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- Les ménages pauvres de l’ouest de la zone de cultures pluviales (nord du Guidimakha) et du sud-ouest de la zone agropastorale (nord et est du Gorgol) restent en situation de Crise (Phase 3 IPC). Ils sont confrontés à une période de soudure particulièrement difficile, et font face à des difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires de base en raison d’une forte dépendance du marché alors que revenus saisonniers sont très faibles.
- L’intensification des transferts de céréales maliennes, la reprise du travail agricole en fin juillet, ainsi que l’amélioration des conditions pastorales devraient, entre août et septembre, améliorer la situation alimentaire des ménages pauvres sauf dans l’ouest de la zone agropastorale qui restera en Crise (Phase 3 de l’IPC).
- À l’exception de certaines zones pastorales et de décrue qui resteront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), toutes les zones de moyens d’existence se retrouveront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) après septembre. Les zones à vocation pastorale et la Vallée du fleuve Sénégal ne devraient cependant bénéficier de cette amélioration des conditions de la sécurité alimentaire que tardivement du fait de leur dépendance de la décrue.
Situation actuelle
Evolution de la pluviométrie : Entre la troisième décade de juin et la première décade de juillet, de fortes pluies sont tombées dans le sud du pays signalant ainsi l'installation de la saison des pluies, qui commence habituellement au début de juillet. Toutefois, malgré cette situation les cumuls saisonniers restent nettement en deçà de ceux de la moyenne quinquennale sauf dans le sud-ouest du pays (sud de Hodh Ech Chargui et Hodh Echargui) (Figure 1).
Sur le plan agricole : La production de la campagne de contre saison chaude de riz (récolté en mai/juin) a été bonne et a permis aux ménages pauvres du sud-ouest de la Vallée du fleuve Sénégal de disposer de stocks et aux promoteurs agricoles d’alimenter le marché national en riz local.
Les semis en humide ont commencé dans la majeure partie de la zone de cultures pluviales où les semis à sec étaient déjà effectués depuis mi-juin, conformément aux pratiques agricoles de la zone. Au regard des données historiques qui affichent des périodes de semis étalées de la troisième décade de juin à la deuxième décade de juillet, nous pouvons considérer que les semis actuels s’inscrivent dans le calendrier cultural d’une année moyenne. Néanmoins, pour le moment, l’importance du déficit pluviométrique saisonnier par rapport à la moyenne quinquennale, la faible disponibilité de la main d’œuvre agricole (de nombreuses personnes en exode ne sont pas encore revenues) se traduisent par des superficies ensemencées qui sont, à ce stade de la saison, nettement inférieures à celles d’une année moyenne et aux objectifs visés par le gouvernement. Comme semences, les agriculteurs ont surtout recouru aux céréales vendues dans les marchés.
La campagne hivernale de riz qui a commencé en juin, dans la Vallée du fleuve Sénégal et dans l’ouest de la zone agropastorale (moughataa de M’Bout) se poursuit normalement. La mise en place, en temps opportun du crédit agricole et des intrants et les mesures incitatives prises par le gouvernement (suppression des dettes antérieures, gratuité des engrais pour les périmètres communautaires) ont entrainé une réelle reprise de la riziculture qui permet d’espérer que les objectifs du gouvernement portant sur la mise en exploitation de 45000 hectares en irrigué (dont 28 000 en hivernale et 17 000 en contre saison chaude) seraient atteints.
Le plan pastoral : Les images des indices normalisés de la végétation des deux premières décades de juillet ne laissent apparaitre des traces de végétation que dans le sud du Guidimakha et de l’Assaba. En dehors de cette zone, la situation apparait nettement déficitaire par rapport à la même période de la moyenne (Figure 2). La chute des pluies a entrainé le pourrissement des pâturages secs sans pour autant donner encore lieu à la levée de nouveaux pâturages verts et il s’en suit, dans les zones pastorales, une augmentation du prix de l’aliment bétail (+ 32 pour cent par rapport à mai pour le marché de Timbédra au Hodh Echargui). Par contre, les éleveurs ont moins de problème d’accès à l’eau en raison du remplissage des cuvettes, mares et autres dépressions par les eaux de pluies. On ne signale nulle part l’existence d’épizootie. Dans la zone Vallée du fleuve Sénégal, la présence saisonnière atypique des éleveurs des zones de Transhumance pastorale et du Pastoralisme et commerce, venus après la récolte des cultures de contre saison chaude venus chercher la paille de riz constituent une potentiel menace pour les cultures en cours.
Sur le plan des revenus saisonniers : En dehors de l’ouest de la zone de La Vallée du fleuve Sénégal (sud du Trarza) où les activités de la contre saison chaude ont permis aux ménages pauvres de bénéficier de revenus souvent supérieurs à ceux d’une année moyenne, dans le reste du pays, les revenus saisonniers des ménages pauvres sont encore nettement inférieurs à ceux d’une année moyenne du fait de la faiblesse de l’offre de travail. Vu que de nombreux migrants ne sont pas encore revenus de leur exode saisonnier on s’attend, dès que les pluies s’intensifient (vers la première décade d’aout) à une forte demande en main d’œuvre agricole qui se traduirait comme en 2008 par des salaires journaliers supérieurs à 2 000 MRO et avec un temps de travail de six jours par semaine. Dans les zones pastorales le départ précoce en transhumance a réduit, depuis février, le recours à la main d’œuvre pastorale locale. Dans les zones oasiennes, les ménages pauvres continuent de bénéficier des salaires réguliers mais la demande de main d’œuvre peu qualifiée est limitée à des zones en plein désert. Les revenus tirés de l’exploitation dattière baissent avec la fin de saison de production des dattes. Les revenus qu’en ont tirés les ménages pauvres sont proches de ceux d’une année moyenne mais ils s’inscrivent dans une tendance à la baisse tant du fait de la fin des récoltes que de la baisse des activités annexes pendant le mois de Ramadan.
Sur le plan des marchés et des prix : Les marchés de consommation restent bien approvisionnés en denrées alimentaires de base importées (riz, blé, sucre, huile) mais leurs prix sont en hausse du fait de la spéculation entretenue pendant le mois de Ramadan où la demande est assez forte sur les riz, les huiles, les sucres et les laits. Le prix du sorgho (aliment de base préféré) est, par rapport à mai 2014, en baisse de 7.8 pour cent dans la zone Cultures pluviale grâce à la reprise des flux transfrontaliers maliens, de 6.25 pour cent dans la zone Oasienne, de 5 pour cent dans la zone Agropastorale mais stable dans la zone Vallée du fleuve Sénégal.
Par rapport au mois de juin 2013, les prix du sorgho sont en forte hausse de 14.5 pour cent dans la zone Vallée du fleuve Sénégal et de 11 pour cent dans la zone Agropastorale. Les prix sont relativement stables dans la zone Cultures pluviales et dans celle des Oasis, et par rapport à la moyenne des cinq dernières années, ils restent en hausse.
Les prix des animaux sont en hausse de plus de 21 pour cent par rapport au mois précédent dans toutes les zones de moyen d’existence exceptée la zone agropastorale où il y a eu une baisse de 26.4 pour cent. Par rapport à la même période de l’année précédente et à la moyenne des cinq dernières années, les prix sont très élevés et varient de 44 pour cent dans la zone cultures pluviales à 76 pour cent dans la zone oasienne. La demande de la fin du Ramadan au moment où l’offre est fortement réduite par la transhumance expliquerait en partie cette situation fortement amplifiée par le comportement spéculatif des courtiers.
Les termes d’échange mouton/céréale restent toujours favorables aux éleveurs. Au niveau de la zone Vallée du fleuve Sénégal l’échange mouton/riz reste sensiblement stable par rapport au mois précédent, mais il est élevé de 27 pour cent par apport à la même période de 2013. La comparaison avec la moyenne des cinq dernières années fait ressortir une hausse plus signifiante. On constate la même configuration dans les autres zones de moyen d’existence. Au marché d’Abdel Bagrou, dans la zone Cultures pluviales, l’échange mouton/céréale, au mois de juin, est en hausse de 25,3 pour cent par rapport à mai, de 49 pour cent par rapport à juin 2013 et de 46 pour cent comparé la moyenne des cinq dernières années.
Dans la zone Agropastorale on note la hausse, par rapport à mai n’est que de respectivement de 8 pour cent et la comparaison avec la même période de 2013 laisse apparaître une baisse de 26.4 pour cent. Cela est justifié par une hausse du prix du sorgho et du blé dans un contexte de baisse du prix des animaux causée par leur médiocre embonpoint dans un contexte de concurrence de l’offre de la zone de cultures pluviales où la transhumance a entrainé une suroffre qui alimente suffisamment les marchés des grandes villes. Ce rapport reste néanmoins en hausse de 19 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Dans la zone de Cultures pluviales, les prix mouton moyen, taurillon de deux ans sont, au marché de Adel Bagrou toujours plus élevés que ceux de la moyenne des cinq dernières années. Les baisses causées par l’arrivée des transhumants sont en train de s’estomper avec le départ de ces derniers vers l’intérieur du Mali
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire au niveau national de juillet à décembre 2014, se fonde sur les hypothèses générales suivantes:
- Bien que des déficits pluviométriques modérés aient été observés au début juillet, les prévisions annoncent une saison pluvieuse typique pour le reste de la saison. Cette situation permettrait aux ménages pauvres de mener leurs activités agricoles et pastorales conformément aux calendriers culturaux et pastoraux d’une année moyenne.
- Les ménages pauvres arriveront à se procurer des semences mais ces dernières ne seront pas de bonne qualité puisque provenant des céréales vendues pour la consommation.
- La production rizicole sera supérieure à celle d’une année moyenne et aux productions des cinq dernières années. L’annulation de leurs dettes antérieures et la distribution à temps du crédit et des intrants avec la gratuité des engrais, et la distribution de matériel de labours ont stimulé les riziculteurs privés et ceux qui exploitent les périmètres collectifs au point que les superficies emblavées sont déjà supérieures à celles de la même période de 2013 et à la moyenne des cinq dernières années.
- À en juger par les conditions pluvieuses typiques attendues et la disponibilité en entrants, la production céréalière pluviale sera conforme à celle d’une année moyenne avec des récoltes de cultures de court cycle en septembre et de long cycle en octobre/novembre. La faiblesse actuelle des superficies exploitées devraient être rapidement comblé à partir d’aout, avec l’intensification espérée des pluies
- Les conditions pastorales répondront au besoin d’une charge pastorale typique d’ici décembre au regard des prévisions d’une pluviométrie moyenne.
- La reproduction animale sera inférieure à celle d’une année moyenne en raison de la dégradation des pâturages de 2013. Toutefois, d’aout à décembre la production laitière sera au moins suffisante pour la consommation familiale.
- Les revenus provenant de l’exode jusqu’en août resteront en baisse avec le probable retour des migrants entre fin juillet et aout.
- Malgré un timide retour en juillet, la main d’œuvre agricole reviendra dans les zones rurales pour exploiter la terre, dès que les pluies se seront intensifiées et les migrants seront de leurs retours à partir d’aout
- Les revenus des ménages pauvres provenant du travail agricole seront égaux à supérieurs à ceux d’une ânée moyenne entre août et décembre tant dans les zones de cultures irriguées (forte progression des superficies à mettre en valeur) que dans les zones de cultures pluviales (forte probabilité d’une disponibilité suffisante de la main d’œuvre agricole). Vu que le retour des travailleurs en exode est relativement tardive, on s’attend à une forte demande en main d’œuvre agricole qui se traduirait comme en 2008 par des salaires journaliers supérieurs à 2000 MRO et avec un temps de travail de six jours par semaine.
- Des revenus provenant du travail pastoral conformes à ceux d’une année moyenne. Le retour de conditions pastorales plus ou moins favorables se traduit toujours par un faible recours à une main d’œuvre non régulière car la plupart des travailleurs pastoraux sont des bergers mensuellement, ou saisonnièrement rétribués.
- Les zones de décrue (bas-fonds, barrages, et walo) connaitront, entre août et septembre, des taux de remplissage permettant l’exploitation de toutes leurs parties utiles.
Sur le comportement des marchés et la tendance des prix :
- Les flux transfrontaliers de céréales traditionnelles se redynamiseront, à partir d’août car on s’attend à ce que l’amélioration des conditions pluviométriques attendues, après juillet, incite les paysans maliens à déstocker leurs céréales pour s’acheter du bétail. Ceci devrait entrainer, dans la zone de cultures pluviales et dans le sud-est de la zone agropastorale, une prochaine reprise des prix des animaux et un meilleur approvisionnement des marchés en sorgho, à partir de juillet.
- Dans la partie Vallée du fleuve Sénégal, la baisse des flux du riz local sénégalais et des céréales traditionnelles (mil, sorgho, maïs) devrait se prolonger jusqu’en novembre. La réexportation sénégalaise du riz asiatique continuera et son volume actuel sera au moins stable jusqu’en décembre. Dans toutes les zones frontalières la réexportation des produits importés (huile, sucre, farine, pate alimentaire, etc.) vers le Mali, le Sénégal et le sud du Maghreb sera plus importante qu’en année moyenne.
- On constate que les marchés sont bien fournis et les céréales traditionnelles en provenance du Mali commencent à arriver dans les marches de la zone de cultures pluviales. On peut s’attendre, conformément aux tendances saisonnières, à une relative baisse de leurs prix avec la nouvelle redynamisation de marchés frontaliers et la reprise des activités des boutiques de solidarité dont la régularité des approvisionnements est, pendant l’hivernage, est souvent perturbée par les difficultés de transport causées par les pluies.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Dans l’ouest de la zone Agropastorale (Brakna, nord Gorgol et ouest Assaba) les ménages pauvres vivent une période de soudure anormalement difficile à cause d’un important déficit de production propre doublé de conditions pastorales insuffisantes. Ces situations, sont causées par la pluviométrie irrégulière l’année passée et l’arrivée précoce et inattendue de transhumants nationaux et sénégalais. En plus de la modification de leur habitude alimentaire (consommation du blé et des pates a la place du sorgho et du riz), ils ont réduit les quantités et le nombre de repas (habituellement c’est celui du soir qui est d’abord sacrifie). Malgré l’assistance dont ils bénéficient de la part du gouvernement, du PAM et de certaines ONGs, ils sont, et resteront entre juillet et septembre, en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) car ils continuent de faire face à des déficits de consommation alimentaire. Au cours de la même période, le reste de la zone agropastorale ayant été moins touchée par les déficits de production céréalière et de pâturage, restera en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) vu que les ménages pauvres auront encore des difficultés de protection de leurs moyens d’existence. Les activités agricoles pluviales y étant peu importantes entre juillet et septembre et la majeure partie du cheptel étant hors de la zone (en transhumance vers le sud du pays) on ne devrait assister à une amélioration de cette situation qu’à partir de septembre avec le retour du bétail et les retombés des récoltes des cultures de court cycle dans les zones de cultures pluviales voisines.
Dans le nord-ouest de la zone de Cultures pluviales (nord du Guidimakha) la situation de Crise (Phase 3 IPC) persiste mais commencera à se réduire, à partir d’août, du fait que les ménages pauvres ont commencé à bénéfice des revenus (provenant du travail agricole) qui leur permettent d’acheter de la nourriture soit dans les boutiques de solidarité (BS) et les stocks alimentaires villageois de sécurité (SAVS) soit leur assure une remise en confiance avec leurs créanciers qui prêtent ou se font rembourser par le travail ou sur hypothèque des futures récoltes. Ils évoluent progressivement, jusqu’aux récoltes de septembre, vers une situation de Stress rejoignant ainsi leurs confrères de la zone. On s’attend, avec les récoltes de novembre à ce qu’ils retrouvent, entre novembre et décembre, une insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC), conforme à leur situation d’une année moyenne.
Les ménages pauvres du reste du pays restent en insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC) grâce à un niveau de consommation presque normal, et a l’impact positif des programmes d’assistance du gouvernement et des acteurs de la sécurité alimentaire (BS, SAVS, CRENAM).
L’ouest de la Zone 9 - Cultures pluviales
Elle comprend le nord de la moughataa de Sélibaby et toute celle de Ould Yengé où environ 75 pour cent des agriculteurs sont pauvres et ne pratiquent, par an, que la seule culture pluviale qui leur fournit 35 pour cent de leur nourriture annuelle et dont la vente leur apporte 20 pour cent de leurs revenus annuels. Ils sont donc très vulnérables aux chocs pluviométriques qui affectent leurs activités agricoles. Leur principale stratégie de vie et d’adaptation est l’exode qui leur rapporte environ 20 pour cent de leurs revenus annuels et leur permet en grande partie d’accéder aux denrées alimentaires commercialisées, surtout entre mai et juillet.
Situation actuelle
- Les ménages pauvres dépendent, depuis mars, entièrement des marchés pour se nourrir. A cause de l’échec des cultures de décrue qui sont leur principale source de céréales, ils n’ont plus de stocks de céréales depuis plusieurs mois déjà.
- Les marchés sont, selon le constat des missions de terrain et sur la base des informations fournies par les personnes ressources, approvisionnés en denrées alimentaires importées.
- Malgré l’importante demande en Mauritanie (consommation humaine et semences), les flux saisonniers maliens de céréales traditionnelles, habituellement très importante, en cette période restent nettement moindre que celle d’une année moyenne.
- Les prix des céréales traditionnelles connaissent une hausse saisonnières atypique entre janvier et février 2014 mais tendent à stabiliser en raison de l’importante disponibilité des céréales de substitution (blé surtout) distribuées gratuitement ou vendues dans les boutiquas de solidarité (BS) et dans les stocks alimentaires villageois de sécurité (SAVS).
- Même si de nombreux ménages ont multiplié le nombre de personnes en exode, il y a une importante baisse des revenus saisonniers qui proviennent, en grande partie, de l’exode (la moitié de la normale en certains endroits) à cause de la faiblesse de l’offre saisonnière de travail dans les zones maliennes voisines. Les activités locales (construction, travaux domestiques, etc.) sont également réduites (moins de 30 pour cent de ceux d’une année moyenne).
- Les conditions pastorales, bien qu’en dégradation progressive, restent encore satisfaisantes (sauf au nord du Guidimakha) malgré l’arrivée massive des transhumants nationaux et sénégalais.
- Les marchés de bétail sont bien approvisionnés par les ventes locales et celles des transhumants. Il en résulte une offre saisonnière supérieure à celle d’une année moyenne qui entraine une baisse atypique du prix des animaux, car habituellement, à pareille période, les prix des animaux sont plutôt en hausse
- Les taux de malnutrition aiguë globale enregistré en décembre ne montent que des niveaux inférieurs à 10 pour cent. Toutefois, en regardent la tendance de juillet de l’année passée on s’y attend des niveaux encore plus élevés en juillet 2014. Les programmes d’assistance tels que les BS, les Centres de Récupération Nutritionnelle ambulatoire (CRENAM) et les cantines scolaires (SAV, BS et CRENAM) continuent de fonctionner normalement et les denrées alimentaires qui y sont vendues restent à des prix de 30 à 40 pour cent moins élevés qu’aux marchés.
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire locale décrit ci-dessous, de juillet à décembre 2014, se fonde sur les hypothèses générales suivantes:
- Les marchés seront bien approvisionnés au moins jusqu'à décembre en céréales traditionnelles (sorgho, mil et maïs) par la reprise des flux transfrontaliers maliens et en denrées alimentaires importées par des importations régulières et suffisantes. Les paysans maliens rassurés par l’allure de la saison agricole vont déstocker et vendre pour s’acheter des animaux.
- Les prix du sorgho s’inscriront dans une tendance à la baisse corrélative avec l’intensité et l’importance des flux maliens, après juillet, avec la fin de la demande en semences.
- Les ménages pauvres doivent continuer à recourir à des achats de nourriture jusqu'aux prochaines récoltes en septembre. Les prix des céréales traditionnelles resteront en hausse avant juillet du fait de la demande en semences mais s’inscriront dans une tendance à la baisse, de juillet à décembre.
- Les activités agricoles et pastorales se déroulement en conformité avec le calendrier cultural d’une année moyenne, en raison de l’attente d’un démarrage de la saison pluviométrique normal à l’échelle du pays. La force active, en exode reviendra pour s’investir dans le travail agricole au plus tard fin juillet, début aout. Les revenus que les ménages pauvres tireront du travail agricole, bien que faibles jusqu’en mi-juillet, seront égaux à légèrement supérieurs à ceux d’une année moyenne avec l’intensification des pluies qui va inciter les ménages riches et moyens à exploiter plus de terres, à partir d’août.
- Les conditions pastorales commenceront à répondre au besoin du cheptel local, à partir de fin juillet mais le retour des transhumants ne se fera qu’après septembre. Les éleveurs qui sont très loin de leur terroir (souvent au Mali) attendent, en général, que leurs animaux aient suffisamment de force pour rentrer. Le plus souvent, dans ce genre de situation, ils attendent les récoltes de cultures précoces (septembre) pour reprendre le chemin de retour. La production de lait sera faible durant toute la période du scenario mais elle arrivera, entre septembre et décembre, au moins, à répondre au besoin alimentaire des ménages pauvres.
- Les prix des animaux reprendront leur hausse, conformément aux tendances saisonnières, à partir d’aout, avec l’amélioration des conditions pastorales. La baisse attendue du prix des céréales traditionnelles (sorgho, mil et maïs) en raison du probable déstockage des paysans maliens devrait se traduire par une sensible amélioration des termes d’échange (animal/céréale) au profit des ménages.
- La baisse du prix du blé conformément aux tendances saisonnières permettra aux ménages pauvres de mieux recourir à cette denrée de substitution.
- Les SAVS, les BS et les CRENAM continueront à fonctionner jusqu’en décembre.
- La situation des réfugiés sera stable et n’affectera pas les activités agricoles et pastorales dans le sud-est de la zone.
Résultat le plus probables de la sécurité alimentaire
Les ménages pauvres du nord du Guidimakha qui éprouvent déjà, malgré la présence des programmes d’assistance (distributions gratuites de nourriture, BS et SAVS) des déficits de survie, passeront de la situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) à une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) de juillet à septembre. Ils doivent toujours recourir à des achats de nourriture alors que leurs revenus saisonniers accusent des importantes baisses par rapport à ceux d’une année moyenne. Ils feront face à des risques de déficits de leurs moyens d’existence jusqu’en septembre et ne retrouveront une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) qu’entre octobre et décembre avec la récolte des cultures de long cycle qui constituent plus de trois quarts de leur production agricole annuelle.
L’ouest de la Zone 7 - Agropastorale
Cette zone englobe le nord et l’est du Gorgol, le nord du Brakna et le centre-ouest de l’Assaba. Environ 60 pour cent de la population est constitué d’agropasteurs pauvres à dominante agricole. En année moyenne la production agricole couvre 30 pour cent de leurs besoins alimentaire et sa vente 20 pour cent de leurs revenus. Ils achètent, entre mars et juillet 35 pour cent de leur nourriture le plus souvent avec l’argent procuré par l’exode et par des emprunts en nature auprès des marchands locaux qui se feront rembourser en nature, lors des récoltes, où les rapports sont les plus avantageux.
Situation actuelle
- Des pâturages sont dégradés en juillet dans le sud-ouest et le sud de la zone mais reprendront progressivement aux premières pluies de la saison.
- Un recours atypique en début juillet aux forages est observé où l’abreuvement est payant (prix variant de 15 à 50 MRO par tête) pour les bovins et de 10 à 20 pour les petits ruminants.
- Les ménages pauvres ont des recours, jusqu’en juillet, à l’aliment bétail dont le prix du sac de 50 kg fluctue entre 3800 et 6200 MRO et au blé vendu entre 120 et 140 MRO le kg. Ces prix ne sont que légèrement supérieurs à la moyenne quinquennale du fait de la forte hausse de leurs prix enregistrée au cours des années 2010 et 2011 où les déficits de production et de pâturages ont fortement accru la demande sur ces produits.
- Une faible disponibilité saisonnière en lait moyenne dans toute la zone est observée à cause des déficits des ressources pastorales.
- Il y’a une absence de stocks alimentaires chez les ménages pauvres à cause de l’échec des cultures de décrue, entre novembre 2013 et février 2014 causé par l’usage de mauvaises semences, des attaques de la sésamie et d’une forte pression aviaire sur les petites aires où les cultures étaient arrivées à maturation.
- Les flux transfrontaliers maliens et sénégalais de céréales traditionnelles qui alimentaient habituellement la zone pendant la période de soudure sont nettement moindres que ceux d’une année moyenne à cause des importantes baisses des productions céréalières l’année passée dans ces deux pays.
- Les flux internes des céréales locales sont très faibles à cause des déficits de productions locaux de l’année passée, et qui sont essentiellement orientés vers les centres administratifs.
- Les marchés sont bien approvisionnés en céréales de substitution (blé et riz) et denrées alimentaires importées.
- Les revenus saisonniers provenant du travail local sont nettement inférieurs à ceux d’une année moyenne en raison de la baisse des activités locales qui sont essentiellement axées autour de la transformation des produits des récoltes
- Les revenus provenant de l’exode sont en baisse avec le retour des migrants qui ont eu moins d’opportunités de travail dans les pays d’accueil.
- Les prix des denrées alimentaire de première nécessité sont, depuis le début de l’année, supérieurs à la moyenne des cinq dernières années du fait en partie des difficultés de transport causées par la saison des pluies.
- La baisse saisonnière atypique du prix des animaux (entre juillet et aout) est en raison du médiocre embonpoint des animaux. Il en résulte, comparativement aux mois précédents, une régression des termes d’échange qui restent néanmoins encore favorables aux éleveurs tout en les contraignant à multiplier les ventes.
- Les boutiques de solidarité fonctionnent normalement et les SAVS seront régulièrement réapprovisionnés.
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire locale décrit ci-dessous, de juillet à décembre 2014, se fonde sur les hypothèses générales suivantes:
- Les marchés seront, au moins jusqu'à décembre, bien approvisionnés avec des prix du sorgho et du blé évoluant vers la hausse, en raison de la forte demande causée par la faiblesse des productions céréalières locales. Les prix des autres denrées alimentaires importées devraient restés stables vu les tendances des flux internationaux.
- Les programmes d’assistance, tels que les SAVS, les BS, les CRENAM et les transferts d’argent, fonctionneront normalement car aucune limitation de leurs activités n’est encore signalée par le gouvernement ou par le PAM et les ONG qui les appliquent.
- Les termes d’échange bétail à céréales, bien que s’inscriront dans une tendance à la baisse repartiront en hausse entre jusqu’en septembre vu que l’amélioration des conditions pastorales et les récoltes des cultures de court cycle vont limiter le recours aux achats et emprunts de nourriture conformément aux tendances saisonnières.
- La saison de pluies, bien qu’elle commence en léger retard, s’inscrira dans les tendances d’une année moyenne. L’entrainant des activités agricoles et des revenus conformes à ceux d’une année moyenne. Il devrait en découler une amélioration d’accès à la nourriture pour les ménages.
- La main d’œuvre agricole en exode commencera à rentrer en juillet suivant les tendances de la saison des pluies et s’investira dans les travaux agricoles avec des salaires au moins égaux à ceux d’une année moyenne suite à la inscription normale attendu de la saison pluviale et demande de la main d’œuvre agricole typique.
- Le retour des meilleures conditions pastorales suite à une pluviométrie moyenne à inferieur à la moyenne vont permettre, dès juillet, l’amélioration de la disponibilité en lait qui est un aliment essentiel de la zone. A partir d’aout les éleveurs bénéficieront des eaux de surface. D’août à décembre les achats de la nourriture animale vont cesser puisque les animaux disposeront de pâturages.
- Les paysans maliens vont, à partir d’aout, procéder à de nouveaux déstockages qui vont améliorer la disponibilité en céréales traditionnelles et favoriser l’accès aux semences.
- Les mécanismes d’emprunt de nourriture à crédit sur hypothèque des prochains revenus et récoltes, fonctionneront entre juillet et septembre avec la même intensité qu’en année moyenne.
- Le disfonctionnement des systèmes d’approvisionnement des marchées, entre juillet et octobre sous les effets d’une hausse du prix du carburant, d’une distribution handicapée par l’impraticabilité des routes pendant la saison des pluies. Il devrait en résulter, avant la maturation des cultures en fin aout, une hausse de prix des denrées alimentaires très élevés (>40 pour cent) aggravée par les pratiques spéculatives courantes pendant la période de soudure (jusqu’en août) qui vont accentuer les difficultés des ménages pauvres à accéder à une nourriture régulière et suffisante, entre juin et début aout.
Résultat le plus probable de la sécurité alimentaire
Les ménages pauvres du nord et de l’est du Gorgol (moughataa de Monguel et de M’Bout), le nord du Brakna (moughataa de Magta Lahjar) et quelques poches de l’Assaba (sud-ouest de la moughataa de Kiffa et nord-ouest de celle de Kankossa) font actuellement face à un début des déficits de survie. Après avoir multiplié les ventes animales pour accéder aux denrées alimentaires vendues puisque leur production céréalière annuelle n’a couvert que leurs besoins alimentaires de février et mars, ils n’arrivent plus à s’assurer une alimentation régulière et suffisante malgré l’assistance alimentaire qui leur est fournie par le gouvernement et les certains acteurs de la sécurité alimentaire. La situation actuelle de Crise (Phase 3 de l’IPC) va néanmoins commencer à se réduire, entre août et septembre et évoluer vers une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) grâce à l’amélioration des conditions pastorales et aux revenus qu’ils tireront du travail agricole. Ils n’évolueront vers une insécurité alimentaire Minime (Phase 1 de l’IPC) qu’entre octobre et décembre vu que les premiers effets bénéfiques des cultures de court cycle seront renforcées par les récoltes des cultures de long cycle et par les importants revenus qu’ils tireront du travail agricole dans les zones de décrue (dépressions, barrages, walo du Gorgol) et des activités annexes relevant des productions pluviales (battage, vannage pilage etc…).
Table 1: Événements possibles dans les six prochains mois qui pourraient changer les scenarios ci-dessus.
Zone | Événement | Impacts sur les conditions de la sécurité alimentaire |
---|---|---|
Nationale | Augmentation atypique du prix du blé et du riz sur les marchés internationaux | Forte hausse du prix des denrées (y compris le sorgho et le mil) d’où la limitation de leur accès par les ménages pauvres |
Disfonctionnement durable des flux transfrontaliers | Hausse continue du prix des céréales traditionnelles entrainant conséquence celle du prix des céréales de substitution (blé et riz) | |
Une mauvaise distribution temporelle des pluies qui entrainerait des desséchements de cultures et de pâturages. |
| |
Invasion acridienne | Affecterait les productions agricoles, pastorales et écologiques de tout le pays | |
L’arrêt des programmes d’assistance avant les prochaines récoltes | Forte probabilité d’une surenchère du prix des denrées alimentaires qui va entrainer une drastique réduction de la capacité d’accès alimentaire des ménages pauvres | |
Zones Agropastorale et de Cultures pluviales | Transhumance durable causée par un démarrage tardif de la saison des pluies ou une irrégularité des pluies qui limite le développement des pâturages | Des revenus inferieur à la moyenne (si le temps de présence des transhumants est plus long) pour les ménages pauvres impliqués dans le travail pastoral. |
Des programmes additionnels d’assistance au profit des ménages pauvres | Amélioration de leur disponibilité alimentaire et réduction de la pression sur leur cheptel
| |
Zone de cultures pluviales | Reprise et élargissement de la crise malienne | Nouveaux afflux qui vont déstabiliser les marchés Insécurité qui va affecter les flux transfrontaliers et les activités agricoles et pastorales dans le sud-est du pays |
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : NOAA/FEWS NET
Source : USGS/FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.