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L’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) persiste dans les zones de conflits

L’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) persiste dans les zones de conflits

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  • Messages clé
  • Résumé
  • Contexte de la sécurité alimentaire
  • Conditions actuelles de sécurité alimentaire en juin 2024
  • Analyse des principales sources de nourriture et de revenus
  • Assistance alimentaire humanitaire
  • Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en juin 2024
  • Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’en janvier 2025
  • Résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë de juin 2024 à Janvier 2025
  • Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë
  • Messages clé
    • Résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) vont s’installer dans certaines zones du Niger en juin 2024 à janvier 2025. Les ménages affectés sont les ménages pauvres et les populations déplacées dans les régions de Tillabéry, du Nord Ouest de Tahoua, de Diffa et du Sud Ouest de Maradi affectées par les conflits et l’insécurité. En effet, la crise sécuritaire provoque le déplacement forcé des populations, perdant leurs sources de nourriture et de revenus. La perturbation des marchés marquée par des prix très élevés des denrées alimentaires conjugués aux effets des inondations, limitent l’accès aux aliments et aux revenus.  
    • Résultats de Stress (Phase 2 de l’IPC) vont dominer dans les zones agricoles et agropastorales du Nord, du Centre et de Sud Ouest du pays en juin jusqu’en septembre 2024. Les ménages pauvres sont confrontés à l’épuisement de stocks céréaliers et le niveau très élevés des prix des aliments. Ils sont aussi confrontés aux ruptures des pluies et aux inondations qui affectent la demande de main d’œuvre. D’octobre 2024 à janvier 2025, les nouvelles récoltes et les opportunités d’emplois agricoles amélioreront leur accès à la nourriture et aux revenus. 
    • Dans les zones pastorales, résultats de Stress (Phase 2 de l’IPC) observés en juin 2024 vont évoluer en Minimale (Phase 1 de l’IPC) entre fin juillet 2024 à janvier 2025. En juin 2024, les ménages pasteurs sont en Stress (Phase 2 de l’IPC) due aux prix très élevés des denrées alimentaires alors que les prix des animaux sont en baisse en raison des déficits fourragers et le retard dans l’installation des pluies dans les zones pastorales. Cependant, de juillet 2024 à janvier 2025, l’accès des animaux aux paturages et à l’eau améliorera leur état d’embonpoint, leur valeur marchande et leur production laitière.
    • Le taux de couverture de l’assistance alimentaire sera faible entre juin 2024 et janvier 2025, dû au faible niveau des financements et à l’interdiction de tout déplacement sans escortes militaires dans les zones d’insécurité. Toutefois, la population dans le besoin serait comprise entre 2.5-3 millions de personnes jusqu’en janvier 2025. 

    En savoir plus

    L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles en juin 2024. Les liens suivants donnent des informations supplémentaires : 

    Résumé

    Les conflits, le facteur déterminant de l’insécurité alimentaire au Niger, entraînent les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) dans les régions de Tillabéry, de Tahoua, Diffa et Maradi. Ces résultats vont persister de juin 2024 jusqu’en janvier 2025 et certaines catégories de ménages très pauvres seront même en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Les conflits ont causé des déplacements des populations, d’abandon des terres cultivables, ainsi que des perturbations de l’approvisionnement et du fonctionnement des marchés. Les ménages sont confrontés à l’épuisement des stocks alimentaires trois mois plus que d’habitude, à la hausse des prix des denrées alimentaires, à des revenus faibles ou inexistants et à des moyens d’existence limités en raison de l’insécurité, ce qui entraîne des déficits de consommation alimentaire. 

    L’accès humanitaire est entravé par les incidents sécuritaires et de la violence ainsi que les mesures de réponse à l’insécurité en cours. Même si jusqu’en avril 2024 les ménages dans les régions de Diffa et Maradi étaient bénéficiaires de ces assistances qui atteignait plus de 30 pour cent de la population, les mesures gouvernementales de réponse à l’insécurité ont réduit les mouvements des personnes dans ces zones y compris les acteurs humanitaires. Ces facteurs dans le contexte d’une telle insécurité empêchent l’acheminement de l’aide alimentaire dans toutes les régions touchées.

    La levée des sanctions imposés par la CEDEAO n’a pas donné les effets escomptés sur la reprise des activités économiques et le retour à la normale des échanges commerciaux transfrontaliers. Pour des mesures sécuritaires, le Niger maintien la fermeture de la frontière avec le Benin. Toutefois, avec l’ouverture de la frontière avec le Nigeria, les échanges commerciaux transfrontaliers ont repris, mais n’atteignent pas le niveau du commerce avant le coup d’État de juillet 2023 à cause des baisses des disponibilités des produits alimentaires et la faiblesse de la Naira/XAF. 

    Dans les zones agricoles et agropastorales, les stocks des ménages se sont épuisés trois mois plus tôt que la normale en raison du déficit céréalier de la campagne agricole 2023/2024 causé par les déficits pluviométriques et l’insécurité. Les cultures de contre-saison ont fourni une partie de la nourriture pendant la saison sèche mais les ménages sont restés plus dépendants du marché où les prix des denrées alimentaires dépassent largement le pouvoir d’achat des ménages. Les prévisions optimistes qui présagent des récoltes de céréales de base proche de la moyenne à partir d’octobre offrent des opportunités d’accès à la nourriture, de ventes de cultures et de revenus de travail agricole, les résultats de l’insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) en juin-septembre 2024. Pourtant, entre octobre 2024-janvier 2025, des résultats Minimale (Phase 1 de l’IPC) sont attendus compte tenu de l’amélioration de la disponibilité alimentaire issue des récoltes et du pouvoir d’achat des ménages. 

    Dans la plupart des zones pastorales, des résultats de Stress (Phase 2 de IPC) et Minimal (Phase 1 de IPC) sont attendus. L’impact des déficits fourragers de l’année dernière, s’ajoutant aux déficits hydriques et fourragers des années précédentes, culmine avec un niveau maximum d’insécurité de Stress (Phase 2 de l’IPC) en juin/juillet 2024, réduisant les revenus liés à l’élevage. Les pluies favorables attendues devraient ensuite améliorer de manière saisonnière l’état corporel du bétail, la valeur marchande et la production laitière en juillet jusqu’en janvier 2025. La demande d’animaux pour les fêtes de fin d’année et la reprise du commerce transfrontalier avec le Nigeria va faire grimper les prix du bétail. Ainsi, la nourriture et les revenus de la production laitière et de la vente de bétail devraient être suffisants pour permettre à la plupart des ménages de couvrir leurs besoins alimentaires de base au fur et à mesure que la saison avance. 

    Contexte de la sécurité alimentaire

    L’évolution en hausse de la puissance des organisations extrémistes violentes au Mali, se sont étendues dans les pays voisins de la région de Liptako-Gourma depuis 2015. Les deux principaux groupes extrémistes impliqués dans les attaques au Niger, en particulier des régions de Tillabéry et Tahoua, sont les Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) et l’État Islamique de la Province du Sahel (IS Sahel). Tandis que dans le bassin du Lac Tchad, le Boko Haram qui s’est transformé en État Islamique de la Province de l’Afrique de l’Ouest est l’acteur principal des attaques dans les régions de Diffa et Maradi, ce sont des bandits organisés en provenance des États du Nord-Ouest du Nigéria. Les incursions et les attaques de ces groupes armés, visant les postes des forces de sécurité et les villages de ces régions, ont entraîné des déplacements massifs des populations, de l’abandon des champs de culture et des pertes de bétail, impactant les moyens d’existence des ménages. En outre, ces attaques ont affecté le fonctionnement et l’accès aux marchés, perturbant les flux internes et transfrontaliers des produits alimentaires. Toutefois, les attaques dans ces différentes régions suivent une variation saisonnière avec une diminution des attaques pendant la saison des pluies, en raison des inondations qui limitent les mouvements de ces groupes armés. 

    Figure 1. Répartition géographiques des évènements violents

    Source: ACLED (janvier 2023-mai 2024)

    Les ménages pauvres des zones rurales dépendent de l’élevage et des travaux agricoles comme source de revenus et de nourriture. La production céréalière est dominante dans les zones de moyen d’existence agricole, principalement le mil et le sorgho, ainsi que l'agropastorale. Cependant, la faible production agricole est due à la variabilité et aux risques climatiques, à la disponibilité peu fréquente des intrants agricoles et aux impacts des conflits. La période de juin-septembre coïncide avec la période de soudure pendant laquelle les stocks des ménages sont épuisés et les prix des produits alimentaires sont élevés alors qu’ils dépendent des marchés comme source de nourriture. À partir d’octobre, les ménages auront accès aux récoltes avec des stocks qui durent normalement environ quatre à six mois. Dans les zones pastorales, les ménages pasteurs dépendent des ventes du bétail comme source de revenus et des marchés pour leurs aliments. Pendant la période de soudure pastorale qui a commencé depuis avril, l’épuisement des ressources fourragères et le tarissement des points d’eaux détériorent l’état d’embonpoint des animaux et leurs valeurs marchandes. Cette situation s’améliorera dès juillet grâce à la disponibilité des pâturages qui permettra d’améliorer la valeur marchande des animaux. En raison de la faible production agricole, le Niger dépend aussi de l’importation de quelques céréales, en particulier le riz. Cependant, les sanctions économiques imposées par la CEDEAO à la suite du coup d’État de juillet 2023 et la fermeture ultérieure des frontières entre le Niger, le Nigéria et le Bénin ont impacté l’importation des produits alimentaires et l’exportation des bétails vers le Nigéria. La levée des sanctions en février 2024 a permis de reprendre les échanges commerciaux avec le Nigéria, mais le Niger maintient toujours la fermeture de ses frontières avec le Benin.  

    Le contexte macroéconomique : La croissance économique du Niger a repris en 2022 après le choc économique causé par la pandémie de COVID-19 en 2020-2021. Cependant, les sanctions économiques en 2023 ont impacté négativement la situation macroéconomique résultant de la baisse du PIB à 1,4 pour cent. Le Niger a connu une augmentation modérée du taux d’inflation en moyenne annuelle à 3,7 pour cent en 2023 par rapport à 2022. Cependant, le taux d’inflation a été en dessous de trois pour cent pendant le premier semestre de 2023 et a augmenté à partir de juillet pour atteindre le pic de 7,8 pour cent en septembre 2023 et y reste stable. 

    Figure 2. Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source: FEWS NET

    Conditions actuelles de sécurité alimentaire en juin 2024

    L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section. 

    Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).

    Principaux dangers 

    Conflit : La crise sécuritaire persistante avec les attaques terroristes dans les régions de Tillabéry, Tahoua, Maradi et Diffa qui perturbent le fonctionnement des marchés, les activités génératrices de revenus des ménages et provoquent des déplacements de populations. Les principaux acteurs de ces activités terroristes sont le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) et l’Etat Islamique au Sahel et les milices communautaires dans les régions de Tillabéry et Tahoua, les bandits armés dans la région de Maradi et l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest dans la région de Diffa. Malgré l’augmentation des achats d’équipements militaires et l’amélioration de l’efficacité au combat des FDS matérialisés, les évènements violents ont continué dans tous les foyers de tensions avec un total de cas estimés à 210 cas en janvier-mai 2024, presque égal à la même période de l'année dernière. Une tendance à un élargissement de plus en plus au Sud de la région de Dosso a été observée où des victimes et des déplacements de populations continuent d’être enregistrés (Figure 3). Pendant ces mêmes périodes, les victimes de ces attaques sont estimées à 707 décès en 2024 contre 342 décès en 2023. Selon le UNHCR, les déplacements de populations liés à cette crise sécuritaire sont estimés en avril 2024 à 870 828 personnes dont 407 430 déplacés internes, soit une augmentation de 12 pour cent par rapport à en avril 2023. La majorité, environ 75 pour cent, des personnes déplacées sont dans les régions de Diffa et Tillabéry avec respectivement 38 pour cent et 37 pour cent contre 20 pour cent à Tahoua et cinq pour cent à Maradi. 

    Figure 3. Évolution de nombres des cas d’incidents sécuritaires

    Source: ACLED

    Situation agro climatique : cette année est marquée par des pertes de semis dans de nombreuses régions du pays. Suite à des séquences sèches de 10 à 25 jours, des pertes ont été enregistrées dans 234 villages de la région de Dosso et 89 villages de la région de Tillabéry. De vents de sable violents durant 1 à 2 jours ont également causé des pertes dans le département de Dungass, région de Zinder et dans le département de Bankilaré, région de Tillabéry. Les pertes de semis cumulés aux faibles quantités des précipitations ont provoqué des retards d’une à deux décades dans le démarrage de la saison par rapport à la médiane 1991-2020 dans plusieurs zones agricoles (Figure 4). Néanmoins, au 20 juin 2024, les pluies enregistrées dans la majorité de la zone agricole ont permis d’effectuer, en moyenne, les semis dans 71 pour cent des villages agricoles, presque au même niveau qu’en juin 2023, et les plus faibles taux de villages agricoles sans semis enregistrés dans les régions de Dosso, Maradi, Zinder avec respectivement 7, 14 et 18 pour cent.

    Figure 4. Anomalies dans l’nstallation de la saison au 20 juin 2024

    Source: USGS Regional

    Situation sociopolitique : Malgré la levée des sanctions imposées par la CEDEAO et l’UEMOA, y compris la fermeture des frontières avec le Niger suite au coup d’état du 26 juillet 2023, la situation sociopolitique tendue est encore marquée par le maintien de la fermeture des frontières avec le Bénin et des mesures d’interdiction de déplacement des personnes dans les zones d’insécurité sans escorte militaire, y compris les déplacements pour la distribution des aides alimentaires.

    Situation macroéconomique : L’inflation reste très élevée avec un taux de 7,2 pour cent en mai 2024 contre 2,5 pour cent en mai 2023 et cette inflation dépend surtout de l’inflation des produits alimentaires. Ceci est alimenté par la tension des relations sociopolitiques avec le Bénin se traduisant par le maintien de la fermeture de la frontière par le Niger entraînant une perturbation des importations et des exportations de produits alimentaires et animaux. Les produits alimentaires importés les plus touchés sont le maïs et le riz pour lesquelles le Niger dépend habituellement à plus de 50 pour cent du corridor du Bénin. 

    Analyse des principales sources de nourriture et de revenus

    Production agricole : Le mois de juin marque la fin des cultures de contre-saison et le début de la saison de cultures pluviales. Les récoltes des cultures de contre-saison sont terminées et sont estimées inférieures à la moyenne à cause de la faible disponibilité en eau pour l’irrigation consécutive au déficit pluviométrique de l’année passée. Les prix élevés des intrants agricoles notamment l’engrais n’ont pas permis une utilisation optimale des fertilisants conduisant à une diminution des rendements et de la production. Cette situation se traduit par une baisse de l’accès aux aliments et aux revenus provenant des cultures de contre-saison.

    La production agricole pluviale est dans son processus d’installation à la faveur des quantités de pluies enregistrées dans toutes les régions agricoles du pays ayant permis de réaliser les semis. Les taux de réalisation de ces semis sont estimés similaires à ceux de l’année passée. Les stades de développement végétatif des cultures, principalement le mil, varient de la levée à la montaison.  

    Production animale : Dans les zones pastorales, les pluies enregistrées sont en général faible et n’ont pas encore permis la germination des plantes fourragères et la reconstitution des points d’eau pour l’abreuvement des animaux. La situation est devenue plus difficile car avec l’installation de la saison des pluies dans le Sud agricole, les animaux sont obligés de regagner le Nord où les conditions de paturages et d’eaux sont médiocres. Toutefois, dans certainement localités de la zone pastorale de la région de Tahoua, les pluies ont été intenses en juin et ont même occasionné la mort de centaines têtes de petits ruminants et de quelques têtes de gros ruminants décimés par les fortes pluies. L’état d’embonpoint des animaux est médiocre à passable à cette période de pic de la période de soudure en zones pastorales intervenue dans de déficit fourrager cumulatif. Suite à cet état physique médiocre à passable des animaux consécutive à une longue période de mauvaise alimentation, la zone fait face à une forte baisse de production de lait et de produits laitiers jusqu’en juin 2024. Ainsi, la disponibilité et la consommation laitières ont beaucoup diminué surtout chez les ménages pauvres.

    Principales sources de nourriture : Suite à un déficit céréalier enregistré, les stocks céréaliers des ménages sont épuisés trois mois plus tôt que la moyenne pour la majorité des ménages pauvres. Le payement en nature pour les travaux de préparation et de semis a aussi beaucoup diminué à cause du faible niveau des stocks alimentaires détenus par les ménages nantis. Ainsi, les principales sources de nourritures sont constituées par les achats sur les marchés et sur les points de vente de céréales à prix subventionnés. 

    Principales sources de revenus hors ferme : Elles sont constituées par la vente de main d’œuvre agricole pour les travaux de prépartion des champs de cultures et de semis, les revenus de l’exode et migration saisonniers, la vente de bois et paille, et la vente d’eaux, de cordes et nattes sur les marchés hebdomadaires. 

    Les revenus de la vente de paille/résidus agricoles pour l’alimentation des animaux ont augmenté de 15 à 30 pour cent dans les zones pastorales suite non seulement à la rareté des produits consécutive à la faible pluviométrie de la saison passée mais aussi et surtout à cause de la forte demande pour l’entretien des animaux souffrant de la baisse de la production fourragère. 

    Les revenus de la vente de la main d’œuvre agricole sont les plus importants compte tenu de la saison agricole dont le progrès est dominé par la réalisation des semis et les travaux de labour qui offrent les principales opportunités d’emplois locaux. Dans les zones d’insécurité, la demande de main d’œuvre agricole est très réduite ainsi que les revenus des emplois agricoles à cause des diminutions des superficies induites par les abandons des champs suite aux attaques terroristes. Dans les zones de sécurité, la demande est moyenne mais ces zones sont aussi celles qui accueillent les personnes déplacées qui constituent une main d’oeuvre additionnelle qui fait augmenter l’offre par rapport à la demande. 

    Les revenus de l’exode et migration saisonniers ont aussi beaucoup baissé suite au problème économique dans les centres urbains du pays et dans les pays d’accueil surtout au Nigéria, confronté au problème économique et monétaire, et au Bénin, dont les activcités portières, constituant les principales opportunités d’emplois saisonniers, sont au ralenti suite aux effets du maintien de la fermeture de la frontière. 

    Dans les zones pastorales, en raison de la période de soudure, les revenus tirés de la vente des animaux ne permettent pas de disposer de quantité de nourriture suffisante comparée à l’année passée et à la moyenne quinquennale (Figure 5).  

    Figure 5. Comparaison des termes de l’échange moyen national bouc/mil

    Source: SIMA et SIMB

    Approvisionnement des marchés et prix des denrées alimentaires : Les disponibilités locales pour alimenter les marchés sont réduites à cause de la baisse de la production locale et des faibles niveaux des stocks de report. A cela s’ajoute une perturbation des flux commerciaux consécutive à l’insécurité, à la fermeture de la frontière avec le Bénin et au problème économique et monétaire au Nigéria. Les approvisionnements des marchés se font à un niveau significativement inférieur à la normale surtout pour le maïs. Des périodes de pénuries sur les marchés ont eu lieu étant donné que les importations de maïs proviennent en grande partie du Bénin, et surtout cette année compte tenu de la faiblesse de l'offre au Nigéria. Les pénuries des produits alimentaires se sont accrues surtout sur les marchés situés dans les zones d’insécurité où non seulement la production agricole a été médiocre et aussi les flux sont entravés par l’insécurité sur les routes commerciales (Figure 6). 

    Les prix des denrées alimentaires ont atteint des niveaux dépassant significativement leur moyenne quinquennale. En effet, les prix moyens des principales céréales enregistrent des hausses de 42, 36, 34 et 29 pour cent pour le maïs, le riz importé, le sorgho et le mil respectivement par rapport à la moyenne quinquennale. Ces hausses des prix sont plus accentuée sur les marchés de Banibangou, Abala et Bankilaré dans la région de Tillabéry et Tillia dans la région de Tahoua affectées par les conflits et où ils dépassent la moyenne quinquennale de 48 à 55 pour cent.

    Figure 6. Flux et fonctionnement des marchés

    Source: FEWS NET

    Capacité d’achat des ménages : Les effets conjugués de la baisse des revenus et de la hausse des prix des denrées alimentaires se traduisent par de faibles capacités d’achat des ménages pauvres et surtout des personnes déplacées qui ont perdu leurs moyens d’existence et se trouvent dans une situation de faibles opportunités d’emplois locaux. En zones pastorales, le déficit fourrager a occasionné un faible état d’embonpoint des animaux, et une réduction de la production laitière et des produits laitiers. Les sources de revenus des ménages ne leur procurent pas des revenus suffisants pour l’achat de produits de consommation et de protection de leurs moyens d’existence.

    Situation nutritionnelle : Au premier trimestre de l’année 2024, 64 654 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) ont été admis dans les formations sanitaires pour traitement, représentant 15 pour cent de la cible annuelle de 436 348 enfants. La diminution des flux suite au maintien de la fermeture de la frontière avec le Bénin concerne aussi les produits sanitaires et nutritionnels, ce qui entraîne une réduction de la disponibilité des intrants pour prise en charge nutritionnelle des enfants et des femmes enceintes. À la mi-mars, 33 pour cent des centres de santé étaient en rupture de stock d’intrants thérapeutiques et le service de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère étaient interrompues. Ainsi, même si, la situation des admissions dans les centres indique une tendance à la baisse des cas d’enfants malnutris, ce qui peut l’expliquer n’est pas clair. Cela pourrait être probablement dû au dysfonctionnement des opérations de dépistage et l’accès limité au service de santé consécutif à l’impact de l’insécurité sur le système sanitaire.

    Assistance alimentaire humanitaire

    L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.

    Le Plan national de réponse à l’insécurité alimentaire des ménages est élaboré conjointement avec les partenaires humanitaires et prévoit d’assister environ trois millions de personnes. Toutefois, les contraintes financières du gouvernement et les entraves au déplacement pour les organisations humanitaires dans les zones d’insécurité sans escortes militaires limitent la mise en œuvre de ce plan à des zones très réduites géographiquement. Au plus, ce sont huit pour cent de la population qui reçoivent l’assistance y compris dans les régions de Diffa et Maradi où c’était 31 pour cent de la population qui recevaient régulièrement des distributions de vivres qui couvraient 25 pour cent ou plus des besoins énergétiques jusqu’en avril 2024.  

    Résultats actuels de l’insécurité alimentaire en juin 2024

    Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.

    Dans les zones non affectées par les conflits et l’insécurité civile : Les stocks des ménages sont épuisés mais les denrées alimentaires sont disponibles sur les marchés. Les ménages pauvres ont un pouvoir d’achat grâce aux revenus de la vente main d’œuvre agricole, dans la vente de bois de chauffe, de paille aliments bétail et de vente d’eaux, de cordes et nattes sur les marchés hebdomadaires. Malgré les prix élevés, les ménages pauvres arrivent à accéder à des quantités suffisantes de nourriture mais les revenus sont en baisse et ne permettent de faire des dépenses non alimentaires. Ainsi, une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) prévaut en général dans ces zones. Il y a même des proportions faible (5 à 9 pour cent) de ménages qui se retrouvent en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). Cette catégorie de ménages pauvres, qui est localisée dans les zones où il n’y a pas d’insécurité, ne diversifie pas ses sources de revenus ; les montants reçus ne sont pas suffisants pour disposer de quantités d’aliments équivalents aux 2 100 Kilocalories par jour et par personne et donc font recours à des stratégies d’adaptation de crise, par exemple pratiquer la mendicité. 

    Dans les zones de Tillabéry, Tahoua Nord, Diffa et Maradi Sud affectées par les conflits et l’insécurité civile : Les ménages pauvres ne disposent pas de stocks céréaliers, et sur les marchés, les denrées sont rares et très chères alors les opportunités de gagner des revenus sont très faibles. Les ménages n’ont pas accès aux aliments suffisants pour couvrir les 2 100 kilocalories par jour et par personne et souffrent d’une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) malgré l’utilisation de stratégies de Crise pour compléter la ration. Les proportions des ménages pauvres et déplacés dans les zones reculées, loin des zones urbaines, ne disposant pas d’opportunités de revenus journaliers, sont dans une situation où les ressources alimentaires manquent au point de réduir le nombre de repas pris par jour ou passent des journées entières sans manger. Ces catégories de ménages qui se trouvent dans des proportions faibles de 8 à 10 pour cent souffrent d’une insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). 

    Les plans d’assistance alimentaire sont irréguliers en termes de couverture géographique et démographique. Ceci les rend sans impact significatifs sur la sécurité alimentaire des ménages car avec l’exigence d’escortes militaires et les frais d’opérations y afférentes, les opérations de distributions des vivres ne parviennent pas aux populations pauvres et déplacées se trouvant dans des zones éloignées. 

    Dans les zones pastorales : Les pâturages et les points d’eaux sont faibles, et cette situation de pénurie d’aliments conjuguée aux effets persistant d’années de déficit fourragers se traduisent par une perte d’embonpoint des animaux dont la production laitière et la valeur marchande sont en forte baisse par rapport à la moyenne. Les ménages pauvres ont alors un très faible accès aux aliments et aux revenus et font face à un Stress (Phase 2 IPC). Toutefois, certaines catégories de ménages pauvres qui représente 8 à 10 pour cent s’engagent dans des stratégies de vente d’animaux reproducteurs pour disposer des revenus nécessaires pour l’achat des produits de consommation. Ces ménages pauvres sont en Crise (Phase 3 IPC).    

    Suppositions clés sur les conditions atypiques de sécurité alimentaire jusqu’en janvier 2025

    La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositionsqui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.

    Suppositions nationales 

    Agro-climatiques:

    • Retard dans l’installation de la saison des pluies et pauses pluviométriques : des précipitations cumulées   supérieurs à équivalentes aux moyennes sont attendus sur les périodes de juin-Août et juillet-septembre 2024, dans les bandes agricoles du Niger. Néanmoins, les dates de début de la saison agricole sont estimées tardives à moyennes, avec des séquences sèches moyennes à longues en début de saison et les écoulements moyens à supérieurs. Cette répartition temporelle et spatiale irrégulière des précipitations pourrait perturber le développement des cultures et des plantes fourragères, entraînant des pertes de semis, des pertes de récoltes et des baisses de rendements agricoles et fourragers.
    • Les effets conjugués des chocs agro climatiques et sécuritaires vont entraîner une baisse de la production agricole et fourragère surtout dans les zones affectées par les conflits et l’insécurité ainsi que les zones affectées par les inondations. 
    • Inondations : Les cumuls pluviométriques supérieurs à moyens et les écoulements à tendance globalement excédentaire prévus dans la majorité des bassins fluviaux présagent des risques élevés d’inondations pouvant entraîner des pertes de récoltes, de biens matériels et en vies animales et humaines. Les bassins concernés sont le bassin du fleuve Niger pour les régions de Tillabéry, Dosso et Niamey, les principaux cours d’eaux dans les régions de Maradi et Zinder et le fleuve de Komadougou Yobé dans la région de Diffa.

    Conflit et insécurité:

    • Dans l’ensemble, l’activité des groupes terroristes devrait refléter les tendances saisonnières passées, avec une augmentation des attaques jusqu’au pic de la saison des pluies de 2024 en juillet, suivie d’une diminution relative en août en raison des contraintes naturelles croissantes de mouvement associées aux inondations. 
    • Dans les zones d’insécurité, en plus de l’interdiction de déplacement sans escorte militaire, les autorités nigériennes prendront des mesures supplémentaires qui vont freiner les opérations de certaines organisations humanitaires, de développement et de défense des droits de l’homme au Niger.

    Environnement sociopolitique et économique :

    • Les tensions sociopolitiques vont persister dans les relations entre le Niger et le Bénin et entre le Niger et les organisations régionales et internationales. Ces tensions vont continuer de perturber les relations commerciales notamment avec le Bénin dont le port est utilisé pour les importations ou le transit des denrées alimentaires et les produits non alimentaires et nutritionnels. Ces tensions vont alors limiter significativement l’intensité des flux des denrées alimentaires et en biens matériels et les offres pour les approvisionnements des marchés mais aussi constituer des entraves pour les appuis financiers aux financements des plans humanitaires et de développement. 
    • Bien que les activités portuaires offrent les plus grandes opportunités d’emploi aux migrants nigériens, les opportunités de revenus qui en découlent ainsi que les départs migratoires vers le Bénin vont diminuer suite aux tensions dans ce secteur.
    • L'inflation devrait diminuer pour atteindre 3,5 pour cent en 2024 à la suite de la levée des sanctions et de la modération des prix des denrées alimentaires consécutive à la reprise des importations à grande échelle. 

    Marchés et prix:

    • Le maintien de la fermeture de la frontière va continuer d’entraîner un arrêt des échanges commerciaux entre le Niger et le Bénin notamment les importations. Le Niger dépend de ce corridor pour plus de 50 pour cent des produits alimentaires surtout le maïs, les fruits et légumes, ainsi que pour ses exportations d’animaux et de produits de rente surtout l’oignon. Cette situation va entraver significativement les offres de produits alimentaires sur les marchés du Niger et va contribuer à maintenir les prix de ces produits à des niveaux élevés. Les prix vont en effet évoluer au-dessus ceux de l’année passée et de la moyenne quinquennale surtout en juillet et août et dans les zones de conflit avant d’amorcer une tendance à la baisse à partir septembre tout en restant plus élevés que la moyenne quinquennale (Figure 7).  
    • Suite à la dépréciation continue de la Naira du Nigéria, l’inversion des flux du bétail du Nigéria vers les marchés du Niger va persister et va entraîner une suroffre de bétail et une tendance à la baisse des prix des animaux. 
    Figure 7. Projection des prix du mil à Guidan Roumdji (XOF/kg)

    Source: SIMA

    Suppositions sous-nationales pour les régions de Tillabéry et Tahoua

    • Dans les régions de Tillabéri et de Tahoua, les nombres des attaques de l’EI Sahel et du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) devraient continuer à augmenter légèrement au moins jusqu’en janvier 2025. Ces attaques seront multipliées surtout dans la région de Tillabéry où les groupes terroristes vont tenter d’étendre leurs zones d’influence à de nouvelles zones non encore concernées et à la région de Dosso limitrophe du Bénin. Toutefois, ces attaques vont diminuer en juillet ; août et septembre à cause des entraves naturelles constituées par les eaux et le mauvais état des routes.

    Suppositions sous-nationales pour la région de Diffa

    • Dans la région de Diffa, le nombre des attaques terroristes devraient légèrement augmenter au-dessus des niveaux bas actuels jusqu’en janvier 2025, avec des attaques de Jamaatu Ahli is-Sunnah lid-Dawati wal-Jihad (JAS) et de la Province de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui ont lieu de manière sporadique dans les départements de Diffa et de Bosso. Toutefois, les niveaux de violence devraient demeurer nettement inférieurs à ceux observés en 2019-2020.

    Suppositions sous-nationales pour la région de Maradi

    • Dans la région de Maradi, les incidents de sécurité impliquant des bandits devraient se poursuivre à des niveaux supérieurs aux niveaux observés sur le plan saisonnier. Conformément aux tendances saisonnières et en raison des attaques continues de l’ISWAP dans les États voisins de Sokoto et de Kaduna, au Nigeria, les incidents devraient augmenter après la saison des pluies de 2024.

    Assistance alimentaire humanitaire

    Supposition nationale  

    • L’élaboration et la mise en œuvre du Plan national de réponse à l’insécurité alimentaire sont des activités conjointes entre le gouvernement et les organisations humanitaires permettant à la majorité des populations de couvrir au moins 25 pour cent de leurs besoins énergétiques. En raison des réductions des appuis financiers et des entraves au déplacement pour les organisations humanitaires dans les zones d’insécurité, les distributions des assistances seront de très faible couverture géographique et le nombre de populations qui vont bénéficier sera en forte réduction. 

    Suppositions sous-nationales pour les régions de Tillabéry, Tahoua, Maradi et Diffa

    • Les mesures sécuritaires prises par les autorités notamment l’interdiction de déplacement dans les zones d’insécurité vont continuer de constituer une entrave additionnelle dans la conduite des opérations de distribution des assistances alimentaires humanitaires.
    • Les assistances alimentaires seront irrégulières et de très faibles couvertures géographiques et des besoins énergétiques des populations. 
    Tableau 1
    Principales sources de données intégrées par les analystes de FEWS NET dans le développement des suppositions ci-dessus
    Principales sources de données
    PRESASS Bulletin spécial de prévision saisonnière 2024UNHCR Niger-Map population of Concern-Mai 2024La Banque Mondiale au Niger, Niger-Vue d’ensemble 
    FEWS NET Évaluation rapide dans la région de MaradiACLED Conflict Alert System 
    Résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë de juin 2024 à Janvier 2025

    En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.

    Dans les zones agricoles et agropastorales non affectées par les conflits et l’insécurité civile : 

    En juin jusqu’en septembre 2024, les ménages pauvres seront sans stocks et vont faire recours aux marchés où les denrées alimentaires sont disponibles mais à des prix deux fois supérieurs à la moyenne saisonnière quinquennale. Ces prix s'expliquent par les effets conjugués de la période de soudure et des coûts d’approvisionnement significativement au-dessus de la moyenne compte tenu des circuits d’importations devenus très longs. Les activités agricoles dominées par les travaux d’entretien des cultures offrent des opportunités de gagner des revenus journaliers en-dessous de la moyenne mais qui permettent d’acquérir des biens de consommation. Une partie de ces ménages sont aussi situés au bord des cours d’eaux qui débordent pour inonder les champs de cultures, les maisons d’habitations et commettre autres dégâts sur les biens meubles et immeubles occasionnant des déplacements et des dépenses pour l’installation dans les lieux d’accueil. Ainsi ces zones sont en Stress (Phase 2 de l’IPC), mais les ménages affectés par les inondations (représentant 8 à 12 pour cent de la population de ces zones) seront en Crise (Phase 3 de l’IPC). 

    De octobre 2024 à janvier 2025, les ménages pauvres vont disposer de la nourriture et des revenus grâce aux nouvelles récoltes qui vont durer 3 à 4 mois et n’auront pas de déficit alimentaire ni de protection des moyens d’existence ; ces zones vont évoluer en Minimale (Phase 1 de l’IPC). Toutefois, les ménages affectés par les inondations resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC) tandis que certains parmi eux qui vont parvenir à diversifier leurs sources de revenus évolueront en Stress (Phase 2 de l’IPC). 

    Dans les zones de Tillabéry, Tahoua Nord, Diffa et Maradi Sud affectées par les conflits et l’insécurité civile : 

    En juin 2024 jusqu’en janvier 2025, les ménages pauvres ne disposeront pas de stocks céréaliers car ne disposant de champs de cultures, et leur pouvoir d’achat sera très limité à cause des prix deux fois plus élevés que la moyenne saisonnière quinquennale. Ils vont gagner des faibles revenus de la vente de main d’œuvre agricole et certains seront même affectés par des pertes de biens suite aux inondations. Une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) va globalement affecter la majorité des ménages pauvres de ces zones. Les ménages pauvres et aussi inondés avec une insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) vont représenter moins de 20 pour cent de la population de ces zones. L’assistance alimentaire déjà prévue ne réduira pas le déficit alimentaire étant donné que le financement du plan de réponse à l’insécurité alimentaire sera très réduit et que les contraintes sécuritaires limiteront l’accès aux zones et aux populations ciblées.

    Dans les zones pastorales : Les conditions d’alimentation et d’abreuvement des animaux vont s’améliorer à partir de fin juillet et cela jusqu’en janvier 2025 favorisant un bon état d’embonpoint et une reprise de la production laitière ainsi que la valeur marchande des animaux. Cela va se traduire par un accès amélioré aux aliments et aux revenus pour les ménages qui vont couvrir leurs besoins alimentaires sans vente atypique d’animaux. Ils seront en Minimale (Phase 1 IPC) à partir de fin juillet jusqu’en janvier 2025. 

    Évènements qui pourraient changer les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë

    Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.

    National 

    Évènement : Précipitations largement inférieures aux prévisions et durée des séquences plus longues pendant les stades végétatifs critiques des cultures

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : La production agricole et pastorale sera en baisse et les améliorations prévues dans l’accès à la nourriture et aux revenus et aux opportunités d’emplois agricoles seront faibles. Cela va se manifester par une faible disponibilité de pâturages et d’eaux pour les animaux dont l’état d’embonpoint va rester médiocre ainsi que la production laitière de juin jusqu’en janvier 2025. Il est probable que les prix des denrées alimentaires augmentent plus que prévu suite à une baisse importante des approvisionnements des marchés consécutive à la spéculation qui va se développer et à une forte diminution de l’offre locale. L’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 IPC) prévue en juin jusqu’en septembre 2024 chez les populations pauvres des zones agricoles et agropastorales sans conflit et insécurité va se prolonger jusqu’en janvier 2025 avec de plus grande proportion de ménages pauvres qui seront en Crise (Phase 3 IPC). Les améliorations dans les résultats de la sécurité prévues dans les zones pastorales à partir de juillet jusqu’en janvier 2025 ne seront pas observées et le Stress (Phase 2 IPC) va persister durant cette période avec des proportions de 15 à 18 pour cent de ces ménages pauvres qui seront en Crise (Phase 3 IPC). 

    Évènement : Amélioration du financement du plan de réponse alimentaire humanitaire et allègement des mesures sécuritaires limitant l’accès aux populations dans le besoin d’assistance. 

    Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Le plan de réponse alimentaire humanitaire du gouvernement et des partenaires humanitaires sera financé et exécuté à un niveau plus élevé qu’actuellement et les zones accueillant les personnes pauvres et déplacées seront plus accessibles au moins dans les régions de diffa et Maradi. Plus de 25 pour cent des populations de ces régions vont recevoir régulièrement des rations complètes couvrant leurs besoins alimentaires journaliers pendant toute la période du scénario et la sécurité alimentaire des ménages va évoluer de Crise (Phase 3 IPC) à Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC). 

    Citation recommandée: FEWS NET. Niger Perspectives sur la sécurité alimentaire Juin 2024 - Janvier 2025: L’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) persiste dans les zones de conflits, 2024.

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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