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- En février, la saison sèche se poursuit dans toutes les zones agro climatiques du pays. Les ménages les plus pauvres, dont les réserves alimentaires sont épuisées et qui dépendent présentement du marché dont les prix demeurent élevés, sont contraints à une insécurité alimentaire aigüe de phase Stress (Phase 2 de l’IPC). En revanche, dans les zones où la situation sécuritaire est précaire, notamment dans la Haute-Kotto et le Haut-Mbomou, les ménages vient une insécurité alimentaire de phase crise (Phase 3, de l’IPC) du fait de l’insuffisance de production agricole et de l’insécurité qui prive les ménages de leurs moyens d’existence habituels. Dans les zones relativement calmes, la grande majorité des ménages disposent encore de réserves alimentaires suffisantes pour leur assurer une insécurité alimentaire aigüe Minimale (Phase 1, IPC).
- Les niveaux de prix des denrées alimentaires sont toujours élevés du fait de la demande des ménages en forte croissance à l’approche de la soudure et des pénuries et des perturbations d’approvisionnement en carburant. Cette augmentation des prix est plus importante dans les zones les plus touchées par le conflit. Par exemple, les prix du riz et du manioc à Obo sont 79 et 48 pour cent supérieurs à la moyenne de l’année dernière et 43 et 29 pour cent supérieurs à la moyenne quinquennale, respectivement.
- Les conflits et les décès associés aux combats se sont relativement stabilisés en 2023, toutefois, la situation sécuritaire demeure précaire dans certaines localités (notamment l’Ouham-Pendé, le Haut-Mboumou, la Vakaga, et la Haute-Kotto) et on continue d’enregistrer des cas de violences contre les civils occasionnant des déplacements de populations. Au 31 décembre 2023, l’OIM a répertorié 470 406 personnes Déplacées Internes (PDI) parmi lesquels on compte de nombreux nouveaux déplacés dus aux inondations, à l’activisme des groupes armés ainsi que les victimes de conflits liés à la transhumance. On note cependant que, malgré l’instabilité persistante dans certaines zones, le retour des PDI dans leurs localités d’origine se poursuit avec plus 237 900 retournés au cours des 12 derniers mois de 2023.
| Zone | Anomalies Actuelles | Anomalies Projetées |
|---|---|---|
| Nationale |
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Figure 1
Source: Données PAM
Dans la partie sud, sud-est, centre et ouest du pays, les ménages agricoles sont en plein travaux champêtres et les premières pluies significatives qui interviendront entre mars et avril vont permettre la mise en place des cultures d’arachide, de maïs et de manioc. Toutefois, en dépit de l’accalmie observée dans plusieurs localités et les retours de certains PDI dans leurs localités d’origine, la réduction des mouvements et l’accès difficile des populations à leurs champs, pourraient perturber les opérations de préparation des sols en cours. De même, la limitation de l’approvisionnement des marchés va réduire l’accès des ménages aux intrants. Dans l’ensemble, on pourra s’attendre à ce que les superficies qui seront emblavées cette année soient supérieures à celles de la dernière campagne agricole du fait du retour progressif de la sérénité dans plusieurs localités mais elles resteront en deçà de leur niveau d’avant la crise car certaines zones restent inaccessibles du fait de l’insécurité et de la disponibilité limité d’intrants agricoles de qualité, notamment en engrais et semences améliorées.
Figure 2
Source: Données PAM
A l’approche de la soudure au sud, les ménages agricoles dépendent dans leur grande majorité, du marché pour leurs approvisionnements en denrées alimentaires de base. Cependant, l'accès au marché est en général assez difficile car les pistes sont extrêmement dégradées et les marchés sont en général situés loin des villages. Avec le démarrage des pluies en avril, l’offre en cossette de manioc, principale denrée de base, ne permettra pas de couvrir la demande des ménages, car la fréquence des pluies réduit les capacités de séchage des cossettes et limite l’offre. Pour faire face aux difficultés d’accès à la nourriture, les ménages pauvres seront contraints de développer des stratégies d'adaptation telles que la collecte d'aliments sauvages ainsi que la migration vers les zones minières. En revanche, la récolte du premier cycle de maïs qui va intervenir dès le mois de juillet permettra d’atténuer les difficultés d’accès à la nourriture en période de soudure.
Dans les zones les plus touchées par le conflit comme le Haut-Mbomou et la Haute-Kotto, certains ménages ne peuvent accéder à leurs champs, aux espaces de cueillette, de chasse ou de pêche qu'à une distance maximale de 10 kilomètres de leurs villages, et même parfois moins, en raison de l'insécurité causée par la présence de groupes armés. Les ménages démunis font face à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC) pendant la période de soudure entre avril et juillet. Ce manque d'accès à la nourriture et aux sources de revenus typiques les oblige à vendre leurs biens liés aux moyens de subsistance ou à recourir à des stratégies d'adaptation de crise ou pire qui pourraient impliquer la vente d'actifs productifs ou de moyens de transport, ou encore la consommation de leurs réserves de semences faute d'argent pour acheter de la nourriture.
A partir du mois de mars, les retours des transhumants du sud vers le nord vont démarrer. Cette remontée du troupeau qui est généralement marquée par des tensions entre éleveurs transhumants, groupes armés, et population sédentaire (agriculteurs), serait un peu plus apaisée à cause des dispositions prises par le gouvernement (sensibilisations, organisation des couloirs de transhumance etc) en vue d’une transhumance apaisée.
Dans le nord du pays, la saison sèche en cours va se poursuivre jusqu’à mai et les ressources naturelles constitueront une importante source de revenus pour les ménages pauvres. La fabrication de beurre de karité à partir de produits de cueillette, la vente des fruits sauvages et la chasse seront les principales activités au cours de la période. Ces activités permettront aux ménages d’avoir des revenus pour acheter de la nourriture, alors que les stocks vivriers s’amenuisent à l’approche de la période de soudure. Cependant, l'insécurité liée à la présence de groupes armés va continuer à limiter l’accès aux ressources naturelles et aux marchés, ce qui va affecter négativement les moyens d'existence des ménages dans les zones toujours infestées de rebelles.
Dans l’ensemble, entre juin et septembre, la situation alimentaire aigüe des ménages pauvres au nord sera marquée par une consommation alimentaire limite du fait de l’épuisement des stocks vivriers, des revenus limites ne leur assurant pas un accès adéquat à la nourriture et une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) pour la plupart d’entre eux, avec des populations en nombre croissant, confrontées à de larges déficits de consommation indicatif d’une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire notamment parmi les populations déplacées internes (PDI), les réfugiés et les victimes d’inondations.
Citation recommandée: FEWS NET. République centrafricaine Mise à jour du suivi à distance Février 2024: A l’orée de la soudure, l’amenuisement des stocks et les coûts des aliments creusent les déficits de consommation., 2024.
Dans le suivi à distance, un coordinateur travaille d’un bureau régional avoisinant. En comptant sur les partenaires pour les données, le coordinateur applique l’approche de développement des scenarios pour faire l’analyse et élaborer les rapports mensuels. Comme les données peuvent être moins disponibles que dans les pays avec des bureaux de FEWS NET, les rapports de suivi à distance peuvent montrer moins de détail. Pour en savoir plus sur le travail, clique ici.