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Une production agricole annuelle proche de la moyenne, des conditions pastorales encore satisfaisantes, des marchés bien approvisionnés avec des prix relativement stables sauf pour les riz, des termes d’échanges favorisés par une constante hausse du prix des animaux et des programmes d’assistance du gouvernement fonctionnels placent la majeure partie du pays en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’au moins janvier 2017.
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Dans certaines poches de l’ouest de la zone agropastorale, la baisse des flux transfrontaliers de céréales traditionnelles et de riz conjugué à la baisse de contre saison chaud, le remboursement des dettes et la pression sur les moyens d’existence (cheptel) placent les ménages pauvres en Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en septembre. Dépendant des cultures de décrue, le sud-est de l’Inchiri, après leur baisse de production, devrait rester en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en septembre malgré la ruée vers l’or.
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D’octobre à janvier 2017, la hausse constante du prix des animaux, la stabilité des marchés de consommation, les productions agricoles moyennes entrainées par un hivernage normal, l’amélioration des retombées pastorales (mises-bas et production laitière) par de nouveaux pâturages verts, et les revenus moyens provenant du travail agricole devraient conduire tout le pays vers une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Situation actuelle
Sur le plan agricole : La production céréalière de décrue, récoltée en mars, a été, comme prévu, inferieures à la moyenne. De ce fait, presque tous les ménages pauvres qui en dépendaient sont sans stocks propres et doivent recourir à des marchés. La production de riz irrigué de contre saison chaude (février à juin/juillet), a, comparativement aux deux années précédentes, fortement baissé en raison de la défection des exploitants des périmètres villageois et des périmètres pilotes découragés par une forte pression aviaire.
Dans les zones oasiennes, malgré le déficit hydrique et les ennemis de cultures (surtout au Tagant) les exploitants ne s’attendent qu’à un léger déficit de production de dattes.
Les préparatifs de la campagne agricole de 2016/2017 ont, comme en année moyenne, commencé principalement dans les zones à vocation irriguée avec les démarches de l’accès au crédit agricole. Pour les cultures pluviales, ce n’est que dans la zone de cultures pluviales que la préparation des sols a commencé.
Sur le plan pastoral : A l’exception de quelques poches de la zone agropastorale (Monguel, Moudjéria) et de la zone oasienne (Aoujeft), les pâturages continuent encore de répondre au besoin du cheptel local. En dehors des transhumances typiques de la zone de transhumance pastorale et du nord de la zone agropastorale, les déplacements des cheptels sont orientés uniquement par les besoins en eau. On ne signale aucune épizootie.
Sur le plan des revenus saisonniers : Les revenus saisonniers sont globalement en baisse plus accentuée qu’en année moyenne. Les médiocres productions de la décrue et de l’irrigué de contre saison n’ont pas suscité une forte demande de main d’œuvre pour les travaux annexes. Les opportunités de travail dans les zones urbaines (Nouakchott, Zouerate, Nouadhibou) qui accueillaient l’exode, ont été fortement limitées par la suroffre de la main d’œuvre, un secteur informel déjà saturé, et la morosité d’un secteur minier (fer surtout). En effet, selon le FMI, le secteur minier affecté depuis 2015 par la baisse des cours mondiaux a dégradé les termes de l’échange internationaux pour la Mauritanie et ralenti sa croissance moyenne nationale à environ 2 pour cent.
Sur le plan des marchés de consomption: Les marchés de consommation sont toujours bien approvisionnés en denrées alimentaires de base importées (blé, riz, huile, sucre, farine, etc.) avec des prix qui n’ont subi que de faibles variations par rapport à mai. La TVA imposée sur le riz importé a surtout affecté Nouakchott où la demande de riz est très forte et les régions du nord (Enchéri, Adrar, Tiris Zemmour, Dakhlet Nouadhibou) peu concernés par les réexportations sénégalaises de riz. Néanmoins, on note des hausses du prix des riz dans plusieurs zones. Au marché d’Adel Bagrou, on a observé, en mai, des hausses de 53 pour cent et 33 pour cent pour le riz importé et le riz local respectivement comparé à la moyenne quinquennale. Au marché de Magta Lahjar, le riz importé et le riz local ont enregistré, en mai, des hausses respectives de 20 et 24 pour cent comparativement à la même période de 2015. Malgré la hausse de son prix causée par celle de la TVA et la baisse des stocks suite à l’incendie de la Société Nationale d’Importation et d’Exportation (SONIMEX), la disponibilité nationale en riz est satisfaisante.
La disponibilité du blé est aussi satisfaisante avec des prix qui n’ont connu, comparativement au mois de mai, des hausses que dans les zones où celle du prix du sorgho a été entrainée par le déficit de la production de décrue. Dans les zones à vocation pastorales, les bonnes conditions pastorales ayant considérablement réduit la demande en aliment bétail, les prix du kg de blé accuse une baisse par rapport à la même période de 2015.
Sur le plan des flux transfrontaliers : Le renforcement de la surveillance douanière par celle des douanes sénégalaises, commence à se traduire par des stocks marchands moins denses que ceux du mai. Cette situation n’affecte, pour le moment, que le sud-ouest de la zone agropastorale.
Les flux maliens de restent inférieurs à la moyenne. La baisse de la mobilité des vendeurs de riz, à cause de l’insécurité malien, a conduit à une baisse de la disponibilité saisonnière de riz malien sur les marchés mauritaniens frontaliers. Les flux saisonniers de céréales traditionnelles sont encore nettement moins denses qu’en année moyenne. Cette situation résulterait de la baisse atypique de la demande mauritanienne du fait d’un report de consommation des ménages pauvres sur le blé plus accessible par le système des emprunts alimentaires.
Sur le plan des marchés du bétail : L’offre en bétail est toujours nettement inférieure à celle d’une année typique car, les éleveurs, rassurés par des conditions pastorales encore satisfaisantes, préfèrent limiter le nombre des ventes jusqu’aux périodes des prochaines fêtes où ils s’attendent à des prix encore plus élevés que ceux du moment. De ce fait, en dehors des zones où les déficits de production de la décrue ont été assez importants pour imposer des ventes atypiques (Magta Lahjar, Aoujeft), les prix des animaux sont soit en hausse soit stables par rapport à avril mais dans tous les marchés de bétail les prix sont plus élevés que ceux de la moyenne quinquennale (Figure 1).
Sur le plan alimentaire et nutritionnel : Globalement, l’accès alimentaire des ménages pauvres s’inscrit dans les mêmes tendances que celles d’une année moyenne pendant la période de la soudure. Ils recourent beaucoup à des diminutions des quantités des repas et à des modifications de système alimentaire (consommation de blé à la place du sorgho et du mil; achat de riz local à la place du riz importé, etc.). Les admissions des enfants malnutris aigües dans les programmes de prise en charge nutritionnelle sont en dessous des niveaux atteints en 2014 et 2015 pour la même période et la situation épidémiologique est relativement calme.
La majeure partie des zones de moyens d’existence se trouve en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Cette situation globale cache néanmoins des poches (Monguel au Gorgol, Moudjéria et ouest de Tidjikja au Tagant) du sud de la zone agropastorale du Brakna et du sud-est de l’Inchiri où la baisse de décrue et de contre saison chaud, le remboursement des dettes cumulées depuis plusieurs années difficiles, la réduction des effectifs des cheptels affectées par les ventes à des fins alimentaires et les pertes par défaut de pâturages, les difficultés d’accéder régulièrement et suffisamment à l’eau potable, limitent l’accès alimentaire des ménages très pauvres et les maintiennent en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Dans les zones oasiennes (Aoujeft et ouest de Tidjikja), le déficit hydrique et la baisse des productions agricoles ont engendré les recours 2 à 3 mois plutôt qu’en année moyenne aux achats de nourriture alors que leurs revenus sont également en baisse ; ce qui les placent en Stress (Phase 2 de l’IPC).
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire au niveau national de juin 2016 à janvier 2017 se fonde sur les hypothèses générales suivantes :
L’agro-climatologie
- Selon les hypothèses de prévisions pluviométriques de NOAA, ECMWS, IRI, et UK MET, la pluviométrie sera moyenne à inférieure à la moyenne avec un démarrage normal en juillet et un arrêt normal (fin octobre), permettant ainsi le développement normal des cultures en plus des activités agricoles et pastorales moyennes qui vont donner des productions moyennes entre septembre et novembre (Figure 2).
Sources de nourriture et des revenus
- La mise en place, à temps, du crédit agricole permettra aux riziculteurs (promoteurs agricoles privés et paysans) de commencer leur campagne à temps (juin/juillet) et d’arriver à des productions proches de la moyenne quinquennale.
- Une production de dattes, entre juin et septembre, proche de celle d’une année moyenne, avec des revenus directs (ventes) et indirects (tirés des activités annexes demandées par les vacanciers) proches de ceux d’une année moyenne.
- La légère baisse de la production céréalière nationale de 2015/2016 comparativement à une année moyenne n’affectera que quelques poches de la zone agropastorale, de la zone oasienne et de la vallée du fleuve Sénégal pendant la période de soudure (juin à septembre). Les importations de blé, de riz et les flux transfrontaliers saisonniers de céréales traditionnelles arriveront à combler ces déficits de production et feront que la disponibilité alimentaire nationale sera suffisante. Elle le restera jusqu’en janvier car, avec la probabilité d’un hivernage moyen, on prévoit que la production agricole pluviales sera, elle aussi, moyenne.
- Les revenus tirés du travail agricole seront moyens tout comme ceux provenant de la vente de la production agricole.
- Les conditions pastorales seront, dès le mois de juillet, moyennes suite aux prévisions moyennes de pluies. Il va en résulter une alimentation suffisante du cheptel et un renforcement des mises-bas saisonnières qui vont conduire à une production laitière moyenne, même dans les zones qui avaient des conditions pastorales inférieures à la moyenne pendant le période de soudure. Les revenus pastoraux annuels seront égaux à ceux d’une année moyenne. L’amélioration de la taille du cheptel des ménages pauvres qui avait fortement diminué après les ventes et les pertes des années précédentes, ne sera cependant perceptible qu’après les prochaines mises-bas (entre décembre et janvier) quand les ventes destinées à l’achat de la nourriture seront fortement réduites.
- Les tendances saisonnières de l’exode seront conformes à celles d’une année moyenne et les revenus qui en proviennent seront en baisse de juin à janvier du fait du retour des migrants pour les activités agricoles.
Les marchés et les échanges
- Bien que la Mauritanie importe environ 70 pour cent de ses besoins alimentaires, les marchés de consommation de tout le pays resteront bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, huile, sucre, thé, farine de blé, etc.) durant toute la période du scenario. Toutefois, les habituelles spéculations organisées par les commerçants, pendant le mois de Ramadan, sur les produits dont la demande connait une forte progression (sorgho, mil, sucre, huile, riz, lait, thé, pommes de terre, oignons) pourraient entrainer une hausse conjoncturelle qui se réduira considérablement à la fin de ce mois (à partir du début du mois de juillet). Les marchés retrouveront leur stabilité jusqu’à la fin du scenario.
- Les transferts de céréales traditionnelles maliennes et sénégalaises resteront moins denses qu’en année moyenne durant toute la période du scenario. Malgré ce ralentissement (phénomène saisonnier typique) des flux maliens de céréales traditionnelles (sorgho, maïs et mil) constaté en mai, les prix des céréales traditionnelles, encore plus bas que ceux des deux précédentes années le resteront et seront proches de ceux d’une année moyenne. Leurs hausses saisonnières typiques seront semblables à celles d’une année moyenne vu que l’approvisionnement des marchés restera satisfaisant jusqu’en janvier 2017.
- Le prix du riz s’est stabilisé ces derniers mois et vu la tendance actuelle des cours mondiaux, on ne s’attend pas à de nouvelles hausses sur le prix de riz durant toute la période du scenario à l’exception de celles liées aux baisses des flux maliens ou sénégalais.
- Les marchés de bétail sont actuellement moins alimentés qu’en année moyenne, mais, à partir de juin, leur approvisionnement s’élèvera du fait de la demande des fêtes religieuses (Korité, Tabaski et début d’an). Les prix des animaux déjà plus élevés que ceux des deux précédentes années et de la moyenne quinquennale vont connaitre de fortes hausses entre juillet et décembre.
Les impacts internationaux et régionaux sur les marchés
- Selon le FMI, une reprise économique pour la Mauritanie est prévue pour 2016 (avec une croissance de 4,1 pour cent) et un assouplissement de l'inflation. Toutefois, le pays restera vulnérable aux chocs extérieurs, tels que des prix plus élevés que prévu du pétrole et/ou la baisse des prix du minerai de fer, la détérioration de la sécurité dans la région, et des risques des mesures gouvernementales (arrêt ou disfonctionnement des boutiques de solidarité).
- Pour le riz, la pression sur les prix du riz au Sénégal et au Mali aura des répercussions sur les prix de ces produits dans la vallée du fleuve Sénégal, le sud-ouest de la zone agropastorale et le sud du Hodh Ech Chargui.
- Les transferts sénégalais de riz pourraient être étouffés par le renforcement de la surveillance douanière qui limiterait les réexportations vers la Mauritanie et par des mesures internes (limitation des importations sénégalaises qui accentuent la demande sénégalaise, etc.). Une telle situation entrainerait une baisse de la disponibilité interne dans la vallée du fleuve Sénégal et dans le sud-ouest de la zone agropastorale (vu le faible niveau de la production de la décrue) et une hausse des prix du riz.
- Les transferts de riz malien actuellement moins denses qu’en 2015 le resteront probablement jusqu’aux prochaines récoltes (fin novembre à début janvier) du riz du delta du Niger au Mali entrainant une hausse de son prix et un probable recours des ménages pauvres au blé qui pourrait accentuer son prix.
- Suite à la baisse de la production marocaine de blé, il est probable que l’intensification des réexportations mauritaniennes de blé (destinées à obtenir de la devise), pour répondre à la demande du sud marocain, mette la pression sur les marchés du nord et y entraine une hausse atypique de son prix, de juin à janvier.
Autres facteurs importants
- La pression des ennemis de cultures (sésamie, oiseaux, sautereaux, cantharides, etc.) sur les cultures de décrue et le riz de contre saison restera malheureusement vive car aucun programme efficient de lutte nationale et sous régionale n’est encore mis en place. La situation acridienne sera maitrisée durant toute la période du scenario, vu la politique de surveillance et les programmes de lutte développés par le Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA). Néanmoins, selon le FAO, certains essaims des criquets pèlerins pourraient migrer vers les zones de reproduction estivale du sud de la Mauritanie où ils vont commencer à pondre des œufs pendant l’hivernage.
- Avec des récoltes conduisant à une meilleure disponibilité alimentaire, les admissions des enfants malnutris aigües dans les programmes de prise en charge nutritionnelle seront en dessous des niveaux atteints en 2014 et 2015 pour la même période. Conjuguée à la prévision d’un démarrage normal de saison des pluies en juillet, cette situation laisse présager une période de soudure et de post-récolte normale à bonne. En conséquence, on prévoit des niveaux de malnutrition aiguë proche de la médiane nationale des huit dernières années entre juin et septembre (12.2 pour cent) et entre octobre 2016 à janvier 2017 (6 pour cent).
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire :
Entre juin et septembre, l’installation de l’hivernage moyen en juillet renforcera les conditions pastorales encore satisfaisantes et relancera, par le biais du travail agricole, les revenus moyens saisonniers des ménages pauvres. Conjugués à un contexte de stabilité des prix des denrées alimentaires de base et de constante hausse du prix des animaux, ces facteurs positifs viendront renforcer les niveaux actuels d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) qui prévaut dans la majeure partie des zones de moyens d’existence. Dans les zones oasiennes, la consommation et les revenus tirés de la vente des dattes et des activités annexes vont améliorer les conditions d’accès alimentaire des ménages pauvres et les replacer progressivement, entre juin et septembre dans une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Le récent ralentissement des flux sénégalais avec la baisse mauritanienne de production de contre saison chaud mettra la pression sur les prix alimentaires et la disponibilité alimentaires dans le sud-ouest de la zone agropastorale (Monguel, Moudjéria, Boghé, Bababé, M’bagne, Aleg, Magta Lahjar, et Barkéol). Les ménages pauvres de cette zone et d’Inchiri (aussi touchées par la baisse de leurs productions agricoles) sont durement affectés par la baisse des effectifs de leurs cheptels depuis plusieurs années difficiles et recourront encore sur les ventes de cheptels pour assurer leur alimentation. Ils seront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en septembre.
D’octobre a janvier 2017, les prévisions de récoltes pluviales (octobre/novembre), des cultures tardives (décembre/janvier) et irriguées (septembre/octobre) moyennes vont renforcer les disponibilités céréalières et renforcer celles des marchés déjà bien approvisionnés en denrées importées. Les retombées des bonnes conditions pastorales attendues (hausse de prix actuels, amélioration de la production laitière), les revenus moyens tirés des activités de la décrue (octobre/novembre) pourront étendre la situation d’insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC) à l’ensemble du pays.
Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.
Source : FEWS NET
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Source : NOAA/NMME
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.