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Après un démarrage erratique de la saison des pluies en juin 2022, le reprise des précipitations en juillet a permis d’effectuer les semis dans toutes les zones agricoles et pastorales un peu plutôt cette année qu’en 2021. La demande de la main d’œuvre est normale dans les régions de Dosso, Maradi, Zinder et Tahoua, assurant cette année un revenu journalier supérieur de 29 pour cent à celui de 2021. L’évolution des cultures qui est au stade de formation des graines mais au même moment les semis n’ont pas eu lieu dans 94 villages de la région de Tillabéry et 51 villages de la région de Maradi, à cause d l’insécurité qui rend l’accès aux champs difficiles.
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En zone pastorale, les conditions des pâturages s‘améliorent progressivement grâce aux précipitations importantes et régulières qui permettent l’émergence de la végétation herbacée et la reconstitution des points d’eaux. Toutefois, la couverture des pâturages ne permet pas encore au gros bétail de brouter car la végétation herbacée est encore à un bas stade végétatif. De ce fait, l’alimentation des animaux se fait avec la paille de brousse, les résidus agricoles et les compléments alimentaires.
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Les denrées alimentaires sont à des quantités faibles sur les marchés en comparaison avec la moyenne quinquennale. Les prix sur les marchés agricoles s’établissent en moyenne nationale à 330 FCFA le kg pour le mil, soit une augmentation de 14 pour cent par rapport à 2021 et 24 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Des hausses de plus de 50 pour cent sont aussi observées sur plusieurs marchés de la région de Tillabéry due à la baisse de l’offre consécutive à des perturbations des flux causée par l’insécurité.
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L’insécurité alimentaire persiste en Stress (Phase 2 de l’IPC) dans la majorité des zones du pays, en Stress 2! (Phase 2! de l’IPC) dans la région de Diffa et le Sud-ouest de la région de Maradi et en Crise (Phase 3 de l’IPC) dans la région de Tillabéry et le Nord de Tahoua.
La campagne agricole : Conformément aux prévisions agro-climatiques, la campagne agricole 2022 se déroule normalement. La pluviométrie enregistrée depuis le mois de juillet se traduit par un bon cumul pluviométrique (Figure 1) et un bon niveau de satisfaction des besoins en eaux des cultures (Figure 2). Cependant, l’intensité des précipitations dans les régions de Zinder, Diffa, Tillabéry et Maradi a entrainé des inondations qui ont affecté un total de 81 944 personnes, selon la mise à jour du 21 août 2022 par la direction de la préparation de l’alerte et de la gestion des catastrophes de la Direction Générale de la Protection Civile. Selon le bilan fait le 21 aout 2022 par le ministère de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, ces inondations ont provoqué l’effondrement de 8 591 maisons, la mort par noyage de 620 têtes de bétail et la perte de 330,8 hectares de cultures. Cette année, plus de 350 000 personnes pourraient être affectées par les inondations selon la Direction Générale de la Protection Civile, c’est pourquoi, le ministère de l’Action Humanitaire et de la Gestion des catastrophes (MAH/GC) a mis en place une cellule inclusive de crise pour le suivi et la gestion des inondations.
La direction des statistiques agricoles du ministère de l’agriculture en collaboration avec la Cellule de Coordination du Système d’Alerte Précoce du Cabinet du Premier Ministre (CC/SAP), le PAM, la FAO et FEWS NET a mené une évaluation à mi-parcours de la campagne agricole dans la première décade d’août 2021. Les résultats ont confirmé le retard dans l’installation de la campagne agricole due à des pauses sèches entre mai et juin. Les pluies sont devenues normale et régulière en juillet et en août. Cette amélioration de la pluviosité a permis une bonne croissance des cultures et une amélioration significative de la satisfaction des besoins en eaux des cultures sauf dans les départements de Mayahi et Dakoro dans la région de Maradi (Figure 1 et 2).
Toutefois, l’insécurité sévissant dans la région de Maradi, Tillabery, Abala, Banibangou et Ouallam à empêcher les ménages des agriculteurs d’effectuer le semis à cause du déplacement et de l’abandon des champs pendant la campagne agricole en cours. En effet, dans la région de Maradi, il a été dénombré 24 pour cent et 14 pour cent de villages sans semis respectivement dans les départements de de Guidan Roumdji et Madarounfa. Dans la région de Tillabéry, les villages sans semis sont estimés à 12 pour cent à Abala, 8 pour cent à Banibangou, 15 pour cent à Ouallam, 14 pour cent à Téra et 6 pour cent à Torodi.
Cette saison agricole offre des opportunités d’emplois agricoles pour les ménages pauvres dont la main d’œuvre pour les travaux des sarclages et de désherbage est payée à 2 000 FCFA par jour contre 1 550 FCFA par jour en 2021. Les autres activités génératrices de revenus comme la vente de bois, soit 500 FCFA par fagot contre 700 FCFA en 2021 consécutive à une faible demande due à l’utilisation de gaz. La vente de paille est aussi une activité génératrice de revenu pour les ménages pauvres qui gagnent 1 300 FCFA par fagot de paille contre 900 FCFA en 2021 à la suite d’une diminution de l’offre. Selon les pronostics d’arrêt des pluies au 30 septembre 2022, les productions agricoles attendues seraient moyennes à bonnes dans 90 à 94 pour cent des superficies dans les régions de Maradi, Zinder, Dosso et Tahoua et dans 80 pour cent des superficies de la région de Tillabéry et Diffa.
L’état des pâturages et la production animale : Grace aux pluies enregistrées en juillet et en août, il y a eu une reconstitution progressive des pâturages et des remplissages des points d’eaux. Les nouvelles herbes se font de plus en plus disponibles mais, l’alimentation des animaux, surtout du gros bétail, est aussi assurée par la paille de brousse, des résidus des cultures, et la paille du riz le long du fleuve ainsi que feuillages de certains ligneux. A la faveur de la reconstitution progressive des pâturages, les éleveurs réduisent de plus en plus la complémentation alimentaire constitué de son de blé et tourteau de coton achetés sur les marchés à des prix dépassant 50 pour cent ceux de l’année passée et la moyenne quinquennale. L’abreuvement des animaux est assuré en grande partie par les eaux de surface dont le niveau de remplissages diffère d’une zone à une autre. En août, l’embonpoint des animaux a connu une amélioration significative par rapport aux mois de mai et juin et cela favorise une reprise de la production des produits laitiers qui vont augmenter le revenu des éleveurs. On note également une augmentation de la valeur marchande des animaux qui rend favorable les termes de l’échange pour les éleveurs qui peuvent se procurer. En juillet 2022, on obtiendrait 106 Kg de mil pour en vendant un bouc contre 117 kg en juillet 2021 et 107 kg pour la moyenne quinquennale.
Situation des marchés agricoles : La disponibilité en denrées alimentaires de base est en baisse sur presque tous les marchés de référence à cause de la baisse des flux transfrontaliers consécutive à plusieurs facteurs défavorables. Notamment parmi eux se trouvent l’insécurité sur les frontières, les effets directs et indirects de la crise ukrainienne, les mesures restrictives de sortie des denrées alimentaires prises par le gouvernement burkinabé et les faibles disponibilités des produits alimentaires dans la sous-région à cause de la baisse de la production de l’année passée. Cependant, l’approvisionnement des marchés s’améliore progressivement grâce aux déstockages par les producteurs excédentaires et les grands commerçants à la faveur de l’allure prometteuse de la saison des pluies et aux ventes à prix modérés par l’Etat. Les prix des céréales les plus consommées (mil et maïs) sont à un niveau plus élevé que le niveau moyen habituellement observé en période de soudure. Des hausses significatives des prix de plus 50 pour cent sont observées suite à une forte baisse de l’offre sur les marchés surtout ceux situés dans les zones de conflit.
Situation sécuritaire : De janvier à juillet 2022, il a été enregistré 158 attaques terroristes contre 130 attaques en 2021 et 158 attaques en 2020 a la même période. Ces attaques ont provoqué des fatalités de 192 personnes contre 558 personnes en 2021 et 292 personnes en 2020 à la même période. En fin juillet 2022, les personnes déplacées internes sont estimées à 334 138 personnes, soit une augmentation de 26 pour cent par rapport au nombre total estimé en fin décembre 2021. L’augmentation la plus importante du nombre des déplacés internes est noté dans la région de Tillabéry où le nombre est passé de 99 873 personnes en fin décembre 2021, et à 156 107 personnes en fin juillet 2022, soit une augmentation de 56 pour cent en 7 mois. En effet, la région de Tillabéry est devenue la zone la plus touchée par les actes terroristes des groupes armés non étatiques.
Assistance alimentaire : Dans le cadre de la mise en œuvre du plan de soutien aux populations en insécurité alimentaire et du plan de réponse humanitaire, le gouvernement, le PAM et les ONG ont assisté environ 3 millions de personnes en juin et juillet avec une ration journalière. Cette ration est composée de céréales, d’huile et le sel ou du cash, soit 40 000 FCFA équivalente à 2 100 Kcal par personne et cela représente 70 pour cent des besoins alimentaires estimer pour les bénéficiaires. Les régions non suffisamment couvertes par l’assistance humanitaire sont les régions de Tillabéry et le Nord Tahoua. Dans ces zones, l’accès aux populations est très limité à cause de l’insécurité civile et des mesures sécuritaires mises en place par le gouvernement, notamment l’instauration de l’état d’urgence sécuritaire et l’obligation de l’escorte militaire pour les missions dans les zones.
Les résultats de la sécurité alimentaire actuelle sont une insécurité alimentaire globalement en Stress (Phase 2 de l’IPC) dans la majorité des zones de moyens d’existence du pays et un Stress 2! (Phase 2! de l’IPC) dans la région de Diffa et dans les zones Sud-ouest de la région de Maradi. L’insécurité alimentaire persiste en Crise (Phase 3 de l’IPC) dans la région de Tillabéry à cause des impacts de l’insécurité civile et du faible niveau de couverture de l’assistance humanitaire et dans le Nord de Tahoua suite aux perturbations des marchés et la hausse des prix des denrées alimentaires.
SUPPOSITIONS MISE À JOUR
Les hypothèses du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de juin 2022 à janvier 2023 n’ont pas changé, a l’exception des hypothèses mises à jour qui sont les suivantes :
- Jusqu’en juillet, les pluies étaient faibles et n’ont pas permis le remplissage optimal des cours d’eaux qui ont entravé le mouvement et les activités terroristes des groupes armés. Donc les incidents ont continué plus que prévus jusqu’en fin juillet avant de redevenir moins fréquents en août. Les incidents sécuritaires vont reprendre en octobre novembre-décembre 2022 et janvier 2023 et les actes terroristes pourraient reprendre et dépasser ceux enregistrés en juillet-aout-septembre suite à la fin de la saison des pluies et la facilité des mouvements des groupes armés consécutive au tarissement de certains points d’eaux constituant les entraves naturelles.
- Avec l’augmentation du prix du gasoil qui est passé de 538 FCFA le litre à 668 FCFA à partir du 1er août 2022, les prix des transports des marchandises y compris des denrées alimentaires vont augmenter et vont avoir des effets d’entrainement sur les prix à la consommation des denrées alimentaires.
PERSPECTIVE ESTIMÉE JUSQU'EN JANVIER 2023
Les récoltes prévues en octobre/novembre 2022 vont permettre à la majorité des ménages de disposer de production agricole pour satisfaire leurs besoins alimentaires durant toute la période d’octobre 2022 jusqu’en janvier 2023. Les ventes des produits de rente tel que le niébé par les producteurs vont permettre de disposer de revenus pour satisfaire les dépenses alimentaires et non alimentaires. Mais cette situation favorable ne sera pas observée dans les zones de conflits et chez les ménages sinistrés des inondations qui auront une baisse de leur production agricole et qui auront des ressources insuffisantes pour faire face aux dépenses alimentaires et non alimentaires. Les approvisionnements des marchés vont se poursuivre mais à un niveau inférieur à la moyenne suite à la conjonction des effets de plusieurs crises sécuritaires sur les flux commerciaux dont celles dans le Liptako Gourma, dans le Bassin du Lac Tchad et celle de l’Ukraine. La hausse des coûts de transport des produits compte tenu de l'augmentation du prix du diesel poussera encore les prix à la consommation à des niveaux supérieurs à la moyenne. Cette situation de baisse des approvisionnements des marchés et la hausse des prix des denrées alimentaires seront davantage aggravées dans les zones affectées par les conflits. Les assistances alimentaires seront fournies aux ménages sinistrés et aux populations affectées par les conflits mais les quantités qui seront distribuées dans les régions de Tillabéry et le Nord Tahoua ne vont pas atteindre certaines personnes dans le besoin à cause de l’insécurité qui va entraver l’accès à certaines zones.
- L’insécurité alimentaire sera globalement en Stress (Phase 2 de l’IPC) en septembre 2022 dans la majorité du pays et en Minimale (Phase 1 de l’IPC) en octobre 2022 à janvier 2023 dans la plupart des zones du pays. Cette insécurité alimentaire restera en Stress 2! (Phase 2! de l’IPC) dans la région de Diffa et dans les zones Sud-ouest de la région de Maradi où les assistances seront fournies et suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires des ménages. L’insécurité alimentaire restera en Crise (Phase 3 de l’IPC) dans la région de Tillabéry et le Nord de Tahoua où en plus de l’insuffisance des moyens d’existence, la crise sécuritaire va empêcher l’acheminement des assistances alimentaires dans la majorité des zones affectées.
Source : FEWS NET/USGS
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.