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L’échec des cultures de décrue a accentué le déficit de production dans la zone agropastorale. Dans le reste du pays, l’évolution des cultures céréalières (riz, blé, et sorgho) et maraichères laisse encore espérer des productions annuelles proches de celles d’une année moyenne.
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Les conditions pastorales restent globalement satisfaisantes au niveau national et assureront l’alimentation du cheptel jusqu’en juillet si les feux de brousse sont circonscrits et rapidement éteints. Les transhumances internes inscrivant dans leurs itinéraires et leurs calendriers d’une année moyenne. Les mises-bas et les productions laitières seront moyennes jusqu’en septembre.
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Les marchés sont bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, blé, farine de blé, pâtes alimentaires, huile, sucre, légumes) par des importations régulières et des flux transfrontaliers maliens, sénégalais et marocains dynamiques. L’offre commerciale saisonnière en céréales traditionnelles (sorgho, mil, mais) reste cependant inférieure à celle d’une année moyenne du fait de la baisse de la production locale.
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Une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) sera observée jusqu’en septembre, dans la majeure partie du pays. Toutefois dans l’ouest (Tagant, Assaba, Gorgol et Brakna) et dans l’est (Hodh Chargui) de la zone agropastorale, des ménages pauvres sont déjà en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Ils sont affectés soit par de faibles productions agricoles annuelles doublées d’un déficit de protection de leur cheptel, soit par une concurrence qui limite leurs revenus malgré l’augmentation de leurs ventes.
Situation actuelle
Sur le plan climatique : Toutes les zones agricoles connaissent, depuis décembre des températures saisonnières légèrement plus élevées qu’en année moyenne (Figure 1). De ce fait, aucune pluie de saison froide, souvent bénéfique pour les pâturages du nord du pays n’est encore enregistrée.
Sur le plan agricole : Les cultures de décrue ont été affectées par des déprédateurs (cantharides, termites, sautereaux, sésamie, etc.) et par des températures saisonnières plus élevées que la normale. Semées en octobre/novembre, elles sont récoltées en janvier/ février alors qu’en année moyenne elles ne le sont qu’en février/mars. La plus grande partie des s’est desséchée avant la maturation. Dans le reste du pays, ces cultures sont malgré ces handicaps en développement et pourraient arriver à des productions proches de la moyenne.
Dans la zone de la vallée du fleuve, les semis de riz de la campagne de contre saison froide sont en cours mais, comme en hivernage, du fait du faible accès au crédit agricole, on s’attend à ce que les superficies emblavées soient inférieures à celles de 2016 et à la moyenne quinquennale saisonnière.
Dans les zones oasiennes, les productions maraichères saisonnières sont déjà en vente dans les marchés urbains. Elles sont proches de celles d’une année normale Les futures productions de dattes (entre juin et aout) devraient également être, au moins, moyennes.
La situation acridienne : Selon le Centre National de Lutte antiacridienne (CNLA), malgré l’existence de conditions favorables à la survie du criquet pèlerin dans certaines pares du pays (nord-ouest du Tiris Zemmour ainsi qu’au niveau des Oueds et bas-fonds de l’Adrar) on s’attend, plutôt à une nette diminution des infestations au niveau des régions prospectées.
Sur le plan pastoral : La réhabilitation et le traçage de nouveaux pare-feu étant en cours. Il est probable que la biomasse existante réponde au besoin du cheptel national jusqu’en juillet. L’installation d’un hivernage normal (juillet) renforcerait cette situation par la levée de nouveaux pâturages verts. Les mises-bas saisonnières s’inscrivent dans les tendances d’une année normale et la production laitière nationale, bien que s’inscrivant dans une tendance baissière typique de la saison, sera nettement supérieure à celle d’une année moyenne du fait de la succession de deux bonnes années pastorales.
Sur le plan des revenus saisonniers : Dans toutes les zones de moyens d’existence, les revenus saisonniers suivront leur tendance baissière. En effet, en dehors des zones pastorales à vocation commerciale qui profitent de la hausse du prix des animaux, les ménages tirent, entre février et mai, essentiellement leurs revenus provenant du travail agricole (récoltes et activités annexes) et des apports de l’exode. Du fait de la difficulté d’insertion des migrants ruraux dans les systèmes économiques des zones d’accueil (villes mauritaniennes, maliennes et sénégalaises) ces derniers apports qui représentent entre 30 et 40 pour cent des revenus saisonniers des ménages pauvres ont connu de si fortes baisses. Cette situation impose un recours excessif à la vente de bétail et constitue un facteur de pression sur un moyen d’existence déjà fragilisé par la baisse de ces effectifs. De juillet à septembre, l’installation d’un hivernage moyen replacera les relancera les activités agricoles et les revenus qui en proviennent.
Sur le plan des flux transfrontaliers : Les flux maliens continuent de s’inscrire dans leurs tendances saisonnières et alimentent convenablement, en céréales traditionnelles (mil, maïs, sorgho) les marchés hebdomadaires et les exportations en direction de Nouakchott. Les flux sénégalais de riz restent encore en dessous de ceux d’une année moyenne et avec la baisse de la production nationale de riz, les ménages seront obligés de recourir au marché alors que le prix du riz est très élevé depuis 2015. Les prix des légumes sont aussi dynamiques que ceux provenant du Maroc qui exporte également des fruits.
Sur le plan des marchés de consommation :
Tous les marchés de consommation sont bien approvisionnés en denrées alimentaires de base importées (blé, riz, huile, sucre, farine, etc.). Le prix du blé est globalement stable et accuse même des baisses, tant par rapport à la même période de 2016 que par rapport à la moyenne quinquennale, dans les marchés (Magta Lahjar, Adel Bagrou) des zones (agropastorale et de cultures pluviales) où les distributions de blé ont eu lieu en décembre/janvier. Cette baisse se traduit par des termes d’échange favorables qui renforcent la capacité d’accès alimentaire des ménages pauvres qui ont de plus en plus tendance à vendre leur production de sorgho pour se procurer du blé. La bonne disponibilité du blé sur le marché et des récoltes pluviales moyennes ont impulsé le prix du sorgho à la baisse par rapport à décembre 2016 sauf sans la zone de cultures pluviales où la présence des céréaliers venus de Nouakchott maintient une tendance saisonnière haussière pourtant atypique.
Les boutiques de solidarité alimentées par le gouvernement en denrées alimentaires de base (blé, riz local, huile, sucre, lait) et vendant à des prix 30 à 40 pour cent plus bas que ceux du marché formel continuent de fonctionner dans tout le pays.
Sur le plan des marchés du bétail : Dans tous les marchés de bétail l’offre est nettement inférieure à celle d’une année typique. Les distributions alimentaires en cours sont venues renforcer les stocks familiaux provenant des récoltes moyennes limitant ainsi le recours aux céréales commercialisées les ventes animales saisonnières et réduisant. Les prix des animaux continuent donc de s’inscrire dans une tendance haussière sauf dans les zones (ouest de la zone agropastorale) où l’échec des cultures de décrue impose un recours aux achats de blé. Au marché de Magta Lahjar (dans l’ouest de la zone agropastorale), le prix du mouton moyen y accuse une baisse de 33,5 pour cent par rapport à décembre mais reste globalement stable tant par rapport à janvier 2016 que par rapport à la moyenne quinquennale.
Sur le plan alimentaire et nutritionnel : L’accès alimentaire des ménages pauvres continue de s’inscrire dans les mêmes tendances saisonnières d’une année moyenne, bien que certains ménages de l’ouest (Moudjéria, Monguel, Magta Lahjar, M’Bout et Kankossa) et de l’est (Nema et Timbédra) de la zone agropastorale soient contraint de procéder à des ventes plus précoces et plus nombreuses que d’habitude. Pour des raisons économiques le blé et les pâtes alimentaires très présents sur les marchés de l’intérieur et moins chers que les autres céréales (sorgho, le maïs, le mil) tendent à devenir les aliments de base d’un bon nombre de ménages pauvres des zones autres que celle de la Vallée du fleuve Sénégal et de la Zone de cultures pluviales. Cette reconversion alimentaire s’appuie sur des termes d’échange favorables car les prix du blé et des pâtes alimentaires sont, en général stables sur de longues périodes alors que ceux du bétail sont en perpétuelle hausse.
Les niveaux de la malnutrition aiguë globale (MAG) devraient s’inscrire dans les tendances d’une année moyenne.
Les conditions d’une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) continuent d’exister dans la majeure partie du pays. Les ménages pauvres de l’est de la zone agropastorale retrouveront leurs conditions commerciales et évolueront vers une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) entre février et mai. Par contre ceux de l’ouest de la zone agropastorale, déjà en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) devraient continuer de vivre cette situation jusqu’à l’installation du prochain hivernage (juin). De juillet à septembre, ils devraient progressivement évoluer vers une insécurité alimentaire minimale vu qu’on s’attend à un hivernage moyen.
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire au niveau national de février à septembre 2017 se fonde sur les hypothèses générales suivantes :
- La situation pluviométrique. L’hivernage démarrera normalement en juin et la pluviométrie sera moyenne.
- L’agro-climatologie : La crue fluviale sera normale et inondera la vallée du fleuve à partir de juillet pour atteindre son niveau maximal entre aout et septembre.
- Production agricole : La production agricole pluviale sera moyenne. Partant de l’hypothèse d’une pluviométrie moyenne et que la crue fluviale sera régulière, les cultures de décrue bénéficieront de bonnes conditions d’exploitation. Par contre, la production rizicole, pourrait accuser, pour la deuxième année consécutive, une forte baisse car certains exploitants qui n’ont pas pu, depuis 2016, honorer leurs créances auprès du crédit agricole ne bénéficieront pas de crédit, cette année. Les productions maraichères et de dattes seront moyennes.
- Importations de denrées alimentaires : Les importations nationales de denrées alimentaires (blé, riz, huile, sucre, etc.) seront, durant toute la période du scenario, régulières et suffisantes pour répondre à la demande nationale et animer les échanges transfrontaliers. Les marchées inferieurs seront régulièrement alimentes à partir de Nouakchott et par des flux transfrontaliers maliens qui fonctionneront sanas entraves. Les transferts de riz sénégalais resteront faibles car la surveillance douanière ne s’est pas desserrée de part et d’autre du fleuve Sénégal.
- Boutique de solidarité : Les boutiques de solidarité de gouvernement continueront de fonctionner jusqu’en septembre.
- Prix de bétails : Conformément aux tendances saisonnières ‘offre en bétail est partout faible. Cette situation se traduit par une hausse du prix des animaux aussi marquée qu’en bonne année pastorale malgré l’existence de poches de maigres pâturages. La baisse des prix des animaux dans les poches déficitaires de la zone agropastorale devrait logiquement s’estomper une fois que les ménages ont vendu pour se constituer des stocks ou rembourser une partie de leurs créances.
- Travail agricole : Les revenus saisonniers tirés du travail agricole, entre février et avril, ne seront en baisse par rapport à ceux d’une année moyenne que dans les zones où les cultures de décrue ont échoué. L’installation normale de l’hivernage devrait rétablir leurs niveaux habituels dans toutes les zones agricoles du pays avec des salaires journalier tournant autour de 2000 MRO et un temps de travail moyen de 2 à 3 jours par semaine de la mi-juin à la fin du mois de juillet.
- Produits de cueillette : L’irrégularité et l’insuffisance des pluies de 2016 n’ont pas favorisé une bonne production de fruits sauvages. La période actuelle (période sèche) n’étant pas propice à la cueillette, la consommation et les revenus tirés de la cueillette seront faibles dans toutes les zones.
- Conditions pastorales : Les conditions pastorales resteront satisfaisantes durant toute la période du scenario, limitant ainsi les achats de blé destinés à nourrir les animaux. Elles favoriseront la reproduction animale et la production laitière. Les transhumances internes fonctionneront normalement et celles en direction des pays limitrophes (Mali et Sénégal) seront réduites et très courtes.
- Mouvements et apport de l’exode : Les départs en exode n’ont été précoces (ils ont commencé depuis janvier au lieu mars), avec des migrants plus nombreux (2 à 3 contre 1 à 2 en année moyenne) que dans les zones de préoccupation (ouest et est de la zone agropastorale). Dans le reste du pays ils s’inscriront dans leurs calendriers normaux (de mars a début juin) mais les revenus saisonniers qui en proviendront seront comme ceux des périodes précédentes nettement plus bas que ceux d’avant 2014. Depuis cette date, ces revenus qui couvraient 20 à 40 pour cent des revenus annuels des ménages pauvres de la zone et contribuaient grandement à la gestion de la période soudure (mai/juillet) ne représentent guère plus de 10 pour cent.
- Les impacts internationaux et régionaux sur les marchés : En l’absence d’évènement pouvant affecter les circuits mondiaux de commercialisation de blé, de riz et de facteurs sous régionaux bloquant ou ralentissant les flux transfrontaliers, on ne s’attend pas, durant la période du scenario, à des ruptures d’approvisionnement qui affecteraient le bon fonctionnement des marchés nationaux. Mieux, la probabilité d’un démarrage normal de l’hivernage devrait favoriser les habituels déstockages saisonniers des paysans maliens (juin/juillet) qui vont au moins, stabiliser les prix des céréales traditionnelles et même les inscrire dans une tendance baissier favorisant ainsi leurs accès aux ménages de la zone de cultures pluviales et du sud-est de la zone agropastorale.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Entre février et mai 2017, des récoltes de décrue moyennes et un accès aux denrées alimentaires commercialisées facilité par des prix élevés des animaux et le bon fonctionnement des boutiques de solidarité du Gouvernement où les produits sont vendus 30 à 40 pour cent plus bas que dans le marché formel, contribueront à maintenir une situation d’insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC) dans la majeure partie du pays. Seules les ménages pauvres de l’ouest et de l’est de la zone agropastorale seront confrontés à des déficits de consommation (causés par l’échec de leurs cultures annuelle et la baisse de leur production laitier) souvent doublé d’un déficit de protection de leurs moyens d’existence qui les placent en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC).
Entre juin et septembre 2017, les prévisions d’un démarrage normal de l’hivernage favoriseront, à la fois, la relance du travail agricole et de ses revenus. De même la levée de nouveaux pâturages verts renforcera la production laitière et l’embonpoint des animaux accroissant ainsi leurs valeurs marchandes. Les effets cumulés de ces facteurs vont contribuer à replacer les groupes en Stress (Phase 2 de l’IPC) en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) et renforcer celle de ceux qui étaient déjà en Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Source : FEWS NET
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Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.