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En dehors de poches localisées où la disponibilité alimentaire est en baisse à la suite des attaques phytosanitaires, des inondations et des séquences sèches, la disponibilité alimentaire des ménages est satisfaisante. Cette situation correspond globalement à une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de IPC) à la faveur d’une production agricole moyenne s’ajoutant à de stocks producteurs estimés à un niveau moyen.
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Dans les zones pastorales, les déficits fourragers et les la mobilité des animaux limitée par le conflit entrainent des problèmes d’accès aux pâtures. Les revenus tirés de la vente des animaux sont en baisse et ne permettent pas aux ménages de disposer de ressources suffisantes pour couvrir leurs besoins non alimentaires et ils seront en Stress (Phase 2 de l’IPC).
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Sous l’effet conjugué des déficits céréalier et fourrager, de la détérioration des sources de revenus et de l’augmentation des besoins consécutive à la présence des personnes déplacées, l’insécurité alimentaire est en Crise (Phase 3 IPC) dans les zones de conflit de Tillabéry et en Stress! (Phase 2 ! de l’IPC) dans la région de Diffa.
La disponibilité alimentaire est satisfaisante pour la majorité des ménages à la faveur d’une production agricole moyenne et d’un niveau moyen des stocks de report des producteurs. La production comparée à la moyenne quinquennale affiche une hausse de 12 pour cent pour le niébé, 17 pour cent pour l’arachide, 22 pour cent pour l’oseille et 54 pour cent pour le sésame. Ainsi, les conditions restent favorables pour les ménages agricoles et agropastoraux qui, en plus des cultures de rente qu’ils vendent pour obtenir des revenus, disposent d’excédents céréaliers commercialisables.
Bien que la situation alimentaire reste satisfaisante pour la plupart des ménages à travers le pays, des conditions préoccupantes subsistent dans des poches de déficit céréalier, notamment dans les régions de Tillabéri, Maradi, Tahoua et Zinder. Cette situation défavorable est provoquée en grande partie par des irrégularités pluviométriques, des attaques phytosanitaires et des inondations se traduisant par un amenuisement progressif des stocks céréaliers et un recours précoce aux marchés où les prix sont relativement stables.
Dans la zone pastorale, les conditions alimentaires se caractérisent par un amenuisement progressif des ressources financières suite aux dépenses élevées occasionnées par un déficit fourrager qui est estimé par le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage à plus de 11 millions de tonnes de matières sèches. L’accès limité aux zones de pâturage à cause du conflit aggrave les conditions pastorales et les moyens d’existence des ménages dans cette zone. Les achats de céréales dans le cadre de la reconstitution des stocks des ménages éleveurs génèrent une hausse des dépenses à cause de l’évolution des termes de l’échange animaux/céréales en leur défaveur.
L’approvisionnement des marchés en produits agricoles est régulier et cela même sur les marchés situés dans les régions de conflit où les approvisionnements continuent grâce à l’existence de circuits commerciaux alternatifs. L’offre provient de commerçants et de producteurs locaux des zones de bonne production agricole. La demande sur les marchés des zones agricoles et agropastorales est essentiellement commerciale mais provient aussi de ménages déficitaires et d’éleveurs. Les fluctuations mensuelles du prix du mil indiquent une certaine stabilité mais affichent des augmentations variant entre 15 et 30 pour cent par rapport au mois passé sur les marchés de Gaya (Dosso), Tchadoua et Guidan Roumdji (Maradi), Galmi (Tahoua) et Matameye (Zinder) du fait de la demande des ménages éleveurs et agricoles déficitaires. Par rapport à l’année passée et à la moyenne quinquennale, les prix sont en général stables avec toutefois des marchés indiquant une baisse se situant entre 15 et 30 pour cent.
En ce qui concerne les marchés à bétail, c’est la période pic de l’offre par les éleveurs pour financer leurs achats alimentaires. Le niveau de présentations dépasse celui de la moyenne à cause du déficit fourrager important qui impose un déstockage stratégique. Les prix des animaux sont globalement stables par rapport à ceux de l’année passée mais ils sont en baisse de 20 à 40 pour cent comparativement à la moyenne, notamment là où l’offre est la plus importante.
Dans la région de Diffa, le conflit aux frontières avec le Nigeria et les fortes inondations sur les cultures irriguées de poivron et de riz ont réduit les moyens d’existence et la disponibilité alimentaire pour environ 300 000 personnes dont des déplacés internes et des personnes sinistrées des inondations. Dans la partie pastorale, la sècheresse a occasionné une forte diminution des disponibilités en pâturages avec pour conséquence une forte diminution du pouvoir d’achat des ménages éleveurs. A la faveur de l’assistance alimentaire financée avec le plan de réponse humanitaire et social du gouvernement, les besoins alimentaires des déplacés et des sinistrées sont couverts à environ 80 pour cent, permettant ainsi de maintenir les populations en Stress (Phase 2! IPC).
Dans le nord des régions de Tillabéry et Tahoua ainsi que dans le sud-ouest de la région de Maradi, les conditions alimentaires se caractérisent par une disponibilité alimentaire insuffisante suite au conflit qui a diminué les superficies emblavées et aux aléas climatiques qui n’ont pas permis aux cultures en place de boucler convenablement leurs cycles végétatifs. En plus des effets négatifs sur la production agricole, le conflit a davantage fragilisé la disponibilité et la consommation alimentaires avec le déplacement forcé de personnes accueillies dans des ménages hôtes. Les mesures sécuritaires et le risque d’incidents sécuritaires provoquent une restriction des mouvements dans la zone, y compris le déplacement des acteurs humanitaires pour la distribution de l’assistance alimentaire. Les normes de solidarité communautaire imposent aux ménages hôtes de partager avec les personnes déplacées dans la consommation alimentaire et du coup les quantités consommées dans les ménages constitués de résidents et déplacées se réduisent significativement et deviennent insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires journaliers de ces groupes de ménages. Malgré les activités de main d’œuvre agricole et de vente de bois et paille pratiquées pour augmenter les ressources financières et alimentaires, une bonne partie des besoins de consommation alimentaire n’est couverte, ce qui conduit les ménages des familles d’accueil et de déplacés internes dans une situation de déficits modérés de consommation alimentaire traduisant une insécurité alimentaire en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Les ménages agricoles et agropastoraux sont en situation d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Cependant, les ménages pauvres ayant connu un déficit de production et certains ménages des zones pastorales ont des difficultés à acquérir des biens de base non alimentaires et connaissent une insécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC).
Le comportement des indicateurs de sécurité alimentaire confirme les perspectives sur la sécurité alimentaire projetées pour la période d’octobre 2019 à mai 2020.
Dans la plus grande partie de la zone agricole et agropastorale du pays, les produits alimentaires issus des cultures irriguées vont s’ajouter aux stocks céréaliers et transfert d’argent par les migrants pour permettre une couverture des besoins alimentaires et non alimentaires. Au niveau national, l’insécurité alimentaire sera Minimale (Phase 1 de l’IPC) au moins jusqu’en mai 2020. Toutefois, une minorité de ménages pauvres localisés dans les zones déficitaires et inondées de la bande sud de Tillabéry, de Tahoua, Zinder et Maradi verra leur stock de céréales épuisé de façon précoce dès mars 2020. Ces ménages auront recours au marché et à la vente de main d’œuvre contre nourriture comme source alimentaire, mais cela ne sera pas suffisant pour couvrir les besoins journaliers. Un nombre limité de ménages de ces zones se verra donc en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) alimentaire entre mars et mai 2020.
La faible disponibilité fourragère en février et mars 2020 et les perturbations des marchés à bétail consécutives aux conflits et à la fermeture de la frontière avec le Nigeria vont mener certaines zones pastorales vers une situation de Stress (Phase 2 IPC). Les populations pauvres localisées dans les bandes pastorales de Nguigmi, Tanout et Abalak qui accumulent de deux à trois ans de déficits fourragers vendront la plupart des animaux restants et ne seront pas en mesure d’acheter les quantités nécessaires de produits de consommation entre mars et mai 2020. Un nombre relativement réduit de ménages pastoraux de ces zones sera donc soumis à une situation alimentaire en Crise (Phase 3 IPC) entre mars et mai 2020.
Les conflits devraient persister ainsi que les effets des inondations sur les moyens d’existence dans la région de Diffa où les conditions sécuritaires permettent tout de même la distribution de l’assistance alimentaire aux personnes déplacées et sinistrées, ce qui va permettre de maintenir la situation alimentaire dans la région en Stress (Phase 2! IPC). Cependant dans la région de Tillabéry, les moyens d’existence des populations affectées par la crise sécuritaire se limiteront à une disponibilité alimentaire insuffisante suite au déficit céréalier et au partage des disponibilités avec les déplacés. La consommation alimentaire va rester déficitaire surtout avec l’absence de l’aide alimentaire et va induire une insécurité alimentaire en Crise (Phase 3 IPC) dans le nord de Tillabéry pour les personnes pauvres accueillant des personnes déplacées internes.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.