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Les prix des céréales en avril ont atteint des niveaux jamais égalés au cours des cinq dernières années. L’essentiel des hausses est intervenu dans les régions de Maradi et Diffa où les prix (mil, sorgho) dépassent de 30 à 50 pour cent la moyenne saisonnière. Cette situation est liée à la baisse d’approvisionnement des marchés suite à la forte réduction des échanges commerciaux avec le Nigéria, qui constituent une composante importante de disponibilité pendant cette période.
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A partir ces niveaux exceptionnellement élevés des prix, les autres facteurs de sécurité alimentaire se situent dans la tendance saisonnière normale et leurs effets positifs conjugués assurent une consommation alimentaire du niveau IPC Phase 1 : « minimale ». On s’attend à une continuation d’insécurité alimentaire minimale dans la plupart du pays d’ici septembre.
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La sécurité alimentaire est toutefois dégradée dans la région de Diffa où les réductions des revenus sous l’effet conjugués de la chute de la production du poivron et des baisses des prix des animaux vont maintenir un niveau d’insécurité alimentaire Phase 2 : Stress d’ici septembre.
- Des pluies de quantités variables et précoces ont été enregistrées dans certaines localités où des semis ont été effectués. Dans la région d’Agadez, principalement dans les départements d’Arlit et Iférouane, de fortes précipitations ont provoqué des inondations avec des dégâts sur les cultures horticoles.
- Ralentie par les effets de la mauvaise production agricole au Nigéria, l’approvisionnement des marchés est renforcé par rapport à avril grâce aux déstockages opérés par les commerçants des régions de surplus céréaliers et les producteurs excédentaires qui vendent les céréales pour pouvoir engager la main d’œuvre pour les travaux champêtres. Ces améliorations des disponibilités sont aussi favorisées par les flux de céréales qui s’observent du Mali et du Burkina Faso vers les régions de Tillabéri, Niamey jusqu’au centre et Est du Niger dans les régions de Tahoua, Maradi et Zinder. Il s’agit d’une inversion des flux de céréales déjà notée dans le bulletin Actualités d’avril 2013.
- La demande des denrées de base est encore dans la tendance saisonnière normale. Elle provient essentiellement des ménages déficitaires et des éleveurs qui sont au début de la soudure. Les récoltes du riz irrigué et de cultures maraichères contribuent à renforcer la disponibilité au niveau des ménages dont certains disposent et consomment les derniers stocks céréaliers de la campagne précédente.
- Malgré l’amélioration des approvisionnements, les prix ne stagnent pas sous l’effet de l’offre encore faible comparativement à une demande stable, conduisant au maintien des prix à des niveaux record. Selon les observations du SIMA le prix moyen du mil se situe à 276 F par kg en avril 2013, soit 33 pour cent de plus que la moyenne quinquennale et 6 pour cent au dessus du prix de 2012, année de prix record. Les marchés de Maradi, Zinder, Tahoua et Diffa enregistrent des hausses de 30 et 50 pour cent par rapport à la moyenne des 5 ans due surtout à une faible offre de céréales face à une demande normale de consommation.
- La plus forte dépendance vis-à-vis du Nigéria fragilise la sécurité alimentaire des ménages dans la région de Diffa. Les mauvaises productions agricoles au Nigéria se traduisent par des réductions des disponibilités et des prix très élevés sur les marchés sources avec pour corollaire une baisse des flux et des approvisionnements en céréales des marchés du Niger. Cette situation s’amplifie davantage avec l’insécurité civile qui persiste surtout dans le Nord-Est du Nigéria frontalier avec la région de Diffa significativement affecté par les baisses des transactions commerciales. Compte tenu de la situation à l’extrême Est du pays, la région de Diffa ne bénéficie pas de l’intervention des flux de céréales qui se matérialise par le prolongement des flux du Mali et du Burkina Faso jusqu’à dans les régions de Maradi, Tahoua et même Zinder. Les revenus tirés de la vente du poivron ont diminué suite à une forte baisse des quantités récoltés en poivron consécutive aux inondations. La perturbation des échanges affecte aussi les animaux dont la détérioration de la valeur d’échange par rapport aux céréales conduit les ménages à augmenter les quantités vendues aux quantités d’aliments nécessaires pour la consommation. Des déficits de protection des moyens d’existence sont observés et pourraient s’aggraver dans les mois à venir.
- La situation pastorale se caractérise par une légère augmentation de la demande dans les marchés à bétail à la faveur de la présence de tous les types d’acteurs, et en particulier les exportateurs du Nigéria sur les principaux marchés. A la faveur de la demande soutenue qui va augmenter dans les mois à venir pendant le Ramadan, on assistera à une augmentation des prix. Les termes de l’échange du bouc par rapport au mil indiquent une augmentation de plus de 40 pour cent par rapport à la moyenne sur les marchés de Tchintabaraden et Gouré, principaux marchés situés en zones pastorales, ce qui n’est pas le cas sur le marché de N’Guigmi où les prix actuels des animaux ne permettent d’accéder aux quantités de céréales du même niveau que celle de la moyenne suite à la baisse de la demande de bétail. Ainsi, en avril 2013, le prix d’un bouc sur le marché de N’Guigmi permet à l’éleveur de se procurer seulement 82.66 kg de mil comparé à une moyenne de 114.41 kg, soit une baisse de 28 pour cent.
Le comportement des indicateurs de sécurité alimentaire confirment les perspectives sur la sécurité alimentaire projetées pour la période d’Avril à septembre 2013.
- Globalement, l’insécurité alimentaire continuera à se situer au niveau Phase 1 « Minimale » autour du pays, à la faveur des assistances alimentaires sous forme de cash et food transfert qui viennent s’ajouter aux revenus de la main d’œuvre en juin jusqu’en septembre 2013. En plus, les bonnes récoltes de contre saison, maraichage, et les revenus saisonniers élevés permettent de rester en insécurité minimale d’ici septembre pour la plupart du pays. En effet, les résultats de l’analyse de FEWS NET basée sur « l’économie des ménages» dans les zones agropastorales de Tillabéri et Tahoua ainsi que dans la zone de culture maraichère de Madarounfa, montrent que malgré les niveaux très élevés des prix, les revenus agricoles et de la main d’œuvre permettent de compenser les déficits en achats de céréales observés suite à la hausse importante des prix d’ici à la fin de la soudure en septembre.
- Cependant, dans l’extrême Sud-Est du pays, principalement dans la région de Diffa, les effets conjugués des pertes des productions de poivron et des diminutions des échanges avec le Nigéria vont se traduire par une baisse des revenus et de l’accès aux aliments surtout pour les ménages pauvres et très pauvres. La persistance de l’insécurité au Nigéria va se traduire par une baisse des flux d’animaux vers le Nigéria et une réduction des revenus de la vente de bétail et même une présence de retournés et refugiés fuyant les combats. Avec un pouvoir d’achat insuffisant pendant une soudure aussi précoce, les ménages pauvres et très pauvres vont faire face à une insécurité alimentaire phase 2 « stress » de mai- juin jusqu’en septembre 2013.
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.