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Le conflit en République Centrafricaine (RCA) continue de perturber fortement les sources alimentaires et de revenus des ménages dont les plus touchés, en particulier les personnes déplacées internes (IDP), ont des déficits de consommation alimentaire équivalents à une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC), ou plus. Même si les récoltes en cours atténuent les besoins actuels d’aide, environ un million de personnes pourrait nécessiter une assistance lors de la période de soudure 2015 (mai à septembre). Des niveaux très élevés de malnutrition aiguë et de mortalité ont également été enregistrés dans les camps de réfugiés de la République Centrafricaine au Cameroun. Tant pour les réfugiés que pour les IDP, une aide urgente est nécessaire pour appuyer les ménages à satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux et pour traiter la malnutrition aiguë.
Selon les estimations de la Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire (CFSAM), la production agricole nationale de la République Centrafricaine, en 2014, a baissé de 58 pour cent par rapport à la moyenne avant le conflit. Les stocks alimentaires estimés pour un nombre sélectionné de préfectures devraient durer deux à sept mois cette année contre quatre à onze mois en période normale. Les bilans alimentaires faits par la CFSAM indiquent également qu’en intégrant la production agricole projetée, les importations alimentaires et les niveaux de l’aide humanitaire, la RCA devra probablement faire face à un déficit de plus de 80.000 tonnes de céréales et de manioc (en équivalent céréales). Même si les récoltes en cours fourniront à court terme de la nourriture à la majorité des ménages non déplacés, leur accès alimentaire par le biais d’achats sur les marchés sera probablement limité vers la fin de l’année de consommation (octobre 2014 à septembre 2015), en raison de revenus anormalement bas provenant de sources telles que les ventes d’animaux d’élevage.
Le conflit a provoqué le déplacement persistant de 409.000 personnes à l’intérieur du pays. À l’heure actuelle, l’insécurité alimentaire est plus sévère chez les IDP qui ne peuvent pas cultiver. À partir de novembre, cette population fait face à des déficits de consommation alimentaire et à un épuisement des ressources correspondant à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou plus. Cette situation est en phase avec une enquête récente menée par l'IOM en septembre 2014 sur les IDP à Bangui, qui avait relevé que la majorité des ménages interrogés indiquaient qu’ils diminuaient leur consommation alimentaire (94 pour cent), passaiennt plus d’une journée sans manger (85 pour cent) et vendaient leurs biens pour acheter de la nourriture (66 pour cent). Il est probable le nombre de personnes affectées et la sévérité de l’insécurité alimentaire, augmentent en 2015. Les besoins d’aides alimentaires pourraient se situer ou dépasser pour un (1) million de personnes. Au cours du mois de septembre 2014, les distributions alimentaires du PAM avaient atteint 256.000 personnes.
Les conditions des réfugiés au Cameroun exigent également une grande attention. Une évaluation multisectorielle en août/septembre, menée par l’UNICEF et le ministère de la Santé du Cameroun sur le site de Timangolo abritant les réfugiés de CAR, avait étudié un échantillon de 351 enfants, âgés de 6 à 59 mois, et avait constaté une prévalence préliminaire de malnutrition aiguë globale (MAG) s’élevant à 41,1 pour cent (95 pour cent CI : 36.0 – 46,4), dépassant nettement le seuil critique de l’OMS. Elle avait également relevé un taux brut de mortalité préliminaire chez les enfants de moins de 5 ans équivalent à 4 décès/10.000/jour (95 pour cent CI : 3,04 – 5,23) sur une période de rappel de 8 mois, qui pouvait inclure le temps passé en République Centrafricaine ou au Cameroun. Même si la cause des décès rapportés n’était pas spécifiée pour les enfants de moins de 5 ans, la malnutrition comptait pour 17,4 pour cent des décès dans la population générale, tandis que les maladies diarrhéiques, fiévreuses et respiratoires représentaient un autre taux de 28,1 pour cent. Bien que ces résultats ne concernent que la malnutrition et la mortalité sur un seul site, ils reflètent les conclusions d’autres enquêtes et programmes de surveillance (MSF, UNHCR/UNICEF/PAM) réalisés sur d’autres sites depuis avril, et qui signalent des niveaux MAG extrêmement élevés chez les populations réfugiées au Cameroun.
Une aide humanitaire est nécessaire de toute urgence, en particulier pour les IDP en République Centrafricaine et les réfugiés au Cameroun, dans le but d’éviter des déficits de consommation alimentaire, et pour prévenir et traiter la malnutrition aiguë. En République Centrafricaine, étant donné le déficit alimentaire national projeté, des efforts doivent également être faits afin de garantir la disponibilité alimentaire locale. Par ailleurs, compte tenu de l’insécurité civile, les organisations humanitaires ont été obligées de limiter ou de suspendre provisoirement les distributions dans certains endroits. Par conséquent, l’accès humanitaire doit être amélioré dans les zones les plus affectées par le conflit pour garantir que l’aide atteigne de manière efficace les populations en insécurité alimentaire dans ces zones.
Source : UNHCR