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Suite aux mauvaises récoltes de la saison agricole précédente, les stocks céréaliers de la majorité des ménages sont à des niveaux faibles à nuls. Au même moment, les besoins de consommation alimentaire connaissent une augmentation avec les effets additionnels liés au Jeune de Ramadan et occasionnent une forte demande sur les marchés.
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Les prix des céréales sèches et de produits de grande consommation (lait, huile, blé et dérivés) continuent leur évolution à la hausse par rapport à la moyenne des cinq dernières années et réduisent le pouvoir d’achat des ménages pauvres. Les revenus gagnés dans les travaux de préparation des champs, d’entretien des cultures irriguées et de gardiennage des animaux, sont inférieure à la moyenne suite à une forte offre la de main d’œuvre émanant des producteurs agricoles déficitaires plus nombreux qu’habituellement.
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La situation sécuritaire reste toujours volatile avec des attaques et les tueries persistantes mais à des niveaux inférieurs à ceux de 2020 et 2021. Les populations continuent leur déplacement forcé et leurs activités de moyens d’existence sont affectés par des pillages, des vols et des prélèvements de taxes et impôts par les groupes armés.
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Les cultures irriguées mises en place en octobre/novembre 2021 sont en phase de récoltes mais les rendements et les revenus tirés sont estimés en baisse par rapport à la moyenne à cause de la rareté et du prix élevé d’acquisition des intrants agricoles.
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Les interventions humanitaires publiques et des partenaires sont en cours et permettent de couvrir les besoins alimentaires des bénéficiaires dont ceux de la région de Diffa et Sud Maradi dans les zones de conflit. Les restrictions sécuritaires et les attaques terroristes persistantes dans la région de Tillabéry et le Nord de Tahoua ne permettent une bonne couverture des interventions et des besoins alimentaires des populations.
La situation alimentaire actuelle dans le pays a hérité d’une production céréalière de la campagne agricole précédente qui est inférieure à la moyenne et dont la contribution à la couverture des besoins de consommation alimentaire des ménages pauvres ne dépasse pas deux mois selon les résultats définitifs de l’évaluation de la campagne agricole précédente contre trois à quatre en moyenne. De ce fait, en ce mois d’avril 2022, les stocks des ménages dont ceux des pauvres sont épuisés et marchés qui représentent typiquement 58 pour cent dans l’accès aux marchés selon les calculs basés sur les profiles HEA, représentent actuellement 100 pour cent pour la majorité des ménages pauvres qui n’ont plus de stocks depuis 4 mois, soit en décembre 2021.
L’approvisionnement des marchés continue mais à un niveau largement inférieur à la normale en avril pour les produits vivriers locaux notamment le mil, le sorgho et le maïs. Du fait des faibles stocks céréaliers et des besoins additionnels liés au Jeune de Ramadan. La demande de consommation alimentaire des ménages est très forte sur les marchés où les prix des céréales sont similaires ceux observés habituellement en période de soudure avec des hausses de 27 pourcents qui sont supérieures à la moyenne. Cette tendance à la hausse pourrait s’amplifier davantage et atteindre des niveaux pics jamais égalés suite à la pression de la demande de consommation des produits locaux (mil, sorgho, mais) consécutifs à la baisse de la production locale, des flux transfrontaliers et de la substitution des produits importés (huile, blé, farine de blé, pâtes alimentaires et lait) dont les disponibilités vont diminuer consécutivement à la crise sécuritaire en Ukraine/Russie qui impacte négativement leur importation. En effet, les conflits et l’insécurité provoquent des perturbations des flux des denrées alimentaires des pays sources d’approvisionnement et aggravent la baisse des disponibilités des produits de consommation. Les effets additionnels de la crise ukrainienne sont directs sur les autres biens de consommation courante comme les pâtes alimentaires, l’huile végétale dont la disponibilité a diminué et les prix qui augmentaient à un rythme de 5 à 10 pourcents avant la crise Ukrainienne, ont brusquement augmenté de près de 50 pourcents par rapport aux mois et années passés.
Les activités saisonnières génératrices de revenus pour les ménages pauvres sont principalement les emplois agricoles sur les sites de cultures irriguées, l’auto-emploi telle que la vente de foin, de bois de chauffe ou charbon de bois, et l’orpaillage. Les activités de cultures irriguées en cours offrent néanmoins des opportunités de nourriture et de revenus pour les ménages pauvres. Cependant, ces activités sont rares car il y a une surabondance de la main d’œuvre se traduisant par une baisse des revenus gagnés.
Selon le rapport de UNHCR du 31 mars 2022, le Niger compte 264 257 personnes déplacées internes et 250 238 réfugiés suite aux conflits et l’insécurité persistants à l’intérieur du pays et dans les pays voisins. La dégradation de la situation sécuritaire est plus accrue dans la région de Tillabéry qui compte plus d’attaques (60 attaques contre 30 à 35 attaques pour Tahoua et Diffa) et de victimes ces derniers mois et abrite près de 40 pourcents des déplacés internes dans le pays.
Les conditions d’alimentation et d’abreuvement des animaux se sont davantage détériorées suite à la faible pluviométrie de la campagne agropastorale passée qui n’a pas permis une bonne production fourragère et un bon niveau de remplissage des points d’eaux. Selon les résultats de l’évaluation de la campagne pastorale par le ministère de l’élevage, la disponibilité du pâturage ne représente que 30 pourcents de la moyenne saisonnière avec cependant les compléments d’aliments qui sont disponibles sur les marchés en vente subventionnée par le gouvernement pour supporter l’alimentation du bétail. Les animaux présentent un embonpoint moyen et une valeur marchande marquée globalement par des hausses de 8 à 19 pourcents par rapport à la moyenne des cinq dernières années pour le taureau et le bélier. Les termes de l’échange bouc/mil restent globalement favorables sur la majorité des marchés avec le prix moyen d’un bouc de plus d’un an qui permet à un éleveur pauvre de se procurer 112 Kg de mil contre 118 kg à la même période de 2021.
Les activités entrant dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’urgence élaboré par le gouvernement pour assister les populations en insécurité alimentaire pendant la période de novembre 2021 à mars 2022, concernent principalement les distributions gratuites ciblées de vivres. Ces opérations de distributions gratuites ciblées de vivres ont touché la majorité des personnes en insécurité alimentaire ciblée dans la région de Diffa et le Sud Maradi en raison de 100 kg de céréales, 10 kg de légumineuses, du sel et 5 litres d’huiles par mois par ménage, soit 330 000 personnes. Les contraintes sécuritaires dans la région de Tillabéry et le Nord Tahoua n’ont pas permis de toucher la majorité des personnes dans le besoin.
Les hypothèses du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de février à septembre 2022 n’ont pas changé, a l’exception des hypothèses mises à jour qui sont les suivantes :
- Les violences perpétrées par les groupes armés devraient augmenter pour atteindre des niveaux saisonniers supérieurs à la moyenne et vont provoquer de nouveaux déplacements internes. Cette situation sera observée car les opérations militaires d’envergure au Mali vont continuer et vont obliger les groupes armés à chercher refuge au Niger où leurs activités terroristes seront plus intenses.
- Compte tenu de la baisse de la production agricole, de la persistance de l’insécurité et la perturbation des flux des produits céréaliers, les offres vont fortement diminuer et entrainer un maintien de la tendance à la hausse des prix.
- Concernant les autres produits de consommation comme les pâtes alimentaires, l’huile végétale, le blé et la farine de blé, les importations se font habituellement via la France, l’Algérie, le Nigéria et le Ghana. Avec les perturbations des flux internationaux liés à la crise ukrainienne, les importations sont au ralenti et pour protéger la disponibilité et la consommation locale, certains pays dont l’Algérie ont fermé leurs frontières conduisant à une forte exportation vers le Niger où les disponibilités de ces produits sont fortement inférieures à la moyenne. Cette situation de pénurie de ces produits va continuer avec la poursuite de la crise ukrainienne et on pourrait assister à des substitutions par des produits locaux qui vont conduire à une hausse généralisée des prix et à des niveaux plus élevés que prévus.
- L’effet de substitution des produits importés comme le blé, les pâtes alimentaires par les produits locaux pourra entrainer une transmission des prix et une augmentation supplémentaire des prix des denrées alimentaire. Cette situation limite significativement l’accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires de base.
- La hausse des prix de l’engrais va entrainer sa faible utilisation dans la production agricole d’hivernage et en irrigation et cela conduirait à une baisse de la production pour les cultures comme le riz local, le poivron, l’oignon et surtout le riz irrigué dont les services techniques anticipent une réduction de 10 à 15 pour cent des rendements.
- Les sources de revenus vont permettre d’accès à des revenus inférieurs à la moyenne suite à une perturbation des activités agricoles et pastorales consécutivement à une faible utilisation des intrants qui vont entrainer une baisse des superficies et de la demande de main d’œuvre agricole.
FEWS NET : Niger mise à jour des perspectives de la sécurité alimentaire : Recours précoce des ménages aux marchés pour leur approvisionnement en céréales, avril 2022.
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.