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En Mai 2012, environ 2,4 millions de personnes majoritairement dans la zone centrale agro pastorale (Guera, Kanem, Bahr-el-Ghazal, Batha et Sila) sont en insécurité alimentaire en phase de stress (Phase 2 de l’IPC 2.0) avec la partie nord de Mangalmé en crise (Phase 3 de l’IPC 2.0). La période de soudure a commencé deux mois plutôt qu’en année normale et les ménages pauvres et très pauvres ont de difficultés à couvrir leur besoin en alimentation. La situation reste moins grave que celle vécue en 2009/10 et aucune situation de catastrophe alimentaire n’est pour le moment vécue.
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L’approvisionnement des marchés des zones déficitaires est faible et les prix des céréales restent élevés comparé à la moyenne quinquennale avec un niveau prohibitive pour les ménages pauvres des zones très affectées par le déficit céréalier. Les prix des céréales vont évoluer à la hausse et au dessus de la moyenne quinquennale jusqu’en septembre.
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Les pluies précoces de moyenne à excédentaire enregistrées entre avril et mai/juin dans la zone soudanienne et une partie de la zone sahélienne (Guera, Salamat et une partie du Chari Baguirmi) améliorent l’offre de la main d’œuvre locale surtout dans les zones rurales.
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Les conditions de crise dans la zone centrale agropastorale pourraient s'améliorer entre juillet et septembre à cause des programmes de réponse diversifiés, des perspectives d’une récolte moyenne à bonne, des conditions physiques des animaux et de l’amélioration des capacités d’achat des agropasteurs.
Suite à la mauvaise campagne agricole 2011/2012 ayant engendré 22 pourcent de déficit au niveau national, les ménages pauvres ont épuisé leurs stocks depuis mars 2012 et l’achat sur le marché reste la principale source de nourriture. L’insécurité alimentaire dans la bande sahélienne est stable par rapport au mois d’avril/mai - Stress (IPC Phase 2): les ménages pauvres ont des difficultés d’accès engendrées par les prix élevés des céréales. En plus, la situation de la partie nord de Mangalmé n’a pas changé par rapport au mois d’avril/mai et reste en phase de crise (IPC 2.0).
Le cumul saisonnier de la pluviométrie estimée par satellite (RFE) indique des cumuls de 200-300 mm sur toute une zone au sud du pays allant du sud du Salamat, couvrant le Moyen Chari et une bonne partie du Mandoul ainsi que le sud des deux Logones. Une bande de 100 à 200 mm couvre le nord des deux Logones, le Mayo Kebbi Ouest, la Tandjilé, le nord-ouest du Mandoul et s’étend plus au nord jusqu’au Mayo Kebbi Est, le sud du Chari Baguirmi, le Guera et le Salamat. Ces quantités montrent qu’on est en plein dans la saison de croissance dans ces zones. La bande 50-100 mm matérialise le front de végétation et la partie où les conditions seraient réunies pour le semis. L’anomalie du cumul montre qu’une pluviométrie cumulée caractérisée par des excédents modérés à excédentaire dans pratiquement toute la zone agricole du pays. Les prévisions saisonnières de l’ECMWF d’ici à septembre indiquent une pluviométrie moyenne à bonne pour la majorité du Sahel en Afrique de l’Ouest. Cependant, la technicité des prévisions est faible en ce moment, aussi bien que la convergence des différentes prévisions à moyen terme. Ainsi, FEWS NET suppose que la pluviométrie sera généralement moyenne en termes de distribution temporelle et spatiale en 2012.
Les résultats de la mission du Ministère de l’agriculture, conduite par la DPSA du 07 au 21 avril 2012, indique que 2,4 millions sont en insécurité alimentaire dont 1,2 millions personnes ayant besoin d’assistance entre avril et septembre 2012. Actuellement, la sécurité alimentaire des ménages pauvres et très pauvres dans les zones centrale agro pastorale et céréalière pluviale est stable par rapport au mois d’avril et mai grâce à la diversité d’intervention des acteurs humanitaires et de l’Office National de Sécurité Alimentaire (distribution générale des vivres, des foires aux vivres, des coupons alimentaires, des ventes des céréales à prix modéré, et des transferts monétaires) qui existe dans la bande sahélienne. Selon le scenario le plus probable, une amélioration est possible à partir de juillet.
Les prix des céréales restent toujours élevés sur les marchés d’Abéché, Sarh et Moundou par rapport au mois dernier et à la moyenne quinquennale. Cela se justifie par un faible approvisionnement des marchés à cause de l’épuisement des stocks des producteurs depuis deux mois renforcé par les besoins en semences. A N’Djamena, les prix des céréales à l’exception du maïs sont en baisse par rapport au mois d’avril mais restent très élevés par rapport à la moyenne quinquennale. Le niveau élevé pourrait persister jusqu’en août/septembre à cause de la demande qui va augmenter durant le mois de Ramadan (juillet/août) et de Eid El Fitr (août). Le transfert des céréales de la zone soudanienne vers la zone sahélienne se poursuit mais avec des quantités très faibles par rapport au premier trimestre de l’année à cause de la baisse du niveau de stock des paysans. Quant aux stocks céréaliers des commerçants, ils sont inferieurs par rapport à une année typique et les importations du Nigeria et de la Libye restent moins fluides.
Actuellement, les conditions physiques du bétail dans la zone sahélienne sont faibles par rapport à une année moyenne à cause de la faible disponibilité du pâturage (Figure 3). L’état du bétail observé en mai entre Massaguet et Massakory par l’équipe FEWS NET est inquiétant et risque de se détériorer si aucune action n’est faite d’ici la fin du mois de juin. Les longues distances parcourues par les animaux pour s’abreuver est un autre facteur qui affecte leur condition physique. Malgré la faible demande des animaux, une décapitalisation du bétail entre Massaguet et Moussoro a été rapportée pour éviter des pertes. A cet effet, les prix de petits ruminants ont baissé alors que les prix des céréales à Moussoro ont augmenté, fragilisant ainsi les termes d’échanges des agro-pasteurs et réduisant par conséquent le pouvoir d’achat de ceux qui détiennent encore des ovins. La majorité des ménages très pauvres qui ne possède pas de bétail et qui avait migré dans les grands centres à la recherche de travail n’est pas encore retournée pour démarrer les activités agricoles. Les pluies précoces ont occasionné la poussée des herbes fraîches et commencent à améliorer les conditions de pâturage par endroit.
La demande de bétail augmentera avec la période de Ramadan et la fête d’Eid El Fitr (Juillet/Aout), ce qui fera augmenter les prix de bétail. A cet effet, les termes d’échanges vont s’améliorer permettant aux ménages pauvres d’augmenter leurs capacités d’achats. Cette année, le début des pluies précoces au Tchad a créé des conditions favorables pour le développement des criquets dans certaines zones où l'insécurité alimentaire a déjà atteint les niveaux de stress et de crise : IPC 2 et 3. L'amélioration de l’insécurité alimentaire est liée directement à une bonne récolte en 2012. Les bonnes pluies enregistrées en mai créent des conditions plus appropriées pour la prolifération des criquets à cause de la végétation émergente au stade végétatif des cultures. Les précipitations imminentes dans le Sahel influenceront aussi le mouvement des criquets du Sahel africain vers le Tchad dans les semaines à venir.
La zone Centrale agropastorale du Nord Guera et du Kanem
Actuellement, l’insécurité alimentaire est stable dans la bande sahélienne par rapport au mois d’avril/mai . Le Nord Guera et le Grand Kanem sont les plus affectés, particulièrement Mangalmé et Bahr-el-Ghazal (BEG). Actuellement, l’épuisement des stocks ménagers, le niveau des prix élevé des céréales par rapport à une année typique rendent l’accès alimentaire des ménages pauvres difficile en cette période de soudure. Entre mai et juin, les revenus tirés de la main d’œuvre des ménages retournés contribuent à l’achat des céréales. A cet effet, leur situation est stable et va rester au niveau Stress jusqu’en septembre. Au niveau de Mangalmé, les ménages qui n’ont pas migré à la recherche de la main d’œuvre et qui ne possèdent pas de bétail, vont rester en crise jusqu'à juillet malgré l’assistance en vivre qui s’est avérée insuffisante. Ces ménages vont entreprendre les semis pour la campagne grâce à la distribution des semences. La situation des ménages en crise pourrait s’améliorer à partir de juillet suite aux multiples interventions et à la main d’œuvre agricole.
Assistance humanitaire. En réponse à la crise localisée, plusieurs acteurs humanitaires et le gouvernement par le biais de l’ONASA se sont mobilisés pour mettre en place des actions comprenant plusieurs catégories: des distributions gratuites, des ventes des céréales à prix modéré, des vivres contre travail (VCT) des transferts monétaires, etc. Certaines actions sont pour une réponse immédiate et d’autres se poursuivront jusqu’à Septembre. L’ensemble des actions doit contribuer significativement à contenir les difficultés alimentaires et vise pour la plupart à faciliter l’accès aux vivres par les ménages pauvres et très pauvres et protéger leurs moyens d’existence pour éviter les pertes. Les besoins en vivres estimés par le dernier ciblage mené par le Ministère de l’Agriculture en avril 2012 est de 41.799 MT.
Malnutrition. Le nombre des enfants malnutris diminue dans le Kanem suite aux actions combinées des acteurs humanitaires intervenant dans la zone particulièrement la distribution de Plumpy doz aux enfants à risque faite par l’UNICEF. Les taux d’admission dans les Centres Nutritionnels selon la Délégation sanitaire régionale du Kanem a baissé de 14 pourcent entre mars et avril puis 23 pourcent entre avril et mai 2012. Ce taux continuerait à baisser au cours du mois prochain avec l’effectivité de la mise en place du programme UNICEF/PAM qui consiste à prendre en charge 300 000 enfants d’ici fin juin. Toute fois, ce nombre (3318 enfants) est trois fois plus que celui de l’année dernière à la même période qui est de 1029 enfants.
Situation pastorale. La dégradation de la situation pastorale est beaucoup plus perceptible dans le nord Kanem où les autorités de la place ont signalé des cas de pathologie animale chez les bovidés, les petits ruminants et les camélidés. Sur les deux premiers, cette pathologie se manifesterait par le gonflement abdominal. Tandis que chez les dromadaires, la maladie se manifesterait par la paralysie des membres. L’équipe ACF en mission dans la zone a photographié des bovins consommant un cadavre de bovin mort. Face à cette situation de manque de pâturage et d’aliments de complémentation animale, il est à craindre l’éventualité d’une intoxication due à la consommation d’animaux malades.
Les marchés et les prix. En mai 2012, les prix des céréales observées à Mongo a légèrement augmenté (7 pourcent) entre Avril et mai 2012. On note une hausse de 48 pourcent comparativement à la moyenne des cinq dernières années. Cette augmentation actuelle est due en partie par le faible niveau de stocks des commerçants d’une part et le faible approvisionnement des marchés suite à l’épuisement des stocks des paysans depuis deux mois renforcé par la demande en semences d’autre part. L’augmentation des prix peut continuer jusqu’en juillet/août pour les besoins en période de Ramadan.
Sommaire. La reprise des activités agricoles est imminente dans la zone centrale agropastorale avec comme corollaire l’augmentation de la demande de la main d’œuvre agricole. Les distributions des vivres et non-vivres qui sont mises en œuvre par les humanitaires en plus des ventes des céréales à prix modéré par l’ONASA à partir de la deuxième quinzaine de juin, porte à croire que la situation alimentaire des ménages pauvres et très pauvres pourrait se stabiliser jusqu’en fin juin.
Source : FEWS NET
Source : USGS/FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.