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Malgré une tension alimentaire apaisée, plusieurs zones sont soumises à IPC Phase 3: Crise. Avec l’installation de la saison, le retour des migrants, et les prix céréaliers très élevées, la demande de céréales pour l’alimentation et les semences s’accroissent et les ressources financières des ménages se limitent aux revenus de la vente de main d’œuvre agricole.
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Suite aux pluies enregistrées dont les cumuls sont estimés globalement normaux pour 2012/2013, plusieurs zones ont effectué les semis en zones agricole et agropastorale et l’émergence de jeunes pousses est observée en zone pastorale.
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La production agricole en céréales et en fourrages est menacée par l’activité acridienne. Plusieurs groupes ont été déjà signalés dans le Tamesna, l’Aïr, le Ténéré et Tanout (Figure 3). On attend que la reproduction des criquets en juin/juillet puisse réduire la disponibilité des produits forestiers et conduire à une augmentation de prix spéculatifs d’ici septembre.
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Les résultats d’une réévaluation de la situation alimentaire des ménages indiquent que 5.5 millions de personnes vivent dans 225 zones vulnérables en mai/juin 2012 contre 6 millions de personnes vivant dans 228 zones vulnérables en octobre 2011. Cette baisse du nombre de zones vulnérables pourrait révéler l’efficacité des stratégies et l‘assistance humanitaire.
Une réunion technique des acteurs nationaux et internationaux de la sécurité alimentaire a été organisée en fin mai et début juin par le SAP pour procéder à la réévaluation de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages. Selon les résultats, 225 zones, regroupant 5.5 millions de personnes, sont vulnérables contre 228 zones regroupant 6 millions de personnes identifiées en octobre 2011, date de la première évaluation. Les améliorations constatées font suite aux actions d’atténuations qui ont permis de renforcer les capacités d’accès à la nourriture et aux revenus pour les ménages. Cependant dans quelques zones, notamment des départements de Téra, Tillabéri et Ouallam le nombre plus élevé que la moyenne de personnes en insécurité alimentaire a constitué un facteur qui a significativement limité les effets des assistances alimentaires. La présence de plus de 42,000 refugiés constitue un facteur de risque pour la sécurité alimentaire locale dans ces zones.
La situation de la campagne agricole 2012/13
Contrairement aux perspectives d’avril qui prévoyaient une campagne agricole et pastorale normale, le déroulement de cette campagne agropastorale pourrait être perturbé suite à une sérieuse menace d’attaques acridiennes. Depuis le début de juin, plus de 17 groupes d'ailés immatures et de petits essaims en provenance du nord sont arrivés dans les zones entre Arlit et Dirkou au nord du Niger, y compris les montagnes de l'Aïr et le désert du Ténéré, où les dommages sur les palmiers-dattiers et des cultures ont été signalés (FAO, Figure 3). En outre, certains adultes ont continué à se déplacer au sud et auraient atteint le sahel des pâturages près de Tanout. À la mi-juin, les équipes de prospection et de traitement du Niger ont observé des infestations acridiennes sur 1590 hectares des 6000 hectares qui ont fait l’objet de prospection. Les traitements ont concerné 740 hectares (GON). Le Centre National de Lutte Antiacridienne a élaboré un plan national d’urgence antiacridien sur la base d’un scénario visant le traitement de 500,000 hectares entre juin et septembre. Toutefois, ce plan ne prend pas en compte l’hypothèse probable d’arrivées d’essaims en provenance du Mali, où toute action de lutte antiacridienne serait difficile par les services techniques maliens à cause des problèmes sécuritaires qui rendent inaccessibles les zones de reproduction.
Autrement, l’installation de la campagne agricole se poursuit normalement avec des semis réalisés en mil et sorgho dans 4,831 villages agricoles du pays, soit 42 pour cent des villages agricoles contre 32 pour cent à la même période de l’année passée selon la situation établie par la Direction des statistiques de l’agriculture. L’installation de la saison se situe dans la période moyenne du démarrage des pluies dans toutes les régions à l’exception de Dosso où des légers retards pourraient être observés. Les prévisions saisonnières annoncent pour le Niger une pluviométrie globalement normale avec des tendances excédentaires à l’extrême Sud Est et à l’extrême Sud Ouest du pays. Le cumul des pluies enregistrées depuis le début de l’installation de la saison montre une situation excédentaire sur 64 pour cent des postes de suivi par rapport à la même période de 2011 et à la moyenne de 1981-2010. Les cultures de mil, sorgho et niébé déjà en place n’ont pas connu de périodes de stress pouvant perturber leur développement végétatif. A la faveur du démarrage de la saison des pluies, la demande de main d’œuvre agricole a augmenté par rapport aux mois passés mais reste dans la tendance normale. La situation est aussi typique pour l’offre et les prix payés pour la rémunération du travail local.
En zones pastorales, la situation se caractérise par l’émergence de jeunes pousses qui sont en état de flétrissement suite aux ruptures de pluies. Les animaux sont concentrés autour des points d’eaux situés dans les zones de Gadabédji (Dakoro), Nord (Ouallam) fournies en pâturage. A Tillabéri, les zones fournies en pâturages sont anormalement soumises à une surcharge animale suite à l’arrivée d’importants troupeaux venus du Mali. Cette situation va se traduire par l’épuisement plus précoce des ressources fourragères en juin et la probabilité des conflits entre éleveurs pour l’accès aux pâturages.
La situation des marchés
L’approvisionnement des marchés se fait normalement dans l’ensemble, mais les quantités présentées sur certains marchés sont insuffisantes pour la demande qui est forte à cause du retour des migrants, des éleveurs et des commerçants dont certains exportent vers le Mali. Les prix des produits alimentaires de base sont globalement stables par rapport à avril, mais toujours exceptionnellement élevée, surtout pour le mil dont les prix continuent les hausses modérées. La stabilisation relative observée depuis avril est non seulement favorisée par les ventes à prix modéré mais aussi une normalisation des prix observée sur les marchés d’approvisionnement du Nigéria. Les produits de substitution au mil, notamment le sorgho et le maïs ont connu des augmentations significatives en mai 2012 sur certains marchés. C’est le cas de Tounfafi (41% pour le sorgho) et de Téra (17% pour le maïs). Cette situation est consécutive à un faible niveau d’approvisionnement des marchés occasionné par une diminution des quantités de sorgho vendues par les commerçants. Pour le maïs pour lequel le marché de Téra dépend du Burkina Faso, les transactions sont soumises à des mesures restrictives frontalières du Burkina Faso. La comparaison des prix en mai 2012 par rapport à la moyenne quinquennale, montre que Bakin Birdji, qui est le principal marché d’approvisionnement en céréales locales de la région d’Agadez et des zones déficitaires de la région de Zinder et celles du Nord, présente la situation la plus anormale pour le mil avec un niveau situé au dessus de cette moyenne de 66 pour cent.
Situation nutritionnelle
La situation nutritionnelle, appréciée avec le nombre des admissions d’enfants malnutris, montre une augmentation moyenne de 34 pour cent en Mai 2012 par rapport à avril 2012. L’analyse de la situation par région montre que les régions de Diffa et de Tillabéri enregistrent les hausses les plus élevées avec plus de 90 pour cent par rapport au mois d’avril passé. Selon les responsables de la nutrition, en plus du blanket feeding au cours duquel plus de 600 000 enfants de 6-23 mois ont été systématiquement dépistés, les activités foraines organisées dans ces régions ont contribué à augmenter le nombre des admissions des cas d’enfants malnutris. Dans toutes les régions il faut s’attendre à une augmentation du nombre des cas d’ enfants malnutris avec l’installation de la campagne hivernale favorable à l’augmentation du paludisme.
Les assistances
Les actions d’assistances alimentaires se résument à la vente à prix modéré de 25,000 tonnes de céréales, les cash et food for work et les cash transfert à raison de 32,500 XOF par ménage par mois pendant quatre mois au profit de 225,000 ménages.
La zone agropastorale de Tillabéri, Téra, Ouallam et Filingué
Les semis de mil sont en cours dans plus de 292 villages à la première décade du mois de juin 2012, soit 15 pour cent des villages agricoles contre 8 pour cent en 2011 dans la région. Toutefois, il a été observé une certaine timidité dans l’installation de la saison agricole qui n’est pas effective dans toute la zone, ce qui pourrait provoquer une tension sur les prix des céréales suite à des comportements spéculateurs des commerçants. Les prix des céréales sur les marchés sont actuellement de 20 à 50 pour cent en hausses comparativement à la moyenne quinquennale malgré un approvisionnement normal des marchés par les commerçants nigérians à la faveur de la reprise des flux frontaliers plus ou moins normaux du Nigéria. Cette situation de hausse des prix est engendrée par une forte demande en céréales pour les ménages déficitaires et d’éleveurs, mais aussi les besoins externes des maliens. Les revenus gagnés par les ménages par les ventes de main d’œuvre, même s’ils se situent aux niveaux normaux, sont insuffisants pour acheter les quantités nécessaires pour couvrir les besoins en céréales dont les prix se situent à des niveaux jamais atteints. Les assistances alimentaires constituent des sources complémentaires de revenus et de nourritures mais ne couvrent pas tous les ménages en insécurité alimentaire suite au retour des migrants pour les travaux champêtres et au nombre de personnes en insécurité alimentaire plus élevé que la moyenne. Dans les zones agropastorales les ménages pauvres et très pauvres seront en phase 3 (Crise) de l’IPC 2.0 jusqu’en septembre. L'accès alimentaire de ces ménages sera insuffisant pour remplir les besoins minimums alimentaires, en dépit de l’assistance d’urgence probable.
La zone pastorale de Abalak, Tchintabaraden et Tanout
La végétation est en émergence et les assistances qui se poursuivent, permettent de maintenir les animaux dans un état d’embonpoint normal. Les marchés à bétail, montrent une augmentation de l’offre, notamment celle des petits ruminants, qui sont généralement utilisés, en priorité, pour faire face aux dépenses alimentaires. Cette augmentation de l’offre de petits ruminants par les éleveurs demandeurs de céréales a entrainé une baisse de 6-25 pour cent des prix animaux en mai 2012 par rapport au mois passé. Les termes d’échange ont connu une dégradation significative de 4-30 pour cent dans toute la zone par rapport à la moyenne à cause des prix des céréales exceptionnellement élevés. Cette zone fait partie des zones soumises aux menaces d’infestations acridiennes avec l’annonce de groupes de criquets pèlerins dans la zone frontalière. Les conséquences pourraient se traduire par une perte importante des ressources fourragères et une dégradation de l’embonpoint et de la valeur marchande des animaux. Des pertes d’animaux pourraient être enregistrées dès septembre/octobre avec pour corollaire une situation d’insécurité alimentaire pour les ménages éleveurs.
La zone des cultures maraichères de l’Air des départements d’Arlit et Tchirozérine
L’approvisionnement des marchés est normal mais les prix sont très élevés par rapport à la moyenne et à la même période de 2011. Cette période de soudure s’annonce plus difficile pour les ménages pauvres suite au non payement de la main d’œuvre vendue sur les sites maraichers d’oignon dont la production a subi une mévente cette année. Les revenus sont donc réduits comparativement à la normale suite à la main d’œuvre non payée. L’accès alimentaire des ménages est assuré par la vente de petit ruminant, les revenus de l’exode et de la main d’œuvre agricole. Ces revenus combinés aux interventions humanitaires qui portent sur la distribution gratuite de plus de 1,600 tonnes, la vente à prix modéré de 1,400 tonnes (mai-juin) et le cash transfert au profit d’environ 7,000 ménages en raison de 32,500 XOF par ménage, permettent aux ménages d’améliorer l’accès alimentaire sans arriver à combler le déficit alimentaire. Toutefois, la sécurité alimentaire des populations pour les mois à venir sera intimement liée à la situation des criquets pèlerins dont plusieurs groupes sont signalés dans la zone. Des infestations par des individus solidaires de criquets pèlerins sont déjà enregistrées sur les pâturages.
Source : FEWS NET
Source : FAO, NOAA/FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.