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- Les principaux facteurs déterminants de l’insécurité alimentaire aiguë au Tchad sont constitués par l’afflux continu des réfugiés soudanais et de retournés tchadiens dans les provinces de l’est du pays, les conflits divers affectant plusieurs régions du pays, les chocs climatiques, en particulier les inondations, les couts élevés du transport et la situation macroéconomique morose du pays consécutif à la baisse des revenus pétroliers. En octobre 2024, FEWS NET estimait que 1,5 à 2 millions de personnes auront besoin d’aide alimentaire entre février et mai 2025 au Tchad. À cause de l’afflux des réfugiés, les provinces d’Ouaddai, de Sila, de Wadi Fira, et d’Ennedi Est étaient en insécurité alimentaire aigue de Crise (Phase 3 de l’IPC) à Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) avec des poches de ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC). En outre, la province du Lac était en insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC), en raison des inondations et de la persistance de l’insécurité causée par les attaques des groupes armés terroristes, entraînant des déplacements internes de la population.
- Pendant la période de soudure en cours, de juillet à août 2025, les réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est, les personnes déplacées internes dans la région du Lac et les ménages très pauvres dans les zones rurales et urbaines sont anticipés d’avoir des déficits de consommation alimentaire à cause de l’épuisement des stocks des ménages et la baisse du pouvoir d’achat en raison de la forte concurrence sur les faibles opportunités de travail disponibles due à la suroffre de main-d’œuvre en milieu rural et urbain. Toutefois, au regard des prévisions saisonnières, une amélioration de la consommation alimentaire est anticipée à partir de septembre, début de la période de récolte, jusqu’à décembre 2025, en particulier pour les communautés locales. Cependant, le déficit de consommation alimentaire persistera jusqu’à décembre pour les réfugiés soudanais dans les provinces de l’Est qui ont perdu leur moyen d’existence. Dans le camp d’Iridimi, Wadi Fira, les enfants des réfugiés nouvellement arrivés, ont en particulier des taux de malnutrition aiguë globale (MAG) très élevé de 30 pour cent. Ces réfugiés dépendent surtout des assistances alimentaires, qui sont insuffisantes, comme source de nourriture. En effet, au 20 juin 2025, l’assistance alimentaire effectivement mobilisée par les partenaires ne couvrait que 11,8 pour cent des personnes ciblées par le plan de réponse humanitaire 2025 du Tchad en raison des difficultés de financements auxquelles les acteurs humanitaires font face.
- Depuis janvier 2025, les conditions de la sécurité alimentaire ne se sont pas significativement améliorées en dépit des apports des cultures de contre-saison. L’afflux des réfugiés soudanais et des retournés tchadiens continue dans les provinces de l’Est. Les nouveaux réfugiés arrivés du Soudan depuis avril 2023 s'élèvent à 874 605 personnes au 27 juillet 2025. Selon l'UNHCR, le pays accueille au total plus de 2 millions de personnes déplacées de force dont plus de 1,4 millions de réfugiés, 226 000 déplacés internes, 368 000 migrants retournés dans la province du Lac en provenance du Niger, de la République Centre Africaine et du Soudan et quelques demandeurs d'asile. Ces populations déplacées exercent des pressions sur les ressources disponibles, créent une suroffre de main-d’œuvre, source d’une concurrence intense avec les communautés hôtes sur les rares opportunités de travail. Dans les provinces de l’Est où sont concentrés la majorité des nouveaux réfugiés soudanais, des hausses des prix sont notées, notamment en cette période de soudure.
- Les attaques des groupes armés non étatiques au Lac persistent, malgré leurs niveaux faibles, trois attaques depuis janvier 2025 selon les données d’ACLED. Ces attaques entraînent des déplacements de la population, affectent les moyens d’existence des populations, le fonctionnement des marchés, les activités agricoles et la pêche. Au nord, les activités des groupes rebelles aux frontières avec la Libye perturbent le flux commercial transfrontalier, affectant l’approvisionnement des marchés des provinces du nord et des autres provinces. En outre, les conflits intercommunautaires récurrents ont pris de l’ampleur en 2025 tout en se propageant dans plusieurs provinces dans le pays. Depuis mai 2025, 42 personnes ont été tuées dans le Logone Occidental à la suite de ces conflits, 16 dans le Ouaddai, 17 dans le Mayo Kebbi Ouest et 6 dans le Salamat. Selon International Crisis Group, entre 2021 et 2024, ces conflits agropastoraux ont déjà fait plus d'un millier de morts et 2 000 blessés. Ces conflits intercommunautaires perturbent le déroulement des activités agricoles en cours.
- La période de soudure actuelle, allant de mai à août, est marquée par l’épuisement précoce des stocks alimentaires des ménages en raison de la baisse de 3,8 pour cent de la production céréalière de 2024-2025 par rapport à la moyenne. Cependant, les marchés sont moyennement animés, mais avec une ampleur moindre comparativement à une année normale à cause de la baisse des productions, du coût élevé du transport et de l’insécurité. Toutefois, les disponibilités alimentaires ont été soutenues par les productions assez bonnes des cultures de contre-saison, les importations de produits substituts comme les pâtes alimentaires favorisées à la suite des exonérations de taxes à l’importation des aliments depuis février 2025. Les prix des aliments de base sont de ce fait stables et même en baisse. À Abéché, le prix du mil a diminué de 38 pour cent en juin par rapport à l’année passée.
- La stabilité générale des prix ainsi que les baisses constatées, ont poussé l’inflation à la baisse en passant de 12,1 pour cent en juillet 2024 selon INSEED, à 2,7 pour cent en juin 2025. Les perspectives économiques n’ont cependant pas connu une amélioration majeure en 2025 comparativement à l’année 2024 même si l’inflation a baissé. Normalement, une baisse de l’inflation est indicative d’un pouvoir d’achat accru pour les consommateurs mais cela n’est pas évident dans le contexte du Tchad étant donné le faible pouvoir d’achat des populations. Selon la Banque Mondiale, le taux d'extrême pauvreté devrait augmenter de 1,2 points pour atteindre 40,6 pour cent en 2025, soit 0,5 million de personnes supplémentaires en situation d'extrême pauvreté. Les moyens d’existence ont continué à s’éroder dans le pays notamment dans les zones affectées par l’insécurité, Lac Tchad, les zones affectées par les inondations, et l’Est du pays subissant un afflux massif des réfugiés.
- L’installation de la saison agricole 2025-2026 a déjà commencé mais a accusé des retards dans la majorité des zones agricoles du pays. A la fin juin 2025, la saison agricole ne s’est pas totalement installée au Tchad notamment dans la bande sahélienne. Les retards atteignent un mois à plus localement dans le Sud de la province du Salamat, dans le Guéra et la Tandjilé. Toutefois, les prévisions saisonnières estiment que la saison sera excédentaire avec des cumuls supérieurs à la moyenne saisonnière. Les risques d’inondations sont encore possibles en 2025, comme ce fut le cas en 2024 avec des pertes en vies humaines, de récoltes et des ruptures de routes entrainant des difficultés de transport pour l’approvisionnement régulier des marchés dans les zones reculées.
Citation recommandée: FEWS NET. Tchad Mise à jour des messages clés Juillet 2025: Insécurité alimentaire toujours préoccupante à l’est du Tchad nécessitant une assistance alimentaire plus soutenue, 2025.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.