre, au Tibesti, les opportunités de main d’œuvre sont presque nulles à cause de l’insécurité. En zone soudanienne, la demande en main d’œuvre est moins importante et généralement familiale. Au Lac, l’offre en main d’œuvre agricole est marginalement supérieure à la normale du fait de la présence des réfugiés, retournés et déplacés. Ces groupes de population ne participent cependant que très peu aux activités agricoles. Dans les zones de berbéré, selon les informateurs clés, la journée de travail est payée à 1500 FCFA, contre 1000 FCFA en 2018, soit une hausse de 33 pourcent. Début février, le salaire journalier d’un ouvrier agricole dans les polders de Guini, Mamdi ou Berim (zones agricoles de Bol) est de 1500 FCFA contre 2000 FCFA en 2018, soit une baisse de 25 pourcent.

    Mouvements de populations : Dans la zone sahélienne, très peu de mouvements de population sont signalés par rapport aux années passées grâce à la bonne production agricole de 2018/2019. Toutefois, des départs saisonniers de population du Batha et du Guera pour les récoltes de berbéré dans le Salamat sont signalés. Au Kanem et au BEG, des mouvements habituels sont observés vers le Lac en raison de la faible production structurelle dans ces zones. Au Lac, d’importants mouvements de population (environ 4000 personnes, selon OCHA) sont enregistrés suite à l’escalade des violences depuis décembre 2018.

    Marchés et prix :

    • L’offre/la disponibilité céréalière : Dans la zone sahélienne, l’approvisionnement des marchés céréaliers est satisfaisant grâce aux bonnes récoltes pluviales, de contre saison et des importations de riz. Les récoltes de berbéré en cours, renforcent l’offre dans le Guera, Salamat, Batha, Moyen Chari et Chari Baguirmi. Au Tibesti, on rapporte des dysfonctionnements des marchés de produits alimentaires. Dans la zone soudanienne, les marchés de régions déficitaires (Tandjilé, deux Logones, Mandoul et Moyen Chari) continuent d’être approvisionnés comme en année normale.
    • La demande céréalière : En plus d’une faible demande institutionnelle en cours, la demande céréalière est constituée par la reconstitution des stocks commerçants et la consommation locale des ménages. Dans la zone sahélienne, la demande en céréale de base (mil et sorgho) reste faible du fait d’une bonne disponibilité des stocks. La demande est moyenne en zone soudanienne grâce à la consommation de tubercules (taro et patate douce). Cependant, elle demeure constante dans le Tibesti alors que l’offre a chuté à cause du conflit en cours.
    • Les prix des céréales : De manière générale, le prix des produits alimentaires de base (mil, sorgho, maїs) en janvier 2019 est en baisse comparé à la moyenne quinquennale. Le prix du mil est en baisse à Moussoro (-24% pourcent) et à Mao (-32 pourcent) par rapport à la moyenne quinquennale. En zone soudanienne, les prix des denrées de base sont en baisse ou stables. Ces variations observées sont dues au bon niveau de stock et à la faible demande due à la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Toutefois, le prix du sorgho observé sur le marché de Beinamar (Logone Occidental) connait une hausse (+17%) par rapport à la moyenne quinquennale. Quant au riz, il est en hausse sur les marchés de Fianga, Léré et Pala, respectivement de 16, 12 et 10 pourcent comparé à la moyenne quinquennale.
    • Les prix du bétail sont en baisse sur la plupart des marchés. Toutefois, sur le marché d’Abéché, le prix du mouton en janvier qui est autour de 23 000 FCFA est stable (+2%) comparé à la moyenne quinquennale.

    Suppositions

    Le scénario le plus probable de février à septembre 2019 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :

    • Perspectives pour les récoltes de contre saison : Une hausse généralisée des récoltes de berberé est attendue grâce aux bonnes pluies enregistrées en 2018 et à une augmentation des superficies emblavées.
    • Stocks céréaliers des ménages : Les stocks vont tenir jusqu’à la récolte à l’échelle nationale et la période de soudure se comportera normalement. Toutefois, le niveau des stocks serait inférieur à la moyenne au Moyen Chari, Mandoul et les deux Logones mais devrait couvrir les besoins alimentaires des ménages jusqu’au début de la soudure (juin 2019). Au Kanem et au BEG, le niveau est légèrement meilleur comparé à une année normale. Cependant, les stocks des produits alimentaires seraient à leur plus bas niveau dans le Tibesti en raison du conflit qui limite l’approvisionnement.
    • Stocks institutionnels : Selon l’ONASA, les stocks seraient inférieurs à l’échelle nationale comparés à une année normale. Malgré les bonnes récoltes de cette année qui pourraient inciter l’ONASA à prédisposer de stocks de sécurité, habituellement situés entre 20 000 et 25 000 tonnes, les achats ne devraient guère dépasser les 10 000 tonnes à cause de difficultés de financement. Ces achats en cours devraient atteindre 4000 tonnes, soit près de 20 pourcent de la normale. Des dons d’un volume de 6000 tonnes de riz à l’ONASA provenant de Chine renforceraient ces stocks.
    • Situation pastorale et disponibilité en eau : La disponibilité en ressources pastorales devrait couvrir les besoins des animaux jusqu’au prochain hivernage (juin/juillet). La soudure pastorale se déroulerait comme en année normale, ainsi que les mouvements du bétail du sud vers le nord. Au Lac, les troupeaux resteraient concentrés au sud de la région, causant une surcharge pastorale. Dans le Tibesti, l’accès au pâturage serait limité à cause de l’insécurité. Ceci devrait affecter l’état corporel des animaux pendant toute la période de scénario.
    • Main d’œuvre agricole : L’offre de main d’œuvre se maintiendrait comme en année normale jusqu’à fin mai 2019. Entre février et mars, une légère hausse de la demande serait observée dans le Salamat, Ouaddaï, Sila et Mayo Kebbi Est en raison de l’augmentation des surfaces de berbéré (10 à 15 pour cent, selon l’ANADER). Par contre, une baisse importante serait observée dans le Mayo Kebbi Ouest à cause de la baisse des surfaces de berbéré (-30 pourcent, selon l’ANADER). Entre juin et septembre, l’offre et la demande de la main d’œuvre seraient normales.
    • Marchés céréaliers et prix :
      • L’offre de céréales : Elle serait globalement supérieure à la moyenne grâce aux bonnes récoltes de 2018/2019. Toutefois, une offre moyenne ou légèrement inférieure serait observée dans la zone soudanienne à cause du déficit de production. Au Tibesti, l’offre serait inférieure à cause du conflit.
      • La demande de céréales : Elle serait normale en zone sahélienne. Au Lac, la demande pourrait être en hausse car les déplacés n’ont pas de stocks. Au Tibesti, la demande est plus constante car les ménages ne produisent pas de nourriture et dépendent du marché toute l’année.
      • Les flux de céréales : Des flux atypiques de la zone sahélienne vers la zone soudanienne sont observés, alors que les flux vont normalement dans l’autre sens. Ils resteraient perturbés au Lac et au Tibesti par les conflits.
      • Le prix des cultures de base : D’une manière générale, les prix des produits alimentaires, actuellement en baisse, suivraient la même tendance de février à mai pour la plupart des marchés des zones ayant enregistré des excédents. Par contre, on pourrait observer une hausse saisonnière dans le Kanem et le BEG bien que les prix demeurent autour de la moyenne. Dans les régions déficitaires du sud, la faible disponibilité sur le marché, couplée aux achats institutionnels en cours, pourrait stimuler les prix des céréales vers la hausse. Cette tendance resterait toutefois inférieure à la moyenne jusqu’en mai avant de connaître une tendance haussière normale jusqu’en septembre. Au Tibesti, une hausse atypique des prix des produits alimentaires s’observerait de février à septembre 2019.
      • Le prix du mil resterait en dessous de la moyenne quinquennale dans la zone sahélienne grâce à la bonne production de 2018 (+16,5 pourcent ; source : données FEWS NET). Par contre, il serait au-dessus dans le Mandoul et le Mayo Kebbi Ouest à cause des faibles récoltes (respectivement -15 et -68 pourcent ; source : données FEWS NET).
      • Le prix du sorgho resterait en dessous de la moyenne quinquennale pendant la période de projection à cause des bonnes récoltes de sorgho en 2018 comparées à la moyenne quinquennale (+13 pourcent) et de la bonne disponibilité des produits de substitution (berbéré).
      • Le prix du maïs connaîtrait une légère hausse saisonnière à partir de février jusqu’en juin mais demeure en dessous de la moyenne pendant la période de projection.
      • Le prix du sésame : Malgré les bonnes récoltes, le prix connaîtrait une légère hausse à cause de la forte demande extérieure (Turquie, Chine, Soudan, Inde, etc.), et de la baisse du niveau des stocks sur le marché plus tôt qu’en année normale.
    • Marchés à bétail et prix :
      • La demande de bétail resterait en dessous de la normale ;
      • Le prix des ovins et bovins resterait en dessous de la moyenne pendant toute la période de projection mais devrait connaître une légère hausse relative en mai et juin (Ramadan) et en août (Tabaski). Cependant, les termes de l’échange demeurent en défaveur des éleveurs sur la plupart des marchés.
    • Situation nutritionnelle : Les admissions augmenteraient à l’approche de la soudure à partir d’avril. Cette tendance se maintiendrait durant la soudure en raison de la prévalence des infections respiratoires aiguës et les difficultés saisonnières d’accès à l’eau.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    De février à mai, au Tibesti, les ménages feraient face à un accès limité aux produits alimentaires à cause de l’érosion de leurs revenus et de l’augmentation des prix suite aux conflits. L’orpaillage ne génère pas de revenus importants et a un impact limité. Ces ménages auront des déficits de consommation alimentaire et seront en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Au Lac, les déplacés et réfugiés bénéficieront de l’aide alimentaire jusqu’à fin avril. Le reste de leur consommation est assuré par le partage des repas de la part des populations hôtes ainsi que par les achats au marché. Ceci aboutit à une consommation d’adéquation minimale, mais les dépenses non alimentaires sont limitées, provoquant une situation de Stress (Phase 2 ! de l’IPC) alimentaire. Le reste du pays restera en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).

    Entre juin et septembre, les ménages du Tibesti resteraient en Crise (Phase 3 de l’IPC) à cause des déficits de consommation.

    A partir de mai, en l’absence d’assistance humanitaire, les déplacés et réfugiés du Lac auraient recours à des stratégies d’adaptation comme la réduction du nombre de repas, les achats à crédit et la mendicité, les conduisant à une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire.

    Les ménages pauvres du BEG, Kanem, des deux Logones, Tandjilé, Mandoul et Moyen Chari dépendraient du marché une fois leurs stocks épuisés. Malgré l’intensification des achats à crédit et du travail non agricole, les revenus ne permettraient pas de couvrir certaines dépenses non alimentaires (inscription des enfants à l’école, dépenses de santé, etc..) ; ils seront en Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Les autres régions seraient en Phase Minimale (Phase 1 de l’IPC). 

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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