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Dans la majorité des zones agricoles et agropastorales du pays les productions agricoles sont bonnes et ont permis de constituer de bons niveaux de stocks qui sont les principales sources alimentaires des ménages. Dans les zones localisées de déficits de production agricole, les ménages pauvres couvrent leurs besoins alimentaires et non alimentaires mais en faisant recours à des stratégies avec une pression sur les moyens d’existence, ce qui les place dans une insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l’IPC).
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Les animaux profitent d’une bonne disponibilité fourragère et gardent un bon état d’embonpoint favorable a une amélioration de leur valeur marchande et à un accès alimentaire suffisant pour les ménages. Toutefois, la faible valeur nutritive du disponible fourrager dans certaines poches de Diffa se manifeste par un mauvais état d’embonpoint des animaux et des bas niveau des prix obligeant les ménages à vendre plus pour disposer d’une quantité suffisante d nourriture.
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Dans les zones nord de la région de Tillabéry, en plus du déficit céréalier, l’insécurité provoque un dysfonctionnement des marchés et des flux des céréales et limitent l’accès aux moyens d’existence. La majorité des ménages est dans une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) alimentaire et pourront atteindre la Crise (Phase 3 IPC) à cause des mesures sécuritaires qui se renforcent et limitent l’accès aux ressources pour les ménages et réduisent l’accès humanitaires.
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Dans la région de Diffa, les ménages affectées par le conflit persistant continuent de dépendre de l’assistance alimentaire qui est fournie et qui permet à la plupart des ménages de couvrir les besoins alimentaires et rester en Stress (Phase 2 ! de l’IPC) en février 2019 et même dans les prochains mois.
Situation actuelle
La manière de classification que FEWS NET utilise est compatible avec l’IPC. Une analyse qui est compatible avec l’IPC suit les principaux protocoles de l’IPC mais ne reflète pas nécessairement le consensus des partenaires nationaux en matière de sécurité alimentaire.
La poursuite de la pluviométrie jusqu’en septembre/octobre a permis aux cultures de boucler normalement leur cycle végétatif à travers la majeure partie du pays. Les évaluations provisoires faites les services des statistiques de l’agriculture estiment les productions en céréales a environ six millions de tonnes dépassant de plus de 10 pourcent la production moyenne des cinq dernières années (Figure 1). Si on ajoute à cette production nationale les stocks de reports, les importations et les aides alimentaires, il se dégage un excédent céréalier de près de 700 000 tonnes soit des disponibilités apparentes par personne et par an de 268 kg contre un besoin moyen par personne et par an de 231 kg.
Toutefois, les contraintes climatiques telles que l’excès d’humidité sur les cultures semées en retard ont compromis les productions agricoles dans certaines zones agricoles et agropastorales de Magaria, Tesker (Zinder), Mayahi et Bermo (Maradi), Abalak, Bouza, Tchintabaraden Tillia (Tahoua), Torodi, Ouallam et Ayorou (Tillabéry).
De bonnes productions fourragères sont aussi enregistrées avec un excédent fourrager estime à plus de trois millions de tonnes de matières sèches, soit l’équivalent de 113 pourcent de couverture des besoins fourragers estimes dans l’evaluation faite par la direction du développement pastoral. Les mouvements des animaux sont actuellement normaux et les principaux points d’eau ont un niveau suffisant de remplissage. Toutefois, il a été notifié une mauvaise qualité des ressources fourragères dans certaines parties de la zone pastorale notamment la bande située dans la région de Diffa où la mauvaise qualité du pâturage se traduit déjà par une perte d’embonpoint des animaux.
Concernant les marchés, les conditions de l’offre et de l’approvisionnement sont satisfaisantes avec la fin des nouvelles récoltes et la poursuite de la commercialisation. Toutefois, les résultats de la récente mission conjointe CILSS/FEWS NET/FAO/SIM d’evaluation des marches, l’offre des céréales est timide en comparaison avec l’année passée et la moyenne quinquennale à cause d’une faible demande locale, commerciale et institutionnelle. Les prix de céréales et des produits de rente présentent une tendance globale à la baisse. La situation au Nigeria dominée par les élections présidentielles et législatives affecte négativement les exportations du niébé et du bétail vers le Nigéria qui représente le plus grand débouché économique pour les marchés du Niger. Cela se manifeste par des baisses de prix en dessous de la moyenne pour le niébé et le bétail au moment où les producteurs et les éleveurs ont besoin de vendre leurs produits pour reconstituer leurs stocks de céréales (Figures 2 et 3).
Les résultats provisoires de l’enquête nutrition conduite en octobre 2018 ont estimé la prévalence nationale de la malnutrition aigüe globale à 15 pourcent chez les enfants de 6 à 59 mois (95% IC : 13,6-16,6) selon l’indice Poids-pour-Taille exprimé en z-score de <-2 et/ou œdème. Les régions qui présentent une prévalence supérieure à la moyenne nationale sont celles de Maradi (15,7 pourcent, 95% IC : 12,0-19,9), Maradi (16,7 pourcent, 95% IC : 11,8-20,5), Tahoua (16,4%, 95% IC : 13,3-20,2) et Zinder (19,2 pourcent, 95% IC : 16,2-22,6). Avec une situation d’insécurité alimentaire relativement calme et une situation morbide limitée, la situation nutritionnelle évolue de manière similaire à la moyenne saisonnière.
A la faveur d’une bonne situation agricole et pastorale ainsi que des bonnes disponibilités en eaux pour les productions agricoles en saison sèche, les moyens d’existence sont constitués par les produits agricoles et animaux, les produits forestiers et horticoles qui sont les principales sources de revenus pour les ménages. Les ménages exercent une pression normale sur ces moyens d’existence pour accéder aux aliments de consommation garce aux termes de l’échange qui sont favorables. Les ménages pauvres, s’adonnent à la vente de pailles et de bois qui coutent le même prix que la moyenne, la main d’œuvre agricole sur le site maraicher qui procure des revenus dont les montants estimés à 1 500 à 2 000 FCFA par jour sont comparables à la moyenne.
Les crises sécuritaires persistent avec des attaques de groupes armés et de conflits intercommunautaires dans les régions de Diffa, Tillabéry et Tahoua suite aux conséquences des actions terroristes des groupes armes présents dans les pays frontaliers du Nigeria, Mali et du Burkina Faso. Ces tensions sécuritaires persistantes et les mesures sécuritaires en vigueur provoquent une détérioration du fonctionnement des marches et des moyens d’existence et des déplacements de populations estimes à 250 000 personnes dans la région de Diffa et 150 000 personnes dans les régions de Tillabéry et Tahoua selon les évaluations des agences du système des Nations Unies.
Globalement, , les résultats de sécurité alimentaire sont estimes à un niveau d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 IPC) mais la situation est pire dans les zones qui font face à des conflits lies a des groupes armes et des tensions intercommunautaires qui entravent la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des ménages.
Suppositions
- Les scenarii les plus probables de la sécurité alimentaire de février à septembre 2019 se basent sur des suppositions fondamentales par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :
- Les résultats des premières analyses prévisionnelles indiquent une installation normale de la prochaine saison pluvieuse de 2019 en mai/juin avec des cumuls moyens ;
- A la faveur d’une bonne disponibilité en eaux et des appuis de l’Etat et de ses partenaires, le déroulement de la campagne de production agricole en saison sèche sera normal en février-avril/mai 2019 et les productions attendues seront moyennes avec une contribution moyenne aux revenus et à la diversification alimentaire des ménages ;
- Les stocks céréaliers issus des récoltes agricoles 2018/19 vont permettre aux ménages agricoles et agropastoraux de consommer et couvrir leurs besoins alimentaires pendant une durée comparable à la normale sauf dans les zones déficitaires où une diminution sensible des réserves céréalières sera observée comme d’habitude ;
- Les importations de céréales du Nigeria, du Bénin, Burkina Faso et du Mali se maintiendront et cela va contribuer à maintenir un approvisionnement suffisant des marchés dans presque tout le pays. L’offre de céréales sera suffisante sur les marchés entre février-septembre 2019, mais sera entachée par l’insécurité au Nigeria, au Mali et Burkina Faso qui va entrainer une perturbation des circuits d’importations de céréales surtout dans les régions de Diffa, Tillabéry et Tahoua ;
- L’offre d’animaux et de produits maraichers va suivre la tendance normale de février à septembre 2019 suite à une situation alimentaire favorable ;
- La demande de céréales, et de produits horticoles va suivre son rythme saisonnier normal en février-septembre 2019 ;
- La demande d’animaux et de produits de rente sera affectée par la situation défavorable liée aux conflits armes et intercommunautaires qui perturbent les flux et limitent la présence et les achats par les commerçants exportateurs ;
- Globalement les prix des céréales sur les marchés seront moins élevés que ceux de 2018/19 et similaires à la moyenne quinquennale. Toutefois dans certaines zones, notamment celles affectées par les conflits armés, des prix plus élevés que cette moyenne seront observés en avril-septembre 2019 ;
- La migration pour la main d’œuvre aura lieu normalement et le retour en avril/mai 2019 avec des revenus moyens a la faveur d’une situation sociopolitique calme dans les pays d’accueil qui offrent des opportunités d’emplois migrants.
- Les revenus des ménages seront au niveau moyen et seront constitués de la vente de main d’œuvre agricole sur les sites maraichers, de vente de paille et bois en février-avril 2019, de la vente de main d’œuvre pour les travaux agricoles de de saison hivernale en mi-septembre, les ventes d’animaux pour les fêtes de Ramadan et Tabaski en juin/juillet et août/septembre ;
- On s’attend que la situation nutritionnelle évolue de manière similaire à la moyenne saisonnière avec des dégradations cycliques liées aux maladies comme la méningite et le cholera en février-avril/mai et au paludisme en juin/juillet-septembre, et aussi bien de la situation alimentaire vers la période de soudure de mars-juin (zones pastorales) et juin-septembre (zones agricoles) ;
- On s’attend à une détérioration de la situation sécuritaire dans le pays plus particulièrement dans les régions de Diffa, Tillabéry et Tahoua où on pourrait observer une augmentation du nombre de personnes déplacées en février-septembre 2019 ; et
- Des cas d’inondations seront enregistrés en juillet et août avec des impacts sur les moyens d’existence des populations situées dans les vallées des cours d’eaux.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Les conditions de sécurité alimentaire indiquent globalement un accès alimentaire sans une forte pression sur les moyens d’existence en février-mai 2019 qui va évoluer vers une situation marquée par une consommation alimentaire assurée par l’application de stratégies qui mettent les moyens d’existence sous pression en juin-septembre 2019. Cela implique une insécurité alimentaire globalement Minimale (Phase 1 de l’IPC) en février-mai et généralement Stress (Phase 2 de l’IPC) en juin-septembre dans les zones de Ouallam, Torodi, Abalak, Tchintabaraden, Mayahi, Magaria, Doungass, Ngourty, Nguigmi et Bilma avec toutefois des zones où certaines populations seront en Crise (Phase 3 IPC) ou Stress (Phase 2 ! de l’IPC) en février-mai et davantage en juin-septembre 2019 à cause des crises d'insécurité persistantes.
Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : DS/MAG/El
Source : SIMA
Source : SIMA
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.