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Compte tenu du bon niveau d’humidité résiduelle, les cultures de contre-saison, notamment le berberé, se développent normalement dans l’ensemble du pays. Cependant, des infestations de chenilles légionnaires au Mayo Kebbi Est. Au Guera, on note une baisse des emblavures de berbéré en raison des séquences sèches ayant affecté les pépinières.
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L’approvisionnement des marchés céréaliers se poursuit avec cependant des volumes inférieurs à la normale du fait de l’augmentation des coûts de transport dans l’ensemble du pays. Au Lac, l’état d’urgence sanitaire et sécuritaire ralentit les flux internes, notamment ceux à destination du marché de Bol. Au Tibesti, une légère amélioration des flux transfrontaliers favorisée par la relative accalmie sécuritaire contribue à améliorer la disponibilité sur les marchés.
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Les éleveurs transhumants continuent leur parcours vers la zone soudanienne occasionnant des dégâts sur les champs durant les récoltes. Ceci provoque des rixes entre éleveurs et agriculteurs qui ont occasionné trois morts et deux portés disparus à Koumogo (Moyen chari) et un décès à Bouna (Mandoul). Ces tensions ont également provoqué des décès et des déplacements de personnes au Mayo Kebbi Est.
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De nombreux ménages dans presque la totalité du pays ont une consommation alimentaire en amélioration grâce aux nouvelles récoltes bien que certains rencontrent des difficultés d’accès aux biens essentiels non-alimentaires et sont en Stress (Phase 2 de l’IPC) alimentaire. Les déplacés et les ménages hôtes du Lac, soutenus par l’assistance alimentaire, sont en Stress (Phase 2! de l’IPC).
Impacts de la COVID-19 : Pour faire face à la pandémie de COVID-19, le gouvernement du Tchad a mis en place une série de mesures, dont le couvre-feu de 21h à 5h, le port obligatoire du masque, l’interdiction des regroupements au-delà de 50 personnes, la fermeture des frontières terrestres et la limitation du nombre de passagers à bord des véhicules de trafic urbain et interurbain. Ceci a pour conséquence de réduire les opportunités d’embauche (maçonnerie, emplois domestiques) affectant les sources de revenus. L’exportation du bétail à destination du Nigéria est également affectée, occasionnant une baisse des prix des animaux, ce qui limite l’accès aux marchés des ménages éleveurs, dont la vente de petits ruminants est une importante source de revenus. Les restrictions sur les déplacements ont provoqué une augmentation du coût du transport et les revenus tirés de la migration saisonnière sont en baisse à cause des difficultés rencontrées par les migrants pour leurs déplacements entre les zones rurales et urbaines. Ceci affecte également les volumes de flux céréaliers des zones de grande production vers les autres. A titre illustratif, le transport du mil de Bongor à N’Djaména, sur une distance de près de 240 Km, qui coûtait 2500 FCFA en année normale, coûte à ce jour de 3000 à 3500 FCFA.
Situation agricole : La campagne de contre-saison froide se déroule normalement dans les différentes zones du pays. Au Lac, les emblavures dans les polders sont en cours et devraient se finaliser prochainement pour atteindre le niveau d’une année normale. Les principales cultures de la campagne sont le fenugrec, le blé et le cumin. Les superficies maraîchères sont cependant marginales en raison du faible potentiel de commercialisation et des difficultés de conservation. Au Mayo-Kebbi-Est, des attaques de chenilles légionnaires sur le berbéré sont rapportés par les services phytosanitaires de la province. Une densité d’environ 10 individus au mètre carré y est rapportée sur près de 22 000 ha de bérbéré, soit 31 % des superficies totales
Main d’œuvre agricole : Les restrictions sur le transport provoquent une diminution du revenu issu de la migration saisonnière ; les coûts de transport de personnes limitent la mobilité des migrants vers des zones de production de contre-saison (Guéra, Salamat, Lac) pour proposer leur force de travail. Par conséquent l’offre en main d’œuvre est légèrement en baisse par rapport à une année normale. La baisse des revenus des ménages nantis issue du ralentissement des activités économiques réduit les opportunités d’embauche dans les exploitations agricoles durant la campagne de contre-saison. L’offre varie de normale à inférieure à la normale suivant les zones. A Mongo, une des principales zones de production du berberé, la main d’œuvre reste principalement familiale. Au Lac, l’afflux de nouveaux déplacés provoque une pression sur l’offre de main d’œuvre. Par ailleurs, la demande en main d’œuvre durant cette campagne de contre saison est faible, la main d’œuvre familiale étant privilégiée.
Main d’œuvre non agricole : Compte tenu des impacts de la COVID-19 qui accentuent la crise économique liée à la chute des revenus du pétrole depuis plus de cinq ans, les opportunités d’embauche des ménages très pauvres et pauvres sont réduites. Face aux effets conjugués des crises évoquées ci-dessus, les ménages n’ont pas un accès normal aux emplois partiels non qualifiés tel que la maçonnerie, les emplois domestiques.
Situation pastorale : La disponibilité fourragère couplée au bon niveau des mares semi-permanentes contribue de façon satisfaisante à l’alimentation du bétail. Dans la plupart des localités agropastorales et en zone de transhumance, le bétail parcourt de courtes distances pour paître et s’abreuver. Cependant, des différends entre agriculteurs et éleveurs sont rapportés au Moyen Chari, Mandoul et au Mayo Kebbi est et ouest.
Conflits et mouvements de population : Au Mayo-Kebbi est, des mouvements de population sont enregistrés à la suite des conflits entre agriculteurs et éleveurs entre fin novembre et début décembre. Selon l’antenne départementale de la Croix Rouge, plus de 6000 personnes ont fui les zones de tension pour s’abriter dans des localités sécures à Gounou Gaya (2700 personnes), Pont Carol (2500 personnes) et Gaya Ngambi (1200 personnes). Des décès sont également rapportés au Mayo-Kebbi est avec plus de 22 morts, 3 décès au Moyen chari et 1 au Mandoul. Au Lac, l’insécurité persistante continue d’engendrer des mouvements de populations. Plus de 336 000 déplacés internes sont enregistrées par la communauté humanitaire selon les données d’OCHA fin novembre 2020.
Assistance humanitaire : L’assistance humanitaire en faveur des déplacés et ménages hôtes du Lac se poursuit en décembre 2020. Les rations distribuées se composent de 450g de céréales, 100g de légumineuses et 25l d’huile. L’assistance en espèces au bénéfice des retournés, réfugiés et déplacés internes varie de 4500 à 6000 FCFA/ménage. L’assistance humanitaire en vivres et non vivres est apportées aux déplacés et personnes affectées par les conflits dans le Mayo-Kebbi Est entre novembre et début décembre.
Stocks céréaliers des ménages : A la faveur des dernières récoltes, les ménages des différentes zones du pays amorcent le renouvellement de leurs stocks céréaliers. Au BEG et au Kanem, les ménages profitent de la baisse saisonnière des prix après les récoltes pour reconstituer leurs stocks céréaliers au travers des achats.
Marchés céréaliers et prix : Les récoltes récentes renforcent l’approvisionnement des marchés céréaliers dans la plupart des zones soutenant ainsi l’offre locale même dans les zones déficitaires. A Moussoro, on note une bonne disponibilité en maïs en provenance du Lac, du pénicillaire et du sorgho rouge de la province du Hadjer Lamis. A Bol, malgré la bonne disponibilité locale issue de la dernière campagne pluviale, les coûts élevés du transport occasionnés par les enchères des transports conséquemment à la COVID-19 couplés aux difficultés sécuritaires limitent l’approvisionnement des marchés face à une demande en légère hausse. Fin novembre 2020, les prix du mil et du maïs sont respectivement 22 % et 18 % supérieurs à la moyenne quinquennale. En zones sahélienne et de transhumance, malgré la disponibilité des récoltes, quelques marchés céréaliers continuent d’afficher des prix légèrement supérieurs à la moyenne, en raison des perturbations sur les transports. En zone saharienne, l’approvisionnement en céréales à partir du bassin est (Abéché, Goz Beida) renforce la disponibilité en mil au marché de Faya. Au Tibesti, une légère augmentation de la disponibilité locale en produits alimentaires importés (riz, pâtes, etc.) est observée par suite de la légère amélioration des flux transfrontaliers depuis la Libye.
Marchés à bétail : Sur la plupart des marchés à bétail du pays, une suroffre est rapportée à cause de l’arrêt des exportations vers le Nigéria du fait de l’état d’urgence sécuritaire et sanitaire et son corollaire de fermeture des frontières. Une légère hausse de la demande à l’exportation par des couloirs informels est observée dans les zones frontalières du Soudan. Des tendances haussières par rapport à la moyenne quinquennale sont rapportées sur les prix des ovins à Am Zoer (37 %), Biltine (11 %), Cette tendance est également observée sur les prix des caprins à Abéché (37 %), Iriba (54 %) et Am Zoer (79 %). Cependant, les prix des bovins sont restés globalement faibles en raison des exportations limitées. Au BEG, Kanem Batha et dans la plupart des marchés à bétail des zones pastorales et agropastorales, les prix du bétail sont inférieurs à la moyenne quinquennale en raison de la baisse de la demande.
Situation alimentaire courante : La disponibilité céréalière pourvue par les récoltes contribue à l’amélioration de la consommation alimentaire des ménages dans la plupart des zones agricoles et agropastorales du pays et de nombreuses zones sont en insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC). Au Tibesti, compte tenu de la légère augmentation des flux renforçant la disponibilité des produits alimentaire sur les marchés, l’accès des ménages connaît une légère amélioration malgré les revenus limités par la double crise sécuritaire et sanitaire à laquelle est confrontée la province. Cependant, leur consommation alimentaire connaît une amélioration relative comparée à fin novembre 2020 ; les ménages sont en Stress (Phase 2 de l’IPC).
Au BEG et au Kanem, dans tout le nord et un partie du centre et du sud, la plupart des ménages très pauvres et pauvres ont une consommation alimentaire réduite et d’adéquation minimale en raison de faibles revenus issus notamment de la vente d’animaux, de transferts d’argent et de la main d’œuvre qui limitent leur accès au marché malgré les baisses observées sur les prix des céréales. Ils sont en Stress (Phase 2 de l’IPC) alimentaire.
Les ménages intensifient leurs activités habituelles, notamment le recours au petit commerce de produits alimentaires, la vente inhabituelle de petits ruminants par de nombreux ménages très pauvres et pauvres ou la vente de produits agricoles issus des dernières récoltes en zone soudanienne.
Les nouveaux déplacés du Lac ainsi que ceux accueillis parmi les ménages hôtes continuent de faire face aux difficultés alimentaires car leurs accès au marché est fortement limité par la hausse des prix malgré les nouvelles récoltes. Dépourvus de leurs moyens d’existence, ils dépendent en partie du système de solidarité communautaire et des produits issus de marginales superficies cultivées en métayage et du marché pour les nouveaux venus. Par conséquent, la consommation alimentaire de la plupart des déplacés et des ménages hôtes est en Stress (Phase 2! De l’IPC) grâce à l’assistance alimentaire.
Les hypothèses utilisées dans le développement du scénario le plus probable pour la période d’octobre 2020 à mai 2021 ont été modifiées de la façon suivante :
La reprise des flux transfrontaliers au Tibesti avec des volumes légèrement supérieurs à la période de novembre continuerait d’assurer une disponibilité en produits alimentaires sur les marchés locaux. L’offre serait ainsi renforcée et l’accès alimentaire des ménages serait favorisé en raison des prix proches de la moyenne. La consommation alimentaire des ménages serait sous pression (Phase 2 de l’IPC) durant toute la période d’analyse à cause des faibles niveaux de leurs revenus, inférieurs à la normale.
La situation alimentaire des ménages du Tibesti, en cours d’amélioration, se maintiendrait grâce à une légère augmentation des volumes de flux transfrontaliers. Malgré les bas niveaux de revenus de revenus des ménages, la consommation alimentaire des ménages continuerait resterait en Stress (Phase 2 de l’IPC) en raison d’une baisse des prix des produits alimentaires importés. La consommation alimentaire des déplacés et ménages hôtes du Lac resteront en Stress (Phase 2! de l’IPC) grâce à l’assistance humanitaire jusqu’en mai 2021. Les marchés à bétail continueraient d’afficher une baisse des prix à l’exception des localités proches de la frontière soudanaise et d’une hausse ponctuelle durant les fêtes de fin d’année. Cependant, les prix resteraient globalement en deçà de la moyenne quinquennale. Les ménages de certaines zones agricoles et agropastorales resteront en situation de sécurité alimentaire (Phase 1 de l’IPC) en raison de la bonne disponibilité des produits issus de leurs récoltes.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.