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Après un démarrage tardif, une pluviométrique suffisante et bien repartie dans le temps depuis la fin-août a permis un bon développement des pâturages et des cultures pluviales. La production céréalière nationale sera moyenne à supérieure à la moyenne et les pâturages, à l’échelle nationale, seront nettement meilleurs que ceux de 2014. L’accès alimentaire des ménages pauvres va donc s’améliorer.
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L’accès aux nouveaux produits agricoles et au lait, la stabilité des prix des denrées alimentaires et les revenus du travail agricole permettent aux ménages, dans la majeure partie des zones rurales, de consommer des aliments normalement et par conséquent, ils seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Leur sécurité alimentaire sera renforcée, entre janvier et mars, par les récoltes des cultures pluviales tardives et celles de la décrue ainsi qu’une hausse du prix des animaux.
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Dans la zone de cultures pluviales, les moughataa d’Amourj et de Diguent sont très affectées par l’irrégularité des pluies. Leur production de court cycle est en nette baisse et sa récolte retardée de deux mois prolonge la soudure jusqu’en novembre. Une grande partie de ce déficit de production saisonnière sera comblée par celle des cultures de long cycle (récoltés cette année en décembre), mais les ménages pauvres resteront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en janvier.
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Malgré des récoltes moyennes et des bonnes conditions pastorales, la diminution de taille des troupeaux et l’impact du remboursement des dettes suite aux difficiles années précédentes ainsi que des revenus saisonniers nettement plus bas qu’en année moyenne maintiendront les ménages pauvres des zones agropastorales du Tagant (la moughataa de Moudjéria) et du Gorgol (les moughataa de Monguel et le nord de celle de Kaédi) en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en mars.
Situation actuelle
Sur le plan agricole : D’une manière générale, la situation de la campagne agricole 2015/2016 est bonne. La pluviométrie bien que tardive a connu, entre août et octobre, une bonne répartition temporelle qui a entrainé, en plus d’une situation pastorale qui rassure les éleveurs, un développement normal de certaines cultures pluviales et de bonnes conditions d’exploitation de celles de la décrue.
Cependant, plusieurs typologies des cultures ont connu un retard de leurs développements normaux suite au démarrage tardif et à l’irrégularité des pluies. Par conséquence, la récolte des cultures de long et court cycle (environ 70 pour cent des superficies nationales exploitées en cultures traditionnelles, en année normale) a accusé un retard d’un à deux mois par rapport à une année moyenne. Avec le regain pluviométrique de la fin août, les agriculteurs ont accru les superficies des cultures tardives (de plus de 10 pour cent) et exploité la majeure partie des zones de la décrue. Ces dernières cultures connaissent un développement suit aux tendances d’une année normale. Au niveau sous-national :
- En zone agropastorale (dans la bande frontalière de la zone production pluviale), les ménages commencent à récolter le sorgho et les légumineuses et au niveau du bas-fond et derrière barrage, les semis se poursuivent en fonction du retrait des eaux.
- Dans les zones de cultures pluviales (une bande frontalière du Mali qui va de la moughataa de Maghama au Gorgol à l’extrême sud-est du pays), les superficies des cultures sous pluie sont en baisse comparativement à une année moyenne et les cultures accusent un retard de développement qui fait que le stade le plus avancé est l’épiaison et par endroit, les récoltes des cultures de court cycle. D’énormes dégâts ont été observés sur les semis dans les zones dépressionnaires (cuvettes, lits d’oueds, bas-fonds etc.) à cause des inondations successives.
- Dans la zone vallée du fleuve Sénégal, les emblavures et les semis direct de riz irrigué se poursuivaient jusqu’au début du mois d’octobre. Les cultures se développent normalement. A l’exception du Guidimakha où tous les périmètres ont été exploités comme en année moyenne, dans toutes les autres régions (Trarza, Brakna et Gorgol) les superficies mises en valeur sont inférieures à celles de 2014 où l’Etat avait décidé d’octroyer du crédit même aux exploitants endettés.
- Les cultures de décrue (Walo, bas-fonds et barrages) : Dans toutes les zones de décrue, généralement exploitées en sorgho et niébé, les conditions d’exploitation sont bonnes car les taux de remplissage ont été importants (>80 pour cent) et les paysans ont pu trouver des semences.
Sur le plan des revenus saisonniers : Une offre de main d’œuvre saisonnière plus importante qu’en année moyenne et la baisse des superficies dans les zones de cultures pluviales, ont entrainé une baisse sensible des revenus saisonniers qui n’ont comme source que le travail agricole. Le démarrage tardif de l’hivernage a aussi limité les déplacements pour le travail hors zones qui en année moyenne offre une source important de revenu pour les bras valides. Les activités agricoles relatives aux cultures de décrue ont quant à elles commencé à temps (octobre) et s’inscrivent dans leur calendrier cultural normal, générant ainsi des revenus saisonniers au moins égaux à ceux d’une année moyenne.
Sur le plan pastoral : Au vu des précipitations suffisantes enregistrées, la situation pastorale s’est nettement améliorée sur la quasi-totalité de la zone agropastorale particulièrement dans la wilaya de l’Assaba, du Gorgol, du Guidimakha et des deux Hodh. Les pâturages sont, à l’échelle nationale, nettement meilleurs que ceux de 2014 mais encore moins denses que ceux d’une année moyenne. L’embonpoint des animaux fortement affecté par une longue période de maigre consommation (depuis février au lieu d’avril) s’améliore, contribuant ainsi à la hausse de leurs prix. Néanmoins, la production laitière reste encore faible en raison des mises-bas inferieures à la moyenne.
Sur le plan des marchés de consomption: Les marchés de consommation sont toujours bien approvisionnés en denrées alimentaires de base importées (blé, riz, huile, sucre, farine etc.) avec des prix relativement stables par rapport aux mois précédents mais tout de même plus élevés que la moyenne quinquennale. En outre, les prix des céréales cultivées suivent leurs tendances de stabilité malgré le retard de la récolte. Par exemple, le prix de sorgo dans le marché d’Adel Bagrou (zone des cultures pluvieuses) tourne autour de 130 MRO en septembre (145 MRO en année moyenne quinquennale) et à Boghé (zone de vallée) le prix 209 MRO en septembre cette année, est proche des 200 MRO de la moyenne quinquennale. La stabilité des prix des céréales locales et importés crée les conditions d’un meilleur accès alimentaire pour les ménages pauvres.
Sur le plan des marchés du bétail : Dans les zones pastorales, les prix des animaux continuent leur hausse dans cette période: le prix de mouton dans le marché de Aoujeft est 44000MRO en septembre comparé à 42500 le mois passé. Globalement, dans toutes les zones de moyens d’existence, les termes d’échange (prix animal/céréales) soutiennent une meilleure capacité d’accès alimentaire tant en raison de la stabilité des prix des céréales que de la hausse du prix des animaux (Figure 1).
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire au niveau national d’octobre 2015 à mars 2016 se fonde sur les hypothèses générales suivantes :
Les activités agricoles :
- La production agricole : La production agricole annuelle sera supérieure ou au moins proche de celle d’une année moyenne malgré la baisse probable des productions irriguées en raison des superficies non exploitées pour cause de non attribution de crédit agricole. Bien que les rendements des cultures de court cycle et de long cycle soient négativement affectés par le démarrage tardif des pluies et par leur irrégularité entre juillet et août, le regain pluviométrique de septembre a permis un niveau satisfaisant de remplissage des bas-fonds et des barrages (entre 80 et 100 pour cent de leur capacité) et de bonnes perspectives pour les cultures tardives et de décrue (Walo, Bas-fonds et barrages).
- La situation acridienne : La situation acridienne est encore calme, mais on note dans le centre et le nord du pays notamment dans les zones de cultures derrière le barrage de l’Inchiri des changements potentiels (Figure 2). Selon le Bulletin sur le criquet pèlerin d’octobre 2015, le FAO Centre d’Intervention Antiacridien d’Urgence déclare que, jusqu’au printemps, les conditionnes écologiques vont rester optimales à l’augmentation de ces effectifs, voire l’apparition des concentrations larvaires et de petits groupes ailes. C’est une situation à surveiller car elle constitue une menace pour les cultures de décrue en levée et pour les cultures tardives en montaison. Cependant, FEWS NET suppose pour l'instant que les dégâts causés par les criquets pèlerins sur ces cultures seront similaires à ceux d’une année normale.
- Les revenus agricoles : La réduction des superficies exploitées en cultures pluviales pour cause d’installation tardive de l’hivernage va également faire baisser les besoins en travaux annexes qui constituent, entre octobre et décembre, une importante source de revenus saisonniers pour les ménages pauvres. Par contre, du fait du bon niveau d’inondation des zones de décrue (walo, Bas-fonds et barrages), il est probable que les revenus liés à ces activités soient proches de ceux d’une année moyenne. Globalement donc, on devrait s’attendre à une baisse des revenus provenant des activités agricoles pendant la période du scénario.
Les activités pastorales :
- Conditions pastorales : On s’attend à ce que les pâturages et les disponibilités en eau répondent au besoin du cheptel pendant toute l’année, limitant ainsi le recours à l’aliment bétail dans la majeure partie des zones pastorales (à l’exception des compléments alimentaires pour renforcer la productivité laitière des bétails.)
- Les revenus du travail pastoral : Ils seront conformes aux revenus pastoraux saisonniers d’une annexe moyenne car, entre octobre et mars, le recours à une main d’œuvre non permanente est rare. Les salaires resteront donc fixes et il n’y aura pas besoin de recourir à un supplément de main d’œuvre pastorale. La production laitière des bovins, ovins, et camelins, déjà nettement plus basse qu’en année moyenne, va s’inscrire en baisse à partir de janvier pour devenir faible à partir de mars ce qui diminuera le revenu pour les ménages agropastoraux et pastoraux.
Les marchés :
- Les importations des produits alimentaires : Les importations de denrées alimentaires (riz, blé, sucre, huile etc.) seront régulières et suffisantes durant la période du scénario pour répondre aux besoins de la consommation interne et alimenteront les réexportations normales en direction du Sénégal, du Mali et du sud du Maghreb où leur revente et celles des produits manufacturés constituent des sources de devises.
- Les marchés de bétail : Les marchés de bétail des zones rurales seront, conformément aux tendances saisonnières (octobre à mars) mal approvisionnés du fait de l’impact des récoltes (céréales et légumineuses) et du besoin de reconstitution du cheptel. Par contre, ceux des zones urbaines resteront bien approvisionnés par les surplus (méventes) de la demande de la Tabaski au moins jusqu’en décembre. De janvier à février, l’offre va baisser dans les différents marchés car en l’absence d’évènements religieux et avec les récoltes, les ménages limiteront leurs ventes.
- Les prix des animaux : Le prix moyen des animaux pourraient, comparativement à septembre, rester stables dans les marchés urbains, jusqu’à l’épuisement des stocks actuels. Par contre dans les zones rurales, la reprise des prix, amorcée depuis août se poursuivra et même se renforcera entre janvier et mars avec des taux de hausse pouvant fluctuer entre 20 et 30 pour cent.
- Les prix des céréales : En général, les prix de sorgho seront en baisse de 10 à 30 pour cent entre octobre et mars selon les niveaux de production et l’état d’approvisionnement dans les marchés de consommation, conformément aux tendances de la période. Cependant, dans les zones de décrue, la stabilité ou des hausses légères du prix du sorgho de décrue et du maïs seront enregistrées entre octobre et novembre, mais elles devraient disparaitre avec la fin de la période de semences (décembre) et les prix s’inscriront de nouveau dans une tendance baissière qui peut cependant être moins importante (autour de 5 pour cent) dans certaines poches déficitaires de la zone agropastorale et du centre de la vallée du fleuve Sénégal. Les prix des céréales importées (riz, blé) resteront stables.
Les autres facteurs contributifs importants :
- Les envois d’exode : Ils seront en forte baisse et ne représenteront que 10 à 20 pour cent de ceux de la période de soudure, mais cette situation est conforme à la tendance saisonnière et le restera pendant toute la durée du scenario. Le retour des migrants revenus travailler leurs champs explique cette situation.
- Les produits de cueillette : En dehors du fonio sauvage affecté par l’irrégularité des pluies de juillet et août, on s’attend à ce que tous les autres produits de cueillette (gomme arabique, jujube, fruits de baobab, de balanites et de palmiers sauvages etc.) aient une productivité proche de celle d’une annexe moyenne.
- Les dettes : Entre octobre et mars les apports alimentaires de l’élevage et ceux des cultures (janvier à mars) réduiront considérablement le recours aux emprunts de nourriture. Une partie des récoltes sera utilisée, entre janvier et mars, dans toutes les zones rurales affectées entre 2013 et 2015 par un déficit de production agricole pour rembourser les dettes de ces saisons précédentes.
- Des programmes d’assistance : Les programmes classiques tels que les Boutiques de Solidarité (BS), les Stocks Alimentaires Villageois de Sécurité (SAVS), les Cantines Scolaires (CS) et les Centre de Récupération Nutritionnelle Ambulatoire (CRENAM) continueront de fonctionner à l’échelle du pays. L’assistance humanitaire destinée aux réfugiés maliens vivant au camp de MBera sera régulière et suffisante durant la période du scenario.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Entre octobre et décembre, avec les apports de l’élevage et les récoltes cultures pluviales, les niveaux de l’insécurité alimentaire vont progressivement baisser dans la majeure partie des zones agricoles et pastorales. Les ménages pauvres des zones du sud-ouest du Tagant et du nord du Gorgol qui étaient, jusqu’en septembre en situation de Crise (Phase 3 et 3 ! de l’IPC) en raison d’un important déficit de leur production céréalière et des revenus inférieurs à la moyenne pendant l’année de consommation 2014/15, vont évoluer vers une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Dans le reste du pays, en dehors des zones de pastoralisme d’oasis avec oueds cultivés (où les cultures de décrue sont en recul) et de transhumance pastorale (qui ne font aucune activité agricole au cours de notre période de scenario) qui seront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), les ménages pauvres retrouvant leurs conditions de vie typiques de la saison et évolueront vers une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Entre janvier et mars 2016, la sécurité alimentaire dans les zones agricoles sera renforcée par les récoltes des cultures pluviales tardives et celles de la décrue. Toutefois, dans la zone agropastorale (moughataas de Moudjéria, de Monguel et nord de celle de Kaédi) un important déficit de production des cultures de court est venue allonger une période de soudure que les ménages pauvres ont des difficultés à contenir puisqu’ils ont déjà vendu la majeure partie de leur cheptel pendante les difficiles années précédentes pour se nourrir. A cela s’ajoutent les impacts des revenus saisonniers nettement plus bas qu’en année moyenne et du remboursement des dettes plus grandes qu’habitude. Par conséquent, les ménages pauvres auront toujours des difficultés d'accès à la nourriture et seront obligés de renonce à des dépenses non alimentaires pourtant essentielles. Is resteront, donc, toujours en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’au mois de mars 2016.
Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : FAO
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.