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L’insécurité alimentaire continue à Diffa même après la fin de la période de soudure

  • Perspectives sur la sécurité alimentaire
  • Niger
  • Octobre 2015 - Mars 2016
L’insécurité alimentaire continue à Diffa même après la fin de la période de soudure

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  • Contexte nationale
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    • Les cumuls des pluies moyens à supérieurs enregistrés en août-septembre ont permis de rattraper le retard observé dans l’installation de la saison agricole tout en favorisant des conditions hydriques favorables à une production agricole et de pâturages estimés globalement comparable à la moyenne. Cependant, il y a des zones localisé de déficit de production, surtout à Tera, Ouallam, Tanout, Abalak, Bermo, et Aderbissinat.

    • Les cultures irriguées de décembre 2015 à mars 2016 vont bénéficier des bonnes disponibilités en eaux favorisées par les fortes précipitations enregistrées en août-septembre 2015. Les cultures irriguées qui seront récoltées entre janvier et mars 2015 vont renforcer les disponibilités alimentaires des ménages et diversifier leur consommation alimentaire tout en améliorant leurs revenus.

    • Les marchés en termes d’approvisionnement et de prix évoluent comme d’habitude à l’exception des marchés situés en zones soumises au conflit dans la région de Diffa. Sauf en cas d’achats locaux importants, cette situation favorable pourrait continuer jusqu’en mars 2016 avec même des tendances à la baisse des prix qui pourraient s’observer en décembre-janvier-février au moment où toutes les récoltes seront finies.

    • Grace aux facteurs globalement favorables, l’insécurité alimentaire aiguë de la majorité des zones en Minimale (Phase 1 de l’IPC) en octobre 2015 va persister jusqu’en mars 2016. Toutefois, dans certaines zones pastorales de Abalak et Bermo, et dans certaines zones agropastorales de Téra, Ouallam, et Tanout, Stress (Phase 2 de l’IPC) va commencer entre février et mars 2016. Dans la région de Diffa les personnes déplacées et les personnes pauvres locales seront en Crise (Phase 3 de l’IPC) dès janvier 2016 pendant qu’elles dépendent significativement pour accéder aux aliments.


    Contexte nationale
    Situation actuelle

    La régularité des pluies enregistrées en août et septembre 2015 a permis aux cultures de boucler leur cycle végétatif dans de bonnes conditions hydriques dans la plupart des régions du pays. Malgré le retard de l’installation de la saison cette année, le cumul pluviométrique saisonnier est au moins moyen dans près de l’ensemble du pays grâce au la reprise des bonnes pluies à partir de juillet. Il y a cependant des poches localisées où le cumul pluviométrique enregistré depuis juillet ne suffit pas à compenser les déficits pluviométriques enregistré au début de la saison, surtout à Téra, Say et Ouallam à Tillabéri, à Tahoua, et à Tanout à Zinder.

    Les appuis de 8 136 tonnes de semences améliorées, des quantités importantes d’engrains et 239 063 litres de produits phytosanitaires ont permis d’optimiser le potentiel productif des cultures et de maitriser la situation liée aux ennemis des cultures. Selon la Direction de la Météorologie Nationale, le rendement simulé pour le mil varie entre 400 et 900 kg/ha dans la partie sud de la zone agricole et 200 kg/ha dans certaines agropastorales contre 466 kg/ha la moyenne nationale quinquennale.

    Les récoltes pluviales en cours pour toutes les cultures céréalières et pour les cultures de rente présagent des résultats estimés globalement comparables à la moyenne sauf dans certains départements des régions de Tillabéri, Tahoua et Zinder, et dans la région de Diffa affectée par une baisse des superficies mises en valeur.

    Sur le plan pastoral, malgré l’installation tardive de la campagne, la production fourragère n’a pas souffert de périodes de sècheresse. Les fortes précipitations enregistrées depuis juillet ont favorisé le développement normal des herbacées. Les productions fourragères sont qualifiés moyennes à bonnes dans plusieurs zones agricoles, agropastorales, enclaves pastorales, massifs forestiers avec de biomasse de forte densité de 550 à 1 500 kilogrammes de matières sèches par hectare. Toutefois, des productions faibles voire médiocres pourront être enregistrées dans la bande comprise entre les départements de Tchintabaraden et Abalak (Tahoua), Bermo (Maradi), et Ingall et Aderbissanat (Agadez) et dans la zone pastorale de Téra et Ouallam.

     Les mouvements des animaux sont actuellement normaux avec des concentrations plus importantes en zone pastorale et sur les plateaux des grandes aires pastorales en zone agricole. Le mouvement de la grande transhumance n’a pas encore démarré. L’abreuvement des animaux se fait principalement au niveau des points d'eau de surface qui ont un niveau suffisant de remplissage. L’embonpoint des animaux est actuellement moyen dans toutes les régions du pays à la faveur de la satisfaction des besoins en fourrages, en eau et une situation sanitaire calme.

    Les marchés sont suffisamment approvisionnés en céréales dont une partie provient des stocks de report de la campagne agricole 2014 qui a hérité de deux à trois années de récoltes céréalières moyennes. La demande pour les céréales de bases (mil, sorgho) des ménages devient de plus en plus faible par rapport aux mois passés à la faveur des récoltes qui permettent l’autoconsommation. Les céréales et les produits de rente issus des nouvelles récoltes font leur apparition sur les marchés avec des prix aux producteurs en baisse de 6–17 pour cent par rapport à la moyenne et à la même période de 2014. Les prix des animaux en septembre 2015 sont supérieurs de 13 pour cent, 27 pour cent et 24 pour cent par rapport à la moyenne respectivement pour les bovins, les béliers et les caprins suite à une demande soutenue occasionnée par la Tabaski.

    La situation des moyens d’existence des ménages se caractérise par l’accès normal aux revenus gagnés avec la vente de main d’œuvre pour les travaux agricoles de récoltes, la vente de produits de rente (niébé) récemment récoltés, de petits ruminants, de paille et de bois. Les revenus gagnés grâce à ces activités sont normaux à supérieurs suite à une demande locale moyenne à forte et une hausse des termes de l’échange de 20 pour cent et 47 pour cent au niveau national respectivement par rapport à 2014 et à la moyenne. Toutefois dans la région de Diffa, les moyens d’existence sont fortement détériorés suite aux contraintes d’accès aux terres de cultures consécutives aux impacts de la crise sécuritaire. Les revenus des transferts, de la vente de poivron et des animaux sont aussi réduits à cause des effets des crises sociopolitiques en Libye et au Nigéria.

    Les résultats de l’enquête nutrition couplée à l’Enquête Nationale sur les Indicateurs Socio-Economiques et Démographiques (ENISED), qui a été conduite entre 11 août et 9 septembre 2015, ont estimé la prévalence nationale de la malnutrition aigüe globale chez les enfants de 6 à 59 mois à 15.0 pour cent (95% IC : 13,6-16,6) selon l’indice Poids-pour-Taille exprimé en z-score de <-2 et/ou œdème. Les régions qui présentent une prévalence supérieure à la moyenne nationale sont celles de Dosso (15,5 pour cent, 95% IC : 12,0-19,9), Maradi (16,7 pour cent, 95% IC : 13,2-20,9), Diffa (17,1 pour cent, 95% IC : 12,6-22,6) et Zinder (18,0 pour cent) alors que la prévalence moyenne quinquennale de ces mêmes régions est respectivement de 13,54 pour cent, 16,02 pour cent, 15,78 pour cent et 14,26 pour cent.

    Les problèmes sécuritaires sont encore responsables de mouvements de populations dont environ 50 000 personnes réfugiées maliennes restant dans la région de Tillabéri et Tahoua et environ 140 000 personnes (réfugiées, retournées et déplacées internes) dans la région de Diffa.

    Suppositions

    Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire d’octobre 2015 à mars 2016 se base sur des suppositions fondamentales par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :

    • Au niveau national, les résultats de la campagne hivernale seront moyens pour les céréales, les cultures de rente et pour les pâturages du fait de la reprise des conditions favorables des pluies à partir de juillet et la continuation des pluies jusqu’en début octobre. Il y aura cependant des déficits fourragers localisés dont les plus importants seraient enregistrés dans la bande comprise entre les départements de Tchintabaraden et Abalak (région de Tahoua), Bermo (région de Maradi), Aderbissenat et Ingal (région d’Agadez) et des déficits de production céréalières dans les départements de Téra, Tillabéri, Ouallam, Tanout et Tahoua ;
    • La transhumance des animaux serait normale en décembre/janvier sauf dans la région de Diffa où la situation sécuritaire va perturber le mouvement des animaux vers le Nigeria et dans les zones de déficit fourrager avec impact sur la valeur marchande des animaux en février/mars 2016 ;
    • La production horticole serait moyenne pour la campagne de cultures irriguées 2015/2016 avec les appuis importants attendus de 178 736 tonnes de semences potagères et 2 000 tonnes de semences de pomme de terre et une bonne disponibilité en eau. Cette production qui, serait estimée à un équivalent céréalier de 500 000 tonnes, va renforcer la disponibilité alimentaire entre janvier et mars 2016 ;
    • La récolte du riz irrigué de la campagne hivernale va avoir lieu en décembre/janvier avec des productions estimées moyennes. Cette récolte va augmenter les revenus en nature et en cash des ménages riverains du Fleuve Niger notamment ceux de Téra, Tillabéri, Niamey, Say et Dosso ;
    • Les opportunités d’emplois locaux et des revenus vont se créer et se maintenir au même niveau que la normale entre octobre et décembre 2015 pour les travaux de récoltes et entre janvier et mars 2016 pour les travaux d’entretien des cultures irriguées. Ces revenus seront renforcés entre janvier et mars 2016, comme d’habitude par les cash for work du programme social planifié par le gouvernement ;
    • Entre octobre et janvier, les commerçants, les organisations de producteurs et les structures étatiques vont profiter des nouvelles récoltes pour reconstituer à un niveau optimal leurs stocks de réserve et maintenir les disponibilités alimentaires à un niveau suffisant pour les demandes de consommation ;
    • Les marchés seront régulièrement et suffisamment approvisionnés en produits alimentaires. Les offres seront assurées par les récoltes de la campagne principale entre octobre et décembre 2015 et principalement par les commerçants qui vont disposer de stocks locaux et importés du Nigéria, du Burkina Faso et du Benin entre janvier et mars 2016. Dans le sud-est du pays, les flux seront ralentis à cause des effets du conflit lié au Boko Haram mais vont continuer sur des corridors passant par Maradi et Zinder.
    • La demande de céréales sera normale pendant toute la période d’octobre au décembre 2015 du fait de la disponibilité des récoltes suite à une production estimée globalement moyenne. Entre janvier et mars 2015, la demande va évoluer à une typique hausse avec les achats institutionnels directs et le recours aux marchés par les ménages pauvres et ceux des zones typiquement déficitaires en production agricole ;
    • Les opportunités d’auto emplois (vente de paille, de bois et produits artisanaux) et les revenus obtenus seront plus importants que la moyenne avec la bonne disponibilité des produits sur une plus longue période favorisée par une bonne production de biomasse et résidus de cultures, soit d’octobre 2015 à mars 2016 contre octobre-février en moyenne ;
    • La migration et les revenus des transferts seront normaux vers les centres urbains du Niger et vers les pays traditionnels d’accueil où les conditions économiques et politiques resteront favorables pour les activités de petit commerce et de petits emplois urbains. L’exception est pour les ménages qui comptent sur le nord Nigéria et la Libye où la situation sécuritaire génère des conditions moins attrayantes ;
    • Le plan de soutien du gouvernement pour la période du scénario sera exécutée entre février et mars contre un démarrage normal en janvier sous forme de cash for work à cause de problème de financement ;
    • Le nombre des refugiés et retournés du Nigéria et du Mali ne va pas connaitre une augmentation significative, sauf pour le cas du Nigéria où le conflit violent pourrait persister et entrainer de nouveaux déplacements pendant la période du scenario. Le plan d’intervention humanitaire va contribuer à répondre aux besoins des personnes déplacées sauf dans les zones difficiles d’accès à cause des mesures sécuritaires.
    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    Suite aux bonnes récoltes en perspectives, les disponibilités céréalières au niveau des ménages seront globalement bonnes dans le pays entre octobre et mars. Les marchés seront suffisamment approvisionnés avec les produits locaux et importés à partir des pays voisins (Nigeria, Benin et Burkina Faso) et à des prix similaires à la moyenne saisonnière. Ces disponibilités et les revenus issus des ventes d’animaux, des transferts, de la main d’œuvre, des cultures de rente et irriguées vont permettre aux ménages d’assurer une consommation alimentaire suffisante dans toutes les zones de moyens d’existence du pays excepté celles de Diffa. Les termes de l’échange bétail/mil ont évolué de 20 pour cent et 47 pour cent au niveau national respectivement par rapport à 2014 et à la moyenne. Bien qu’il y aura certaines poches localisées où une production inferieure de la moyenne engendra une baisse relative de la disponibilité et d’accès alimentaire, l’insécurité alimentaire aiguë sera globalement Minimale (Phase 1 de l’IPC) dans la plus part du pays entre octobre 2015 et mars 2016. Dans la zone agropastorale de Tanout, de Ouallam et Téra, et pastorale d’Abalak, de Bermo, Aderbissinat, certains ménages pauvres auront des difficultés pour assurer leur alimentation suite à des déficits de production agricole et pastorale à partir de Janvier. Dans ces zones, des déficits de protection des moyens d’existence seront observés entre janvier et mars 2016 pendant que les ménages feront face une insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) à cause d’un épuisement précoce des stocks propres et une baisse de la valeur marchande des animaux.

    Dans la région de Diffa, les effets de la crise sécuritaire se traduisent par une augmentation de la population pauvre et vulnérable consécutive aux déplacements de personnes. Cette crise provoque également un dysfonctionnement des marchés et une baisse significative de la production céréalière et des cultures de rente dont le poivron suite à une diminution drastique des superficies abandonnées par les producteurs à cause de la psychose des attaques terroristes ou suite aux mesures sécuritaires. Cette situation va continuer à perturber la sécurité alimentaire des ménages locaux et déplacés de la zone où l’insécurité alimentaire en Crise (Phase 3 de l’IPC) sera observée chez les déplacés concentrés dans Bosso, Diffa et Nguigmi en janvier-mars 2016. L’insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) va dominer en octobre-mars à la faveur d’une intervention sociale pour protéger les moyens d’existence dans les zones agropastorales de Mainé Soroa, Goudoumaria et Diffa.

     

    Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.

    Figures Calendrier Saisonnier pour une Année Typique

    Figure 1

    Calendrier Saisonnier pour une Année Typique

    Source: FEWS NET

    Figure 2

    Source:

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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