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Les régions du Niger situées à l’extrême sud-est, au nord-ouest, et au centre-sud touchées par les conflits, se trouvent dans une insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) et de Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) tout au long de la période de soudure et des récoltes en 2023. Les effets de la crise sécuritaire continuent de limiter les ménages dans les activités typiques de production agricole et pastorale et de perturber le fonctionnement des marchés et les flux commerciaux dans ces zones, contribuant à la hausse des prix des denrées alimentaires de base. Globalement, le niveau de besoins d’assistance alimentaire culminera entre juillet et septembre 2023. Au cours de cette période, les effets des facteurs sécuritaires et économiques sur les moyens d’existence seront exacerbés par les inondations qui sont probables eu égard aux prévisions saisonnières indiquant des pluies moyennes à excédentaires. Les zones et les populations les plus préoccupantes sont celles des régions de Tillabéry, Tahoua, Diffa et Maradi. Toutefois, l’aide alimentaire est actuellement suffisante pour éviter une aggravation de la situation à Diffa et à Maradi.
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Les conflits et l’insécurité persistent avec des attaques de plus en plus sporadiques et des mouvements subséquents de populations. Si la tendance de la situation sécuritaire est à la stabilité de façon générale, il n’en demeure pas moins que le foyer de tension sécuritaire de la région de Tillabéry reste toujours très actif avec essentiellement des vols d’animaux estimés à 100 000 têtes de bétail entre 2020 et 2022, selon la direction régionale de l’élevage. La perte de ces animaux dans les zones agropastorales et pastorales se traduit pour les ménages éleveurs par une baisse significative de l'accès aux revenus, au lait et à la viande.
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La saison des pluies a bien démarré avec une bonne pluviométrie ayant permis la réalisation des semis dans des villages agricoles. Selon le ministère de l’Agriculture, plus de 40 pour cent de villages agricoles ont pu semer en début juin 2023, dépassant ainsi la proportion de 2022 et de la moyenne à la même période. Ces semis sont réalisés entre 55 et 75 pour cent dans les régions de Dosso et Zinder. Toutefois, les conditions pluviométriques sont encore médiocres dans la zone pastorale où les disponibilités en pâturages et en eaux sont quasi nulles. Ces effets persistants d’une prolongation de la soudure pastorale démarrée précocement cette année vont maintenir les ménages pauvres pastoraux dans une insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en début juillet, même dans les zones qui ne sont pas touchées par le conflit. Les conditions pastorales ne vont s’améliorer qu’après les apports de la saison des pluies.
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L’approvisionnement des marchés est inférieur à la normale à travers tout le pays suite aux faibles niveaux des stocks et au dysfonctionnement des flux transfrontaliers consécutif à l’insécurité et aux restrictions imposées par le Mali et le Burkina Faso. Cette baisse de l’offre des denrées alimentaires sur les marchés conjuguée à l’augmentation progressive de la demande en cette période de soudure maintient les prix au-dessus de la moyenne quinquennale qui va maintenir la majorité des zones en une insécurité alimentaire aigüe de Stress (Phase 2 de l’IPC). Cette tendance va se maintenir jusqu’en fin septembre avant d’évoluer à la baisse saisonnière grâce aux disponibilités qui vont s’améliorer sur les marchés et la demande qui va se stabiliser consécutivement aux nouvelles récoltes à partir d’octobre.
Situation actuelle
La situation agricole : La campagne agricole au Niger bénéficie actuellement de précipitations cumulées entre 60 et 100 millimètres enregistrées entre avril et début juin 2023 dans les principales zones agricoles du pays (Figure 1). Ce cumul est toutefois déficitaire par rapport à la moyenne 1991-2020 sauf au Centre et à l’extrême Est du pays où les cumuls saisonniers sont excédentaires.
Figure 1

Source: USGS
A la faveur des précipitations enregistrées, sur l’ensemble des 13 450 villages agricoles suivis par la direction des statistiques de l’agriculture, 5 571 villages ont effectué les semis de mil au 10 juin 2023, soit 41 pour cent contre 15 pour cent en 2022 et 33 pour cent en moyenne quinquennale à la même période (Figure 2). Les taux de couverture en semis les plus élevés varient de 44 pour cent, 55 pour cent et 72 pour cent respectivement dans les régions de Maradi, Dosso et Zinder contre 14 pour cent, 37 pour cent et six pour cent respectivement en 2022 à la même période.
Figure 2

Source: Direction de la statistique de l’agriculture
La situation pastorale : La saison n’a pas significativement démarré dans les zones pastorales. Les quelques pluies enregistrées ont permis une germination faible et localisée des plants herbacées. Globalement, l’alimentation du bétail en la zone pastorale est principalement composée de pâturage naturel—paille de brousse, herbacées pérennes et ligneux fourragers en bonne régénération. L’abreuvement des animaux s’effectue en grande partie au niveau des points d’eau souterrains (puits cimentés et forages). Aussi, quelques points d’eau de surface (mares permanentes et semi permanentes) en la zone agropastorale formés suite aux précipitations enregistrées, servent de lieux d’abreuvement. Suite à cette installation encore timide de la saison des pluies, les animaux restent encore en transhumance où les conditions de pâturages et d’eau sont favorables pour un bon état d’embonpoint des animaux.
Les marchés et les prix : Sur les marchés de produits céréaliers, le niveau de l’offre reste en dessous de la moyenne pour tous les produits du fait de l’épuisement du stock paysan notamment dans les zones de conflit/insécurité. A cela vient s’ajouter la poursuite de la fermeture des frontières du Burkina Faso et du Mali, perturbant significativement les flux d’approvisionnement des denrées essentielles. La demande des produits alimentaires est globalement en baisse par rapport au niveau de l’année passée, grâce à l’amélioration de la production au cours de la dernière campagne, mais en hausse par rapport à la moyenne en raison des besoins de plus en plus croissants de consommation et d’assistance alimentaire dans les zones accueillant les personnes déplacées. Les prix moyens nationaux du mil et du maïs enregistrent des hausses respectives de 10 et six pour cent par rapport à l’année passée à la même période du fait de l’augmentation de leurs demandes sur les marchés en cette période de début de saison de pluies, mais celui du sorgho est en baisse de 10 pour cent. Les hausses sont respectivement de 14, 10 et huit pour cent pour le maïs, le sorgho et le mil par rapport à la moyenne quinquennale. Particulièrement sur les marchés des régions d’Agadez, Diffa, Maradi, Tillabéry et Zinder, les hausses varient entre 15 et 20 pour cent du fait de la poursuite de la perturbation des flux des produits alimentaires de certains pays sources, des tracasseries routières et de la hausse des coûts de transport, consécutive à l’augmentation des prix des hydrocarbures.
Les marchés à bétail : L’offre des animaux, des petits ruminants particulièrement, est globalement satisfaisante. Elle reste en revanche en dessous de la moyenne quinquennale sur la majorité des marchés du fait de la réduction de l’offre en provenance des régions de Diffa, Tahoua et Tillabéry consécutive à la persistance de l’insécurité civile. La demande ne connait pas de variation par rapport à la moyenne pour le bouc et le taureau mais en légère hausse pour les ovins du fait des préparatifs de la fête de Tabaski.
Les prix moyens des animaux sont restés presque constants pour presque toutes les catégories par rapport à la même période de l’année dernière, Ils affichent cependant des hausses significatives respectives de 21, 17 et 13 pour cent pour le bélier, le bouc et le taureau par rapport à la moyenne des cinq dernières années, du fait de la réduction de l’offre comparativement à la moyenne quinquennale.
Les sources de nourriture et de revenus : Malgré les bonnes productions agricoles enregistrées l’année passée, les stocks céréaliers sont épuisés pour les ménages pauvres à cause des différents prélèvements y compris le remboursement des crédits en nature et cash contractés auprès des ménages nantis et autres commerçants de céréales. Du coup, les marchés constituent les principaux recours pour les approvisionnements en denrées alimentaires.
Les sources de revenu des ménages pauvres, comme les ventes de paille et du bois de chauffe procurent des revenus au-dessus de la moyenne à cause de la hausse de la demande de la paille occasionnée par les conditions pastorales difficiles et de la rareté du bois de chauffe consécutive à l’insécurité sévissant dans certaines zones de prélèvement. La main d’œuvre agricole fait également partie des sources de revenus saisonniers les plus importantes pour les ménages pauvres. Elle génère des revenus comparables à la moyenne de 1500 à 2000 FCFA par jour pour les travaux de semis et de labours. Les ménages pauvres gagnent aussi des revenus à travers les activités d’artisanat et petit commerce qu’ils exercent en toute saison. Les termes de l’échange sont estimés en mai 2023 à 118 kg de mil pour un bouc contre 109 kg en mai 2022 et 110 kg en moyenne, du fait l’état d’embonpoint des animaux globalement acceptable. Toutefois, des baisses significatives de 12 à 19 pour cent sont
enregistrées pour le taureau sur les marchés d’Agadez Commune, Bakin Birdji et Tchadoua, par rapport à la même période de l’année passée. Les petits ruminants ont connu une baisse de 40 à 16 pour cent à Abalak, Ayorou, Bakin Birdji, Béla, Rive droite, Téra, Tourakou et Tchintabaraden, par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Toutes ces baisses sont du fait d’un côté de la baisse de la demande notamment nigériane consécutive à la poursuite de la dépréciation de la Naira et de l’autre de la réduction de l’exportation du bétail vers les pays côtiers via le corridor du Burkina Faso suite à la persistance de l’insécurité civile.
La situation sécuritaire : Globalement, les incidents sécuritaires ont évolué en dents de scie avec un pic en 2022 contrairement au nombre de victimes dont le pic a été observé en 2021 (Figure 3).
Figure 3

Source: ACLED
Les attaques menées par les groupes armés terroristes contre des populations civiles, les forces de sécurité et les milices d’autodéfense signalées de septembre 2022 à avril 2023 ont augmenté dans les régions de Tillabéry et Tahoua de 108 pour cent en glissement annuel mais le nombre de décès associés à ces attaques a diminué de 48 pour cent, selon ACLED. Ces attaques prennent de plus en plus la forme d’extrémisme violent impliquant des pillages, des vols de bétail, des enlèvements et des assassinats ciblés. Début mai 2023, les attaques des groupes armés terroristes contre des civils ont forcé le déplacement d’au moins 13 000 personnes de Dessa et Kandadji (département de Tillabéri, région de Tillabéri). En avril, 361 593 personnes déplacées internes (PDI) avaient été signalées dans tout le Niger, ce qui représente une baisse de quatre pour cent par rapport à janvier, mais déjà une augmentation 6 pour cent par rapport au total des PDI de l’année 2022, selon OCHA (Figure 4). Dans la région de Diffa, les forces armées nigériennes ont lancé une série d’opérations militaires depuis le mois de mars 2023 qui ont réduit significativement les activités terroristes des groupes armés.
Figure 4

Source: OCHA
La situation nutritionnelle : Malgré une disponibilité alimentaire globalement moyenne dans le pays, le nombre des cas de maladies (paludisme, diarrhées) a augmenté en lien avec l’installation de la saison des pluies, affectant la situation nutritionnelle des nourrissons et les jeunes enfants. Outre les déficits agricoles dans les zones de conflit, la réduction du nombre de formations sanitaires limite l’accès aux soins et aux activités de prévention et de prise en charge de la malnutrition, tout en rendant plus vulnérables des populations déjà fragiles (enfants de moins de cinq ans, femmes enceintes et allaitantes) plus vulnérables à la malnutrition aigüe.
Résultats actuels de la sécurité alimentaire
Des conditions de sécurité alimentaire marquées par des prix des denrées alimentaires dépassant significativement les prix moyens et des revenus saisonniers moyens, les ménages pauvres y compris ceux des zones pastorales ne peuvent satisfaire leurs besoins de consommation alimentaire sans s’engager dans des stratégies de stress. Ainsi les résultats indiquent une insécurité alimentaire globalement en Stress (Phase 2 de l’IPC) en juin 2023 affectant la majorité des ménages. Dans ces zones, de faibles proportions de ménages pauvres font face à des déficits de consommation alimentaire et sont en Crise (Phase 3 de l’IPC) parce qu'ils ont une incapacité physique pour le ramassage et la vente de paille et bois ou de fournir de main d’œuvre agricole.
En plus de ces facteurs et conditions défavorables qui concernent les populations pauvres hôtes et déplacées des régions de Tillabéry, Nord Tahoua, Diffa et du Sud-ouest Maradi font face aux effets des conflits et de l’insécurité civile sur leur consommation alimentaire et leurs moyens d’existence. Des déficits significatifs de consommation alimentaire et des perturbations importantes de leurs moyens d’existence les ont conduits à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). Cependant, les populations des régions de Diffa et Maradi qui reçoivent régulièrement suffisamment des assistances alimentaires, grâce à une bonne couverture sécuritaire des zones assurée par les forces de défense et de sécurité, vivent le Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) résultats en matière de sécurité alimentaire.

Source: FEWS NET
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2023 à janvier 2024 se base sur des suppositions fondamentales suivantes, par rapport à l’évolution du contexte national :
La situation sécuritaire : En perspective, les attaques des groupes armés terroristes dans les régions de Tillabéry et de Tahoua devraient se poursuivre aux niveaux actuels jusqu’en fin 2023, avec un nombre similaire d’incidents de sécurité signalés, mais avec globalement moins de décès par rapport aux années précédentes. Les attaques vont progresser selon les tendances saisonnières passées, avec une augmentation jusqu’au pic de la saison des pluies 2023, suivie d’une diminution relative en raison des contraintes croissantes dans les mouvements associées aux inondations. La poursuite des attaques sporadiques de militants dans les régions de Tillabéry et de Tahoua devrait entraîner des déplacements de population, tandis que les attaques au Mali, au Burkina Faso et au Nigéria voisins vont entraîner des flux continus de réfugiés au Niger.
Dans la région de Diffa, la violence devrait se poursuivre aux niveaux actuels jusqu’en fin 2023, avec des attaques des groupes armés terroristes dans les départements de Diffa et de Bosso. Toutefois, les niveaux de violence devraient rester nettement inférieurs à ceux observés en 2019-2020 suite à une présence renforcée des forces de défense et de sécurité dans les zones affectées par les activités terroristes.
Dans la région de Maradi, les incidents de sécurité impliquant des groupes armés terroristes devraient se poursuivre à des niveaux supérieurs aux niveaux observés de façon saisonnière. Après une augmentation observée à la fin de la saison des pluies de l’année 2022, les incidents devraient augmenter au second semestre 2023 conformément aux tendances saisonnières et en raison de l’augmentation des attaques dans les États voisins de Sokoto et de Kaduna, au Nigeria. Les PDI des zones d’insécurité vers les zones plus sécurisées augmenteront probablement en raison de ces attaques.
La saison des pluies et la production agricole : D’après les résultats des premières analyses prévisionnelles, pour la période juillet, août et septembre, ce sera un cumul pluviométrique normal à tendance légèrement excédentaire sur la bande agro-pastorale du Niger. Il est aussi prévu un démarrage précoce à normal de la saison des pluies sur le pays en dehors de la région de Diffa où le démarrage est prévu normal à précoce et une fin de saison tardive à normale sur le Niger. Des séquences sèches de durées moyennes à longues sont attendues en début de saison en mi à fin juin sur l’ensemble de la zone agricole, à l’exception de la région de Diffa et le département de Gaya où elles sont prévues normales à longues. Des séquences sèches de durées normales à longues sont attendues sur l’ensemble du pays en fin de la saison qui pourraient affecter les rendements, surtout pour les cultures céréalières. Au regard des cumuls de pluies globalement normaux à tendance excédentaires attendus sur la bande sahélo-soudanienne, des durées de séquences sèches longues à moyennes, des écoulements des cours d’eau excédentaires, il y a des risques d’inondations et de sécheresse avec des impacts sur les actifs et la santé de la population dans toutes les régions mais principalement dans les régions de Tillabéry, Diffa, Dosso et Agadez. Toutefois, les cultures céréalières et de rente ainsi que les pâturages vont bénéficier de bonnes conditions hydriques pour leur développement végétatif, favorisant une production agricole et de biomasse comparable à la moyenne quinquennale. Cependant, dans les zones de Tillabéry, Diffa et Nord Tahoua, les difficultés d’accès aux champs de cultures due à l’insécurité vont engendrer des baisses de superficies emblavées.
La production pastorale, la transhumance et l’embonpoint du bétail : Les conditions alimentaires difficiles des troupeaux d’animaux liées au déficit fourrager de l’année passée ont été atténuées par la migration précoce des troupeaux dans la bande sud agricole et agropastorale du pays et par les acquisitions d’aliments bétail vendus à prix modéré par le gouvernement et ses partenaires de mars à juin 2023. Cela a permis de maintenir les troupeaux dans de bons états d’embonpoint. La soudure pastorale tire à sa fin et les conditions vont s’améliorer en fin juillet jusqu’en décembre 2023 et janvier 2024 à la faveur des perspectives d’une saison des pluies moyennes à excédentaires. Les conditions seront alors réunies pour les départs normaux en transhumance pendant décembre 2023 et janvier 2024.
Les cultures maraichères et de décrue : Les disponibilités en eaux seront plus garanties pour les productions agricoles de saison sèche grâce aux prévisions favorables des pluies qui permettront une bonne recharge de la nappe phréatique en octobre 2023 au janvier 2024. Cette campagne agricole de saison sèche va se traduire par des opportunités de revenus moyens pour les ménages pauvres, mais ces revenus seront insuffisants pour couvrir les besoins alimentaires à cause des prix très élevés des denrées alimentaires.
Les achats institutionnels et assistances alimentaires : Des opérations d'achats mensuels en prévision d’une population cible accrue seront réalisées d'octobre 2023 à janvier 2024 pour reconstituer les stocks d'intervention humanitaire à hauteur d’un minimum de 80 000 à 100 000 tonnes. Ces réserves alimentaires gouvernementales seront mobilisées pour assister les populations et atténuer leur insécurité persistante et les effets des conditions climatiques extrêmes, pour atténuer les problèmes de sécurité alimentaire.
La main d’œuvre et de la migration : L’installation de la saison, son déroulement ainsi que sa fin sont estimés normaux et vont offrir des opportunités d’emplois agricoles. La demande soutenue de la main d’œuvre agricole pour les travaux de semis, de sarclage, d’entretien et de récoltes assurera aux ménages pauvres des revenus au moins égaux à la moyenne des cinq dernières années. Le gardiennage des animaux, la vente de bois et de paille vont aussi constituer des sources de revenus pour les ménages pauvres également au même niveau que la moyenne quinquennale. Par ailleurs, les ventes de produits artisanaux renforceront le pouvoir d’achat des ménages pauvres et leur permettre de satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires.
Les migrants saisonniers sont de retour avec des revenus plus importants que ceux de l’année passée qui a été caractérisée par les effets conjugués des restrictions des déplacements des personnes et des confinements liés au COVID 19.
Flux des produits alimentaires : Les flux des produits alimentaires ne fonctionnent pas comme d’habitude suite à la conjonction de plusieurs facteurs défavorables. L'un des facteurs contribuant à la baisse des flux locaux est le faible niveau des stocks, dont une bonne partie est utilisée pour le remboursement des crédits en nature et en espèce pour faire face à la baisse des disponibilités alimentaires de l’année 2021-2022. Par ailleurs, une forte diminution des flux régionaux et sous-régionaux des produits céréaliers (mil, sorgho, mais) s'est produite consécutifs aux conflits locaux (dans le Liptako Gourma et le Bassin du Lac Tchad), ainsi qu'à la fermeture des frontières du Burkina Faso et du Mali. A tout cela est venu se greffer la poursuite des perturbations des flux internationaux qui continuera de maintenir une diminution de la disponibilité des produits importés sur le marché international (riz importé, blé, farine de blé, huile, pâtes alimentaires) et cela à la suite des effets de de la guerre en Ukraine. Une diminution additionnelle des flux transfrontaliers du Nigéria vers le Niger sera observée en lien avec la levée de la subvention du carburant par les nouvelles autorités du Nigéria.
Offre des marchés : L’offre de céréales sèches sur les marchés ruraux et urbains restera faible et inférieure à la moyenne à cause de l’épuisement saisonnier des stocks, de la persistance des conflits et des restrictions à l’exportation dans les pays voisins. L’offre des produits importés restera également en dessous de la moyenne à cause des perturbations sur le marché international, les coûts du fret et des mesures protectionnistes de restrictions de réexportation prises par certains relais dans la chaine d’approvisionnement, comme l’Algérie. Toutefois, l’offre des céréales sèches pourra s’améliorer de façon saisonnière à partir d'octobre 2023 jusqu’en janvier 2024 à la faveur de l’allure prometteuse de la saison, qui va inciter les commerçants et autres acteurs commerciaux à augmenter les approvisionnements des marchés, et à l’arrivée des nouvelles récoltes.
Demande des denrées : La forte dépendance au marché des ménages pauvres et de ceux des zones généralement déficitaires augmenteront la demande de juin à septembre. D'octobre 2023 à janvier 2024, la demande aura une tendance saisonnière à la baisse. Dans les régions affectées par les conflits—Diffa, Maradi, Tillabéry et Nord Tahoua—la dépendance des ménages au marché persistera et la demande sera comparable à la moyenne des cinq dernières années.
Prix des produits alimentaires : Les niveaux de prix vont poursuivre leur évolution atypique au-dessus de la moyenne quinquennale à cause des différentes perturbations des circuits d’approvisionnements locaux et transfrontaliers. La plus récente est relative à la levée des subventions des prix du carburant au Nigeria, qui va provoquer une hausse des coûts de transport et des produits de consommation. La pression supplémentaire de la demande institutionnelle pour la reconstitution des stocks publics va contribuer significativement à aggraver la hausse des prix des denrées alimentaires.
Marchés et prix du bétail : Les marchés à bétail resteront bien animés et les prix des animaux vont rester similaires à ceux de l’année passée à la faveur d’une forte demande par des ménages emboucheurs et des pays côtiers pour les fêtes religieuses. La demande pourrait rester soutenue à la faveur des fêtes de fin d’année en décembre 2023 et janvier 2024. Les prix vont rester supérieurs à la moyenne quinquennale de juin jusqu’en septembre 2023 à cause de la forte demande locale pour la Tabaski et la demande à l’exportation vers le Nigeria qui demeure le plus important marché de destination des animaux. Toutefois, les marchés en zones de conflit vont faiblement animés avec de faible présences des acteurs et des diminutions des prix, qui vont persister jusqu’à la fin de la période du scénario.
Les interventions humanitaires : Avec la persistance des conflits et l’insécurité dans les trois foyers de tension sécuritaire, les déplacements forcés des populations vont continuer à l’interne et entre le Niger et les autres pays. Les actions humanitaires prenant en compte les besoins alimentaires des personnes déplacées sont planifiées et financées à un niveau suffisant pour couvrir les besoins des populations. Cependant, leur mise en œuvre connaîtra globalement une faible couverture géographique à cause de la crise sécuritaire qui va limiter l’accès aux populations. De façon plus spécifiques, les volumes et l’étendue des interventions seront limités dans les zones de Tillabéry et Tahoua où l’accès aux populations restera difficile à cause des attaques des terroristes et des mesures sécuritaires prises par le gouvernement. Elles seront toutefois conduites de façon à couvrir les besoins énergétiques des populations dans les régions de Diffa et Maradi où la présence renforcée des forces de sécurités permet l’accès aux populations pour les distributions alimentaires.
La situation nutritionnelle : Selon les résultats de l’analyse IPC de la malnutrition aigüe (IPC AMN) conduite en décembre 2022, sur les 53 départements analysés, 42 départements seront en situation sérieuse (Phase 3 IPC AMN) et quatre départements en situation critique (Phase 4 IPC AMN) entre le mois de mai et juillet 2023. Cette situation nutritionnelle se maintiendra probablement jusqu’en septembre 2023. Ceci est due à la réduction de l'accès à la nourriture, à la limitation de l’accès aux services sociaux de base y compris les programmes de Nutrition et l’augmentation de la prévalence des maladies hydriques pendant la saison des pluies. Entre octobre 2023 et janvier 2024, avec l'amélioration de l'accès aux denrées alimentaires grâce aux nouvelles récoltes, la disponibilité des produits laitiers et la réduction progressive de la prévalence des maladies hydriques, de meilleurs résultats nutritionnels seront observées dans la majorité des zones.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Les conditions alimentaires défavorables marquées par des prix des denrées alimentaires au-dessus de la moyenne saisonnière quinquennale et un faible pouvoir d’achat des ménages pauvres vont persister. En plus des effets des inondations qui seront occasionnées par la saison des pluies en cours, des résultats de sécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) seront observés globalement. De trois à cinq pour cent des ménages pauvres feront face à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) de juin à septembre 2023 dans toutes les zones agricoles et agropastorales du pays.
Les conditions courantes difficiles en lien avec les conflits et l’insécurité vont persister dans les régions de Tillabéry, Tahoua, Diffa et Maradi et vont conduire à une prolongation de l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) pour les ménages pauvres hôtes et déplacés. Les assistances alimentaires qui seront fournies aux populations pauvres de Diffa et Maradi vont permettre de stabiliser leur insécurité alimentaire en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC).
Dans les zones pastorales, l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) va juste persister jusqu’en fin juillet. A partir d’août 2023 jusqu’en janvier 2024, une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) suivra grâce aux bonnes perspectives pluviométriques et à l’amélioration de la situation pastorale caractérisée par une régénération des pâturages et un bon remplissage des principaux points d’eau. L’état d’embonpoint sera bon et favoriser une réhabilitation de la production laitière et de la valeur marchande des animaux et de leurs termes d’échanges, qui seront au profit des éleveurs.
Les conditions de sécurité alimentaire vont se renforcer d’octobre jusqu’en janvier 2024 avec l’amélioration des disponibilités des récoltes, faciliteront l’accès et la consommation alimentaires. La plupart des ménages va accéder aux quantités de nourriture suffisantes pour couvrir leurs besoins alimentaires et rester en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Toutefois, les effets des inondations vont persister et maintenir quelques groupes de ménages pauvres dans une insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) et de Crise (Phase 3 de l’IPC). Au cours de cette même période, dans les régions de Diffa, Maradi, Tillabéry et Tahoua, malgré cette période favorable, les moyens d’existence et la consommation alimentaire des ménages pauvres ne vont pas connaitre des améliorations car les conflits et l’insécurité vont continuer d’entraver les activités de moyens d’existence, les revenus et de nourriture. L’insécurité alimentaire va alors persister en Crise (Phase 3 de l’IPC) dans les régions de Tillabéry et Nord Tahoua où les populations seront dépendantes des assistances alimentaires mais ne seront pas suffisamment servies à cause des entraves sécuritaires, la présence d’engins explosifs sur les routes et la réduction de l’espace humanitaire de sécurité par les autorités. Cependant, les ménages pauvres de la région de Diffa et du Sud-ouest de Maradi vont avoir accès aux assistances alimentaires pour couvrir leurs besoins alimentaires et rester en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC).
Événements qui pourraient changer les scenarios
Événements possibles au cours des huit mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable:
Zone |
Evénements |
Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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Nationale |
Augmentation excessive du prix des transports des marchandises à la suite d’une hausse des prix de tous les produits pétroliers |
Cela va entrainer une hausse additionnelle de prix des produits de base, une réduction supplémentaire du pouvoir d’achats des ménages pauvres dont la majorité auront un accès limité aux aliments durant toute la période du scénario. Les couts élevés des transports vont entraîner une réduction des quantités achetées par le gouvernement pour reconstituer les stocks stratégiques dont le faible niveau va se traduire par une baisse de la couverture des assistances alimentaires publiques du gouvernement. Les ménages pauvres, qui seront plus nombreux que prévu, recevront moins d’assistances alimentaires alors qu’ils en dépendent fortement et donc feront face à une Crise (Phase 3 de l’IPC). |
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Troubles sociopolitiques dans le pays |
Les grèves et autres mouvements de revendication et de protestation des organisations de la société civile deviennent de plus en plus répétitifs et peuvent débouter sur des grèves de longue durée. Les autorités vont mettre en œuvre de mesures sécuritaires qui vont entraver la paix civile. Ces mesures vont avoir des impacts négatifs sur l’approvisionnement et les prix des denrées alimentaires. Une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) va dominer dans le pays tandis que les zones dépendantes des assistances humanitaires vont évoluer en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC). |
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Perturbation des flux dans les pays de la sous-région ouest africaine |
Une détérioration supplémentaire de la situation sécuritaire et les durcissements des mesures de restrictions des sorties des produits alimentaires vont entraver les approvisionnements des marchés où l’offre sera insuffisante face à une demande de consommation qui va augmenter. Les prix vont se situer à des niveaux plus élevés que prévus et le pouvoir d’achat va se réduire ainsi que l’accès aux aliments pour la consommation alimentaire. Les ménages pauvres de toutes les zones seront en Crise (Phase 3 de l’IPC). |
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Extension géographique des conflits et de l’insécurité |
Il aura un durcissement des mesures sécuritaires et extension de l’état d’urgence qui est en vigueur depuis 2015 (reconduit semestriellement), une amplification des mouvements de populations, une baisse des flux des denrées alimentaires et une hausse excessive des prix à la consommation. Les activités de moyens d’existence seront fortement perturbées et les assistances alimentaires vont fortement diminuer. Des proportions plus significatives de zones et de personnes seront en Crise (Phase 3 de l’IPC). |
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Zone de moyens d'existence agropastorale (NE 04) du département de Ouallam dans la région de Tillabéry (Figure 5)
Figure 5

Source: FEWS NET
Situation actuelle
La situation sécuritaire : La situation sécuritaire reste très volatile et imprévisible dans l’ensemble des quatre communes du département de Ouallam, où sont signalés les mouvements et les incursions dans les villages des groupes armés non étatiques (GANEs) en dépit des opérations militaires offensives. Ce qui a engendré le déplacement dans la zone de 10 597 personnes soit 1 421 ménages. La situation sécuritaire dans le département se caractérise par des enlèvements et assassinats ciblés de civils, le vol récurrent de bétail, le braquage et ou incendie des véhicules, le sabotage des réseaux téléphoniques, et la perception de la dîme forcée/zakat. Cependant, un certain nombre de facteurs contribuent à une baisse des attaques de grande envergure contre les positions et patrouilles militaires. La multiplication des patrouilles d’offensives par les militaires est dissuasive pour les groupes armés, tout comme le redéploiement des forces partenaires renforçant les effectifs militaires sur le terrain. Il y a aussi des affrontements entre groupes terroristes rivaux (JNIM-EIS), qui ont eu des difficultés à mobiliser des ressources financières et du matériel de guerre après la neutralisation de plusieurs figures des GANE. Toutefois, une hausse du nombre d’incidents sécuritaires s'est produite dans le département au cours du mois d’avril 2023 par rapport aux mois mars 2023, selon la Coordination Civilo-Militaire (Figure 6).
Figure 6

Source: Coordination Civilo-Militaire
La campagne agricole : La saison des pluies ne s’est pas encore installée dans le département de Ouallam. En effet au 10 juin 2023, aucun village n’a effectué des semis sur les 300 villages agricoles que compte le département. À la même période de l’année passée, 20 villages agricoles avaient effectué des semis partiels, soit sept pour cent de villages agricoles.
Disponibilité alimentaire : Les résultats provisoires de l’évaluation de la campagne agricole 2022/2023 du département indiquent encore une baisse de la production de 22 933 tonnes de céréales soit 76 pour cent des besoins de consommation humaine du fait de l’effet conjugué de l’arrêt précoce de la saison des pluies et de la persistance de l’insécurité civile, qui a réduit de 15 à 30 pour cent les superficies emblavées ou récoltées. A cela s’ajoute, d’une part la réduction de 90-95 pour cent dans les flux des céréales en provenance du Burkina Faso et du Mali en raison de la persistance de l’insécurité sur les axes routiers. En outre, selon les commerçants interviewés lors de l’évaluation rapide, la poursuite de la guerre en Ukraine perturbe considérablement 50-60 pour cent les flux entrants des produits de grande consommation (la farine de blé, le lait, l’huile, les pâtes alimentaires et le sucre) en provenance du Maghreb via l’Algérie.
Selon le Système d’Information sur les Marchés Agricole (SIMA), le prix d’avril 2023 du mil affiche une légère hausse de six pour cent par rapport au niveau de mars 2023, mais en hausse significative de 19 pour cent par rapport à la période de l’année dernière et à la moyenne quinquennale. Le prix du sorgho reste stable en avril 2023 par rapport au niveau de mars 2023 tandis qu’il affiche des hausses significatives respective de 18 et 27 pour cent par rapport au niveau d’avril 2022 et à la moyenne des cinq dernières années. Quant au maïs, son prix demeure quasi-constant en avril 2023 par rapport au niveau du mois passé et à la même période de l’année passée. Cependant, le prix a augmenté de 16 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale en raison de la baisse des stocks de report de 80 à 90 pour cent dans la zone et de la baisse de production cette année. Aussi, l’augmentation du prix des hydrocarbures a provoqué la hausse des coûts de transport, contribuant à la hausse des prix du maïs (Figure 7). Cette situation limite l’accès aux produits alimentaires notamment pour les ménages pauvres.
Figure 7

Source: SIMA
Commerce du bétail : Le commerce de bétail reste globalement timide dans le département du fait de la réduction de 50 à 70 pour cent de la fréquentation du marché par les principaux acteurs nigérians et malien. Cette réduction est due à la poursuite de la dépréciation du Naira, à la suppression de la subvention du carburant au Nigéria, et à la persistance de l’insécurité civile sur les axes routiers. Compte tenu de la persistance de l'insécurité civile dans la région, l’offre du bouc a diminué, entraînant une hausse du prix actuel du bouc de sept et 25 pour cent respectivement par rapport à la même période de l’année dernière et à la moyenne des cinq dernières années (Figure 8).
Figure 8

Source: SIMB
Les sources de revenus : Au vu du contexte sécuritaire très volatile, les opportunités d’emploi saisonnier au niveau local restent très limitées avec une baisse de 33 pour cent par rapport à la normale. Cette situation réduit drastiquement le niveau des revenus des ménages pauvres et déplacés dans la zone qui tirent leurs revenus essentiellement des travaux des préparatifs des champs de culture, la vente de paille et de bois, du petit commerce et la vente des produits de cueillette. Les revenus issus de ces activités ont baissé de 15 à 40 pour cent par rapport à la moyenne du fait de l’augmentation du nombre des personnes qui s’adonnent à ces activités, consécutive à l’afflux continu de déplacées pratiquant les mêmes activités dans la zone. En plus, selon les données issues de l’enquête rapide, les transferts des migrants ont aussi baissé de 43 pour cent à cause de la conjoncture économique due aux impacts de la guerre en Ukraine, entraînant une situation économique difficile tant au niveau local que dans les pays d’accueil le Nigéria et le Ghana notamment. Les termes de l’échange bouc/mil sont estimés en avril 2023 à 121 kg de mil contre 134 kg en avril 2022 et 115 kg en moyenne quinquennale suite à une baisse de l’offre des animaux de 50 à 70 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale (Figure 9).
Figure 9

Source: SIMA et SIMB
Assistance alimentaire : Le département compte actuellement 10 597 déplacés internes soit 1 421 ménages contre 10 576 personnes en janvier 2023 soit 1 417 ménages. Ce qui indique une stabilité de la situation humanitaire dans le département. Les assistances alimentaires sont en cours dans la zone à travers des opérations de distributions gratuites ciblées (des kits alimentaires 25 kg de riz et mil et 5 litres d’huile végétale), des cash transfert de 27 000 FCFA à 45000 FCFA/ménage/mois pendant trois mois et des cash for work de 2300 FCFA/personne/jour pendant 45 jours.
Toutefois, selon les populations interviewées lors de la visite terrain, ces assistances atteignent moins de 20 pour cent des ménages nécessitant d’assistance et ne couvrent que 25 à 50 pour cent des besoins alimentaires des bénéficiaires du département. L’accès à cette zone et même l'acheminement de l’assistance sont difficiles pour les agents humanitaires contraints par les mesures gouvernementales de sécurité et les risques sécuritaires, comme l'utilisation des engins explosifs improvisés par les groupes armés terroristes.
Suppositions
- Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2023 à janvier 2024 se base sur des suppositions fondamentales suivantes, par rapport à l’évolution du contexte national :
- La saison des pluies sera normale tant dans son installation que sa durée.
- Les conflits vont provoquer des abandons de champs de culture et donc des baisses des superficies emblavées et une réduction des récoltes d’environ 15-30 pour cent. La persistance de l’insécurité civile va entraîner une réduction des revenus issus des activités génératrices de revenu comme petit commerce, la vente de bois/paille, des travaux de contre saison et la demande de la main d'œuvre agricole locale. Ainsi, les revenus générés seront inférieurs à la moyenne quinquennale.
- L’insécurité civile va réduire l’accessibilité aux ressources pastorales, diminuer la taille des troupeaux en raison des vols et des pillages et perturber la transhumance habituelle.
- L’accord de paix conclu en janvier 2023 entre les membres des communautés Zarma et Fulani à Banibangou (région de Tillabéry) entraînera une baisse des niveaux de violence intercommunautaire dans le département de Ouallam.
- La faiblesse approvisionnement céréalière sur les marchés locaux accompagnée de prix largement supérieurs à la moyenne est attendue en raison des faibles niveaux de production locale, aux perturbations des flux commerciaux dues à l'insécurité civile et aux restrictions aux sorties de céréales du Burkina Faso et du Mali.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
De juin jusqu’à septembre 2023, la majorité des ménages ont des déficits de consommation alimentaire conformes aux résultats de la Crise (Phase 3 de l'IPC). En plus de l’épuisement des stocks en période de soudure, la hausse des prix des denrées alimentaires réduit leur pouvoir d’achat des produits de consommation et ils n’ont pas accès aux assistances alimentaires de façon suffisante à couvrir leurs besoins alimentaires. Les champs de cultures sont abandonnés dans une proportion de 15 à 30 pour cent notamment dans l’extrême nord du département. Les aires de pâturages pour les animaux dans ces zones sont d’accès limités. Certains marchés sont fermés et avec la limitation de l’utilisation des motos (6 h à 19 h) et les mouvements des personnes et les échanges commerciaux sont perturbés en raison des menaces d’attaques et de l’insécurité sur les axes routiers. Une analyse par FEWS NET de la diminution totale des sources de nourriture et de revenu typiques basée sur l'Analyse des Résultats de l'Économie des Ménages (HEA Outcome Analysis) suggère que les ménages pauvres ont un déficit important en matière de protection des moyens de subsistance et qu'ils sont simultanément confrontés à des écarts croissants en matière de consommation alimentaire. En outre, l’analyse des données de l’évaluation rapide de la sécurité alimentaire collectées par FEWS NET indique les ménages pauvres déplacés consomment une quantité et une qualité de nourriture inadéquates, composées principalement de céréales et de feuilles vertes.
D’octobre 2023 à janvier 2024, toute amélioration des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë sera très probablement marginale en raison des perturbations de la production agricole et bétail liées au conflit. La production agricole sera en dessous de la moyenne à cause de la baisse des superficies emblavées due à l’abandon des terres consécutivement à la persistance de l’insécurité civile pendant de nombreuses années. Les prix des denrées alimentaires resteront hauts et ne permettent aux ménages pauvres de disposer de quantités suffisantes de denrées alimentaires. Les ménages pauvres vont continuer de faire face à un déficit alimentaire. Le retour aux champs de cultures pluviales ne sera pas observé dans au moins 15 pour cent des cas et donc il y aura la perte des terres agricoles et pastorales, des vols et pillages des animaux et autres biens productifs. Les risques sécuritaires empêchent l’accès aux populations pour la distribution des assistances, et aucune action propre ou extérieure ne sera conduite pour la protection et la réhabilitation des moyens d’existence. Dans l'ensemble, les ménages pauvres continueront d'être confrontés à des pénuries alimentaires conformes aux résultats de la Crise (Phase 3 de l'IPC) tout au long de la période de prévision.
Citation recommandée : FEWS NET. Niger Perspectives sur la sécurité alimentaire juin 2023 à janvier 2024 : La persistance des conflits dans les régions frontalières réduit la performance de la saison agricole, 2023.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.