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La violence contre les civils reste une préoccupation au dernier trimestre de 2018, qui a été marqué notamment par les attaques contre des personnes déplacées (PDIs) sur les sites de Batangafo et Alindao. L’aide alimentaire humanitaire demeure sous-financée et irrégulière. Compte tenu des déficits de consommation alimentaire existants pour les PDIs et les communautés hôtes dans les zones les plus vulnérables, sans accès fiable aux rations, les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pires sont attendus jusqu’en mai.
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Avec les récoltes en cours, la disponibilité alimentaire et les revenus tirés de la vente des récoltes pour les ménages ne se trouvant pas dans les sites de PDIs sont élevés mais restent en dessous du niveau d’avant la crise. Les stocks des ménages devraient être épuisés d’ici mars, ce qui permettra de commencer tôt la période de soudure. De nombreux ménages continuent d’être affectés par les rackets et taxes illégales imposées par les groupes armés. En conséquence, un nombre croissant de ménages ne sont pas capables de faire face aux principales dépenses non alimentaires, notamment la santé et l’éducation, et sont en Stress (Phase 2 de l’IPC).
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Dans les sites de forte concentration de PDIs (Alindao, Bambari, Bria, Kaga Bamdoro, Batangafo), la majorité des ménages ont un accès limité aux champs pour pratiquer l’agriculture et reste dépendante de l’assistance alimentaire humanitaire et des achats de nourriture. Compte tenu du début précoce de la période de soudure, les prix des produits alimentaires vont augmenter plus tôt que la normale. Plus de PDIs sur les sites et de populations hôtes devraient adopter des stratégies de crise en matière consommation et de moyens d’existence.
Zones | Anomalies Actuelles | Anomalies Projetées |
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Nationale |
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Perspectives projetées à janvier 2019 :
Les derniers mois de 2018 ont été marqués par des incidents de sécurité, notamment les attentats d'Alindao et de Batangafo, et par la montée des tensions due à la fragmentation des groupes armés. Bien que la violence contre les civils soit moins meurtrière que 2017, le nombre d'incidents en 2018 par rapport à 2017 a augmenté de 20% (Figure 1). Cependant, les améliorations relatives de la sécurité dans certaines parties de la RCA, attribuées aux FACA et à MUNISCA, ont encouragé le retour de plus de 172 000 personnes déplacées, principalement dans les préfectures d'Ouham Pendé, Nana-Gribizi et Mbomou. De janvier à septembre, le nombre de retours a dépassé les nouveaux déplacements, mais le taux de retour a considérablement diminué au troisième trimestre. De 41 107 entre 2013 et 2017 à 66 617 entre janvier et octobre 2018, le nombre de retours de réfugiés a augmenté de 62 pour cent. Les réfugiés de retour sont principalement reçus à Bangui, à Mbomou (pour les retours de la République démocratique du Congo) et à Ouham-Pendé (pour les retours du Cameroun).
Les récoltes des principales cultures vivrières sont presque achevées pour le maïs et l’arachide et se poursuivent pour le mil, le sorgho et le manioc. La récolte du coton a aussi commencé dans le centre et le centre ouest et celle du café et de agrumes dans le sud-ouest. Ces récoltes devraient rester en-dessous de la moyenne d’avant la crise en raison d’une part, des déficits pluviométriques localement enregistrés tout au long de la saison et l’accès limité des ménages à leurs champs en raison des menaces de groupes armés d’autre part. Ces récoltes, ainsi que les aliments sauvages, constituent la principale source de nourriture et de revenus des ménages hôtes et déplacés hors sites. Cependant, le niveau de revenu est insuffisant pour permettre l'accès à toutes les dépenses non alimentaires et aux services de base de santé et d'éducation. Par conséquent, la plupart des ménages sont actuellement en Stress (Phase 2 de l'IPC).
Dans les sites de forte concentration de déplacés (Alindao, Bambari, Bria, Kaga Bamdoro, Batangafo), on estime que plus de 70 pour cent des PDIs dépendant fortement de l’assistance humanitaire car ne peuvent pas pratiquer l’agriculture en raison principalement de l’accès difficile à la terre arable. Les attaques récentes sur les sites de Batangafo et Alindao ont entrainer des déplacements de 30 000 et 18 000 personnes, respectivement, et une hausse des besoins d’assistance. Ainsi, en début novembre, des rations alimentaires pour 20 jours ont été distribuées au moins à 60 pour cent des PDIs sur les sites de Bria, Batangafo et Alindao. A l’ouest du pays, dans les préfectures de Nana-Mambéré, Mambéré Kadaï, et Sangha Mbaéré, les zones plus stables, les PDIs et familles hôtes ont bénéficié en fin octobre de distribution de vivres ou de transferts monétaires pour faciliter leur réinstallation. Cependant, ces distributions sont irrégulières et l'assistance alimentaire couvre généralement moins de 10 pour cent de la population totale. En conséquence, la plupart des PDIs et des familles hôtes font face à des déficits de consommation alimentaire et font actuellement les résultats de Crise (Phase 3 de l'IPC) ou les résultats encore pires.
Perspectives projetées de février à mai 2019 :
Malgré les efforts de sécurisation du territoire par le gouvernement central et ses partenaires, la persistance des tensions entre groupes armés, surtout vives dans les préfectures de Ouaka, Ouham, Haute-Kotto, Mbomou et Nana-Grebizi, les conflits intercommunautaires fréquents dans les préfectures de Mbomou, Basse-Kotto et Haut-Mbomou, devraient persister et provoquer des déplacements. Dans ces zones de haute tension, les moyens d’existence des populations sont étroitement liés à l’exploitation minière surtout pendant la période post-récoltes de novembre à mars. Cependant, les activités minières sont maintenant sous le contrôle des groupes armés, ce qui empêche les ménages d’entreprendre ces activités et réduit la migration saisonnière vers ces zones. Ainsi, les revenus et les transferts habituellement générés de cette activité resteront bas de même que leur contribution à l’achat de la nourriture.
En février, les actes criminels, les barrages routiers et les taxes illicites par les groupes armés, vont continuer à faire perdre des revenus aux ménages pendant la commercialisation des produits de rente (coton, café, agrumes). Avec des productions agricoles en-dessous de la moyenne, les stocks des ménages pauvres vont s’épuiser précocement dès le mois de mars pour les préfectures du nord et à partir d’avril pour le reste des préfectures. La période de soudure devrait commencer tôt et la dépendance des ménages de PDIs et ménages hôtes des marchés sera accrue de mars à mai au moment où les prix des denrées de base sont saisonnièrement élevés. La hausse saisonnière des prix des denrées de base tient non seulement à la faiblesse de l'offre sur le marché, mais également à la diminution des importations en provenance du Cameroun et du Tchad, la saison des pluies (avril à septembre) détériorant le réseau routier et rendant difficile l'accès au marché. En plus, au début du pic de migration du bétail en février et à la fin du mois de mai, les régions du sud et de l'ouest accueillent habituellement des transhumants transfrontaliers, ce qui accroît le risque de conflit fondé sur les ressources avec les agriculteurs locaux. De ce fait, le nombre de PDIs et ménages pauvres hôtes en Stress (Phase 2 de l’IPC) dans le sud et ouest du pays vont augmenter jusqu'en mai, car ils dépendent davantage des aliments sauvages et adoptent des stratégies d'adaptation à la consommation stressée, comme réduire le nombre de repas quotidiens.
La hausse des prix des denrées de base aura un impact sur les PDIs et les familles d’accueil dans les zones les plus vulnérables, compte tenu de leur dépendance généralement beaucoup des achats de produits alimentaires sur le marché. De plus compte tenu que le financement de l'aide alimentaire humanitaire est insuffisant et que l'accès à celle-ci est limité par la multiplication des incidents de sécurité, la plupart des ménages de PDIs et de familles d’accueil ne devraient pas recevoir de rations régulières. L'aide aux personnes retournées des pays voisins devrait également être sous-financée et inégale. En effet, leur nombre pourrait augmenter car, outre l'amélioration des conditions de sécurité dans le pays, 30 pour cent des rapatriés citent les difficultés économiques des pays voisins comme raison de leur retour. Les aides financières en soutien au retours volontaires ne sont pas suffisantes pour des retournés qui doivent reconstruire leurs habitations et s’investir dans la relance des acticités agropastorales. En conséquence, les ménages de personnes déplacées internes, de rapatriés et de communautés d'accueil devraient être en Crise (Phase 3 de l'IPC) ou pire jusqu'en mai.
Source : ACLED/FEWS NET
Source : FEWS NET
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