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La situation sécuritaire du pays reste très fragile avec des détériorations par endroits en septembre. Elle a continué de perturber la mise en œuvre des activités de moyens d’existence par les populations rurales se trouvant dans les zones durement touchées par les conflits. Au 30 septembre le nombre total de PDI en RCA était estimé à 722.101 personnes contre 712.945 en août (CMP, Septembre 2021).
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Au niveau national, la production agricole actuelle est jugée moyenne avec toutefois des niveaux inférieurs à la moyenne dans les préfectures du nord en raison du manque de semences. Il en est de même dans des préfectures du nord-ouest et du sud-est en raison de la présence des groupes armés, l’accès limité aux terres de cultures, aux semences, aux outils et autres intrants agricoles.
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En cette période de récoltes (manioc, maïs, haricots, etc.), les disponibilités alimentaires s’améliorent auprès des ménages et sur les marchés locaux, et sont renforcées par des produits de cueillette, de pêche et de chasse. Les prix des produits locaux sont en baisse ou stable par rapport au mois précédent, tandis que ceux des produits importés restent toujours élevés, et cela est dû principalement aux coûts élevés du transport et aux tracasseries routières le long du corridor Douala - Bangui.
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La fermeture de certains marchés locaux pour cause de conflits et d’insécurité, couplés avec les restrictions au niveau des corridors commerciaux, affecte fortement la disponibilité et l’accessibilité des produits alimentaires de premières nécessités. Par conséquent, les prix des produits importés sont élevés, et le prix médian du panier minimum de survie a augmenté de 20 pour cent.
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Les nouvelles récoltes améliorent les conditions alimentaires de la majorité des ménages qui sont en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) ou Stress (Phase 2 de l’IPC). Cependant, les PDI et les ménages hôtes pauvres feront face un insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) d’octobre à mai 2022. Notamment sont les ménages pauvres des préfectures du sud-est et ceux déplacés des préfectures du nord-ouest qui seront les plus touchés entre février et mai 2022 du fait de l’épuisement précoce des stocks et des faibles niveaux de revenus qui entraineront des déficits de consommation alimentaire.
La situation sécuritaire du pays est demeurée très fragile en septembre et octobre à cause de la persistance des tensions et/ou d’affrontements entre des éléments de groupes armés et les Forces armées centrafricaines (FACA)/Forces bilatérales principalement dans l’ouest et dans la région centre-sud de la RCA. La situation sécuritaire s’est particulièrement détériorée dans les sous-préfectures de Kabo, Bozoum, Bocaranga, Ouanda-Djallé, Bangui, Bria, Paoua, Abba et Alindao qui ont enregistré de nouveaux déplacements de personnes. En outre, une diminution du nombre de nouveaux retournés a été constatée en septembre. L’insécurité et la peur des exactions commises par les groupes armés continuent de limiter l’accès des populations aux terres de cultures, la mise en œuvre des activités de moyens d’existence, l’accès à la nourriture et aux revenus ainsi que l’accès humanitaire. L’approvisionnement des marchés se trouve également perturbé. La situation est davantage préoccupante dans les préfectures de l’Ouham Pendé, de la Basse Kotto, de la Ouaka et dans le Haut-Mbomou. Selon l’enquête EFSA conduite par le PAM et ICASEES en août 2021, 75% des ménages enquêtés identifient l’insécurité comme la principale cause de la fermeture des marchés et des pillages de récoltes.
Mouvements de la population : Selon le rapport de la Commission Mouvement de populations au 30 septembre 2021, le nombre total de Personnes Déplacées Internes (PDI) en RCA était estimé à 722 101 individus dont 179 767 (25%) hébergés dans les sites et 542 334 (75%) dans les familles d’accueil. Cette hausse de 9 156 PDI (soit 1,3 %) des nouveaux déplacements par rapport au mois d’août 2021 s’explique par des foyers localisés de tensions et/ou d’affrontements. Les plus grands nombres de PDI se trouvent dans les préfectures de : Haute-Kotto (84 500), Basse Kotto (97 200), Ouham (75 400), Ouham Pendé (67 800) et dans la Ouaka (55 200). Selon l’analyse IPC réalisée en RCA en septembre 2021, ces préfectures enregistrent les plus hauts pourcentages de population en Crise (Phase 3 de l’IPC), voire en Urgence (Phase 4 de l’IPC). La baisse du nombre de PDI entre mai et juillet résultait de la diminution des foyers de tensions dans le pays. Cependant, une reprise en août et septembre a entraîné une augmentation de 30 000 nouveaux PDI (ref. Figure 1).
Situation dans les zones difficiles d’accès : L’accessibilité des routes constitue une des contraintes majeures dans le pays. Les zones difficiles d’accès enquêtées par REACH dans le cadre de l’évaluation des besoins multisectoriels (MSNA) en 2021 sont les sous-préfectures de la Haute-Kotto, du Haut Mbomou, du Mbomou, Basse-Kotto de l’Ouham, de l’Ouham Pende et de la Vakaga. De manière générale, les 18 sous-préfectures étudiées présentent une tendance aggravée : 80% à 95% des ménages souffrent des difficultés à pratiquer l’agriculture de manière optimale durant cette saison 2021/2022. En effet, de fortes proportions d’agriculteurs des zones difficiles d’accès n’ont pas pu cultiver à cause des problèmes d’insécurité. Ces proportions n’atteignaient en général pas plus de 5% dans les zones avec accès (à l’exception de la Nana-Gribizi avec 22%), mais dans l’Ouham et l’Ouham-Pende ils peuvent atteindre 30% et plus. Ces contraintes logistiques ralentissent drastiquement la transhumance et l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones les plus touchées et enclavées dont le Mbomou, le Haut Mbomou, la Basse-Kotto, le Sud de la Ouaka, et la Vakaga.
Récoltes 2021/22 et disponibilités alimentaires : En cette période de généralisation des récoltes (manioc, maïs, haricots), les disponibilités alimentaires s’améliorent auprès des ménages et sont renforcées par la disponibilité des produits de cueillette, de pêche et de chasse. Les récoltes 2021/22 sont jugées supérieures à la moyenne dans les préfectures du centre et de l’ouest qui sont moins affectées par l’insécurité et les conflits armés. Dans les préfectures du nord, les récoltes seront inférieures à la moyenne en raison du manque de semences, qui a contraint les producteurs à réduire les emblavures. Elles seront également inférieures à la moyenne dans certaines localités des préfectures du nord-ouest et du sud-est en raison de la présence des groupes armés, qui limitent l’accès aux champs pour les récoltes ainsi que les pillages opérés par ces derniers.
Situation des marchés et évolution des prix : Malgré l’amélioration des approvisionnements en denrées alimentaires et autres produits importés du Cameroun, l’on a observé des coûts de transport élevés sur le principal corridor à cause des effets du COVID-19 sur la chaîne d’approvisionnement international. Les prix du riz, du haricot blanc et des produits alimentaires congelés tels que poissons sont ainsi en hausse significative par rapport à l’année passée pour la même période. Par rapport au mois dernier, le prix du haricot blanc a augmenté de 7 à 25 pour cent sur plusieurs marchés dont les plus touchés sont Bocaranga (25 pour cent) et Carnot (20 pour cent), où la situation sécuritaire reste difficile pour les agriculteurs et les commerçants. Avec les premières récoltes, les prix des denrées produites localement comme le manioc, le maïs et l’arachide sont en baisse ou se stabilisent par rapport au mois précédent et aux trois derniers mois sur la plupart des marchés. Ces tendances s’expliquent par le renforcement de l’offre avec l’arrivée de nouveaux produits sur les marchés locaux ainsi que la disponibilité de stocks au niveau des ménages.
Situation Nutritionnelle : La malnutrition demeure une préoccupation majeure sur toute l’entendue du territoire Centrafricain en raison de la combinaison de plusieurs chocs tels que le niveau d’insécurité alimentaire aiguë, les conflits et l’insécurité limitant l’accès aux services sociaux de base, la couverture des interventions nutritionnelles et l’assistance humanitaire pour les populations nécessiteuses couplés à une prévalence élevée de maladies infantiles (la diarrhée, le paludisme, la rougeole et les IRA). Les résultats de l’analyse de l’IPC sur la malnutrition aiguë (IPC AMN) conduite en septembre 2021 dans 68 sous-préfectures et Bangui ont relevé que jusqu’en février 2022, la situation nutritionnelle se dégradera au niveau de 31 sous-préfectures et Bangui qui seront classées en situation Sérieuse (Phase 3 de l’IPC), les autres sous-préfectures seront en Alerte (Phase 2 de l’IPC). Entre mars et août 2022, six sous-préfectures passeront probablement d’une situation nutritionnelle Sérieuse Phase 3 de l’IPC) à une situation Critique (Phase 4 de l’IPC), 21 sous-préfectures passeront d’une situation d’Alerte à une situation Sérieuse tandis que 25 sous-préfectures et Bangui resteront en phase Sérieuse. Cette situation prédit une détérioration de l’état nutritionnel au niveau de près de 214 000 enfants de moins de cinq ans et plus de 98 000 femmes enceintes ou allaitantes qui souffriront probablement de malnutrition aiguë. Parmi ceux-ci, près de 67 000 enfants souffriront probablement de malnutrition sévère nécessitant des soins urgents.
ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES | |
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Nationale | Des productions supérieures à la moyenne dans les préfectures du centre et de l’ouest seront enregistrées grâce aux aides des groupements agricoles (kits/intrants, semences de bonne qualité, formations sur l’agriculture mécanisée), la bonne répartition des pluies, et la légère amélioration du climat sécuritaire constatée au début de la campagne agricole (mars à juin). Ces productions seront cependant inférieures à la moyenne dans les préfectures du nord (réduction des emblavures due à une faible disponibilité de semences) dans les préfectures du nord-ouest et du sud-ouest (présence des groupes armés qui réduit l’accès aux champs). | Les disponibilités alimentaires continueront de s’améliorer pour la majorité des ménages jusqu’en février/mars grâce à la reconstitution des stock et l’accès au manioc, l’aliment de base. |
Les prix des principaux produits agricoles locaux (manioc, maïs, riz local, sorgho rouge, huile de palme et arachide) sont en baisse par rapport à l’année dernière grâce aux récoltes en cours supérieures à la moyenne par endroits et une légère amélioration du climat sécuritaire constatée depuis le début de la campagne. | Les prix des produits alimentaires locaux poursuivront leur baisse saisonnière dans la majorité des régions, contribuant à améliorer l’accès à la nourriture par les populations. Cependant, dans les zones les plus affectées par l’insécurité et les conflits, les prix resteront plus élevés, malgré la baisse saisonnière, limitant ainsi l’accès à la nourriture par les ménages pauvres et ceux déplacés. | |
Les prix des produits alimentaires importés tels que le riz, le haricot blanc, l’huile raffinée, la farine de blé et le poisson ont enregistré des hausses par rapport à l’année passée. En effet, le prix d’un kilogramme d’haricot sur le marché de Kaga-Bandoro est passé de 8.500 F/CFA en 2020 à 12.000 F/CFA en 2021. Cette inflation est due à l’augmentation des taxes douanières sur les produits alimentaires et non-alimentaires en provenance du Cameroun, d’additionnels frais illégaux, des tracasseries et restrictions portuaires et routières, la suspension du transport routier sur l‘axe Bangui-Douala par de nombreux commerçants grossistes et enfin au regard de la situation sécuritaire volatile du pays. | Les prix des produits alimentaires importés resteront élevés jusqu’en mai du fait de l’augmentation des coûts de transport, les paiements illégaux le long des corridors commerciaux et le climat général d’insécurité. | |
L’instabilité et l’imprévisibilité de la situation sécuritaire du pays affectent négativement les activités agricoles, l’approvisionnement des marchés locaux ainsi que les activités des organismes étatiques et humanitaires. Le déplacement continuel des populations dû aux conflits, l’inaccessibilité de certaines zones par les humanitaires pour délivrer l’assistance, exposent davantage les ménages les plus pauvres et ceux déplacés à l’insécurité alimentaire. | Une soudure précoce et plus longue (avec un début précoce en mars au lieu d’avril en année normale) est à prévoir dans les zones de conflits abritant des ménages déplacés et d’accès difficiles. | |
La dégradation avancée des routes dans le pays risquerait de constituer l’un des facteurs contributifs de la possible augmentation des prix des produits agricoles de base ainsi que l’indisponibilité de produits sur les marchés. |
Sur le plan national, les récoltes en cours jugées moyennes, l’accroissement des disponibilités auprès des ménages et sur les marchés, la baisse des prix des denrées locales par rapport à l’an dernier, continueront d’améliorer les conditions d’alimentation de la majorité des ménages jusqu’en mai. Ainsi, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) pourrait prévaloir dans les préfectures du centre et de l’ouest plus calmes sur le plan sécuritaire entre octobre et janvier 2022.
Dans les préfectures du nord, les récoltes en-dessous de la moyenne et la faiblesse des revenus (découlant des entraves liées aux marchés) exposent les ménages pauvres hôtes et retournés à une insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) entre octobre et janvier 2022. Dans les préfectures du nord-ouest, les ménages qui font face à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) entre octobre et janvier 2022 pourraient basculer en Crise (Phase 3 de l’IPC) entre février et mai du fait de l’épuisement précoce des stocks et des faibles niveaux de revenus. Dans les préfectures du sud-est où l’on note une forte présence des groupes armés qui perturbe grandement l’activité agricole et en particulier l’extraction minière (sources principales de revenus des populations), les PDI et les ménages hôtes pauvres sont plus dépendants du marché et de l’assistance humanitaire. Ils resteront exposés à la Crise (Phase 3 de l’IPC) entre octobre et mai 2022.
Dans les zones plus affectées par l’insécurité, et où la situation alimentaire reste préoccupante pour les déplacés et les ménages hôtes les plus pauvres, la situation nutritionnelle connaitra une détérioration à partir d’avril/mai du fait de la faiblesse des revenus, de la quasi-dépendance du marché pour leur alimentation couplé du faible accès aux services de santé.
Source : Commissions des Mouvements de Populations (CMP), Septembre 2021
Source : FEWS NET
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