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Les marchés de consommation soient bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, huile, sucre, thé, pâtes alimentaires), mais la hausse continue de leurs prix, depuis le mois de Ramadan (mai) limite leur accès aux ménages pauvres. Les revenus saisonniers de ces derniers sont réduits par la chute des prix des animaux et l’absence d’activités rurales saisonnières génératrices de revenus.
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Confrontés à d’importants déficits de production agricole et de pâturages, ainsi qu’à des difficultés d’accès à l’eau et à de revenus, les ménages pauvres ruraux vivent depuis janvier (au lieu de mars/avril), une période de soudure plus longue et plus difficile qu’en année moyenne. Dans certaines parties des zones agropastorale, de la vallée du fleuve Sénégal et de la zone de cultures pluviales, de nombreux ménages sont en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC).
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Des programmes d’assistance exécutés par le PAM, la FAO, UNICEF et les ONG (ACF, OXFAM, Save the Children, CARITAS, ACORD, Croix Rouge Française, Médecin du Monde etc..) sont en cours dans quelques parties de certaines zones de moyen d’existence. Ils portent autant sur des distributions gratuites de vivres et d’aliment bétail que sur des transferts monétaires et des appuis nutritionnels destinés aux enfants malnutris et aux femmes allaitantes ou enceintes. Ils restent cependant insuffisants aux besoins exprimés par les humanitaires.
Situation actuelle
La situation agro climatique : Alors que des températures saisonnières nettement plus élevées qu’en année moyenne sévissent dans les zones continentales, dans les parties côtières les températures restent largement en dessous des moyennes saisonnières. Des pluies torrentielles ont commencé à toucher l’est, le centre et le sud du pays causant des inondations.
La situation agricole : La demande en semences a déjà entrainé une forte hausse du prix des sorghos, du maïs et du niébé, dans les zones agricoles. Cette hausse est plus marquée dans celles qui sont éloignées des marchés mauritaniens (fixes ou hebdomadaires) frontaliers alimentés par le déstockage des paysans maliens. Aucune activité agricole n’est actuellement en cours dans les zones uniquement dépendantes de la pluie (zone agropastorale et zone de cultures pluviales). Par contre, dans la zone de la vallée du fleuve Sénégal, les cultures irriguées de la contre saison chaude sont en phase de maturation et la préparation des sols pour des cultures hivernales se poursuit. Les superficies à récolter comme celles qui seront exploitées sont en baisse par rapport à celles de 2017 qui étaient déjà inférieures à celles de la moyenne quinquennale. Pour n’avoir pas remboursé les dettes précédentes, certains agriculteurs (des périmètres collectifs comme privés) n’ont pas eu accès au crédit agricole et n’exploiteront pas en conséquence leurs périmètres.
Dans les zones oasiennes, la cueillette des dattes est en cours. Les productions de l’Adrar sont jugées moyennes mais celles du Tagant et de l’Assaba, affectées par le faible niveau de leur nappe phréatique, à cause du déficit pluviométrique, sont nettement inférieures à celles de 2017 qui était moins bonne que celle d’une année moyenne.
La situation pastorale : Les pâturages sont pratiquement inexistants dans la majeure partie du pays. Les concentrations dans les zones d’accueil du sud du Guidimakha, de l’Assaba et des deux Hodhs se sont diluées avec le départ pour les zones pastorales du Mali. Le recours à l’aliment bétail, systématique depuis avril, est de plus en plus cher et difficile à cause de la baisse des exportations maliennes. Au marché de Adel Bagrou, le prix du sac de 50 kg de l’aliment bétail malien, qui était de 700 MRU en début du mois, est passé à 1500 MRU.
La situation acridienne : Elle est calme selon le centre national de lutte antiacridienne (CNLA).
L’exploitation écologique : Les activités relatives à ce volet se limitent à la vente de bois, de charbon et de paille de riz ou sauvage qui elle ne se vend que dans le sud du pays. La vente du charbon et du bois est fortement concurrencée par celle du gaz butane commercialisé, jusque dans les zones rurales, par des citernes ambulantes. Bien que le prix de l’unité de vente (200 MRU le sac de 25 kg de charbon et 600 MRU pour la charretée pour le bois) ait enregistré une hausse, la baisse des quantités vendues a réduit, de 60 pour cent environ, les revenus que les ménages en tiraient, à pareille période d’une année moyenne. Aucune activité de cueillette de produits sauvages n’est actuellement pratiquée.
Les revenus : En dehors des travaux dans les zones de cultures irriguées de la vallée et des palmeraies des oasis, il n’existe aucune autre activité agricole susceptible de requérir une main d’œuvre agricole salariée. Dans la première zone, principalement dans le sud du Trarza, les prix de la main d’œuvre sont stables mais, du fait de la baisse des superficies exploitées, la réduction du temps de travail a entrainé celle des revenus des ménages pauvres (environ 30 pour cent de moins qu’en année moyenne). Les salaires des employés permanents (entre 3000 et 4000 MRU) restent stables. Les revenus provenant de la vente des animaux sont à leurs plus bas niveaux depuis 2015 sous le double effet de la chute des prix et de la baisse des effectifs à vendre. Ceux de l’exode restent toujours faibles et sont, en moyenne, de 80 pour cent inférieurs à ceux d’une année moyenne. Dans certaines communes des zones agropastorales, de cultures pluviales et de la vallée du fleuve Sénégal, les institutions humanitaires (Onusiennes et ONG) procèdent à des transferts monétaires (2400 MRU par ménage) qui vont constituer, pour les quatre prochains mois (juillet à aout), des revenus réguliers.
Les flux transfrontaliers : Le déstockage saisonnier des paysans maliens ayant repris, les flux de céréales traditionnelles se sont, comparativement au trimestre précèdent, nettement intensifiés. Cependant, du fait de la forte demande des transhumants sur le sol malien, ils restent globalement inférieurs à ceux d’une année moyenne. Les flux sénégalais de riz, sous contrôle des douaniers des deux pays, sont toujours faibles. Les flux maghrébins de légumes et fruits sont dynamiques et assurent un approvisionnement suffisant et régulier du marché de Nouakchott à partir duquel se font les approvisionnements des marchés de l’intérieur.
Les marchés de consommation : Le marché formel et les boutiques du gouvernement sont régulièrement approvisionnés en denrées alimentaires de base. Les prix de ces produits affichent, cependant, depuis mai, une tendance haussière continue qui dégrade de plus en plus les termes d’échange animal/céréale au détriment des ménages. Comparativement à la même période de 2017, les hausses les plus importantes concernent le sorgho (+53 pour cent dans la zone agropastorale ; +18.42 dans la zone oasienne ; + 81.8 pour cent dans la vallée du fleuve Sénégal et + 50 pour cent dans la zone de cultures pluviales). La faiblesse de l’offre saisonnière, causée par l’important déficit de la production de cette céréale et par le rationnement des transferts maliens entre avril et mai, explique cette situation. Par ailleurs, le report de la demande en sorgho sur le blé qui est déjà fortement recherché par les éleveurs (aliment de bétail) a élevé le prix de cette céréale importée. Dans toutes les zones de moyens d’existence, la hausse du prix du blé qui est un phénomène récurent pendant la période de soudure (avril/aout) est nettement plus marquée qu’en année moyenne. Elle tourne autour de 10 pour cent dans les zones agropastorales et de cultures pluviales et atteint 62 pour cent dans le centre de la vallée du fleuve Sénégal où la faiblesse de la production saisonnière de riz local fait de lui la principale céréale de substitution du sorgho.
Les marchés de bétail : Ils sont tous mal approvisionnés. Aux effets de la lointaine transhumance est venue s’ajouter une réduction des effectifs qui limite l’offre. Par ailleurs, la perte de leur embonpoint a entraîné une forte baisse de la demande en ovins et bovins. Si, dans tous les marchés, les prix des ovins et bovins ont accusé des baisses continues depuis le début de l’année, par rapport à la même période de 2017 et à la moyenne quinquennale, ils sont relativement stables. Cette situation s’expliquant par le fait que, durant ces cinq dernières années, de nombreuses zones pastorales ont connu d’importants déficits de pâturages entre mai et juillet.
Les situations alimentaire et nutritionnelle : La situation alimentaire continue de se dégrader, pour les ménages pauvres, dans toutes les zones où les activités agricoles et pastorales sont prépondérantes. Aux baisses des productions agricoles saisonnières sont venus se greffer celles des revenus qui leur permettaient d’acheter de la nourriture et des difficultés d’accès régulier et suffisant à l’eau. Dans la majeure partie des zones de moyens d’existence, ces ménages ont modifié leurs habitudes alimentaires en consommant du blé et des pâtes alimentaires à la place du sorgho et du riz. Ils ont egalement réduit les quantités de leurs repas (du quart à la moitié), voir limiter ces derniers à deux ou un par jour (contre trois dans des conditions normales).
Bien que toutes les conditions (alimentation irrégulière et insuffisante, difficile accès à l’eau, faible diversité alimentaire etc..) d’une malnutrition aigüe globale (MAG) plus élevée qu’en année moyenne soient réunies, dans la majeure partie des zones de moyens d’existence, ce n’est cependant qu’au Guidimakha et au Hodh Chargui que les enquêtes menées par ACF montrent des seuils d’alerte avec des taux (17 pourcent pour le Guidimakha et 13 pourcent pour le Hodh Chargui) proches voir supérieures aux seuils critiques relevant des normes de l’OMS. Dans la moughataa d’Amourj on vient de signaler neuf cas de décès causés par la sous-alimentation. L’information transmise par notre enquêteur des prix d’Adel Bagrou a été confirmée par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA).
Suppositions
Le scenario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2018 à janvier 2019 se base sur des suppositions fondamentales, par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :
La situation agro climatique : L’importance et la fréquence des pluies enregistrées dans le pays, au cours de la troisième décade de juin, laissent espérer un démarrage normal de la saison qui va relancer les activités agricoles pluviales et favoriser la levée de nouveaux pâturages. Une pluviométrie moyenne au Mali et en Guinée assurera une inondation optimale du walo mauritanien et élèvera les eaux du fleuve a un niveau satisfaisant pour les cultures irriguées hivernales (riz, maïs et légumes).
La situation acridienne : Bien qu’elle soit, ces dernières années, calmée par l’importance des déficits pluviométriques et de pâturages, elle peut, en raison de l’absence de suivi, dans certaines zones du sahel et du Sahara pour cause d’insécurité, devenir critique, entre octobre et janvier. Un suivi régulier est cependant réalisé, dans le pays, par le CNLA.
La situation agricole : Le travail des terres, dans les zones de cultures pluviales et agropastorales, pourrait commencer dès le début du mois de juillet. Des problèmes d’accès aux semences, la crainte d’une évolution pluviométrique semblable à celle de 2017 (une longue pause en juillet) et la peur de voir leurs champs dévastés par les transhumants de retour, constituent des facteurs pouvant conduire à une baisse des superficies qui seront mises en cultures, en début de saison. Cette situation devrait surtout affecter les cultures de court cycle qui sont semées en début d’hivernage (pendant les deux premières décades de juillet). Il est donc probable que la production agricole pluviale soit inférieure à celle d’une année moyenne
Les superficies exploitées en irrigué hivernale devant être inférieures à celles d’une année moyenne, on doit également s’attendre à une baisse de la production irriguée (riz, maïs et légumes).
Sur le plan pastoral : Les conditions pastorales vont s’ameliorer à partir de la mi-juillet. Toutefois, au vu des prévisions climatiques, les déficits pluviométriques probables dans la zone de la vallée du fleuve et le sud-ouest de la zone agropastorale, devraient y retarder le développement des pâturages. Les transhumants de ces régions seront contraints de retarder leur retour et les éleveurs en place prolongerons leurs achats d’aliment de bétail pour soutenir leur cheptel.
Sur le plan écologique : La cueillette des produits sauvages se fera dans son calendrier saisonnier normal. En dehors de la zone susceptible de connaitre un déficit pluviométrique (sud-ouest du pays), les niveaux de cueillette seront proches de la moyenne.
Les revenus : Seuls les revenus provenant du travail agricole seront en hausse, entre juillet et octobre du fait de la reprise des travaux champêtres. De nombreux pauvres de cette zone travaillent, comme ouvrir agricole, dans les périmètres collectifs de la vallée. La baisse des superficies à travailler réduira le niveau de leur insertion dans ces périmètres et les revenus qu’ils en tirent. La baisse des revenus de l’exode (phénomène saisonnier structurel) va se poursuivre, durant toute la période du scenario, car de nombreux migrants seront de retour. Ceux relevant de la vente des animaux resteront faibles jusqu’en septembre mais s’inscriront, dans une tendance haussière progressive, jusqu’en janvier. Les revenus tirés de la vente des produits de cueillette se hisseront, entre septembre et janvier 2019, à des niveaux proches de ceux d’une année moyenne.
Les importations commerciales : Les importations commerciales et les flux transfrontaliers seront dynamiques pour assurer un approvisionnement régulier et suffisante du pays, durant toute la période du scenario.
Les marchés et les prix : Les marchés de consommation seront bien pourvus en denrées alimentaires de base (riz, blé, huile, sucre, etc..). L’offre en céréales traditionnelles, actuellement faibles, va s’ameliorer progressivement, entre septembre (récolte des cultures de court cycle) et janvier (début de la récolte des cultures pluviales tardives). La pression sur le blé va se prolonger jusqu’en septembre et maintenant son prix dans une tendance haussière qui ne va s’inverser qu’à partir de septembre, avec la récolte des cultures de court cycle et le développement des pâturages. Entre juin et septembre, toute pression la demande de blé entrainera un report de la demande sur le riz local et du fait que cette céréale est moins présente sur le marché (forte baisse de la production de contre saison chaude). Une forte hausse du prix de cette céréale est d’autant plus probable, que la surveillance douanière de part et d’autre du fleuve Sénégal, limite les exportations clandestines de riz.
Les boutiques Emel du gouvernement qui vendent des denrées alimentaires (riz local, blé, sucre, huile, lait etc..) a des prix de 30 à 40 pour cent inférieurs à ceux du marché formel, continueront de fonctionner normalement durant toute la période du scenario.
Les marchés de bétail : Ils seront moins approvisionnés qu’en année moyenne, durant toute la période du scenario. Les prix des ovins et bovins actuellement très bas, s’inscriront, à partir de septembre, lorsque les récoltes auront limité les ventes animales, dans une tendance haussière continue qui pourrait, à partir d’aout (demande de la Tabaski), les conduire à des niveaux saisonniers nettement plus élevés que ceux d’une année moyenne. Le niveau des effectifs des ovins et bovins seront bas car, en l’état actuel, les animaux affaiblis par l’insuffisance alimentaire ne pourront se reproduire qu’après janvier.
L’assistance alimentaire : Insuffisante actuellement, elle le restera jusqu’en janvier. Elle continuera d’être nécessaire dans l’ouest de la zone agropastorale et dans le centre de la vallée du fleuve Sénégal, jusqu’en janvier 2019 car les principales récoltes agricoles (bas-fonds, barrages et walo) de ces zones actuellement en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC), n’arriveront qu’entre février et mars 2019.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
De juillet à septembre, les niveaux de l’insécurité alimentaire actuelle vont s’inscrire dans une tendance baissière continue mais moins rapide qu’en année moyenne, à cause de la profondeur des déficits des moyens d’existence. La situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) structurelle pendant cette période, va être stabilisée.
D’Octobre à Janvier 2019, dans le centre et l’est de la zone agropastorale, dans la zone de cultures pluviales et dans les zones pastorales et commerciales la situation de Stress sera en régression grâce aux apports pastoraux (néanmoins moindres qu’en année moyenne du fait de la situation pastorale) et par les récoltes pluviales. Pour les mêmes causes, dans la zone de cultures pluviales, les parties en Crise évolueront vers une situation de Stress. Cette dernière ne pourrait cependant s’ameliorer et conduire à une insécurité alimentaire minimale que si des productions des cultures tardives récoltées entre décembre et janvier, sont assez bonnes pour renforcer les impacts positifs des conditions pastorales améliorées et si les saisonniers flux maliens de céréales sont typiques pour faire baisser les prix des céréales et des légumineuses. Seuls les ménages pauvres de l’ouest de la zone agropastorale (moughataa de Moudjéria, de Monguel, de Magta Lahjar, du nord-ouest de M’Bout et du sud d’Aleg) et du centre de la vallée du fleuve Sénégal (Boghé, Bababé, M’Bagne, Ouest de Kaédi) confrontés à d’importants déficits de protection de moyens d’existence et a un endettement excessif (3 à 4 mois de consommation) sont susceptibles de rester en situation de Crise jusqu’en janvier.
Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.
Source : NOAA/NMME
Source : NOAA/NMME
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.