Download the report
-
Les problèmes sécuritaires secouant la partie Nord-Est du Nigeria se sont élargis à la région de Diffa où des attaques meurtrières sont perpétrées depuis trois semaines par des groupes armes lies à Boko Haram. La satisfaction des besoins de consommation des populations déplacées du Nigeria et des ménages hôtes de la région de Diffa dépend de la poursuite des assistances alimentaires suffisantes en cours.
-
A l’exception de la région de Diffa qui souffre d’une situation humanitaire préoccupante, la satisfaction des besoins alimentaires de la majorité des ménages du pays est assurée par les stocks propres et par des achats. Ainsi la grande majorité des zones de moyens d’existence et de leurs populations resteront dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’au au moins juin 2015.
-
Aussi, suite à une dégradation des moyens d’existence, les ménages pauvres des zones de Ouallam, Tchintabaraden, Abalak, de Goure et Maine Soroa vont connaitre des déficits dans leur consommation mais qui peuvent être jugulés par les assistances entre mars et juin 2015.
Généralement estimées, en année normale, à 4-5 mois, soit d’octobre à février, la durée des réserves de sécurité alimentaire des ménages des zones agricoles et agropastorales pourrait, cette année, se prolonger jusqu’aux mois de mars selon les régions. La durée des stocks familiaux s’explique, en 2015, par la succession de trois campagnes de production agricole moyenne à bonne qui s’est traduite par un processus d’accumulation progressive de ressources alimentaires et matérielles. Cette situation est renforcée par un apport significatif des tubercules, des fruits et légumes issus des cultures irriguées de contre-saison qui favorisent l’accès de ces produits à des ménages pauvres qui adaptent de plus en plus leurs habitudes alimentaires aux disponibilités du moment.
Sur les marchés, la demande de consommation est encore stable à inferieure par rapport à la moyenne. Les conditions alimentaires supplémentaires favorables se caractérisent par une offre significative de céréales sur les marchés ruraux et urbains à des prix proches de la moyenne et qui permettent d’atténuer les dépenses alimentaires des ménages éleveurs et des ménages agricoles déficitaires. Le prix moyen du mil (principale céréale de base) est resté sensiblement identique à celui de la moyenne des cinq ans passés. Ainsi, de façon globale à la faveur de facteurs locaux (deux à trois bonnes récoltes principales consécutives) et de facteurs externes (bonne production au Nigeria et transfert des céréales), les prix ont tendance à baisser sur tous les marchés suivis par rapport à l’année passée. Néanmoins, les prix des produits alimentaires de première nécessité connaissent une hausse provoquée par une perturbation des circuits de commercialisation dans la région de Diffa et une augmentation de la demande dans le département de Ouallam où des hausses variant entre 11 pour cent et 22 pour cent sont enregistrés en janvier 2015 par rapport à la moyenne.
Les sources de revenus des ménages sont actuellement renforcées par les ventes des cultures de rente (le niébé, l’arachide et le sésame ainsi que les produits maraichers) et de bétail. Les informations relatives au prix du bétail donnent une image des tendances assez homogènes au cours du mois de janvier 2015 avec une augmentation du prix de vente de 15-25 pour cent par rapport à la moyenne pour toutes les catégories animales. Toutefois, dans les zones pastorales de la région de Diffa et l’est de Zinder, la valeur marchande des animaux est inférieure à la normale due à la baisse de la demande du Nord-est Nigeria et de Libye.
Suite à la précarité des conditions des pâturages, dans la zone pastorale cette année, de la perturbation des axes de transhumance et de la forte dépendance aux marches régionaux et sous régionaux pour la vente d’animaux et l’achat de céréales, les ménages éleveurs sont devenus vulnérables à cause de l’émergence de plusieurs foyers d’insécurité dans la sous-région. Dans les zones pastorales de Tchintabaraden, Abalak, Goure et surtout Nguigmi, on observe une baisse de la demande des animaux suite à la perturbation des circuits habituels de commercialisation consécutive aux conflits en Libye et au Nigeria et cette situation se traduit par un amenuisement des sources de revenus des ménages éleveurs. Les termes de l’échange animal/céréale se détériorent et se manifestent par une réduction de l’accès des éleveurs à la nourriture et aux ressources financières.
Apres avoir accueilli plus d’une centaine de milliers de personnes déplacées du Nigeria qui ont fragilisé les conditions alimentaires locales, le sud de la région de Diffa, frontalière avec le Nord-Est du Nigeria, devient depuis plus de deux semaines la cible d’attaques multiformes de Boko Haram. Ces attaques meurtrières ont provoqué déjà des mouvements internes des populations.
Le comportement des indicateurs de sécurité alimentaire confirment les perspectives sur la sécurité alimentaire projetées pour la période de janvier à juin 2015 sauf la région de Diffa affectée par les chocs supplémentaires liés à Boko Haram avec une augmentation des impacts sur la population.
Dans la plus grande partie de la zone agricole et agropastorale du pays, les conditions de sécurité alimentaire seront assurées par les produits alimentaires issus des cultures irriguées mais aussi par une bonne disponibilité des céréales sur les marchés à des prix moyens accessibles aux ménages dont les revenus agricoles/pastoraux et les transferts seront suffisants pour effectuer les dépenses alimentaires et non alimentaires. L’insécurité alimentaire restera globalement Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en juin 2015 pour la majorité des zones avec toutefois la probabilité d’apparition au moins d’une phase plus élevée dans les départements de Ouallam, Abalak, Tchintabaraden, Gouré, et la région de Diffa.
Suite aux déficits fourragers combinés aux problèmes sécuritaires qui perturbent les échanges avec les pays d’accueil des migrants et de destination des animaux, la situation alimentaire des ménages, dans le département de Nguigmi, va se traduire par des pertes des revenus et une forte diminution de la qualité et quantité des produits consommés. La persistance de cette situation défavorable conduit les ménages pauvres dans une situation de déficit de protection de moyens d’existence et une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) en février-mars et de déficit alimentaire et Crise (Phase 3 de l’IPC) en avril-juin 2015 même avec les assistances. Une situation similaire, bien que moins grave, se présente aussi dans la zone pastorale de l’Est Zinder.
L’émergence de la violence liée à Boko Haram dans la région de Diffa et particulièrement dans le Sud va se traduire par un ralentissement des activités économiques et des interventions humanitaires au bénéfice des personnes déplacées et des ménages pauvres. Si cette situation perdure, le système de marchés sera affecté et une Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire pourrait affecter les ménages pauvres résidents et les personnes déplacées en avril-juin 2015.
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.