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La campagne agricole et pastorale se poursuit dans de bonnes conditions hydriques et phytosanitaires favorables à un bon développement des cultures et des pâturages. Toutefois, suite à un retard d’une à quatre décades enregistrées selon les zones agricoles, une production agricole globalement moyenne est attendue si les prévisions saisonnières de séquences sèches courtes à moyennes en fin de saison se confirment.
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Les stocks des ménages producteurs agricoles sont normalement épuisés et les prix pour accéder aux produits de consommation sur les marchés sont à des niveaux plus élevés de 15 à 40 pour cent par rapport à l’année passée et à la moyenne quinquennale. Cette situation fait suite à la perturbation de la régularité des importations à partir du marché régional consécutive à la baisse des disponibilités des produits et la hausse des prix sur les marchés sources. Cela induit une insécurité alimentaire aigue globalement en Stress (Phase 2 de l’IPC) mais qui pourrait évoluer en Minimale (Phase 1 de l’IPC) à partir d’octobre 2021 et se poursuivre jusqu’au moins en janvier 2022 avec les conditions actuelles favorables de la saison agricole qui augurent des résultats comparables à la moyenne.
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Le pays et plus particulièrement les régions de Tillabéry et Tahoua dans la zone du Liptako Gourma, la région de Diffa dans le Bassin du Lac Tchad et le Sud-ouest de la région de Maradi continuent de subir des violences provoquées par des milices armées dont les mouvements et les attaques ont continué malgré les pluies qui, habituellement, entravent les mouvements et font diminuer les incidents sécuritaires. Ainsi, des mouvements internes des populations d’une ampleur plus grande que la moyenne sont observés à cause de l’insécurité qui perturbe par ailleurs les activités de moyens d’existence, les marchés et l’accès humanitaire.
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Les actions d’atténuation et de réponse humanitaire sont en cours dans le pays et couvrent les besoins alimentaires des ménages dans les zones accessibles y compris les ménages de la région de Diffa et ceux du Sud-ouest de Maradi où ces assistances permettent de maintenir l’insécurité alimentaire à Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC). Ces assistances humanitaires ne parviennent, toutefois, pas suffisamment aux ménages des régions de Tillabéry et Tahoua où de ce fait une insécurité alimentaire en Crise (Phase 3 IPC) affecte la plupart des ménages.
La saison des pluies a démarré en mai dans le Sud des régions de Dosso et Tillabéry mais son installation s’est poursuivie jusqu’en fin juillet/début aout. Cette installation accuse toutefois un retard d’au moins une décade observée dans toutes les régions avec même des retards de 2 à 4 décades observés dans la majeure partie de la zone agricole et agropastorale.
Les cumuls pluviométriques saisonniers du début de la saison à la 1ere décade d’aout 2021 variant entre 200 à plus de 400 millimètres. Ces cumuls qui sont toutefois inférieurs à la moyenne des 10 dernières années permettent un bon niveau de satisfaction des besoins en eaux des cultures en place avec même des disponibilités en eaux dépassant largement (130 à plus de 150%) les besoins en eaux des cultures, ce qui conduit à des engorgements et des inondations dans les zones humides.
La situation phénologique du mil et du sorgho présente des stades variant de la levée à la grenaison pour le mil observée au niveau du département de Gaya (région de Dosso). Concernant le sorgho, le stade le plus avancé est la montaison observée dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillaberi et Zinder. La situation agricole est devenue normale et si les pluies continuent jusqu’en fin septembre 2021, une production agricole moyenne est attendue mais en cas d’arrêt des pluies avant la fin de septembre les semis réalisés avec 2 à 4 décades de retard vont donner une production en dessous de la moyenne.
La situation relative aux ennemis des cultures se caractérisent par des attaques d’ampleur comparable à la moyenne très localisées de larves de sautériaux, de pressions localisées de chenilles défoliatrices sur le mil, sorgho, niébé, sésame et moringa, d’attaques de la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) sur maïs et sorgho dans le périmètre irrigué de Djiratawa, Attaques de cicadelles (Poophilus costalis) sur le mil dans le département de Magaria et d’apparition d’insectes floricoles (Dysdercus völkeri) sur le mil et maïs dans les départements de Gaya et Gouré. Cette situation phytosanitaire est d’ampleur faible et localisée et n’a pas d’impact significatif sur la production agricole.
Les conditions écologiques commencent à être favorables à la vie et à la reproduction du criquet pèlerin dans les aires d’habitats traditionnels du fait des précipitations enregistrées. Toutefois, la situation acridienne est calme et aucune superficie n’a encore été traitée du fait du criquet pèlerin.
Du fait des importantes précipitations enregistrées, les débordements de cours d’eau qui en découlent ont occasionné des inondations qui ont affecté 97 573 personnes, 6 827 maisons d’habitations, 2 958 hectares de cultures, 1 211 tets de petits ruminants, 155 têtes de gros ruminants, 120 greniers. La région de Maradi suivies par les régions de Zinder, Tahoua, Niamey, Dosso et Tillabéry sont les affectées.
Les incidents sécuritaires persistants dans les régions de Tillabéry et Tahoua situées dans la zone du Liptako Gourma, dans la région de Diffa dans le Bassin du Lac Tchad et dans la région de Maradi avec les incursions des groupes terroristes dans le Nord-Ouest du Nigéria, provoquent des déplacements internes de populations dans ces zones affectées par l’insécurité. Avec l’insécurité qui rend les champs de culture inaccessibles et les mouvements des personnes abandonnant leurs champs de culture, les baisses de superficies occasionnées sont estimées à environ 15 à 20% par rapport à la moyenne.
La saison des pluies reste aussi favorable pour la zone pastorale où la situation est globalement caractérisée par une reconstitution des pâturages et un bon niveau de remplissage des points d’eaux grâce aux pluies enregistrées en juillet-août dans la zone pastorale. Une reprise de la production laitière et de la valeur marchande s’observent progressivement et se traduisent par une amélioration des revenus des ménages pastoraux.
Les marchés sont marqués par une disponibilité globalement satisfaisante des produits mais en baisse par rapport à la moyenne. La baisse est beaucoup plus notable pour les céréales importées particulièrement pour le maïs du fait des restrictions en cours au Burkina Faso et au Bénin combinées à la faiblesse des flux entrants du produit en provenance du Nigéria suite aux mesures de restrictions des exportations des produits prises par le Burkina Faso et le Benin, les prix des produits de base sont en hausse significative par rapport à la même période de l’année passée et à la moyenne quinquennale surtout le maïs dont les prix dépassent des autres céréales. Cette hausse varie entre 15 et 40 pour cent sur presque tous les marchés particulièrement ceux des régions de Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Niamey et Zinder par rapport à la même période de l’année passée et à la moyenne cinq dernières années. Elle serait due à la demande des commerçants, des consommateurs, de quelques institutions et éleveurs pour les besoins d’assistance alimentaire, des travaux champêtres et de la remontée des éleveurs en zone pastorale face à une disponibilité en baisse par rapport à la moyenne. Les niveaux très élevés des prix des produits à la consommation sont aussi provoqués par une hausse des prix d’achat des produits sur les marchés sources d’approvisionnements et des coûts élevés de transport induits par les circuits d’approvisionnement devenus longs. Les prix des animaux sont stables pour les petits ruminants mais en baisse pour le gros bétail à cause d’une demande à l’exportation vers le Nigéria qui demeure encore faible.
La situation sanitaire est marquée par la prévalence de la COVID-19 et l’apparition du choléra dans la majorité des régions selon les données reçues des districts sanitaires du pays. L’incidence du COVID-19 persiste mais le rythme de contamination et de décès baisse significativement et reste largement inférieur au pic observé dans les derniers mois de 2020 et dans les premiers mois de 2021. A ce jour aucun cas du nouveau variant Delta n’est enregistré dans le pays et avec la tendance favorable observée et à la faveur de la campagne de vaccination qui continue, on pourrait s’attendre à une situation calme même si elle reste volatile. La situation sanitaire reste toutefois, davantage préoccupante à cause l’apparition du choléra dont des cas positifs et de décès sont enregistrés dans la plupart des régions.
Aucune amélioration n’est notée sur le plan sécuritaire avec des incidents sécuritaires qui persistent malgré les pluies et les cours d’eaux qui diminuent habituellement les déplacements et les actes terroristes des milices armées. En fin juillet 2021, près de 600 000 individus sont estimés en déplacement par la crise dont 51 pour cent de personnes déplacées internes. La majorité de la population déplacée interne se trouve dans la région de Tillabéry abritant 45 pour cent des personnes déplacées internes. Les régions de Diffa, Tahoua et Maradi comptent respectivement 35 pour cent, 18 pour cent et 2 pour cent des déplacés internes.
SUPPOSITIONS MISE À JOUR
Les hypothèses du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de juin 2021 à janvier 2022 n’ont pas changé, a l’exception des hypothèses mises à jour qui sont les suivantes:
- Les incidents sécuritaires vont continuer et les tueries devraient continuer au niveau plus élevé que la moyenne saisonnière jusqu’en octobre 2021 et au moins jusqu’en janvier 2022. Les déplacements de personnes vont aussi continuer à un rythme et une intensité plus élevée que la situation habituelle à la même période dans les régions de Tillabéry et Tahoua et même dans la région de Diffa.
- Compte tenu de la pression de la demande qui va continuer et de l’épuisement des stocks des producteurs, les prix vont continuer leur évolution à la hausse avec des rythmes mensuels de 5 à 10 pour cent jusqu’n fin septembre 2021 si les importations n’arrivent pas ou ne se font pas régulièrement suite à une faible offre sur les marchés sources du Nigeria, Benin et Burkina Faso ou des dysfonctionnements à cause de problèmes sécuritaires. Toutefois, une évolution à la baisse des prix des produits de consommation selon la tendance saisonnière pourrait être observée à partir d’octobre 2021 tout en restant au dessus de la moyenne de la période.
- Le retard dans l’installation des pluies, les inondations, les conflits et les perturbations des activités agricoles pourraient conduire à des baisses importantes de productions dans les zones de Tillabéry, Tahoua et Diffa mais la production pourrait être globalement moyenne.
PERSPECTIVE ESTIMÉE JUSQU'EN JANVIER 2022
Les disponibilités alimentaires seront faibles dans les ménages jusqu’en septembre mais les approvisionnements des marchés vont se poursuivre de façon suffisante pour satisfaire la demande qui va diminuer à partir d’octobre 2021 où les stocks des ménages seront reconstitués avec leur propre production. Les prix vont évoluer au-dessus de la moyenne pendant cette période du scénario mais dans une ampleur plus grande que celle habituellement observée. Ainsi la majorité des ménages resteront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2) en aout et septembre et vont évoluer en Minimale (Phase 1 de l’IPC) grâce aux récoltes et aux opportunités de revenus liées aux activités agricoles qui seront dominées par les récoltes.
Les conflits et l’insécurité vont persister et maintiendront dans une situation de déficit alimentaire les ménages pauvres déplacés de la région de Tillabery et Nord Tahoua qui feront face à des baisses de production agricole et des opportunités de revenus limitées à cause de la perturbation des activités et des prix au-dessus de la moyenne, et qui se retrouveront en Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’en janvier 2022. Le Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) sera maintenu pour les ménages pauvres déplacés de la région de Diffa et le Sud de la région de Maradi où il y a un accès humanitaire pour la fourniture d’une assistance en biens alimentaires et non alimentaires.

Figure 1
Seasonal Calendar for a Typical Year
Source: FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.