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En plus de la crise sécuritaire, COVID-19 aggrave l’insécurité alimentaire et les moyens d’existence

En plus de la crise sécuritaire, COVID-19 aggrave l’insécurité alimentaire et les moyens d’existence

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  • CONTEXTE NATIONAL
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    • Les crises sécuritaires continuent d’affecter les régions de Diffa, Tillabéry, Tahoua et Maradi. Entre janvier et mai, 347 cas d’incidents sécuritaires ont été enregistré dans les régions de Tahoua et Tillabéry. Suite à ces incidents sécuritaires, il a été recensé 540 045 personnes déplacées dont la moitié constituée de déplacées internes dans les régions de Diffa, Tillabéry, Tahoua et Maradi.

    • Le COVID-19 persiste avec des cas confirmés estimés au 16 juin 2020 à 1 016 cas. Les mesures prises pour contrôler sa propagation ont des conséquences économiques aggravant l’insécurité alimentaire tout en l’élargissant a de nouvelles zones dont celles des centres urbains. 

    • La campagne agricole a démarré avec les semis réalisés dans 61 pour cent des villages agricoles. Les prévisions saisonnières agro-climatiques annoncent de conditions favorables en comparaison avec les moyennes calculées sur les 30 dernières années, mais les effets positifs de ces facteurs climatiques pourraient diminuer suite aux incidences des mesures COVID-19 sur la disponibilité de la main d’œuvre migrante dont la fermeture des frontières bloque le retour.

    • La saison des pluies n’est pas encore démarrée en zone pastorale ou les effets combinés du déficit fourrager de l’année passée et des crises sécuritaire et des restrictions de mouvement pour combattre le COVID-19 se traduisent par une limitation de l’accès aux zones fournies en pâturage et aux zones de meilleures opportunités économiques pour la vente a des prix rémunérateurs des animaux.

    • Les populations de la zone centre et nord de la région de Tillabéry et nord Tahoua vit, dans leur majorité, une insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 IPC). Dans la région de Diffa et l’extrême sud de la région de Maradi, l’insécurité alimentaire est plutôt en Stress (Phase 2 ! IPC) grâce aux assistances planifiées et mises en œuvre. L’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 IPC) affecte les populations des autres zones du pays mais pourrait évoluer vers la phase Minimale (Phase 1 IPC) à partir d’octobre 2020 jusqu’en janvier 2021.

    CONTEXTE NATIONAL

    Situation actuelle

    La situation sécuritaire : La situation sécuritaire connait de nouveaux développements dans les régions de Diffa, Tillabéry, Tahoua et Maradi ou les attaques et autres incidents sécuritaires continuent d’augmenter et de provoquer de déplacements de populations. Dans les régions de Tillabéry et Tahoua, la dégradation de la situation sécuritaire persiste avec une augmentation des incidents sécuritaires qui ont passé 52 cas en janvier 2020, a 68 cas en mars 2020 et a 81 cas en mai 2020. La même tendance à l’augmentation des cas est observée dans la région de Diffa ou selon UNDSS, 22 incidents ont été enregistrés au cours du mois de mai 2020 contre 6 en avril 2020. Ces incidents qui s’opèrent au Niger mais également dans les pays voisins (Nigeria, Mali, Burkina Faso) ont fait déplacées des personnes estimées à 540 045 personnes dont 265 522 personnes déplacées internes dans les régions de Diffa, Tillabéry, Tahoua et Maradi. Dans la région de Diffa, les nouveaux déplacées internes enregistrées dans les premiers 5 mois de 2020 sont en nombre réduit, les déplacements au cours de cette période concernent surtout les déplacements secondaires d’un site a un autre sous la pression des menaces des groupes armés ou à la recherche des assistances alimentaires. Par contre dans les régions de Tillabéry, Tahoua et Maradi, les nouveaux déplacées internes viennent s’ajouter aux anciens déplacés et représentent actuellement 50 pour cent à 100 pour cent de la population totale déplacée à l’intérieur de ces régions enregistré ces derniers mois.

    COVID-19 : le Niger fait face depuis mars 2020 a une crise sanitaire née de la pandémie du COVID-19. A la date du 17 juin 2020, 1 020 cas sont confirmés au COVID-19 dont 893 cas guéris, 60 cas en traitement et 67 cas de décès. L’évolution de la situation indique une tendance à la baisse des cas confirmés dont le nombre a varié entre 0 et 4 cas par jour depuis la fin du mois de mai 2020 et cela malgré un pic observé le 15 juin 2020 ou il a été enregistré 36 cas confirmés. Toutes les régions du pays ont des cas confirmés mais la région de Niamey reste la plus touchée par la pandémie suivie de Zinder et Tahoua. Toutes ces régions et leurs populations souffrent des mesures contre-COVID-19 prises par les autorités nigériennes, comme la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, les distanciations, et les précautions sanitaires qui restent les seules mesures en vigueur actuellement après la levée des restrictions de déplacement, de transport en commun et de l’isolement de certaines villes.

    La situation agro-climatique : La campagne agricole poursuit sa phase d’installation avec les premières pluies enregistrées depuis le mois de mai 2020. A la faveur des précipitations enregistrées, sur les 12 813 villages agricoles suivis par la direction des statistiques, 7 760 villages ont effectué les semis de mil au 20 juin 2020, soit 61 pour cent, ce qui représente le même taux de réalisation qu’en 2019 contre à la même période. La variation selon les régions montre que sur les 4 principales régions agricoles du pays, le taux de réalisation des semis est supérieur à celui de l’année passée dans les régions de Dosso et Tillabéry et inferieur a l’année passée dans les régions de Maradi, Zinder et Tahoua.  

    Malgré les facteurs agro climatiques favorables aux cultures en place, la campagne agricole souffre d’un accès limité aux semences pour les ménages pauvres déficitaires dont les mesures contre le COVID-19 des mois de mars, avril et mai n’ont pas permis la distribution gratuite de semences à temps. De plus, la fermeture des frontières des pays de destination des migrants à cause du COVID-19 n’ont pas non plus permis à cette main d’œuvre agricole de revenir comme d’habitude pour les travaux agricoles.

    La situation pastorale : Conformément aux tendances saisonnières, la saison n’a pas significativement démarré en zones pastorales. Les quelques pluies enregistrées en zone pastorale ont permis une germination localisée des herbacées dans cette zone caractérisée par un déficit fourrager important. A ces conditions locales défavorables viennent s’ajouter les effets des mesures sécuritaires et sanitaires telles que la fermeture des frontières et les interdictions des regroupements se traduisant par une restriction de la mobilité des éleveurs et des animaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Selon, le bulletin mensuel de suivi de l’impact de la COVID-19 sur les ménages pastoraux et agropastoraux de ACF, en Mai 2020, Au Niger, 51% des relais constatent une réduction des mouvements du bétail à cause du risque accru de rassemblement des personnes qui va à l’encontre des mesures sanitaires destinées à freiner la propagation du virus. Les effets combinés du déficit fourrager et de l’impossibilité de la transhumance interne et transfrontalière conduisent à une forte dégradation de l’état d’embonpoint des animaux, une augmentation des couts d’entretien et une baisse significative de la valeur marchande des animaux et du pouvoir d’achat de produits alimentaires et non alimentaires.

    Les marchés et les prix : Les marchés sont bien approvisionnés en denrées alimentaires de base, et en légère hausse compare à l’année dernière, malgré la détérioration saisonnière des conditions locales suite à la baisse de la production agricole en 2019 dans certaines zones, notamment Maradi, Zinder, et Tahoa. Les disponibilités en céréales sur les marchés sont assurées par les importations commerciales exemptées des interdictions de mouvements des biens et personnes en lien avec le COVID-19. Toutefois, ils sont toujours en baisse comparé a la moyenne quinquennale, suite à la fermeture de la frontière de Nigeria en aout 2019. Cependant, dans les régions de Diffa, Tillabéry et Nord Tahoua, les flux internes et transfrontaliers continuent à évoluer en dessous de la moyenne à cause de l’insécurité sur les frontières et sur les axes commerciaux à l’intérieur de ces régions. Selon le SIMA, l’offre est assurée à 64 pour cent par les commerçants nigériens contre 70-80 pour cent l’année passée à la même période, à 17 pour cent par les producteurs locaux et à 19 pour cent par les commerçants étrangers pour les céréales locales (mil et sorgho) et à 74 pour cent par les commerçants nigériens et à 26 pour cent par les commerçants étrangers pour le maïs. La demande est faible malgré l’épuisement des stocks pour la plupart des ménages à cause d’un pouvoir d’achat négativement impacté par les effets du COVID. Cette faible demande locale s’explique par les opérations de distributions gratuites de vivres de juin a septembre, mises en œuvre par le gouvernement et ses partenaires comme réponses pour atténuer les impacts du COVID-19 sur l’accès alimentaire des ménages. Toutefois, on observe une augmentation de cette demande d’environ 30 pour cent du fait des commerçants nigériens qui représentent environ 40 pour cent de la demande sur les marchés. Les prix des céréales sèches demeurent en légère hausse comparé au même mois de l’année passée. Ils sont également en légère augmentation pour le mil par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Par rapport à la moyenne des 5 dernières années, les prix des céréales sèches (mil, sorgho, et mais), sont en hausse de 15 à 40 pour cent sur les marchés de Belbédji et Gouré (Zinder), Mainé Soroa (Diffa), Arlit (Agadez), Gararé (Maradi), Gotheye et Abala (Tillabéry) et Tchintabaraden (Tahoua). Cependant, les prix sont en baisse significative pour le niébé par rapport aux niveaux de mai 2019 et à la moyenne des cinq dernières années a cause de la bonne production de 2018 et 2019 qui renforcent les stocks des ménages ainsi que de l’Etat.

    Sur les marchés à bétail, le niveau de l’offre affiche, en mai 2020, une baisse générale pour toutes les espèces et les catégories qui selon le SIM bétail, varie de 10 à 17 pour cent pour les petits ruminants a 21 pour a 28 pour cent pour les gros ruminants par rapport à l’année passée. Cette baisse de l’offre suit la tendance de la demande qui est aussi en diminution de 21 à 25 pour cent pour les petits ruminants et 33 à 38 pour cent pour les gros ruminants qui serait liée à la baisse des exportations dont le niveau accuse une réduction 40 à 44 pour cent pour les petits ruminants et 47 à 48 pour cent pour les gros ruminants.

    Les prix des animaux sont globalement stables par rapport au mois passé. Ils sont cependant en baisse par rapport à la même période de l’année passée et à la moyenne des 5 dernières années du fait de baisse de la demande consécutive à la fermeture des frontières affectant le déplacement des exportateurs. Les baisses les plus importantes (baisse de 20 pour cent et plus ) par rapport à la moyenne quinquennale concernent les marchés de Aderbissenat et Agadez Commune (Agadez), Birni NKonni, Abalak, Tchintabaren, Tahoua commune et Tamaské (Tahoua), Nguigmi, Nguel Kolo et Kindjandi (Diffa), Tanda, Béla et Bagagi (Dosso), Soubdou et Bakin Birdji (Zinder),  Sabon Machi (Maradi), Téra et Ayorou (Tillabéry)

    Les sources des revenus : La vente de lait, de bois et de paille, les revenus de l’exode, la main d’œuvre agricole et pour le gardiennage des animaux constituent les sources de revenu saisonnières typiques des ménages dont les pauvres et les très pauvres. Le prix de la main d’œuvre agricole a augmenté suite sa faible disponibilité consécutive à la fermeture des frontières empêchant le retour de la main-d’œuvre migrante. La main d’œuvre pastorale connait une faible demande et de prix à cause de l’utilisation de la main d’œuvre familiale consécutivement aux restrictions entravant les mouvements habituels des animaux. Les revenus de la migration/exode sont inférieurs à la moyenne suite aux pertes des opportunités de revenus dans les villes et pays d’accueil suite aux mesures de restrictions des mouvements et un retour timide des migrants bloqués dans les pays d’accueil qui mettent en application les mesures restrictions voire les interdictions de déplacement de personnes. Les revenus issus de la production laitière sont en dessous de la moyenne à cause du mauvais état physique des animaux.  Cependant, les ventes de paille et du bois procurent des revenus au-dessus de la moyenne à cause du déficit important et des restrictions des mobilités et qui rendent indispensables les compléments alimentaires dans l’alimentation du bétail. Les autres sources de revenus saisonnières pour les ménages pauvres sont constituées par les travaux de haute intensité de main d’œuvre, faisant partie habituellement des programmes d’assistances alimentaires des acteurs publics et privés, mais qui n’ont pas été financés cette année car leur calendrier de mise en œuvre a coïncide avec l’application des mesures restrictives contre le COVID 19.

    L’assistance alimentaire : les résultats de l’analyse Cadre Harmonisé de Mars 2020 ont abouti à l’identification d’environ 2 millions de personnes en insécurité alimentaire aigue (phase 3 et plus de IPC) en juin-juillet-aout 2020. Suite a l’apparition du COVID 19 avec les premiers cas confirmées en mars 2020 et les mesures prises par le gouvernement pour contrôler sa propagation et qui ont des implications sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des ménages, une analyse conjointe est menée pour évaluer les évolutions de la situation alimentaire. Cette actualisation de l’analyse Cadre Harmonisé a trouvé que le dysfonctionnement des moyens et des marchés provoqués par les effets indirects du COVID 19 font basculer près de 700 000 personnes en plus dans la situation d’insécurité alimentaire (Phase 3 et plus de IPC) en juin-juillet-aout, ce qui porte la population dans le besoin a 2,7 millions de personnes. Un plan d’assistance Etat-partenaires est élaboré et le financement et la mise en œuvre sont acquis pour 2 millions de personnes qui reçoivent déjà les premières opérations de distributions gratuites de cash ou de vivres, y compris dans les zones urbaines qui font des nouvelles zones en insécurité alimentaire suite au COVID.  

    La situation nutritionnelle : La situation nutritionnelle au Niger est typiquement marquée en période de soudure par des prévalences élevées de malnutrition aigues globale qui se situent entre 10 et 14%. La médiane calculée à partir des enquêtes smart des 10 dernières années consécutives (Smart : 2010-2019) reflète un MAG de 13.6%. Les effets du COVID 19 se traduisent par une dégradation de la situation alimentaire et des conditions sanitaires et provoquent une incidence de la malnutrition aigüe globale au-dessus de la médiane de la soudure soit 14 pour cent.

    Résultats de la sécuritaire alimentaire : La dégradation de la situation sécuritaire manifestée par l’augmentation des cas d’incidents sécuritaires, en plus de provoquer une détérioration des moyens d’existence des populations, limite l’accès humanitaire pour la distribution de l’assistance dans les zones affectées par les conflits, notamment dans la région de Tillabéry et le Nord-ouest de la région de Tahoua. Cette situation engendre une insécurité alimentaire en Crise (Phase 3 IPC) dans ces zones ou en plus de la perte de leurs moyens d’existence, les populations n’arrivent pas à recevoir de l’assistance à cause de la prévalence d’une tension sécuritaire plus forte freinant l’action humanitaire. L’insécurité alimentaire est en Stress ! (Phase 2 ! IPC) dans les régions de Diffa et dans l’extrême Sud-ouest de la région de Maradi ou l’assistance alimentaire arrive aux personnes dans le besoin, avec les déplacées et les populations hôtes de ces zones en priorité. Dans le reste des zones de moyens d’existence, l’économie alimentaire des ménages se caractérise par des stocks alimentaires épuisés et un retour aux marchés pour l’achat de céréales. Le pouvoir d’achat de céréales sur les marchés est fortement impacté par les effets du COVID 19 suite aux mesures prises pour le contrôle de sa propagation qui ne permettent d’exercer normalement les activités qui procurent les revenus. Les ménages se retrouvent avec des ressources financières insuffisantes pour effectuer les dépenses non-alimentaires nécessaires et une insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) affecte la majorité des zones urbaines et agricoles. Toutefois, des proportions faibles des ménages pauvres situés dans la zone pastorale et les zones agropastorales du Nord de Dosso et Zinder sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Suppositions

    Les scenarios les plus probables de la sécurité alimentaire de juin 2020 à janvier 2021 se basent sur des suppositions fondamentales par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :

    • Mesures de lutte contre la propagation du COVID-19 : Avec la prise de mesures sanitaires et sociales et le contrôle strict du respect de ces mesures de lutte contre la propagation du COVID-19 par les populations, on observe de plus en plus une tendance à la baisse des nouveaux cas confirmés au test COVID-19. Les mesures préventives sanitaires et restrictives seront allégées et progressivement levées dans tout le pays avec toutefois le gouvernement qui va décider de rétablir ces mesures en cas d’une dégradation de la situation liée au COVID-19.  Les effets indirects du COVID-19 et directs des mesures préventives sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations vont persister au-delà de la période de maitrise de la situation sur la pandémie et de la levée des mesures mises en place mais ne peuvent aller au-delà de septembre 2020. Le gouvernement a indiqué qu’à partir de 1er juin, les frontières terrestres du pays vont réouvrir.
    • Prévisions +climatiques : Les résultats des prévisions climatiques saisonnières des caractéristiques pluviométriques, sur la période Juillet-Août-septembre 2020, prévoient une saison de pluie humide ou excédentaire sur la bande agropastorale du pays avec des quantités de pluies globalement supérieures aux cumuls moyens de la période 1981-2010. Les cumuls pluviométriques excédentaires attendus dans la majeure partie du pays, associés aux probabilités d’occurrence de fortes pluies (surtout en Fin Juillet-aout- début septembre) et à la crise acridienne en cours en Afrique de l'Est et dans la Corne de l’Afrique laissent présager des risques d’inondation et d’incursion d'essaims de criquets pèlerins.
    • Perspectives sur la production agricole : A la faveur des importantes quantités de pluies et des pauses pluviométriques courtes à moyennes globalement, les productions agricoles seront au moins moyennes dans la majeure partie de la zone agricole et agropastorale. Toutefois, les risques élevés d’inondations et d’incursion de criquets pèlerins constituent de menaces pour le niveau moyen a bon de production agricole attendue. La production irriguée de riz sera moyenne au bord des cours d’eaux (Fleuve Niger, Komadougou Yobé…) dont les récoltes vont intervenir en mai/juin 2020 pour la campagne de la saison sèche et en octobre/novembre 2020 pour la saison hivernage va contribuer aux sources de nourriture et de revenus pour les populations riveraines.
    • Perspectives pour les cultures de contre saison : Les prévisions hydrologiques indiquent une situation moyenne a excédentaire dans le bassin du Fleuve Niger qui se traduirait par une disponibilité en eau acceptable pour les cultures irriguées qui vont démarrer en octobre et vont se poursuivre jusqu’en janvier 2021 et au-delà avec les débuts des récoltes. Cela augure des opportunités moyennes a supérieures pour le maraichage et de bonnes perspectives de récoltes pour les cultures de décrues. Les sources de nourriture et de revenu liées au maraichage et aux cultures de décrues seront d’un niveau moyen.
    • Perspectives sur l’état du pâturage et l’embonpoint du bétail : La production fourragère est déficitaire pour plusieurs années consécutives provoquant des baisses significatives de la disponibilité du pâturage et des situations de vulnérabilités dans la plupart de la zone pastorale. Toutefois, il est attendu des conditions pastorales favorables à partir de juillet 2020 avec les apports de l’hivernage et les interventions de l’Etat et de ses partenaires. L’amélioration de l’embonpoint des animaux a partir de juillet va favoriser une reprise de la production de lait et de la valeur marchande des animaux qui vont ramener les revenus saisonniers des pasteurs a leurs niveaux moyens.
    • La situation sécuritaire : Les conflits ainsi que l’état d’urgence persisteront dans les régions de Diffa, Tillabéry et de Tahoua tout au long de la période du scenario. L’afflux des refugiées du Nigeria dans la région de Maradi suite aux conflits intercommunautaires dans les Etats de Sokoto, Zamfara va continuer et le nombre de personnes déplacées dans le pays suite à ces conflits continuera d’augmenter durant la période du scenario.
    • Perspectives sur les stocks et achats institutionnels : Les stocks vont continuer à être renforcés par commerçants, les institutions et les structures étatiques. Toutefois, compte tenu de la fermeture de certaines frontières des pays sources d’approvisionnement, les prix d’achats ajouté aux couts de transactions vont occasionner des augmentations des prix de revient. En conséquence, le niveau de reconstitution pourrait demeurer en dessous de la moyenne et entrainer une faiblesse des disponibilités sur les marchés. Cela pourrait soutenir la hausse des prix au-delà des normes saisonnières entre juillet et septembre 2020 et limiter l’accès pour les ménages pauvres.
    • Perspectives de la main d’œuvre et des autres principales sources de revenus : L’offre et la demande de main d’œuvre pour les cultures pluviales et le gardiennage des animaux qui devraient être soutenues suite à la coïncidence des travaux de préparation des champs, de mise en place et d’entretien des semis avec de fêtes religieuses. Toutefois, le COVID-19 et les mesures prises contre sa propagation, notamment les distanciations sociales et les restrictions des déplacements des populations, impactent négativement la mobilité interne et externe de cette main d’œuvre et sa disponibilité et son offre qui baissent significativement par rapport à la moyenne saisonnière mais sa demande reste à son niveau moyen. Les opportunités d’emplois locaux pour le gardiennage des animaux et d’auto-emplois locaux telles que la vente de paille et de bois fonctionne en dessous de leur tendance saisonnière normale malgré le début précoce de la période de soudure pastorale suite aux effets directs et indirects du COVID-19. Les autres sources de revenus telles que le petit commerce, l’artisanat et les autres activités du secteur informel tournent lentement et vont continuer encore de tourner au ralenti suite aux effets persistants des mesures de distanciations sociales, les restrictions des mouvements et la limitation des temps d’opérations. Tous ces emplois locaux vont continuer à générer des revenus inférieurs à la moyenne pour les prochains mois même en cas d’allègement et/ou de levée des mesures restrictives dont les effets sur les moyens d’existence sont soudains et persistants.
    • Les impacts de la dépréciation du naira : La dépréciation du Naira et la relative amélioration de la valeur du FCFA vont soutenir le transfert des denrées de base vers les marchés locaux du Niger au cours de la période de projection. Toutefois, l’exportation du bétail et des cultures de rente vers le Nigeria va évoluer en dessous de la moyenne car les fermetures de certaines frontières et les mesures de restrictions de mouvement liées au COVID-19 vont entrainer une faible présence et demande des commerçants exportateurs.
    • Migration et transferts : La persistance des conflits civils et surtout des mesures de confinement liées au COVID-19 dans les pays d’accueil des migrants vont continuer à perturber les activités de main d’œuvre et d’autres activités des migrants ainsi que les flux de transfert. Les transferts d’argents vont rester faibles et inférieurs à la moyenne saisonnière.

    Le fonctionnement des marchés et prix

    • Disponibilité : Compte tenu des productions agricoles moyennes en 2019/2020, des stocks de report moyens et des importations commerciales réalisées et prévues, les circuits internes vont fonctionner et permettre une offre locale qui sera comparable à la moyenne pendant la soudure et la période de récolte. Toutefois, les opportunités d’échanges transfrontaliers existant grâce aux bonnes disponibilités céréalières dans les pays d’importations du Niger (Benin, le Togo, le Ghana, la Cote d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali) sont impactées négativement par la fermeture de la frontière avec le Nigeria et les mesures liées au COVID 19 qui se traduisent par des couts de transactions et des prix de revient plus élevés que la moyenne.Les disponibilités des denrées de base sur les marchés ruraux éloignés devraient baisser suivant la tendance saisonnière au fur et à mesure que l’on approche la période de soudure (juin-septembre) suite à des prix de revient élevés et une demande locale faible à cause d’une détérioration du pouvoir d’achat.
    • Demande : Les achats pour la reconstitution des stocks publics et institutionnels pour répondre aux besoins d’assistance alimentaire devenus plus importants que d’habitude suite aux besoins additionnels liés au COVID-19 et les achats des populations des zones de déficits importants de production vont contribuer à une augmentation de la demande au-dessus du niveau habituel de juin à septembre 2020. Toutefois, la détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs suite aux effets des mesures liées au COVID-19 sur les moyens d’existence, pourrait conduire les ménages pauvres et structurellement déficitaires à un faible recours aux marchés et à des achats inferieurs à la moyenne en juillet-aout-septembre. Cette demande va se stabiliser à son niveau habituel à partir d’octobre 2020 et jusqu’en janvier 2021 à la faveur de la disponibilité des produits des nouvelles récoltes.
    • Prix des produits alimentaires : Les niveaux de prix de céréales vont maintenir une tendance haussière par rapport à la moyenne quinquennale sur la plupart des marchés de mai-juin à cause des effets des achats publics et institutionnels qui seront opérés dans un contexte commercial impacté par le COVID-19. Les prix des produits de rente vont connaitre une évolution contraire avec la faible demande à l’exportation surtout le niébé dont le prix est déjà en chute suite à une suroffre consécutive à une bonne production et des bons niveaux de stocks de report. Les prix vont progressivement évoluer selon leur tendance saisonnière suite à une diminution progressive de la demande publique et institutionnelle et locale a la faveur des opérations de distributions gratuites de vivres et de vente a prix modéré des produits alimentaires.
    • Prix du bétail : Avec les faibles taux du naira, les prix du bétail vont rester en baisse par rapport à la moyenne quinquennale de juin à juillet à cause de la faiblesse des exportations vers le Nigeria. Aussi, le mauvais état d’embonpoint consécutif au déficit fourrager n’incitera pas la demande locale. Les rehaussements de la demande locale et à l’exportation à la faveur des bonnes conditions de pâturages et des fêtes religieuses (musulmane en aout et chrétienne en décembre), la valeur marchande des animaux va évoluer à la hausse mais les prix pourraient rester au même niveau que la moyenne.

    Autres Suppositions

    • Les interventions humanitaires : Les plans de réponse ont été actualisés pour la prise en compte des nouveaux besoins des nouveaux groupes socioéconomiques y compris des groupes urbains qui sont venus s’ajouter aux ménages vulnérables qui vont commencer à bénéficier des interventions humanitaires par l’Etat et ses partenaires de juin à septembre au profit de 1.9 millions bénéficiaires dont les distributions sont déjà financées.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    De juin à septembre 2020, la situation alimentaire des ménages des zones agricoles et agropastorales sera dominée dans la majorité des zones de moyens d’existence par une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) ou Minimale ! (Phase 1 ! de l’IPC) suite aux effets persistants du COVID 19 sur le pouvoir d’achat et mais les assistances alimentaires dont le financement est planifié et acquis vont permettre de couvrir les besoins de consommation dans la plupart des zones. En octobre 2020 à janvier 2021, des améliorations seront observées dans la disponibilité alimentaire et les revenus des ménages grâce aux nouvelles récoltes de céréales et de produits de rente prévus moyens a supérieurs grâce aux bonnes conditions agro climatiques très probables. Les dépenses non alimentaires seront assurées par les ventes de surplus céréaliers, de produits de rente et les activités saisonnières génératrices de revenus suite aux effets marginaux/négligeables du COVID 19 en cette période de projection. 

    Dans la zone pastorale, une insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 IPC) sera observée suite à des difficultés d’accès alimentaire chez les ménages pauvres dont le pouvoir d’achat va souffrir de la baisse du prix du bétail, principale source de revenu des populations en juin-juillet-aout mais l’insécurité alimentaire va se situer au niveau Minimal (Phase 1 IPC) à partir de septembre/octobre jusqu’en janvier 2021 grâce à l’amélioration de l’embonpoint des animaux qui va permettre une reprise de la production laitière et des prix de vente.

    Dans les régions soumises aux effets des conflits, la situation alimentaire restera dominée par une perturbation des sources de nourriture et revenus et une dépendance accrue aux assistances extérieures pour couvrir les besoins alimentaires. Les ménages de la région de Diffa auront accès aux aides pour couvrir leurs besoins alimentaires et seront en situation de Stress ! (Phase 2 ! IPC) tout comme les ménages déplacées du Sud de la région de Maradi durant toute la période du scenario. Dans la zone agropastorale et pastorale de Tillabéry, les barrières sécuritaires et l’activisme des groupes armés vont limiter les déplacements y compris ceux des acteurs humanitaires et cela va provoquer une réduction de la disponibilité et de l’accès alimentaire de la majorité de la population dans la zone et les populations résidentes et celles en déplacement dans ces zones continueront de faire face à de graves détérioration des moyens d’existences car faiblement capables de produire et générer des revenus à cause de l’insécurité qui affecte aussi le fonctionnement des marchés. La situation alimentaire restera en phase Crise (Phase 3 IPC durant toute la période du scenario avec même une minorité d’environ 10 000 à 15 000 personnes pouvant évoluer en Urgence (Phase 4 IPC) en juillet-aout-septembre dans les localités de Banibangou, Ayorou, Bankilaré, Ouallam, Abala et Tillia et Tassara.

    Dans la zone urbaine de Niamey, les résultats de l'analyse basée sur les moyens d'existence actualisée en juin 2020, montrent les revenus ont baissée de 17 à 24 pour cent respectivement pour les ménages pauvres et très pauvres. Les restrictions des activités d'auto-emploi et de petit commerce engendrées par le COVID 19 sont à la base de ces baisses de revenus. Ces baisses pourraient s'aggraver car même en année typique, les ménages pauvres et très pauvres connaissent des déficits de protection des moyens d'existence de 24%. Toutefois, la levée des mesures restrictives permet aux ménages de reprendre leurs activités génératrices de revenus. De plus, les distributions en cours faciliteront l’amélioration de leurs conditions de sécurité alimentaire. Ainsi, de juin a septembre, ces ménages sont en Minimale ! (Phase 1 ! de l’IPC), et à partir d’octobre, ils seront en Minimale (Phase 1 de l’IPC).

    Habituellement, la malnutrition aiguë et les morbidités infantiles sont au plus haut entre juin et septembre correspondant à la période de soudure et la saison de pluie au Niger. Les données de l’enquête nationale SMART collectées entre août et septembre 2019, ont relevé une prévalence élevée de malnutrition aigüe globale de 10,7 % chez les enfants de moins 5 ans. La crise du COVID-19 pourrait aggraver davantage la détérioration de la situation nutritionnelle attendue en 2020. Cette situation, couplée à l’aggravation de l’insécurité alimentaire et les mauvaises pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ainsi que l’insécurité résiduelle dans certaines zones du pays pourrait entrainer une détérioration de l’état nutritionnel des enfants et une augmentation du nombre de cas d’enfant malnutris. Le groupe technique de travail sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle a estimé que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) pourrait augmenter de 35% et le nombre d’enfants souffrant de la malnutrition aiguë modérée (MAM) de 27%, soit 533,384 cas attendus pour la MAS et 1, 071,501 cas attendus pour la MAM en 2020 à cause des impacts liés à la pandémie du Covid-19.

    Événements possibles au cours des huit mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable

    Zone

    Evénements

    Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

     

     

     

     

    National

    Plus forte tension sécuritaire

    La réduction significative des flux des produits de consommation, de rente et d’animaux, et la diminution de la migration et des transferts augmenteraient le nombre de personnes en Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire.

    Déficit pluviométrique

    Baisse de la production agricole et des disponibilités dans les ménages et une réduction significative des approvisionnements des marches et une hausse des prix

    Baisse de la production fourragère avec impact sur les revenus des ménages éleveurs dont le pouvoir d’achat des produits sera réduit et une amélioration de leurs situation courante ne sera peu probable.

    Invasion acridienne

    Baisse des productions agricoles et pastorales avec pour corollaire une baisse des disponibilités alimentaires, des approvisionnements des marchés, une baisse des prix des animaux et une détérioration des termes de l’échange et l’accès alimentaire

    Réimposition des restrictions contre le COVID-19.

    Baisse significative des revenus aussi bien dans les milieux ruraux qu’urbains conduisant à une insécurité alimentaire des ménages dépendant des activités informelles.

    Figures Land preparation is from April to June. Weeding and planting is from June to October. The main harvest is from October to Jan

    Source : FEWS NET

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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