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Pluies excédentaires, favorables à une bonne production agricole, mais ont conduit à des inondations

Pluies excédentaires, favorables à une bonne production agricole, mais ont conduit à des inondations

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  • Messages clé
  • Résumé
  • Contexte de la sécurité alimentaire
  • Conditions actuelles de sécurité alimentaire en octobre 2024
  • Analyse des principales sources de nourriture et de revenus
  • Assistance alimentaire humanitaire
  • Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en octobre 2024
  • Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’au mai 2025
  • Résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë de mai 2025
  • Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë
  • Messages clé
    • Résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) seront observés d’octobre 2024 à mai 2025 dans les régions de Tillabéry et de Diffa, au nord-ouest de Tahoua et au sud-ouest de Maradi suite aux conflits et à l’insécurité. En effet, la crise sécuritaire provoque le déplacement forcé des populations, perdant leurs sources de nourriture et de revenus. En outre, dans ces régions, les ménages pauvres déplacés qui sont en plus affectés par les inondations seront en Urgence (Phase 4 de l’IPC), mais ils représentent moins de 15 pour cent de la population. 
    • FEWS NET estime que 2.0 à 2.49 millions de personnes auront besoin d'assistance alimentaire, qui atteindrait le maximum entre février et mai 2025. La population la plus préoccupante est constituée par des ménages pauvres et très pauvres des zones d’insécurité, des personnes déplacées et des victimes des inondations.
    • Résultats de Minimale (Phase 1 de l’IPC) sont observés dans les zones agricoles, agropastorales et pastorales entre octobre 2024 et janvier 2025. Les nouvelles récoltes estimées bonnes améliorent l’accès des ménages à la nourriture et aux revenus dans les zones agricoles et agropastorales. Aussi, dans les zones pastorales, les disponibilités en pâturages et en eaux sont bonnes améliorant l’état d’embonpoint, la valeur marchande et la production laitière des animaux, ainsi que la consommation alimentaire et les revenus des ménages. 
    • Résultats de Stress (Phase 2 de l’IPC) généralisés sont attendus entre février et mai 2025 dans les zones agricoles et agropastorales. Les ménages pauvres dépendent des marchés pour leur nourriture à cause de l’épuisement des stocks et du niveau des prix des aliments très élevé réduisant leur pouvoir d’achat et leurs dépenses alimentaires. Également dans les zones pastorales, en raison des baisses des ressources pastorales et de l’accès limité aux paturages en zones d’insécurité, les prix des anuimaux seront en baisses, limitant les capacités d’achat d’aliments pour les ménages éleveurs.

    L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 20 octobre 2024.

    Résumé
    Figure 1. Nombre de personnes sinistrés des inondations par région, octobre 2024

    Source: : ministère de l’Action humanitaire et de la gestion des catastrophes

    Les conflits, le facteur déterminant de l’insécurité alimentaire au Niger, entraînent les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) dans les régions de Tillabéry, de Tahoua, Diffa et Maradi. Ces résultats vont persister d’octobre 2024 jusqu’en mai 2025 et certaines catégories de ménages très pauvres seront même en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Les conflits ont causé des déplacements des populations, des abandons de terres cultivables, ainsi que des perturbations de l’approvisionnement et du fonctionnement des marchés. Les ménages sont confrontés à la baisse de leur production agricole, à la hausse des prix des denrées alimentaires, à des revenus faibles ou inexistants et à des moyens d’existence limités en raison de l’insécurité, ce qui entraîne des déficits de consommation alimentaire. 

    Les pluies exceptionnelles et bien réparties dans le temps et dans l'espace enregistrées dans tout le pays sont très favorables à une production estimée bonne pour les cultures céréalières, de rente et pour les pâturages. Pourtant, les précipitations excédentaires ont engendré des inondations, qui ont impacté significativement des populations et leurs biens et équipements, dont environ 25 000 têtes de bétail perdues, environ 24 000 hectares de cultures endommagéesLes victimes des inondations sont estimées à environ 1.5 millions de personnes et les impacts négatifs sont importants et durables sur les moyens d’existence des populations affectées (Figure 1). 

    L’accès humanitaire est entravé par les incidents sécuritaires et les mesures de mitigation des effets de l’insécurité en cours. Dans les régions de Diffa et Maradi, les ménages étaient bénéficiaires d‘assistances alimentaires qui atteignaient plus de 30 pour cent de la population jusqu’en avril 2024. Toutefois, les mesures sécuritaires d’interdiction des mouvements des personnes dans ces zones, y compris les acteurs humanitaires, empêchent l’acheminement de l’aide alimentaire dans toutes les régions touchées.

    Dans les zones agricoles et agropastorales, les stocks des ménages, sont en cours de reconstitution à la faveur de résultats satisfaisants d’une campagne agricole ayant bénéficié de bonnes conditions pluviométriques. Les cultures céréalières dont une bonne partie est déjà récoltée fournissent la nourriture aux ménages et offrent aussi des opportunités de revenus de ventes de cultures et de main d’œuvre agricole. Les résultats de l’insécurité alimentaire dans ces zones sont en Minimale (Phase 1 de l’IPC) entre octobre 2024 et janvier 2025. Pourtant, entre février et mai 2025, des résultats de Stress (Phase 2 de l’IPC) sont attendus compte tenu de la dégradation saisonnière de la disponibilité alimentaire issue des récoltes et du pouvoir d’achat des ménages. 

    Dans la plupart des zones pastorales, des résultats de Minimal (Phase 1 de IPC) et de Stress (Phase 2 de IPC) sont attendus. Les pluies favorables se traduisent par une amélioration de l’état corporel du bétail, de la valeur marchande et la production laitière en octobre 2024 jusqu’en janvier 2025. Ainsi, la nourriture et les revenus de la production laitière et de la vente de bétail devraient être suffisants pour permettre à la plupart des ménages de couvrir leurs besoins alimentaires de base. Toutefois, les stocks fourragers et les points d’eaux vont s’amenuiser selon la tendance saisonnière entre février et mai 2025 dans la plupart de la zone pastorale et les ressources pastorales en zones de conflit seront inaccessibles et cela va conduira en une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC). 

     

    Contexte de la sécurité alimentaire

    L’évolution en hausse de la puissance des organisations extrémistes violentes au Mali, se sont étendues dans les pays voisins de la région de Liptako-Gourma depuis 2015. Les deux principaux groupes extrémistes impliqués dans les attaques au Niger, en particulier des régions de Tillabéry et Tahoua, sont les Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) et l’État Islamique de la Province du Sahel (IS Sahel). Tandis que dans le bassin du Lac Tchad, le Boko Haram qui s’est transformé en État Islamique de la Province de l’Afrique de l’Ouest est l’acteur principal des attaques dans les régions de Diffa et Maradi, ce sont des bandits organisés en provenance des États du Nord-Ouest du Nigéria. Les incursions et les attaques de ces groupes armés ont entraîné des déplacements massifs des populations, de l’abandon des champs de culture et des pertes de bétail, impactant les moyens d’existence des ménages. En outre, ces attaques ont affecté le fonctionnement et l’accès aux marchés, perturbant les flux internes et transfrontaliers des produits alimentaires. Toutefois, les attaques dans ces différentes régions suivent une variation saisonnière avec une diminution des attaques pendant la saison des pluies, en raison des inondations qui limitent les mouvements de ces groupes armés. 

    Les ménages pauvres des zones rurales dépendent de l’élevage et des travaux agricoles comme source de revenus et de nourriture. La production céréalière est dominante dans les zones de moyen d’existence agricole et agropastorale, principalement le mil et le sorgho. La période d’octobre-décembre coïncide avec la période de récoltes pendant laquelle les stocks des ménages sont reconstitués et durent normalement environ quatre à six mois, les prix des produits alimentaires sont stables et les ménages dépendent moins des marchés comme source de nourriture. À partir de janvier, les ménages auront accès aux produits maraichers qui durent jusqu’en mai. Dans les zones pastorales, la situation s’améliore dès octobre grâce à la disponibilité des pâturages qui permettra d’améliorer la valeur marchande des animaux. Les ménages pasteurs dépendent des ventes du bétail comme source de revenus et des marchés pour leurs aliments. Le Niger dépend aussi de l’importation de quelques céréales, en particulier le riz. 

    Depuis juillet, les effets cumulatifs des pluies saisonnières supérieures à la moyenne ont entraîné des inondations dans l’ensemble du pays, causant la perte de bétail, la destruction d'infrastructures équipements (maisons, routes et formations sanitaires) et de terres agricoles, entravant l'accès aux activités de moyens d’existence, aux aliments, aux services de santé et de nutrition et aux marchés. Les zones les plus affectées sont les régions de Maradi, Zinder et Tahoua.     

    Le contexte macroéconomique : La croissance économique du Niger a repris en 2022 après le choc économique causé par la pandémie de COVID-19 en 2020-2021. Cependant, les sanctions économiques en 2023 ont impacté négativement la situation macroéconomique résultant de la baisse du PIB à 1,4 pour cent. Le Niger a connu une augmentation modérée du taux d’inflation en moyenne annuelle à 3,7 pour cent en 2023 par rapport à 2022. Cependant, le taux d’inflation a été en dessous de trois pour cent pendant le premier semestre de 2023 et a augmenté à partir de juillet pour atteindre le pic de 15 pour cent en juin 2024 suite à la réduction des flux transfrontaliers liée à la fermeture de la frontière avec le Bénin avant d’évoluer à la baisse et se situer à 10 pour cent à partir d’août 2024. 

    Figure 2. Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source: FEWS NET

    Conditions actuelles de sécurité alimentaire en octobre 2024

    L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section.

    Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).

    Principaux dangers 

    Les conflits et l’insécurité : 

    Le Niger continue de faire face à des conflits et une insécurité civile persistante dans les régions de Tillabéry, Diffa, Tahoua et Maradi où les attaques terroristes provoquent des pertes en vies humaines et en actifs productifs, et perturbent le fonctionnement des marchés et des activités de moyens d’existence. Selon les données de suivi de ACLED, le nombre d’incidents sécuritaires liés aux activités des groupes terroristes au Niger recensés pendant la période de janvier à septembre 2024 est de 349 cas contre 332 cas à la même période en 2023, soit une augmentation de cinq pour cent (Figure 3). Les victimes occasionnées par cette recrudescence des actes terroristes sont estimées à 1 466 personnes pour la même période, représentant une augmentation de 114 pour cent par rapport à 2023. Les impacts de cette crise sécuritaire se sont étendus au-delà des quatre régions, de plus en plus vers la région de Dosso. En plus de ces pertes en vies humaines, les attaques terroristes forcent les populations à abandonner leurs zones d’attache et leurs activités de moyens d’existence. En effet, la situation des déplacements de populations mise à jour en septembre 2024 par le UNHCR indique un total de 970 653 personnes en déplacements forcés dont 507 438 personnes déplacés internes. Ces déplacements internes des populations induisent des abandons de champs de cultures qui sont observés dans 63 villages agricoles situés dans la région de Tillabéry où, en 2023 les champs de culture abandonnés sont enregistrés au niveau de 41 villages agricoles selon le ministère de l’Agriculture et de l’élevage. La région de Tillabéry est la plus impactée avec 51 pour cent des cas d’incidents sécuritaires, 69 pour cent des décès, 44 pour cent des personnes déplacées internes dus aux attaques terroristes.

    Figure 3. Incidents sécuritaires par mois de janvier 2023 à septembre 2024

    Source: ACLED

    Les inondations : 

    Toutes les régions du pays ont enregistré des pluies diluviennes et exceptionnelles qui ont provoqué des inondations ayant causé des personnes sinistrées, et des pertes en vies humaines, en infrastructures et équipements. La saison des pluies a été caractérisée par des précipitations dont les quantités enregistrées en juillet, août et septembre 2024 ont largement dépassés les cumuls saisonniers de 2023 et de la moyenne des années passées. Plusieurs localités ont reçu des cumuls annuels de pluies en un à trois jours avec des quantités de pluies enregistrées, estimées à 300 millimètres. Ces pluies exceptionnelles ont des impacts significatifs sur les populations et sur leurs biens dont entre autres 1.5 millions de personnes sinistrées, ayant abandonné leurs maisons suite aux dommages causés, 373 décès, environ 25 000 têtes de bétail perdues, environ 24 000 hectares de cultures et 26 tonnes de vivres. La population impactée est répartie dans toutes les régions du pays avec les plus fortes proportions de personnes recensées dans les régions de Maradi, Zinder et Tahoua selon le ministère de l’Action humanitaire et de la gestion des catastrophes.

    La situation sociopolitique et macroéconomique : 

    Malgré la levée des sanctions depuis février 2024, la tension sociopolitique persiste suite au maintien de la fermeture de la frontière avec le Bénin. La situation sociopolitique marquée par les lourdes sanctions imposées par la communauté sous-régionale et internationale au Niger à la suite du changement de régime intervenu le 26 juillet 2023 continue d’induire des effets sur la situation macroéconomique et sur la situation sociopolitique du pays. Les impacts directs sont un ralentissement des flux commerciaux, surtout avec les effets combinés de la situation monétaire et économique défavorable au Nigéria et de l’interdiction de sorties des céréales par les autorités nigérianes. Cette condition macroéconomique défavorable est illustrée par une inflation globale élevée de 10 pour cent en août 2024, alimentée par une inflation alimentaire de 15 pour cent, suite à une légère amélioration par rapport au taux de juin 2024 (Figure 4).  

    Figure 4. Evolution du taux d’inflation

    Source: ut National de la Statistique

    Analyse des principales sources de nourriture et de revenus

    Production agricole : 

    Une fin de saison normale ainsi que des récoltes moyennes à bonne sont probables compte tenu de la bonne répartition spatio-temporelle des précipitations exceptionnellement élevées, d’une situation phytosanitaire calme et d’un appui de l’État en intrants agricoles. La saison des pluies a globalement démarré à temps. À travers des opérations de distributions gratuites pour les semences et des prix subventionnés pour les engrais, les producteurs y compris les ménages pauvres et déficitaires ont eu accès aux intrants de production à temps. Le régime pluviométrique a aussi été très favorables pour satisfaire les besoins hydriques et assurer un bon développement des cultures qui, par ailleurs, ont certes connu d’attaques parasitaires mais de faible ampleur. Les abandons de champs et les inondations sur les cultures provoquent des diminutions de production agricole mais localisées. Cependant, les bons rendements estimés des récoltes comblés par les augmentations des superficies au-delà du front agricole du pays suite aux pluies importantes enregistrées augurent d’une production agricole bonne pour les céréales et pour les cultures de rente, comme en témoignent les prévisions de 5.9 millions de tonnes selon la Direction des Statistiques de l’agriculture (Figure 5).  

    Figure 5. Evolution de la production agricole

    Source: Direction des Statistiques de l’agriculture

    Production animale : 

    L’intensité et regularité des pluies ont également été très favorables dans la zone pastorale, permettant la réhabitation des conditions pastorales après une soudure précoce et plus longue que d'habitude. Les pluies enregistrées dans la zone pastorale ont été tardive, mais depuis juillet jusqu’en septembre elles sont devenues importantes et bien réparties dans le temps et dans l’espace, générant une évolution positive du tapis herbacé, un bon remplissage des points d’eau et un bon embonpoint des animaux et de leur rendement laitier. Neanmoins, la longue période de soudure vécue par les troupeaux s’est manifesté par une récupération progressive lente de l’embonpoint ainsi que de la production laitière. Malgré cette situation globalement favorable, les zones affectées par l’insécurité de Tillabéry, Tahoua, Diffa et Maradi, sont aussi bien fournies en ressources pastorales mais sont des zones de paturages inaccessibles aux animaux.

    Sources de revenus hors ferme : 

    Compte tenu des conditions saisonnières favorables et de la forte demande pour les cultures récoltées sous la pluie, les sources de revenus hors ferme proviennent des opportunités de main d’œuvre agricole offertes aux ménages de gagner des revenus moyens.

    Les revenus de la vente de paille/résidus agricoles pour l’alimentation des animaux sont moyens après une augmentation de 15 à 30 pour cent dans les zones pastorales jusqu’en juin 2024 au regard du retard dans l’installation des pluies et surtout à cause de la forte demande. La vente des animaux constituent la principale source de revenus pour les ménages éleveurs mais les prix sont encore inférieurs à leur moyenne quinquennale d’environ 18 pour cent. Cela se traduit par des termes de l’échange bétail-céréales inférieurs de 27 pour cent par rapport à la moyenne (Figure 6).

    Les revenus de l’exode et migration saisonniers ont aussi beaucoup baissé suite au problème économique dans les centres urbains du pays et dans les pays d’accueil. Le Nigéria est confronté à des problèmes économiques et monétaires, tandis qu’au Bénin, ses activités portuaires, qui constituent les principales opportunités d’emplois saisonniers, ont baissé suite aux effets de la fermeture continue de la frontière. 

    Figure 6. Comparaison des termes de l’échange moyen national bouc/mil

    Source: SIMA et SIMB

    Approvisionnement des marchés :

    Les approvisionnements des marchés se font à un niveau inférieur à la normale mais les récoltes en cours permettent une amélioration de l’offre locale dans les zones agricoles et agropastorales. Les baisses des approvisionnements sont encore observées dans les zones pastorales dont les marchés ne sont pas encore couverts par les produits des nouvelles récoltes surtout avec la dégradation des routes suite aux inondations. Les baisses les plus importantes des approvisionnements sont observés sur les marchés situés en zones de conflit car en plus des facteurs endogénes cités plus haut, ces marchés subissent les effets combinés de la fermeture de la frontière avec le Bénin, de l’interdiction de sortie des céréales en vigeur au Nigéria et de l’insécurité sur les flux transfrontaliers et internes des produits de consommation (Figure 7).

    Les prix des denrées alimentaires sont encore dans leur évolution à la hausse mais à la faveur des récoltes en cours les prix dans les zones agricoles de fortes productions sont à des niveaux inférieurs par rapport aux mois passés et à l’année passé à la même période. Toutefois, leurs niveaux dépassent de 30 à 50 pour cent les niveaux de la moyenne quinquennale  à la même période sur les marchés situés dans les zones affectées par les conflits et l’insécurité (Figure 8). 

    Figure 7. Flux et fonctionnement des marchés dans le Liptako Gourma

    Source: FEWS NET

    Figure 8. Evolution du prix du mil dans les zones de conflit, septembre 2024

    Source: IMA

    Capacité d’achat des ménages : 

    En zones agricoles et agropastorales, à la faveur des récoltes en cours pour les céréales et pour les cultures de rente, les ménages dans leur majorité ont accès aux aliments grâce à leurs propre production. Leur pouvoir d’achat des produits non alimentaires est constitué par les revenus saisonniers des travaux de récoltes et de vente de produits de rente qui leur permettent de faire des dépenses non alimentaires. Dans les zones affectées par les conflits, les personnes déplacées dépendent des marchés pour leur approvisionnement en denrées alimentaires, alors que leur main d’œuvre agricole est faiblement rémunérée à cause de la compétition avec les ménages pauvres résidents. En plus, leurs zones d’accueil ont des marchés pas suffisamment approvisionnés et qui affichent les prix les plus élevés du pays, présentant des niveaux deux fois plus élevés que la moyenne quinquennale, ce qui conduit à une faible capacité d’achat. Dans les zones pastorales, les prix des denrées alimentaires dépassant largement la moyenne quinquennale et les faibles termes de l’échange entraînent une forte réduction des quantités des produits pouvant être achetées avec les revenus de la vente des animaux. 

    Assistance alimentaire humanitaire

    L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.

    Le gouvernement du Niger en partenariat avec les acteurs humanitaires a élaboré un Plan national de réponse à l’insécurité alimentaire des ménages pour assister 3 millions de personnes. L’état de mise en œuvre du plan de réponse à l’insécurité alimentaire des ménages du gouvernement dressé par la Cellule Crise Alimentaire fait ressortir une opération de distribution gratuite ciblée de 14 300 tonnes de céréales au bénéfice de 143 000 ménages en juin 2024. Le gouvernement a aussi conduit deux phases de vente à prix modéré de céréales, soit 15 900 tonnes par phase dans toutes les 266 communes du pays. Un plan d’urgence a été élaboré suite aux inondations et sa mise en œuvre durant le mois de septembre 2024 a permis de distribuer 100 kg de céréales par ménage sinistré, soit environ 130 000 personnes atteintes, couvrant 10 pour cent des personnes touchées. En outre, selon les informations des partenaires, les assistances alimentaires disponibles au niveau des organisations humanitaires sont insuffisantes pour couvrir les besoins en raison des défis de financement.  Ces facteurs, incluant les contraintes financières du gouvernement et les entraves au déplacement pour les organisations humanitaires dans les zones d’insécurité sans escortes militaires, limitent la mise en œuvre de ces plans. 

    Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en octobre 2024

    Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.

    Dans les zones de Tillabéry, Tahoua Nord, Diffa et Maradi Sud affectées par les conflits et l’insécurité civile : 

    Les ménages pauvres et les ménages déplacés n’ont pas de ressources suffisantes et dépendent des marchés pour couvrir leurs besoins alimentaires. En plus, les marchés affichent des prix très élevés et les opportunités de gagner des revenus suffisants pour renforcer les capacités d’achat sont faibles. Les aliments consommés dans ces ménages ne couvrent pas 20 pour cent de leurs besoins énergétiques et ils font recours à la diminution de la ration alimentaire, ou utiliser des stratégies d’adaptation négative privilégiant les enfants à bas âges au cours des repas. Ils font face à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). Pourtant, la catégorie des ménages, déplacés et des sinistrés des inondations (ne dépassant pas 10 à 15 pour cent) est touchée par les impacts cumulés de l’insécurité et des inondations se traduisant par des pertes de production agricole et de pouvoir d’achat, a une consommation alimentaire pauvre en quantité et qualité, constituée de petites quantités de céréales acquises par dons et de feuilles sauvages. Ils sont en Urgence (Phase 4 de l'IPC).

    Dans le reste des zones agricoles et agropastorales : 

    Les stocks des ménages sont en train d’être reconstitués grâce aux nouvelles récoltes estimées moyennes à bonnes, constituant les principales sources de nourriture et offrant des opportunités de revenus pour les ménages pauvres. Alors les aliments consommés par la majorité des ménages proviennent de la propre production agricole qui couvre les besoins de consommation sans recourir à des stratégies négatives. Ils sont en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC). Toutefois, dans ces zones, il y’a une catégorie de ménages pauvres représentant 10 à 15 pour cent, qui sont en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) car après les remboursements des dettes contractées pour faire face aux déficits alimentaires, les ressources disponibles ne pas suffisantes pour faire des dépenses non alimentaires. Il y’a également dans ces zones les ménages pauvres et sinistrés des inondations, qui en plus des impacts des inondations sur leurs cultures et leurs moyens d’existence, doivent faire face aux achats d’aliments sur les marchés où le niveau élevé des prix des denrées alimentaires et l’insuffisance des revenus agricoles saisonnier limitent significativement leur accès aux produits de consommation. Ils font face au double déficit alimentaire et de protection de moyens d’existence mais les proportions de ces ménages en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) ne dépassent pas 5 à 9 pour cent. Selon les données de suivi des admissions publiées par le Groupe Technique Nutrition, le nombre total des admissions dans les Centres de Récupération Nutritionnelle Intensive (CRENI) et dans les Centres de Récupération Nutritionnelle en Ambulatoire pour les Sévères (CRENAS) est de 319 830 cas en août 2024, soit 73 pour cent des personnes ciblées contre 302 055 cas en 2023, soit une augmentation de 6 pour cent et une dégradation de la situation nutritionnelle certainement due aux inondations car les régions de Maradi et Zinder, qui représentent 58 pour cent des admissions d’enfants malnutris sévères, sont aussi celles les plus affectées par les inondations.  

    Dans les zones pastorales : 

    Les pâturages et les points d’eaux sont suffisamment disponibles, permettant une situation d’accès aux ressources pastorales et des animaux en bon état d’embonpoint et aptes à produire du lait pour la consommation et les ventes. Les ménages ont alors un accès suffisant aux aliments et aux revenus pour satisfaire leurs besoins en consommation alimentaire. Dans les zones pastorales non affectées par l’insécurité, les ménages sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 IPC). Dans les bandes des zones pastorales affectées par l’insécurité, les zones de pâturages sont encore inaccessibles pour les animaux qui sont engagés dans des mouvements inhabituels vers les zones plus sécures et pourvues en ressources pastorales.

    Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’au mai 2025

    La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.

    Suppositions nationales 

    Conflits : 

    • Les attaques des groupes armés terroristes sont susceptibles d'augmenter au-delà des niveaux élevés actuels en janvier-mai 2025 mais ces attaques vont rester nettement en dessous des pics observés en 2019-2020. Ces conflits et insécurité seront observés dans les régions de Tillabéry, Tahoua, Diffa et Maradi, où les déplacements des personnes vont continuer selon les rythmes de la fréquence et de l’intensité des actes des groupes terroristes. 

    Agro-climatiques :

    • Selon les mises à jour du Centre Régional AGRHYMET du CILSS et la NOAA, les pluies vont cesser à temps ou un peu plus tard que d'habitude. Cela va permettre aux semis tardifs, aux cultures de longs cycles ainsi qu’aux plantes fourragères de boucler leurs développements végétatifs dans de bonnes conditions hydriques. 
    • Avec les fortes précipitations enregistrées ayant occasionné des inondations, les ménages pauvres vont continuer de subir effets sur leurs conditions alimentaires surtout dans pour les populations sinistrées des régions de Maradi, Zinder, Tahoua et Tillabéry. 

     La production agricole : 

    • Les effets bénéfiques des fortes précipitations bien réparties dans le temps et dans l’espace et la prolongation des bonnes conditions hydriques vont se traduire par des bons rendements agricoles et une production agricole qui seront globalement supérieure à celle de l’année et au moins égale à la moyenne quinquennale. Toutefois, des baisses localisées seront enregistrées pour les cultures des vallées comme le riz et le maïs. 

    La production agricole de contre-saison :

    • Les précipitations globalement bonnes permettent un niveau de recharge de la nappe phréatique et de remplissage satisfaisant des cours d’eaux vont se traduire par une disponibilité en eaux suffisantes pour conduire la campagne agricole de contre-saison dont les travaux vont démarrer en octobre. Cela augure une bonne production maraichère, de bonnes perspectives pour les cultures de décrue. 

    La situation pastorale :

    • Les précipitations bonnes dans la zone pastorale ayant permis une bonne production de biomasse et de bons niveaux de remplissage des points d’eaux temporaires et permanents, vont permettre la disponibilité des pâturages et eaux pour l’abreuvement des animaux pour au moins 6 mois contre 4 mois en année typique.  

    Environnement sociopolitique et économique :

    • Les tensions sociopolitiques vont persister dans les relations entre le Niger et le Bénin et la frontière va rester fermée jusqu’en mai 2025. Ces tensions vont continuer de perturber les relations commerciales notamment les importations des denrées alimentaires et des biens matériels Les transactions vont continuer via le port de Lomé. 
    • Selon les estimations de la Banque africaine de développement, la croissance devrait atteindre 10,4 pour cent en 2024 et puis 7,4% en 2025. L'inflation devrait se maintenir au-dessus de 10 pour cent jusqu’en fin 2024 et rester stable à ce niveau. Aussi, les perspectives économiques demeureront sous la contrainte du climat, des cours mondiaux du pétrole, de l’insécurité et des impacts potentiels de la sortie du pays et de ses alliés sahéliens de la CEDEAO. 

    Marchés et prix :

    • Le maintien de la fermeture de la frontière avec le Benin va continuer d’entraîner l’arrêt des échanges commerciaux entre le Niger et le Bénin, notamment les importations de maïs, des fruits et légumes. Toutefois, les bonnes productions agricoles attendues soutiendront une amélioration dans les approvisionnements, renforçant les offres locales. 
    • Les prix resteront élevés par rapport à l'année dernière et à la moyenne en raison de la baisse de l'offre due à la perturbation des flux transfrontaliers. La demande restera élevée car divers acteurs du marché, notamment les commerçants et les institutions, voudront reconstituer les stocks épuisés.
    • L’offre des animaux va reprendre, sauf sur les marchés situés en zones d’insécurité, et la demande locale sera au moins moyenne. Cependant, la dépréciation continue du Naira réduira l’intérêt du Niger pour les exportations de bétail vers le Nigeria, réduisant ainsi la demande d’exportation.

    Suppositions sous-nationales pour les régions de Tillabéry et Tahoua

    • Dans les régions de Tillabéry et de Tahoua, les nombres des attaques de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) devraient continuer jusqu’en mai 2025 et à la région de Dosso limitrophe du Bénin. La poursuite des attaques militantes dans les régions de Tillabéry et de Tahoua devrait entraîner des déplacements de population.  

    Suppositions sous-nationales pour la région de Diffa

    • Dans la région de Diffa, le nombre des attaques terroristes devraient légèrement augmenter au-dessus des niveaux bas actuels jusqu’en mai 2025, avec des attaques de Jamaatu Ahli is-Sunnah lid-Dawati wal-Jihad (JAS) et de la Province de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui ont lieu de manière sporadique dans les départements de Diffa et de Bosso. La diminution des tensions diplomatiques entre le Niger et le Nigeria devrait renforcer la coopération militaire et la coordination des opérations conjointes de sécurité qui existe déjà, limitant ainsi probablement la possibilité pour le JAS et l'ISWAP d'étendre et de renforcer leur influence. 

    Suppositions sous-nationales pour la région de Maradi

    • Dans la région de Maradi, les incidents devraient augmenter après la saison des pluies de 2024 mais le nombre d'attaques attendues devrait être inférieur cette année par rapport aux années précédentes. Ceci est dû à la récente coopération militaire et des opérations de sécurité conjointes entre les chefs des forces armées du Niger et du Nigeria. 

    Assistance alimentaire humanitaire

    Supposition nationale  

    • La mise en œuvre des plans de réponse du gouvernement et les achats couvrant des quantités suffisantes de stocks alimentaires par les partenaires humanitaires seront entravés par les dysfonctionnements des flux transfrontaliers résultant des tensions dans les relations socio-politiques avec le Bénin et la CEDEAO. Toutefois, les niveaux des stocks seront plus importants que ceux de l’année passée grâce à la bonne production locale. 

    Suppositions sous-nationales pour les régions de Tillabéry, Tahoua, Maradi et Diffa

    • Les mesures sécuritaires prises par les autorités, notamment l’interdiction de déplacement dans les zones d’insécurité, vont constituer une entrave additionnelle dans la conduite des opérations de distribution des assistances alimentaires humanitaires.

    Tableau 1.  

    Principales sources de données intégrées par les analystes de FEWS NET dans le développement des suppositions ci-dessus

    Principales sources de données
    Ministère de l’agriculture et de l’élevage.ACLED Institut National de la Statistique (INS)
    Perspectives de l’offre et du marché régional de FEWS NETPlans de distribution de l’assistance alimentaire du gouvernement et du PAM, y compris l'analyse des tendances historiquesBanque Africaine de Développement
    National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)Système d’Information sur les Marchés Agricoles (SIMA)Système d’Information sur les Marchés de Bétail (SIM Bétail)
    Ministère de l’action humanitaire et de la gestion des catastrophes  
    Résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë de mai 2025

    En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë.  Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.

    Les zones de conflits et insécurité civile : Tillabéry, Tahoua Nord, Diffa et Maradi Sud

    D’octobre 2024 jusqu’en mai 2025, les ménages pauvres, les déplacés et les sinistrés des inondations vont continuer de dépendre des marchés pour couvrir leurs besoins alimentaires. Les prix des denrées alimentaires sur les marchés vont rester très hauts et les opportunités de gagner des revenus suffisants pour renforcer les capacités d’achat seront faibles. La consommation alimentaire sera réduite à un repas par jour malgré le recours des ménages au crédit pour l’achat des aliments. En outre, à cause des contraintes de financements et sécuritaires, les distributions d’assistance seront irrégulières et ne vont pas atteindre plus de 10 pour cent des ménages. Ces ménages feront face à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). Les ménages pauvres, déplacés et sinistrés des inondations, dont la proportion ne va dépasser pas 15 pour cent, seront une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) car compte tenu des effets de l'insécurité qui durent sur les moyens de subsistance et des troubles actuels et persistants dans ces zones, les facteurs déterminants influençant l'insécurité alimentaire dans ces zones risquent de persister jusqu'à la fin de la période du scénario, entravant toute amélioration significative de la consommation alimentaire.

    Les autres zones agricoles et agropastorales : 

    D’octobre jusqu’en janvier 2025, les stocks des ménages pourraient assurer la consommation alimentaire et satisfaire leurs besoins énergétiques grâce aux nouvelles récoltes qui seront sources de nourriture et de revenus. Ils seront en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase de l’IPC). 

    De février à mai 2025, les stocks des ménages pauvres comme sources de nourriture et de revenus seront épuisés et ils dépendront des marchés pour l’achat de produits de consommation. Les revenus de la main d’œuvre agricole de contre-saison vont renforcer le pouvoir d’achat mais ne seront pas suffisants pour couvrir les dépenses autres qu’alimentaires et ils seront dans une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Toutefois, les ménages pauvres et sinistrés des inondations vont continuer de dépendre des marchés où les prix élevés limiteront leur accès aux denrées alimentaires. Pour couvrir leurs besoins énergétiques, ils feront recours à la réduction du nombre de repas et de la ration des repas par jour. Ainsi, l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) persistera pour ces ménages, qui représente 10 à 15 pour cent par zone durant toute la durée du scénario. 

    Les zones pastorales : 

    D’octobre 2024 à janvier 2025, les pâturages et les points d’eaux sont suffisamment disponibles permettant une situation d’accès aux ressources pastorales, et des animaux en bon état d’embonpoint et aptes à produire du lait pour la consommation et les ventes. Les ménages auront alors un accès suffisant aux aliments et aux revenus pour se maintenir en situation d’insécurité Minimale (Phase 1 IPC). 

    De février à mai 2025, les ressources pastorales vont devenir rares les animaux vont perdre leur embonpoint, et leur rendement va fortement diminuer ainsi que leur valeur marchande. Les prix sur les marchés des produits alimentaires seront très élevés alors les ménages dépendent des marchés toute l’année pour leur consommation alimentaire. Le pouvoir d’achat des ménages pauvres va baisser significativement et se limitera à des quantités réduites, insuffisantes face aux besoins de consommation alimentaire et non alimentaire. Leur situation alimentaire va se détériorer et ils seront en insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC), ayant recours à des aliments de mauvaise qualité mais moins chers durant cette période du scénario. 

    Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë

    Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.

    National 

    Amélioration de la situation sécuritaire suite à une mutualisation des opérations militaires dans les foyers d’insécurité surtout dans le Liptako Gourma

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Les populations déplacées vont retourner dans leurs zones d’origine et exploiter les potentialités de culture maraîchères et d’autres activités de moyens d’existence. Les routes commerciales seront plus sécures et vont permettre des approvisionnements adéquats des marchés dont le fonctionnement sera rétabli progressivement. Les ménages vont disposer plus de ressources alimentaires et leur situation alimentaire va s’améliorer de Crise (Phase 3 de l’IPC) à Stress (Phase 2 de l’IPC) en février-mai 2025.

    Normalisation des relations sociopolitiques avec le Bénin conduisant à la réouverture de la frontière

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Les flux commerciaux de denrées alimentaires et d’intrants nutritionnels vont reprendre et augmenter les disponibilités alimentaires dans le pays. Les marchés seront mieux approvisionnés et les prix vont se situer à des niveaux moins élevés que prévus. Les capacités d’achat des ménages vont s’améliorer et permettre un accès à des quantités d’aliments plus importantes qu’anticipées dans le scénario le plus probable. Les ménages pauvres anticipés pour être en Crise (Phase 3 de l’IPC) et en Stress (Phase 2 de l’IPC) à cause des flambées des prix des denrées alimentaires, réduisant leur accès et consommation alimentaire, vont évoluer respectivement en Stress (Phase 2 de l’IPC) et Minimal (Phase 1 de l’IPC) en février-mai 2025.

    Citation recommandée: FEWS NET. Niger Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2024 - Mai 2025: Pluies excédentaires, favorables à une bonne production agricole, mais ont conduit à des inondations, 2024.

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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