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La soudure se prolonge en zone pastorale mettant certains ménages en insécurité alimentaire

  • Perspectives sur la sécurité alimentaire
  • Niger
  • Juin 2018 - Janvier 2019
La soudure se prolonge en zone pastorale mettant certains ménages en insécurité alimentaire

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  • Messages clé
  • CONTEXTE NATIONAL
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    • La zone pastorale traverse une période de soudure plus longue et difficile qu’habituellement. Les animaux se vendent mal, les termes de l’échange avec les céréales continuent de diminuer et les éleveurs doivent réduire la taille de leur cheptel, exposant certains ménages à une insécurité alimentaire en « Crise » (Phase 3 de l’IPC) observée en juin 2018 et en juillet.

    • Les semis sont réalisés dans 46 pourcent des villages agricoles et agropastoraux au 10 juin 2018. La plupart des ménages pauvres des zones agricoles peuvent couvrir leurs besoins alimentaires grâce aux revenus de la main d’œuvre agricole. Ils sont en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 IPC) en juin 2018 et jusqu’en janvier 2018.

    • Les marchés sont approvisionnés en denrées alimentaires de base avec les produits locaux et les flux en provenance des pays voisins (Burkina Faso, Mali, Bénin et Nigeria) mais avec une intensité inferieure à la normale. Les prix sur les principaux marchés indiquent un niveau supérieur à la moyenne saisonnière et devraient le rester durant la période de soudure.  

    • Les populations déplacées dans la région de Diffa continuent de subir les effets du conflit civil Boko Haram sur leurs moyens d’existence et leurs accès aux aliments. Leur incapacité d’exercer leurs activités de moyens d’existence et le niveau réduit des aides alimentaires les soumet à une insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) qui pourrait persister dans la région jusqu’au moins janvier 2019.


    CONTEXTE NATIONAL

    Situation actuelle

    La zone pastorale traverse une période de soudure atypique ayant des conséquences sur les moyens d’existence et l’accès alimentaire des ménages pauvres : en avril 2018, la réunion de réévaluation de la situation alimentaire, nutritionnelle et pastorale tenue à Dosso a constaté l’épuisement des pâturages naturels et des résidus de culture, un mauvais embonpoint des animaux et une détérioration des termes de l’échange animal/céréale.

    La situation pastorale est particulièrement difficile là où se concentrent les troupeaux dans les départements de Bermo, Bélbedji, Aderbissenat, Ingall, Tchintabaraden et Abalak où il existe encore des ressources en eau et quelques réserves stratégiques de fourrage. Elle est davantage critique dans la partie de N’Gourti dans la région de Diffa à cause de l’inaccessibilité de la zone de repli du lac Tchad et de la Komadougou suite aux mesures sécuritaires.

    La demande de bétail est faible sur les marchés et les prix et les termes de l’échange observent une baisse importante. La situation alimentaire des ménages d’éleveurs pauvres se caractérise par un accès alimentaire réduit et par une forte pression sur le capital bétail pour faire face aux dépenses alimentaires dans un contexte de hausse élevée des produits de consommation.

    La campagne agricole de riz irrigué et de produits maraichers a pris fin avec des récoltes autour de la moyenne et laisse place à la campagne pluviale qui démarre progressivement dans les zones agricoles et agropastorales du pays : cette campagne a permis aux ménages des zones ayant des périmètres irrigués d’avoir accès aux revenus et aux aliments qui ont contribué à couvrir leurs besoins jusqu’en juin 2018. Ces zones ont aussi offert des opportunités d’emploi pour les autres zones qui n’ont pas accès à l’irrigation. Les revenus gagnés sur ces sites ont pu être transférés au profit de leurs ménages d’origine. La main d’œuvre journalière pour les travaux d’entretien des cultures maraichères est payée entre 1 500 et 2 000 F par personne.

    Le début de la saison agricole d’hivernage est comparable à l’année dernière. Les premières pluies ont permis d’effectuer des semis partiels dans plusieurs zones agricoles du pays. Sur les 12 464 villages agricoles suivis par la direction des statistiques, environ 46 pourcent ont effectué les semis de mil au 10 juin 2018, contre respectivement 46, 68 et 32 pourcent en 2017, 2016 et 2015 à la même période.

    Le fonctionnement des marchés profite de l’amélioration des échanges avec le Nigéria et des interventions publiques : la disponibilité des céréales sur les marchés est globalement satisfaisante. L’offre est assurée par les approvisionnements du réseau des commerçants importateurs de mil, de maïs et de sorgho qui, pour la plupart, proviennent du Nigéria, du Bénin et du Burkina Faso. L’offre est aussi constituée par les stocks publics de 80 000 tonnes de céréales mises en vente à prix modéré par le gouvernement depuis février 2018 sur toute l’étendue du territoire national. La demande est constituée essentiellement de ménages, notamment d’éleveurs, qui achètent pour leur propre consommation. Les flux transfrontaliers habituels du Nigéria vers la région de Diffa ne sont pas encore très actifs à cause du conflit civil affectant les axes routiers.

    Comparés à la moyenne des 5 dernières années, les prix suivent une tendance saisonnière atypique avec des niveaux variant de 16 à 30 pourcent au-dessus de la moyenne sur les marchés des zones pastorales.

    L’évolution de la situation sécuritaire montre une tendance à la dégradation et à l’élargissement des zones affectées : la situation sécuritaire reste préoccupante dans le nord de la région de Tillabéry, en plus de celle Diffa. Selon la situation mise à jour en octobre 2017 par la Direction régionale de l’état civil, des migrations et des réfugiés, 252 305 personnes (dont 129 015 déplacés internes) se trouvent encore en déplacement dans la région de Diffa, dans les camps ou en centre d’accueil. Selon le HCR, les attaques intercommunautaires et les opérations militaires de sécurisation de la zone ont provoqué le déplacement interne d’environ 15 000 personnes dans la région de Tillabéry principalement dans les départements d’Ayorou, Ouallam et Banibangou. Les personnes déplacées dépendent largement de l’assistance humanitaire pour couvrir leurs besoins vitaux.

    La situation nutritionnelle évolue selon la tendance saisonnière indiquant une situation sérieuse : la dernière enquête SMART dont les données ont été collectées en août 2016 par l’UNICEF en collaboration avec l’Institut National de la Statistique (INS) et le Système d’Alerte Précoce (SAP) et les partenaires techniques a relevé au niveau national un taux de 10,3 pourcent pour la Malnutrition Aiguë Globale (MAG). Ce taux est en baisse par rapport aux différents taux des cinq dernières enquêtes. Aussi, d’après les résultats du dernier bulletin de la Direction de la santé, le nombre annuel d’admissions pour la prise en charge intégrée de la malnutrition aiguë a connu une baisse de 13 pourcent en 2017 par rapport à 2016. Toutefois, la situation nutritionnelle reste préoccupante en cette période de soudure, surtout pour les cas de malnutrition sévères qui connaissent une augmentation cette année suite à un faible financement de la prise en charge des cas modérés.

    Une assistance alimentaire pour atténuer la dégradation de la situation alimentaire des ménages : le gouvernement avec l’aide des partenaires a élaboré et mis en œuvre un plan de soutien annuel aux ménages vulnérables à travers des opérations de vente à prix modéré de 80 000 tonnes de céréales et 23 000 tonnes d’aliment bétail. Dans les zones ayant une insécurité alimentaire importante, des distributions gratuites ciblées ont été conduites enter mars et juin 2018 à raison de 100 kg de céréales par ménage et par mois. Les ménages situés dans les zones extrêmement et moyennement vulnérables ont bénéficié d’une assistance en semences d’urgence, soit 7 tonnes distribuées à raison de 15 kg (10 kg de céréales et 5 kg de légumineuses) par ménage. Dans les zones où les ménages sont estimés en situation de vulnérabilité modérée, l’assistance a consisté en cash for work et a bénéficié à environ 1 million de personnes, soit 1 300 FCFA par personnes et par jour entre février et mai 2018.

    Les résultats de la sécurité alimentaire : dans les zones agricoles, les conditions alimentaires se caractérisent par un accès et une consommation alimentaires assurés par les aliments et revenus issus des récoltes de riz et de produits maraichers, indiquant une situation d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). En revanche, dans une partie de la zone agropastorale, les besoins alimentaires sont à peine couverts car les stocks sont épuisés et certaines stratégies comme la vente de bois et de paille sont impossibles à cause des mesures sécuritaires et de l’état d’urgence en vigueur dans certaines zones. Cette situation conjuguée au manque de ressources pour effectuer les dépenses non alimentaires, traduit une situation de Stress (Phase 2 IPC). Dans la zone pastorale, les ménages pauvres ont une consommation à peine suffisante malgré les stratégies de crise comme la vente massive (2 à 3 fois plus que d’habitude) d’animaux les mettant en situation de Crise (Phase 3 IPC).

    Suppositions

    Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2018 à janvier 2019 se base sur les suppositions suivantes :

    • Selon les résultats les agences météorologiques internationales et nationales (USGS, NOAA, etc.), des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires sont attendus à l’échelle nationale sur toute la saison.
    • La disponibilité sera renforcée par les commerçants sur les marchés grâce en vue de la bonne campagne agricole attendue, mais des retentions des stocks pourraient être observées durant les séquences sèches.
    • Dès octobre 2018, les récoltes de la campagne agricole pluviale devraient être autour de la moyenne ou au-dessus.
    • Les stocks des ménages retrouveront un niveau normal après les récoltes en octobre et devraient durer jusqu’au moins janvier 2018.
    • Les stocks publics et institutionnels seront reconstitués à un niveau optimal entre novembre 2018 et janvier 2019 et devraient exercer une pression sur la demande et sur les prix dans les marchés locaux.
    • Les institutions et les structures étatiques vont disposer de suffisamment de stocks pour la mise en œuvre des plans de soutien aux populations vulnérables et celles en situation de crise entre juin 2018 et janvier 2019.
    • Les ménages pauvres vont bénéficier de revenus moyens issus des travaux d’entretien et de récoltes des cultures pluviales.
    • Les autres sources de revenus telles que le petit commerce, l’artisanat et la vente de paille et de bois vont renforcer le pouvoir d’achat des ménages.
    • L’état d’urgence sera prorogé dans les régions de Diffa, Tillabéry et de Tahoua et demeurera en vigueur tout au long de la période du scenario. Les conflits communaux entre les éleveurs et agriculteurs se poursuivront également.
    • La persistance des conflits civils au Nigéria et en Lybie, pays de destination des migrants, va continuer de perturber les revenus de cette migration entre novembre 2018 et janvier 2019
    • Les flux transfrontaliers (Benin, Togo, Ghana, Cote d’Ivoire, Burkina Faso et Mali) vont se poursuivre normalement et approvisionner les marchés locaux du Niger.
    • Les flux en provenance du Nigéria vont évoluer en dessous de la moyenne à cause de la hausse des prix sur les marchés sources et du taux de change.
    • Les flux internes, vont se comporter normalement et desservir les marchés éloignés et ceux des zones structurellement déficitaires.
    • Les prix des céréales devraient se maintenir au-dessus de la moyenne quinquennale sur la plupart des marchés de juin à septembre 2018 suite à la forte demande provoquée par les mauvaises récoltes de l’année précédente. Ils vont ensuite se stabiliser entre octobre 2018 et janvier 2019, toujours à un niveau supérieur à la moyenne.
    • Les prix des produits de rente vont connaitre la même évolution en raison des demandes à l’exportation.
    • Conformément à la tendance saisonnière, une hausse des cas d’admission pour la malnutrition aiguë est attendue au niveau des centres de prise en charge en période de soudure de juin à septembre 2018.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    Les opportunités de revenus tirés des activités habituelles de main d’œuvre agricole et non agricole permettent à la majorité des ménages des zones agricoles de Maradi, Tahoua, Zinder et Sud de Tillabéry d’accéder à la nourriture et satisfaire leurs besoins alimentaires. Durant toute la période du scenario, ces zones agricoles et leurs ménages seront en majorité dans une situation d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 IPC).

    En revanche, les ménages pauvres de la zone agropastorale des régions de Tillabéry et Tahoua ne peuvent pas couvrir la totalité de leurs besoins alimentaires sans le support alimentaire destiné chaque année aux ménages les plus vulnérables pendant la période de soudure. Malgré cela, les ménages pauvres ne peuvent pas couvrir tous leurs besoins non alimentaires, les résultats d’insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) vont donc prévaloir chez la majorité des ménages pauvres de cette zone agropastorale entre juin 2018 et au moins janvier 2019.

    Dans la zone pastorale, les conditions d’alimentation seront plus difficiles en juin et début juillet suite à une soudure précoce et prolongée avec toutefois un début d’amélioration en août a la faveur de l’installation des pâturages et l’amélioration progressive de l’état physique des animaux ainsi que de leur valeur marchande sur les marchés, passant progressivement d’une situation de Cris (phase 3 de l’IPC) à une situation Minimale (phase 1 de l’IPC).

    Figures Land preparation is from April to June. Weeding and planting is from June to October. The main harvest is from October to Jan

    Figure 1

    Source: FEWS NET

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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