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Les crises sécuritaires et les impacts du COVID-19, ainsi que des déficits agricoles de la saison passée et le niveau élevé des prix des céréales, provoquent des difficultés alimentaires persistantes pour les ménages pauvres. Toutefois, la situation de l’insécurité alimentaire est globalement en Stress (Phase 2 IPC) avec une sévérité plus élevée de Crise (Phase 3 IPC) observée dans les zones de conflit avec une probable évolution en Minimale (Phase 1 IPC) pour la majorité des zones en octobre 2020 jusqu’en janvier 2021.
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La situation de la campagne agricole est caractérisée par des retards observés dans l’installation des cultures. A la faveur des améliorations significatives de la situation pluviométrique, le développement phénologique des cultures est globalement normal et laisse espérer des perspectives d’une production agricole moyenne à bonne, surtout si la fréquence et l’intensité des précipitations se maintiennent jusqu’en fin septembre. Toutefois, les fortes précipitations ont provoqué des inondations avec des pertes importantes de biens et de cultures céréalières, surtout le riz pluvial exploité dans la vallée du Fleuve Niger dont le niveau dépasse depuis le 24 aout la cote d’alerte rouge fixée à 620 cm.
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La crise sécuritaire persiste avec souvent de nouveaux développements exigeant la reconduction et même l’élargissement de la couverture géographique de l’état d’urgence dont les implications socio-économiques sont significatives sur les conditions de vie des ménages. La situation est stable en ce qui concerne la pandémie du COVID-19 dont les nouveaux cas sont en baisse mais la réouverture des frontières aériennes depuis début aout 2020 pourraient provoquer une recrudescence avec de probables cas importés.
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Dans les zones pastorales, les conditions d’alimentation deviennent davantage bonnes pour le bétail affecté par les effets néfastes d’une durée plus longue de la soudure qui a commencé très tôt en février. Les ménages éleveurs sont dans une insécurité alimentaire de type Stress (Phase 2 de l’IPC) en août et seront en insécurité alimentaire Minimal (Phase 1 de l’IPC) à partir de septembre 2020 jusqu’en janvier 2021 à la faveur d’une disponibilité fourragère en forte amélioration depuis début aout.
On observe une nette amélioration des conditions pluviométriques et hydriques depuis juillet qui a permis de terminer les semis dans l’ensemble des régions du pays mais avec toutefois des retards variant selon les régions.
Cette situation pluviométrique en août est en effet une amélioration sensible par rapport à celles de mai, juin et début juillet marquées par des périodes sèches et des précipitations faibles mal réparties. Le cumul saisonnier, au 10 août 2020, est au-dessus de la moyenne au niveau de la majorité de la zone agricole du pays (Figure 1).
Le développement des bonnes conditions météorologiques a aussi permis aux cultures soumises à un retard phénologique et à des stress hydriques d’améliorer leur progression. Toutefois, le retard de semis et les nombreux cas d’inondations enregistrées sur des centaines de superficies emblavées en riz, mil et sorgho et cultures constituent également des facteurs qui placent les populations riveraines des cours d’eaux dans une perspective alimentaire préoccupante à cause des importants dégâts provoquées sur leurs moyens d’existence. La situation alimentaire de pertes de cultures se traduisent par une perte de revenus pour les ménages pauvres dont la main d’œuvre est employée pour les travaux d’entretiens des emblavures alors que les inondations provoquent des dépenses supplémentaires pour la construction ou la location de nouveaux habitats suite l’effondrement des maisons dont les propriétaires sont en majorité des populations pauvres. Toutes les régions du pays sont affectées par ces inondations mais les effets sur les moyens d’existence des populations sont plus sévères chez les populations pauvres des régions de Niamey, Maradi, Tillabéry, Tahoua et Dosso ou les cours d’eaux ont atteint des niveaux largement au-dessus de la moyenne des trente dernières années. Par exemple, à la station hydrologique de Niamey, la cote du Fleuve du Niger a dépassé 660 cm depuis le 24 aout alors que la cote d’alerte rouge est estimée à 620 cm.
D’une manière générale, la situation des pâturages se caractérise par une couverture en nette amélioration de la verdure herbacée à la faveur des fortes précipitations observées depuis la fin juillet. L'imagerie satellitaire (NDVI) de l'état de la végétation pour la première décade du mois d’août indique une disponibilité de végétation qui est similaire à celle de la moyenne. L’abreuvement des animaux s’effectue au niveau des points d’eau de surface et de façon journalière favorisant ainsi le libre mouvement des animaux en zone pastorale. L’embonpoint des animaux a connu une amélioration depuis le mois de juillet occasionnant une reprise de la production des produits laitiers et une stabilité des termes de l’échange évalués à 107 kilogrammes pour un bouc adulte contre 110 kilogrammes en juin 2020.
L’offre et la disponibilité alimentaire subissent les conséquences de la baisse de production agricole de 2019 et des perturbations des flux locales consécutives aux mesures prise contre la propagation de COVID-19 et aux crises sécuritaires. Les stocks céréaliers des producteurs sont épuisés suivant la tendance saisonnière et l’offre locale est en-dessous de la moyenne à cause de la baisse de production par rapport à la campagne précédente. Les flux transfrontaliers en provenance du marché régional (Nigeria, Burkina Faso, Benin, Togo, Ghana, Cote d’Ivoire) évoluent significativement en dessous de la moyenne à cause des crises sécuritaires auxquelles s’ajoutent les mesures restrictives pour la prévention du COVID-19.
Contrairement à la normale ou la période de soudure est caractérisée par une forte demande de consommation sur les marchés, cette année, elle est à un faible niveau suite à une forte réduction du pouvoir d’achat des consommateurs consécutive au manque d’opportunités de revenus induits par les mesures de prévention de COVID-19. Toutefois, les aides alimentaires planifiées et actualisées pour la période de juin a septembre 2020 sont exécutées en synergie par le gouvernement et les partenaires humanitaires sous la forme de distribution gratuite de vivres au bénéfice 279 178 ménages.
La demande commerciale est aussi faible suite aux couts élevés de transactions occasionnées par les mesures de prévention et de sécurité appliquées dans les pays sources d’approvisionnements. La demande de bétail, qu’elle soit locale ou à l’exportation, est aussi très faible à cause des mesures qui conduisent à une forte réduction de la présence des acteurs sur les marchés.
Les prix des céréales locales et importées se situent à des niveaux plus élevés que l’année dernière et la moyenne saisonnière suite à la situation de faibles approvisionnements des produits dans le pays dus aux mesures de prévention de COVID-19 appliquées qui entravent les flux transfrontaliers et internes. Les prix du bétail sont en baisse par rapport à la moyenne saisonnière à cause de la faiblesse de la demande à l’exportation et de la demande locale mais ils sont stables à la faveur de la demande consécutive à la Tabaski et l’amélioration de l’état d’embonpoint entrainant une stabilité aussi des termes de l’échange.
La crise sanitaire liée à la pandémie du COVID-19 est dans une tendance de baisse d’intensité avec la réduction progressive des cas confirmés observée depuis juillet mais les mesures de mitigation restent en vigueur sauf celles relatives à l’isolement des villes, aux transport interurbain et aérien. Les mesures sanitaires et socioéconomiques comme l’achat et le port de masques et l’achat de savon ou de gel hydroalcoolique pour le lavage des mains ont des effets persistants sur les moyens d’existence en cela qu’elles occasionnent des dépenses non alimentaires de plus pour les ménages pauvres.
La crise sécuritaire connait de nouveaux développements avec des nouveaux cas d’incidents sécuritaires enregistrées dans les régions de Diffa, Tillabéry et Tahoua et qui ont conduit à l’augmentation de l’étendue géographique des mesures sécuritaires dont l’état d’urgence déclarée de deux nouveaux départements de la région de Tillabéry, ce qui limite le mouvement des personnes, et entrave les activités économiques et les échanges commerciaux.
Les inondations enregistrées dans plusieurs régions du pays sont sources de dégradation de la situation sanitaire avec la prévalence des maladies comme la diarrhée, le paludisme et autres maladies hydriques qui font partie des facteurs limitants de la malnutrition des enfants. Les effets conjugués de ces facteurs climatiques et du dysfonctionnement du système sanitaire dû au COVID-19 se traduisent par une dégradation plus accentuée de la malnutrition des enfants de moins de 5 ans.
Ainsi, les ménages pauvres ont, dans leur majorité, des difficultés pour se nourrir et faire face aux autres besoins non-alimentaires, ce qui les met en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Il s’agit des populations pauvres des zones agricoles, agropastorales et pastorales qui ne reçoivent pas d’assistance alimentaire et gagnent peu de revenus à cause des effets du COVID-19 sur les opportunités économiques locales et de la migration. La situation est en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) dans la région de Diffa ou les ménages reçoivent suffisamment de l’aide humanitaire couvrant leurs besoins alimentaires. Le niveau le plus élevé de l’insécurité alimentaire est la Crise (Phase 3 de l’IPC) affectant les ménages pauvres et déplacés de la région de Tillabéry et le Nord de Tahoua ou la crise sécuritaire empêche les activités de moyens d’existence des populations et entrave l’accès humanitaire pour la distribution de l’aide.
Les hypothèses du scénario FEWS NET le plus probable pour la période de juin 2020 à janvier 2021 n’ont pas changé, à l'exception des hypothèses mises à jour suivantes:
- Si la tendance à la baisse des cas confirmés au COVID 19 se maintient jusqu’en septembre, les mesures contre sa propagation seront allégées à partir d’octobre et peut être même levées à partir de novembre mais les effets vont continuer jusqu’en décembre 2020-janvier 2021. Toutefois, la réouverture des frontières aériennes depuis début aout 2020 pourraient provoquer une recrudescence avec de probables cas importés et une reconduction des mesures restrictives localisées avec impact sur les moyens d’existence des populations.
- Les stocks céréaliers des producteurs seront reconstitués à leur niveau normal à partir d’octobre avec les nouvelles récoltes et cela va permettre une consommation alimentaire satisfaisante sans recours aux marchés et à l’aide alimentaire pour la majorité des ménages agropasteurs et agricoles. Les prix des produits locaux vont commencer à baisser à partir pour atteindre le niveau saisonnier en novembre jusqu’en janvier 20201.
- La main d’œuvre agricole sera disponible à son niveau normal suite à l’ouverture éventuelle des frontières et la levée des autres mesures barrières et grâce à la production moyenne a bonne projetée, la demande et les prix seront moyens pour les ménages pauvres.
La poursuite des précipitations jusqu’à la fin de septembre permettrait d’espérer une campagne agricole très favorable. En effet, les simulations des productions faites sur la base du stade phénologique actuel des cultures et de l’arrêt des pluies en fin septembre, prévoient des productions moyennes à bonnes sur la plus grande partie des superficies emblavées en mil et sorgho.
Avec les perspectives d’une situation pluviométrique favorable conduisant à des récoltes moyennes a bonnes de céréales, de produits de rente et de pâturages, les ménages des zones agricoles, agropastorales et pastorales, dans leur grande majorité pourront couvrir leurs besoins de consommation alimentaires et non-alimentaires en octobre-décembre jusqu’en janvier 2021 sans assistances sociales et humanitaires et seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Toutefois, les effets combinés du COVID-19 et les inondations vont engendrer des baisses localisées de production de céréales (surtout du riz pluvial) et de produits de rente avec pour corollaire une diminution des ressources alimentaires et des revenus qui vont placer les ménages pauvres en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) en octobre-novembre 2020 jusqu’en janvier 2021. Les effets des inondations dans les zones urbaines vont se traduire par une perte des revenus de la main agricole des ménages pauvres sur les sites de cultures maraichères et de riz en plus d’occasionner des dépenses supplémentaires pour la reconstitution des habitants dont la plupart sont détruits par les eaux. Cette situation va créer une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) en septembre et octobre chez les ménages pauvres des zones urbaines riveraines des cours d’eaux qui provoquent des inondations avec impacts sur les biens alimentaires et non alimentaires mais la situation va évoluer en Minimale (Phase 1 de l’IPC) en novembre, décembre 2020 et janvier 2021.
La crise sécuritaire va persister et va continuer d’impacter les ressources alimentaires des ménages des zones affectées de Tillabéry et Tahoua ou l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) va prévaloir chez les ménages pauvres, déplacés et d’accès limité. La situation sera en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) dans la région de Diffa ou les ménages seront bénéficiaires des aides alimentaires qui vont couvrir leurs besoins de consommation alimentaire.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET/USGS
Source : SIMA
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.