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L’insécurité alimentaire aigue Minimale (Phase 1 de l’IPC) est observée dans la majeure partie la zone agricole du pays. Cette situation est favorisée par des disponibilités alimentaires moyennes et des contributions des revenus saisonniers du maraichage, de travaux agricoles et de l’exode. Les ménages situés dans ces zones pourraient accéder à des revenus assez normaux qui vont se traduire par des résultats satisfaisant de sécurité alimentaire jusqu’au moins Septembre 2017.
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Dans la zone pastorale et certaines zones agropastorales, l’insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC) affecte la plupart des ménages pauvres qui pourraient en souffrir jusqu’au moins juillet suite à un bilan fourrager déficitaire d’environ 48 pour cent du besoin des animaux. Les fortes dépenses pour l’entretien des animaux et la réduction des prix des animaux vont davantage détériorer le pouvoir d’achat de céréales. Toutefois, cette situation pourrait évoluer en situation Minimale (Phase 1 de l’IPC) à partir d’aout 2017.
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L’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) va se maintenir dans la région de Diffa jusqu’en septembre 2017 à cause de la persistance de la crise sécuritaire et ses effets sur l’économie locale et le mouvement constant des populations. Dans certains endroits, les difficultés d’accès humanitaires et la baisse saisonnière des stocks alimentaires des ménages pourront se traduire en déficits de consommation alimentaire chez les ménages pauvres.
Dans les zones agricoles et agropastorale, les activités génératrices de revenu telles que les cultures maraichères, l’exode saisonnier, l’auto emploi (vente de foin, du bois de chauffe ou charbon) et les préparatifs des champs de cultures (défrichage) se poursuivent normalement et permettent aux ménages pauvres de maintenir leur accès aux denrées alimentaires en plus de gagner des revenus normaux leur permettant de satisfaire leurs besoins. Toutefois, pour certains ménages pauvres qui ont connu des déficits de production dans ces zones, les stocks sont déjà épuisés et la période de soudure s’annoncera plus marquée que d’habitude. Pour beaucoup de ces ménages, les revenus générés par les activités saisonnières ne compensent pas convenablement tous les déficits céréaliers. La plupart ne pourront pas satisfaire leurs besoins non alimentaires à cause de leur faible pouvoir d’achat.
La situation pastorale reste préoccupante sur l’ensemble de la zone pastorale due à une raréfaction et un amenuisement atypique du stock fourrager suite à un déficit de production de pâturage de 48 pourcent par rapport aux besoins. Cela va engendrer une soudure pastorale plus précoce, plus marquée et plus longue que d’habitude. Les mouvements des animaux se font dans tous les sens et peuvent se retrouver souvent piéger dans des zones fournies en pâturages mais éloignées. Cette situation entraine une forte présentation des animaux sur les marches ou la demande d’exportation est faible. La valeur marchande indique des prix en baisse atypique atteignant plus de 40 pourcent pour le bovin à Tanda (Dosso), le bélier à Maradi et Soubdou (Zinder) et le bouc à Soubdou, Tanout (Zinder) et Sabon Machi (Maradi). Cela s’explique par la faible demande à l’exportation vers le Nigeria en lien avec la dépréciation continue du naira nigérian. Cela engendre également une baisse des termes de l’échange ne permettant pas aux ménages pauvres éleveurs de se procurer des revenus normaux et de maintenir leur accès alimentaire. Toutefois, l’embonpoint des animaux est acceptable et la situation sanitaire du cheptel est calme dans l’ensemble sur le plan des épizooties.
Le conflit sécuritaire dans la région de Diffa persiste et maintient à peu près 250 000 personnes en déplacement avec des conditions alimentaire et nutritionnelle dégradantes et très préoccupantes. Malgré la reprise de certaines activités saisonnières comme l’exploitation des terres agricoles, les revenus gagnés restent insuffisants pour couvrir pleinement les besoins alimentaires des ménages compte tenu de l’exploitation de petites surfaces comparées à la moyenne, des problèmes d’écoulements des produits à cause de l’insécurité et la baisse généralisée du pouvoir d’achat.
En général dans le pays, l’offre des produits agricoles est en baisse à cause de la fin généralisée de la commercialisation par les producteurs et la faiblesse des flux à partir du Nigeria. Elle est essentiellement soutenue par les commerçants dont les stocks sont faibles cette année. Par ailleurs, la demande alimentaire des ménages déficitaires est devenue pressante sur les marchés à cause l’épuisement saisonnier de leurs stocks. Cependant, les prix des denrées alimentaires de base continuent à afficher une évolution globalement à la hausse sur la plupart des marchés. Les hausses significatives ont été observées entre janvier et février pour le mil de 25 pourcent à Maradi, 30 pourcent à Filingué et 31 pourcent à Abalak à cause de la forte demande par rapport à faiblesse des offres sur ces marchés. Comparés à février 2016, les hausses ont atteint 58 pourcent à Zinder et 43 pourcent à Maradi pour le mil et respectivement 45 pourcent et 38 pourcent pour le sorgho sur ces mêmes marchés. Comparés à la moyenne quinquennale, des hausses de 18 pour cent pour le mil à Maradi et 21 pourcent pour le sorgho à Maradi et Zinder ont été enregistrées.
Les hypothèses du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de février à septembre 2017 n’ont pas changé de manière significative.
La situation des marchés va rester préoccupante avec des offres de céréales inferieures aux moyennes saisonnières face à une demande grandissante en relation avec l’épuisement saisonnier des stocks et l’avènement du ramadan en mai-juin 2017. Par conséquent, les prix pourraient connaitre des hausses atypiques par rapport à la moyenne quinquennale. Les ménages pauvres dans les zones agricoles et agropastorales des régions de Maradi, Zinder et Tahoua ayant connu des déficits de production et ceux des zones pastorales pourraient être soumis à une insécurité alimentaire aigue de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’au moins juillet. Ces ménages vont dépenser plus que d’habitude pour assurer une alimentation d’adéquation minimale et pour l’entretien des animaux à cause des conditions pastorales difficiles. Compte tenu de leur faible pouvoir d’achat, ils ne pourront pas satisfaire les besoins essentiels non alimentaires.
Toutefois, la situation pourrait s’améliorer en zone pastorale en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC) à partir d’aout 2017 grâce aux apports de l’hivernage tels que la régénération du pâturage, le remplissage des cours d’eau, la production et la vente de lait. Cela pourrait améliorer l’embonpoint des animaux et rehausser les termes de l’échange bétail/céréale.
L’insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC) ou de Crise (Phase 3 de l’IPC) vont persister chez les ménages pauvres affectés et déplacés dans la région de Diffa, autour du Lac Tchad et de la rivière Komadougou au moins jusqu’en septembre 2017 à cause de la persistance de la crise sécuritaire et ses effets sur les moyens de subsistance. Dans ces zones, les ménages n’arriveront pas en général à protéger leurs moyens d’existence en raison des pouvoirs d’achat atypiques. Des stratégies d’adaptation négatives comme la réduction en quantité et en qualité de la nourriture et l’abandon des dépenses non alimentaires pourraient alors prendre forme dans certaines zones.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.