Download the report
-
Les mesures gouvernementales relatives à la pandémie du COVID – 19 continuent à dégrader des moyens d’existence des ménages très pauvres et pauvres, affectant la situation alimentaire, tant en zone rurale et urbaine. Au pic de la soudure, la hausse des prix des produits alimentaires dans le Barh El Ghazel (BEG) et au Kanem limite l’accès aux marchés des ménages pauvres et très pauvres en raison de l’érosion de leurs revenus.
-
Dans la zone sahélienne, la plupart des marchés affiche une tendance haussière des prix comme celui du mil à Moussoro et Ati, où une hausse de +21 pourcents, comparée à la moyenne quinquennale, est rapportée, en raison des faibles volumes de flux. En zone soudanienne, ce sont les achats humanitaires tardifs qui ont occasionné les hausses de prix du mil sur le marché de Moundou (+12 pourcent). Cela diminue la capacité des ménages à acheter de la nourriture sur les marchés.
-
La campagne agropastorale se déroule normalement malgré les longues séquences sèches enregistrées durant la 1ière décade d’aout dans la majeure partie de la zone soudanienne. Celles-ci ont occasionné des flétrissements de cultures (arachide, maïs) dans les deux Logone, les deux Mayo Kebbi et la Tandjilé. Cependant, les prémices de maïs de case et d’arachide de bouche complètent les légumes hivernaux et améliorent la consommation de ménages.
-
Les ménages du Tibesti continuent de faire face à des déficits de consommation alimentaire en raison de la limitation des volumes des flux conséquemment à la fermeture des frontières toujours en cours par suite de l’instabilité sécuritaire en Libye et de COVID-19. Ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC). Les déplacés du Lac dépendent de l’action humanitaire ; ils sont sous Stress (Phase 2 ! de l’IPC) grâce à l’assistance alimentaire.
Mesures gouvernementales liées au COVID – 19 : En dépit de léger allègement des mesures gouvernementales liées au COVID- 19 notamment la réouverture des commerces, la reprise des trafics aériens et routiers., les moyens d’existence des ménages ne cessent d’être détériorés. Les impacts des restrictions (limitation des flux, perturbations sur les fonctionnements des marchés, pertes de revenus, etc.) enregistrés sont davantage accentués par la soudure et la persistance de la pandémie du COVID – 19 induisant le ralentissement des activités économiques. La timide reprise de certaines activités observée, est loin d’occasionner une amélioration des conditions des vies des ménages en raison de la détérioration des capitaux en milieux urbains et l’érosion des revenus des ménages ruraux. Par conséquent, la situation alimentaire des ménages demeure préoccupante.
Situation agricole : La campagne agropastorale a connu un démarrage globalement précoce, dès fin avril à mi-mai dans la plupart des localités de la zone soudanienne. Des séquences sèches relativement longues, de plus de dix (10) jours, ont été enregistrées dans plusieurs localités notamment entre fin juillet et début août. Dans le bassin rizicole (Mayo Kebbi Est, Ouest et Tandjilé), à la faveur des pluies diluviennes, des re-semis de maïs, sorgho, arachide ont été effectués.
À l’exception du sorgho dont les emblavures sont relativement moyennes par rapport au niveau de réalisations d’une année normale, des baisses d’emblavures sont observées sur plusieurs spéculations. En raison des mesures gouvernementales relatives à la pandémie du COVID -19, qui pourrait se traduire par des récoltes globalement inférieures à la moyenne. Dans les provinces de l’Est (Ouaddaï et Sila), la rétrocession des tracteurs et l’emploi des tractions asine et équine ont favorisé l’extension des périmètres agricoles. Au Sahel ouest, le démarrage de la saison vers la fin de la troisième décade de juillet a favorisé des semis généralisés. Cependant, au BEG sud où des re-semis ont été effectués, les faibles pluies ont occasionné un fort enherbement des espaces agricoles conduisant à des abandons des champs dans certaines localités.
Les stades phénologiques des cultures varient suivant les zones agroécologiques. Au Kanem et Bahr El Ghazel, les cultures de maïs sont au stade d’épiaison- maturité, par endroits, pour les semis précoces avec irrigation d’appoint et le penicillaire au stade épiaison en irrigués. Au Sahel Est, le penicillaire est au stade d’élongation alors que les légumineuses sont au stade de floraison. En zone soudanienne, les cultures céréalières sont au stade tallage - développement végétatif pour le mil, et épiaison pour le sorgho précoce tandis des prémices d’arachide sont déjà sur le marché.
Main d’œuvre agricole : Les restrictions sur le trafic conséquemment à la pandémie du COVID – 19 en début de campagne couplées au coût élevé de transport limitent le retour des migrants saisonniers dans leurs localités. Par conséquent, une baisse importante de l’offre en main d’œuvre est rapportée dans plusieurs zones du pays comme au BEG, Kanem, Hadjer Lamis ainsi qu’en zone soudanienne.
Au Ouaddaï et au Wadi Fira, le départ massif des jeunes valides vers les zones aurifères du Tibesti, pour l’orpaillage artisanal, occasionne la réduction de l’offre en main d’œuvre. Dans le Moyen Chari et au Mandoul, la baisse de l’offre en main d’œuvre est suscitée par la bonne production des produits forestiers non ligneux (karité) qui est une source de revenus alternative mobilisant d’importants effectifs de ménages très pauvres et pauvres. Inversement, au Sila et Ouaddaï, par suite des fortes pluviométries enregistrées aux deux premières décades d’août occasionnant un taux d’enherbement élevé des périmètres agricoles a induit une hausse de la demande de main d’œuvre pour les travaux d’entretien. Par conséquent, les coûts journaliers sont en hausse d’environ 25 pourcent soit de 2000 à 2500 FCFA par jour. En revanche, en dépit de la forte demande dans certaines localités, les coûts sont restés stables, équivalents ou proche de la moyenne à cause du ralentissement de la vie économique induite par la crise sanitaire en cours.
Main d’œuvre non agricole : Compte tenu des perturbations liées au COVID - 19 et leurs impacts sur la situation économique du pays et, par suite du ralentissement saisonnier des activités, la main d’œuvre non agricole continue d’être limitée. Les coûts journaliers sont inférieurs à la moyenne d’une année normale. Cela affecte les revenus des ménages tant urbains que ruraux.
Situation pastorale : La bonne pluviométrie enregistrée dans les zones pastorales et agropastorales a favorisé la reconstitution du tapis herbacé et le remplissage des mares semi – permanentes assurant ainsi une bonne disponibilité de ces ressources au bénéfice du bétail. Cependant, la remontée des transhumants, vers les points d’attache, a été ralentie en raison du retard dans le démarrage de la saison pluvieuse dans les zones de transit (Chari Baguirmi et Hadjer Lamis). Un calme zoosanitaire global est observé dans la plupart des zones du pays.
Stocks céréaliers des ménages : Au Sahel Ouest, les stocks céréaliers des ménages sont complètement épuisés ; les ménages dépendent entièrement des marchés pour leur consommation comme dans une année normale. En zone soudanienne, une baisse significative des niveaux des stocks est rapportée en raison des bradages occasionnés par la pandémie du COVID – 19.
Marchés céréaliers et prix : La plupart des marchés céréaliers sahéliens affichent une tendance haussière des prix à cause des achats institutionnels tardifs, en pleine soudure, effectués par l’ONASA dans les zones de production. En plus de ceci, les restrictions sur le trafic en lien avec le COVID -19, ayant occasionné une limitation des volumes des approvisionnement des marchés de la zone sahélienne a propulsé la hausse des prix du mil sur ces marchés en juillet 2020. A Bol, l’état d’urgence en réponse à l’insécurité civile couplé à la crise sanitaire continuent d’impacter les marchés induisant une hausse de prix, comparée à la moyenne quinquennale, des prix du mil (+43pourcent) et du maïs (+37pourcent). En zone soudanienne, les achats humanitaires effectués par le PAM a induit une baisse de la disponibilité sur le marché à Moundou et provoqué la hausse de prix du mil, de 3 pourcents en juin à 12 pourcents en juillet, réduisant ainsi la capacité d'acheter de la nourriture sur les marchés pour de nombreux ménages pauvres et très pauvres.
Situation alimentaire courante : Malgré l’allègement des mesures gouvernementales relatives au COVID – 19, la situation alimentaire des ménages demeure préoccupante à cause de la baisse/épuisement des stocks des ménages, l’amenuisement des revenus limitant l’accès aux marchés qui affichent des tendances haussières sur les prix de produits alimentaires. Au Tibesti, la consommation alimentaire des ménages est réduite en raison d’un accès limité aux marchés par suite des prix élevés occasionnés par les faibles volumes des flux transfrontaliers. En effet, les impacts de l’insécurité civile dans le sud libyen (hausse du prix du carburant), couplé aux fermetures des frontières décidées en réponse au COVID-19 perturbent les échanges, un des principaux moyens d’existence des ménages. Les revenus sont significativement réduits malgré les stratégies développées (contrebande, orpaillage, commerce de produits alimentaires, etc.). Ils sont confrontés à des déficits de consommation.
Au Sahel Ouest, les ménages qui, en cette période dépendent entièrement des marchés, ont une consommation alimentaire réduite d’adéquation minimale par suite de la hausse des prix et de bas niveaux de leurs revenus. Dans la province du Lac, les ménages déplacés dépendent de l’assistance en Cash, des faibles revenus de la main d’œuvre agricole. Par conséquent, ils ont une consommation alimentaire réduite d’adéquation minimale et ne peuvent s’engager dans des dépenses non alimentaires. Tandis que les ménages hôtes avec qui les déplacés partagent les repas, leurs revenus issus de la vente du bois de chauffe, des produits de cueillette, de l’artisanat sont en baisse à cause des impacts du COVID – 19 et de l’état d’urgence en vigueur. Leur consommation alimentaire est légèrement soutenue par les légumes hivernaux, les faibles quantités de poissons et les prémices des cultures. Dans la plupart d’autres provinces du Sahel notamment celles frontalières du Soudan (Ouaddaï, Sila, Wadi Fira) y compris celles auxquelles est institué le couvre-feu, les ménages continuent d’avoir une consommation alimentaire réduite à cause de la perturbation de leurs moyens d’existence par la pandémie du COVID-19.
La situation actuelle n’a pas affecté les hypothèses utilisées dans le développement du Scénario du FEWS NET le plus probable pour la période de juin 2020 à janvier 2021.
Dans les provinces du Tibesti, les ménages connaîtraient une amélioration de leur situation alimentaire entre octobre 2020 et janvier 2021 à cause de la relance progressive de la vie économique notamment la suspension des restrictions sur le trafic, décidée par le gouvernement en fin juin 2020. Toutefois, ils auraient une consommation réduite d’adéquation minimale ; ils seraient sous Stress (Phase 2 de l’IPC) en raison des fermetures de frontières par suite de la COVID – 19 et l’instabilité sécuritaire au sud libyen qui continueraient de limiter les volumes des flux de produits alimentaires en provenance de la Libye. Les ménages déplacés du Lac dépendraient de l’assistance humanitaire, pour une grande part, mais en partie, des prémices de cultures et des produits de récoltes comme les ménages hôtes. Ils resteraient en Stress (Phase 2! de l’IPC) grâce à l’assistance humanitaire. Les provinces du BEG et du Kanem resteraient en Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’à septembre. Les ménages très pauvres et pauvres de la plupart des provinces du pays connaîtraient une amélioration de leur situation alimentaire à partir d’octobre 2020 grâce à la disponibilité des nouvelles récoltes. L’allègement des mesures sur le trafic, relatives au contrôle du COVID – 19, favorisant les flux internes ainsi que la relance des activités économiques contribueraient à assurer une amélioration de la consommation alimentaire des ménages à l’exception du Lac et du Tibesti. Dans les provinces du Borkou, des deux Ennedi (Est et Ouest) des deux Logone (Occidental et Oriental), Hadjer Lamis et Guéra, des ménages continueraient d’avoir une consommation alimentaire réduite en raison de la perturbation des moyens d’existence des ménages par suite des impacts du COVID – 19 ; ils seraient en Stress (Phase 2 de l’IPC), entre octobre 2020 et janvier 2021.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.