La bonne pluviométrie de juillet et d’août améliore les conditions agropastorales

• Les pluies généralisées enregistrées depuis fin juillet ont améliorées la disponibilité en eau et rehausser le niveau du pâturage. Elles ont permis aussi un bon développement des cultures qui sont globalement au stade de montaison, floraison, et début d’épiaison. Dans les zones pastorales, la disponibilité laitière et un meilleur état d’embonpoint des animaux améliorent les conditions de vie des pasteurs.

• Dans le sahel, la stabilité du prix des céréales avec une légère tendance à la baisse de certains produits sur les marchés tels qu’Abéché, améliore l’accès des ménages aux denrées. L’exception est du sahel Ouest, notamment la zone du Lac Tchad qui connait une campagne agricole perturbée, avec une pluviométrie déficitaire par rapport à la même période de 2014, une dégradation de la situation sécuritaire, une hausse des prix des denrées de base et des difficultés d’approvisionnement à partir de Ndjamena liées au mauvais état de la route en cette période.

• Les régions du sahel Ouest et des zones localisées du Centre et Est du pays resteront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu'à fin septembre, car les ménages pauvres de ces zones continueront à faire face à une consommation alimentaire réduite et ne pourront pas se permettre des dépenses non alimentaires.

Situation agricole

Dans la zone soudanienne (sud du pays), les pluies ont été significatives et généralisées durant la fin du mois de juillet et tout au long du mois d’août. Bien que globalement déficitaires par rapport à la même période de 2014, elles ont tout de même permis une certaine croissance des plants semés. La récente mission FEWS NET effectuée dans le sud du pays a observé un niveau de levée des plants très hétérogènes. Les travaux de semis sont pratiquement clôturés pour les variétés de cycle tardif et les travaux de sarclage sont en cours pour les variétés précoces de riz et de sorgho. Dans les deux Logones par exemple, les autres activités en cours sont la mise en place des buttes pour les patates et le semis de sésame et de niébé.

Dans le sahel Ouest, malgré un démarrage tardif de la saison, les pluies reçues après la première semaine de juillet ont permis aux producteurs de procéder aux semis notamment dans le Bahr El Gazal et le Hadjer Lamis. Bien que la situation reste préoccupante au Lac et dans le Kanem, le mil a été semé avec toutefois un retard de près de trois semaines par rapport à la normale à Bol et ses environs. Tandis que dans le sahel Est, on enregistre depuis fin juillet des pluies avec de bonnes quantités, bien que, le cumul pluviométrique soit inférieur à celui de l’année dernière et à la moyenne. Ainsi, l’évolution de la campagne agricole y est globalement satisfaisante, les activités agricoles en cours sont le sarclage et repiquage pour les céréales.

Main d’œuvre agricole

La main d’œuvre agricole est abondante sur l’ensemble de la zone soudanienne à cause de l’intensité des travaux agricoles en cette période notamment pour les besoins de sarclage en cours. Ainsi, à Béboro dans le département de Bahr Sara, le prix d’une ligne de culture sarclée varie entre 100 à 250 frs contre 100 à 150 frs l’année dernière. Tandis que pour l’arachide, la surface de 250 m² sarclée donne droit à une somme allant de 750 à 1 000 frs CFA contre 500 à 1 000 frs CFA en 2014. Dans la région du Lac, l’offre en main d’œuvre est largement au-dessus de la moyenne à cause de la présence massive des refugiés et de retournés qui proposent aussi leur service pour cette source de revenus. Alors qu’à Abéché par exemple, le cout de la main d’œuvre est en hausse par rapport à l’année passée dont la moyenne était de 2 500 à 3 000 frs, et est cette année de 3 000 à 3 500 frs car l’offre est en baisse.

Situation pastorale

La biomasse est moyenne avec une tendance déficitaire comparée à une année normale. L’eau d’abreuvement est toutefois disponible bien qu’inférieure par rapport à l’année dernière à la même période. Les mares et marigots sont saturés au 2/3 de leur niveau normal. Malgré que le niveau des précipitations soit déficitaire par rapport à la même période de 2014 surtout à Kélo et Pala, l’herbe verte est disponible et le niveau de pâturage s’est nettement amélioré bien qu’inferieur à la normale. La situation phytosanitaire est calme, soutenu par les campagnes de vaccination. Dans la zone sahélienne, la situation pastorale évolue bien dans la plupart des zones où le pâturage s’améliore suite à une pluviométrie régulière depuis fin juillet, hormis dans le Sila, le Ouaddaï, l’Est du Wadi Fira et le Batha Est où on note une régression de la végétation par rapport à la même période de l’année passée.

Marchés céréaliers et prix

Les marchés de consommation tels que Moundou, Doba, N’Djamena, Abéché et Sarh sont toujours bien approvisionnés en denrées alimentaires de base bien qu’en quantités moins importantes que les mois précédents. Les céréales sont disponibles comme en année normale, bien que l’offre soit moins importante que l’année passée à la même période et les prix connaissent de légères hausses par endroit. Dans la zone soudanienne, on constate une augmentation des prix des céréales durant ce mois d’août qui est aussi le pic de la soudure. Le mil pénicillaire par exemple est en hausse de 13,6 pourcent sur le marché de Sarh comparé à août 2014 et le sorgho de 21 pourcent à Moundou. Tandis que sur les marchés de la zone sahélienne, notamment à Abéché, la disponibilité des produits céréaliers reste globalement bonne grâce à la bonne production de la campagne précédente. Cela se traduit par une stabilité des prix sur les céréales de base. Comparativement à l’année dernière à la même période, on note une offre légèrement supérieure par rapport à la demande, et de légères baisses de prix sur le mil, le sorgho et le sésame à Abéché comparée à août 2014. Cette baisse s’explique aussi par la bonne production des cultures de décrue et leur consommation qui a allégé la pression sur la demande en céréales.

La situation actuelle n’a pas affecté la plupart des hypothèses utilisées dans le développement du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de juillet à décembre 2015 à l’exception des prévisions saisonnières. Les prévisions saisonnières actuelles font état d’un cumul de précipitations qui sera moyen pour tout le pays pour le reste de l'année.

Du fait de la la bonne pluviometrie jusqu'a mi-août et qui devrait se poursuivre jusqu’en septembre ainsi que des recoltes moyennes attendues, la situation alimentaire devrait s’ameliorer progressivement. Les ménages pauvres et très pauvres pourront subvenir à leurs besoins alimentaires sans difficulté et consommeront leurs propres récoltes avec moins de dépendance pour les achats sur le marché. Dans les zones pastorales et agropastorales, la disponibilité laitière s’améliorera ainsi que la disponibilité et l’accès à la nourriture. Entre octobre et décembre 2015, la majorité du pays restera en Phase Minimale (Phase 1 de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë. Cependant des zones localisées du Lac Tchad vont continuer à éprouver des difficultés à faire face à leurs besoins alimentaires et non alimentaires suite à la poursuite des vagues de déplacements liés au conflit Boko Haram qui continue à perturber les activités économiques mais aussi les moyens d’existence des populations.