La disponibilité et l’accès alimentaires restent globalement bons pendant la période post-récolte

• Avec une production nationale estimée à plus de 4 650 000 tonnes de céréales, les disponibilités alimentaires nationales sont suffisantes pour les besoins locaux de consommation évalués à 4 560 000 tonnes, soit plus de 88 000 tonnes de surplus céréaliers commercialisables.

• Toutefois, les ressources fourragères estimées par les services du ministère de l’élevage, sont jugées largement inférieures aux besoins du cheptel dont l’embonpoint et la valeur marchande pourraient diminuer et affecter négativement les revenus des ménages éleveurs à partir de février/mars 2016 dans certains zones pastorales.

• En plus de l’amplification des mouvements de populations et de leurs besoins de consommation, la crise sécuritaire dans la région de Diffa a provoqué une forte réduction des flux commerciaux et de la production agricole suite à une baisse des superficies consécutives aux problèmes d’accès aux champs.

• A l’exception de la région de Diffa, où la situation d’insécurité civile limite les résultats de la sécurité alimentaire, l’insécurité alimentaire aiguë est globalement Minimale (Phase 1 de l’IPC) dans le pays. Dans certaines zones pastorales de Tillabéri à Zinder, la sévérité de l’insécurité alimentaire aiguë va atteindre le Stress (Phase 2 de l’IPC) entre janvier et mars 2016 dû aux faibles termes d’échange bétails-céréales.

Selon les chiffres officiels publiés par le gouvernement du Niger, la production céréalière prévisionnelle 2015‐2016 se situe à 4 651 123 de tonnes. Cette production est supérieure de plus 88 000 tonnes aux besoins de consommation des populations. C’est une production agricole légèrement supérieure/stable par rapport à la moyenne quinquennale mais inférieure à celle de 2014 évalué à plus de 4.8 millions de tonnes de céréales. Cette baisse est surtout due au choc pluviométrique qu’a subit la production dans certaines régions dont Tillabéri, Diffa et Zinder sont les plus concernées. Cependant, les stocks de report, les disponibilités céréalières favorables dans certaines régions et en prenant en compte les prévisions des importations des pays voisins, on prévoit que les déficits de production soient comblés et on pourrait aboutir à un bilan céréalier globalement équilibré au niveau de pays.

Les prix des céréales connaissent actuellement des tendances et des niveaux typiques, soit une baisse au moment des récoltes et des niveaux inférieurs aux moyennes saisonnières, surtout dans les régions de Maradi, Zinder et Dosso. Cela est favorable pour l’approvisionnement des marchés des zones déficitaires et le maintien des prix à un niveau stable dans toutes les régions dans le pays. Etant donnée les anomalies dans le déroulement et les résultats de la campagne agricole et dans les flux commerciaux dans la région de Diffa, on n’observe pas une baisse des prix au moment des récoltes ni l’occurrence d’une flambée des prix.

Dans la majorité des zones de moyens d’existence, les revenus des ménages pauvres sont normaux, ils proviennent de l’intensification des activités d’auto emploi telles que la vente de foin, du bois de chauffe ou charbon à des prix moyens. Comme les prix des céréales sont aussi inférieurs à la moyenne, on peut supposer que l’effet positif net de ces tendances contraires sur le pouvoir d’achat et l’accès alimentaire des ménages. Les termes de l’échange des céréales contre la vente de la main d’œuvre, de foin ou bois, et des animaux restent aussi favorables à un bon accès alimentaire.

En générale, l’état des pâturages et des eaux n’est pas à la hauteur des besoins annuels alimentaires des animaux surtout dans les zones pastorales de Tahoua et Maradi, mais l’effet de ces déficits ne se s’observe pas encore sur l’embonpoint et la valeur marchande. Toutefois, les déficits pourraient être observés en mars/avril 2016 dans les zones pastorales et les animaux ne pourront pas trouver des aliments suffisants pour leur alimentation qu’avec les compléments d’aliments achetés sur les marchés.

Les différentes évaluations de la sécurité alimentaire réalisées depuis novembre 2015 à travers plusieurs approches notamment le HEA, le Cadre Harmonise et celle du System Alerte Précoce indiquent des résultats similaires d’une sécurité alimentaire généralement stable avec une insécurité alimentaire aiguë actuel Minimal (Phase 1 de l’IPC) à la faveur des stocks constitués et des récoltes des cultures de rente, sauf dans la région de Diffa où la consommation alimentaire des ménages est limitée par la disponibilité et accès alimentaire pauvre dû à la poursuite du conflit Boko Haram.

Le comportement des indicateurs de sécurité alimentaire confirme les perspectives sur la sécurité alimentaire projetées pour la période d’octobre 2015 à mars 2015.

Les produits des cultures irriguées seront disponibles en janvier/février/mars 2016 et vont contribuer à une consommation et une diversité alimentaire tout en renforçant les revenus des ménages vendeurs de légumes et fruits maraichers dont les productions et les prix de vente sont censés être typique. Cependant, les disponibilités fourragères seront en baisse et conséquemment les animaux vont perdre leur embonpoint et leur valeur marchande en février/mars 2016 en défaveur des ménages éleveurs qui seront soumis à des situations défavorables des termes des échanges de leurs animaux avec les céréales. Les prix des céréales vont probablement repartir en hausse dès le mois de février avec l’augmentation typique de la pression de la demande des commerçants, des institutions pour la reconstitution des stocks nationaux de sécurité, des banques céréalières et bientôt celle des ménages ayant épuisé leurs stocks.

Entre janvier et mars, les stresses sur les moyens d’existence des ménages pastoraux affectés par les chocs fourragers vont provoquer une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) insécurité alimentaire dans certaines zones pastorales de Tillabéri, Tahoua, Agadez, Maradi, et Zinder. La sécurité alimentaire dans certaines zones agricoles et agropastorales des régions de Tillabéri et Zinder va se détériorer aussi en Stress (Phase 2 de l’IPC) pendant la même période.

Les problèmes sécuritaires persistent dans la région de Diffa. On observe  un niveau élevé de déplacement des ménages dans la zone surtout dans les zones de Bosso et N’Guigmi. Entre janvier et mars 2016, le nord de la région reste en Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant que le fonctionnement des marchés limite l’accès aux revenus et aux aliments. Grace a une présence accrue des forces de sécurité dans les départements de Diffa, Maine Soroa et Goudoumaria, les personnes déplacées et les autres ménages résidents pauvres pourront bénéficier de certains assistances qui les aident à couvrir leurs besoins alimentaires. Entre décembre et mars 2016 le Sud de la région de Diffa peut rester en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) insécurité alimentaire aiguë.