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L’enquête nationale de Commissariat de la Sécurité Alimentaire (CSA) et du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) réalisé en décembre chaque année a trouvé près de 600.000 personnes en insécurité alimentaire. Cela est seulement 2 pour cent supérieur à la moyenne quinquennale pour cette enquête et 16 pour cent inférieur à la projection que FEWS NET avait anticipé pour cette période.
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Les taux de malnutrition mesurés par le Ministère de la Santé et l’UNICEF au mois de décembre 2011 sont conformes aux moyennes des années précédentes.
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Les prix des céréales traditionnelles sont élevés par rapport à la moyenne quinquennale pour la période de post-récolte. Cependant, une forte substitution vers les produits de substitution, surtout le blé ou le riz local, s’observe. L’approvisionnement en ces produits est régulier avec des prix relativement plus abordables.
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In zones where poor households depend on rain-fed agriculture(south and northwest of the agro-pastoral zone), income is insufficient to cover the additional demand for cereal purchase, since production was only 40-60 percent of the average, and market prices are higher than last year. Technically appropriate and well-targeted assistance will be necessary to support these households between February and September 2012.
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Dans les zones où les ménages pauvres dépendent des activités agricoles pluviales (sud et nord-ouest de la zone agropastorale), les revenus ne sont pas suffisants pour couvrir la demande additionnelle des céréales (production 40-60 pour cent de la moyenne) à des prix supérieurs à l’année passée. Une assistance techniquement appropriée et bien ciblée leur sera nécessaire entre février et septembre 2012.
- L’irrégularité et la faiblesse des pluies ont fait que la production céréalière nationale a accusé une baisse de plus de 50 pour cent par rapport à l’année précédente et de 40 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années avec les pires résultats dans les zones de production agricole pluviale. Même dans le contexte d’une année typique, la Mauritanie importe environ 70 pour cent de ses besoins en céréales (sorgho du Mali et du Sénégal, riz et blé des marchés internationaux). Les besoins d’importation additionnels destinés à la consommation humaine ne seront que de 15-17 pour cent environ de plus que d’habitude.
- Vu les conditions pastorales mauvaises, le recours au sorgho et au blé importé comme aliment de bétail est une source de compétition pour la consommation humaine. On s’attend d’ici à septembre à une demande nationale de céréales importés (surtout le sorgho et le blé)de 20 à 25 pour cent supérieure à celle d’une année typique.
- Par contre les stocks marchands répondent convenablement à la demande malgré une sensible réduction de ceux des marchés frontaliers affectés par la baisse des productions dans les pays limitrophes et les sournoises politiques de limitation des exportations mises en place par les autorités administratives et certaines collectivités.
- Les flux internes de céréales fonctionnent relativement bien dans toutes les zones où l’accès au centre administratif, qui est généralement le principal point de ravitaillement, est régulier, c’est à dire dans le centre et sud où la majorité de la population du pays est concentrée. Ces zones sont approvisionnées à partir de Nouakchott, qui est le principal centre de distribution commerciale du pays.
- Dans les zones enclavées (Aftout, Affolé) les fluxsont beaucoup plus orientés vers les capitales régionales que vers les capitales départementales. On observe de plus en plus, un approvisionnement familial établi depuis les points d’exode (Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate etc.), par les membres de la famille. Il en résulte une réduction du recours au marché local qui constitue en année typique la seule source d’approvisionnement, une fois les stocks familiaux épuisés.
- Le prix du sorgho, qui avait connu des hausses atypiques pendant la période de la récolte (septembre à décembre), est resté relativement stable ou en baisse en janvier et en février dans tous les marchés sur la chaine d’approvisionnement (Figure 4). Le recours au blé, à la place du sorgho, par les ménages de la zone de cultures pluviales ne s’explique donc pas par le faible approvisionnement des marchés de la zone mais uniquement par des prix saisonniers relativement élevés.
- Les prix de riz local demeurent inférieurs de 10-20 pour cent environ au prix du riz importé, comme d’habitude, avec des niveaux relativement similaires à ceux de l’année passée. Le prix du blé importé demeure stable depuis octobre/novembre 2010, mais avec plus de variabilité mensuelle corrélativement aux tendances du prix du sorgho.
- On devrait logiquement, entre mars et septembre, s’inscrire dans une tendance haussière des prix dont l’ampleur sera déterminée par les hausses du prix du carburant (déjà plus 10% par rapport à janvier 2012), la mise en œuvre des programmes d’assistance et la capacité du gouvernement à minimiser les effets spéculatifs souvent entretenus par les commerçants en pareille circonstance. En tout état de cause, vu le dynamisme des commerçants mauritaniens, on ne devrait pas connaître une rupture des stocks marchands mais les difficultés d’accès aux devises pourraient limiter leurs capacités de répondre entièrement à temps aux demandes cumulées de céréales destinées aux consommations humaines et animales
Les populations les plus affectées par cette situation sont les ménages pauvres des zones de cultures pluviales, celles du centre et de l’ouest de la zone agropastorale. Ceux du centre de la vallée du fleuve où la production du walo qui est la principale typologie a été médiocre et ceux de la zone de transhumance pastorale et du sud de la zone des oasis, du pastoralisme avec oueds cultivés où les mauvaises conditions pastorales ont affecté les productions laitières et fait chuter les prix des animaux.
Les stocks familiaux étaient environ 50 pour cent de la moyenne dans les zones pratiquant l’agriculture dépendante des pluies, qui en année normale couvraient les besoins pendant trois à quatre mois.
- Les marchés resteront les centres d’approvisionnement des populations d’ici septembre. mais l’accès à ces produits importés demeure douteux à partir de février. Les revenus tirés du travail agricole (entre 5 et 20pour cent des revenus annuels selon les zones) ont connu des baisses saisonnières proches de 50 pour cent environ par rapport à leur niveau typique, alors que les prix des denrées alimentaires sont, par rapport à la mՙême periode de 2011, soit stables (sucre, blé) soit en hausse de 20 à 50 pour cent (riz, huile, sorgho).
- Les ménages pauvres ont développé des stratégies adaptatives axées sur le renforcement de l’exode (envoie de plusieurs membres de la famille), le saut de repas (surtout dans l’Aftout) et la multiplication des ventes animales malgré la baisse des prix) zone agropastorale).
Conditions pastorales
- Les conditions pastorales sont médiocres dans toutes les zones de mode d’existence.
- Les marchés de bétail, déjà bien approvisionnés, le resteront jusqu’en juillet. Les prix actuels des bovins sont partout en baisse (entre 20 et 50 pour cent par rapport à janvier 2011) avec un accent plus marqué pour les vaches allaitantes surtout dans l’ouest et le centre de la zone agropastorale et dans la zone de transhumance pastorale selon la tendance typique après les fêtes de nouvel an musulman, de l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed et du Magal de Touba.
- L’offre surtout des bovins devrait baisser en raison de l’intensification de la transhumance et de la mise en place additionnel du volet pastoral du programme d’assistance du gouvernement pour la période février-juillet 2012. On devrait alors assister à une remontée des prix des bovins dés le début de l’application de ce programme et à une poursuite de cette tendance jusqu’en septembre.
Plan d’assistance du gouvernement
- Le gouvernement à un programme d’assistance aux populations ciblées de mars à septembre 2012 portant sur 45 milliards d’ouguiyas. Pour le moment, environ 12 milliards MRO sont mobilisé alors que le lancement du programme est attendu dans les jours qui viennent. Le programme est organisé autour des volets suivants :
- L’alimentation humaine
- Le réapprovisionnement de 50 pour cent des stocks alimentaires villageois de sécurité (SAVS). Il porte sur une quantité globale de 44,340 tonnes de blé et 29,560 tonnes de sucre et 11, 824 tonnes d’huiles et ce, à raison de 3 tonnes de blé, 2 tonnes de sucre et 800 litres d’huile par SAVS et par mois pendant les huit mois (février-septembre) qui constitueront le pic de la période de l’intervention.
- Une distribution gratuite en faveur de 109.857 ménages vulnérables à raison d’une ration mensuelle de 50 kg de céréales et 4 litres d’huile pendant cinq mois.)
- Le renforcement des centres de nutrition et de santé.
- La poursuite de l’opération « Boutiques de solidarité » pour une période de huit mois de l’année 2012 ; étant entendu que les collectivités en dehors des chefs lieu des communes seront couvertes par la composante SAVS. Les besoins mensuels hors Nouakchott sont estimés à 1.824 tonnes de riz, 2.022 tonnes de sucre 1011 de pâtes alimentaires et 1.011 tonnes d’huiles couvrant 329 boutiques à l’intérieur du pays
- L’appui pastorale
- L’assistance au cheptel est envisagée à travers l'acquisition d'importantes quantités d'aliment de bétail, soit auprès des producteurs locaux, soit via les importations. L’objectif étant de disponibiliser, à un prix abordable, pour l’ensemble des éleveurs, les rations d’entretien nécessaires pouvant permettre au cheptel de traverser sans trop de problèmes la période de soudure. Les rations journalières prévues sont de 2kg pour les bovins et camelins et 0.5kg pour les ovins et caprins et ce pendant six mois pour les bovins et ovins et 3 mois pour les camelins et caprins. Ces distributions sont en cours en février.
- Ces deux principaux volets sont renforcés par des programmes d’amélioration de la santé animale et de l’hydraulique villageoise et pastorale.
- Les distributions gratuites ont commencé depuis le début du mois de février et sont exécutées par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) mais la mise en pratique des autres volets attend encore contraignant ainsi les ménages pastoraux pauvres et moyens à développer des stratégies qui pourraient s’avérer négatives pour leurs moyens d’existence
La zone de culture pluviale au sud-est du pays
- aveUne probable stabilité des prix jusqu’en mars et une hausse d’environ 20 à 25 pour cent des prix actuels entre mars et septembre.
- Les prix du mil et du sorgho en janvier 2012 sont environ 50 pour cent supérieurs à ceux de janvier 2011 au marché de Nara, qui est un des principaux centres d’approvisionnement des céréaliers mauritaniens actifs dans les marchés hebdomadaires.
- Les entraves informelles aux importations de céréales maliennes (surtout le sorgho) sont environ le double de l’année passé. Quoique cela augmente le niveau des prix en Mauritanie plus rapidement qu’au Mali, la différentielle entre les prix des zones de production du sorgho et ceux des zones de consommation n’est pas plus grande que d’habitude.. Cela démontre que l’approvisionnement des marchés n’est pas encore significativement affecté par ces entraves.
- Les ménages pauvres ont intensifié l’exode saisonnier à la fois en doublant le nombre des personnes mais aussi en élargissant la période de l’exode de trois mois à neuf mois. Même si les revenus de la main d’œuvre individuellement tombent 50 pour cent du fait de l’augmentation de l’offre et la diminution des jours travaillés vu les récoltes inférieures à la moyenne, cette intensification de l’exode augmente les revenus ménagers de cette activité par plus de 200 pour cent.
- Les conditions pastorales de 2010/11 ont permis une bonne reproduction animale, mais les conditions pastorales (pâturages, eau) de 2011/12 sont les plus mauvaises des cinq dernières années. Les prix des bovins et des ovins sont respectivement +de -20 et 7 pour cent environ en dessous du niveau de janvier 2011, ce qui veut dire que pour réaliser le même revenu de cette source (5 pour cent environ en année typique), il faut vendre plus des animaux.
- On s’attend à une dégradation de la situation alimentaire actuelle des ménages entre juin et septembre en raison des difficultés d’accès (faible niveau des revenus) aux denrées alimentaires malgré un bon niveau d’approvisionnement des marchés.
- La grande majorité des animaux mauritaniens (environ 75 pour cent) ont été envoyés précocement en transhumance ; et ceux qui sont restés ont déjà développés des mécanismes internes d’accès à l’aliment bétail.
- L’application du plan d’assistance pourrait limiter la dégradation de la situation de crise alimentaire actuelle mais on ne s’attend pas à ce qu’elle débouche sur une importante réduction de son intensité car la généralisation des mesures à l’ensemble du pays va minimiser son impact sur les 700,000 vulnérables identifiées par nos analyses.
- Le climat d’insécurité qui règne en territoire commence déjà à se solder par un apport massif de refugiés.(déjà 23 mille refugiés en Mauritanie) Cette situation va déboucher, comme pendant la crise des années 90, sur une forte croissance de la demande en nourriture alors que les circuits d’approvisionnement des marchés locaux sont perturbés par l’insécurité militaire qui sévit dans la partie orientale de la zone.
La zone agropastorale
- En année normale les ménages pauvres de cette zone couvrent 30 pour cent de leur nourriture à partir de leur production propre. Ils achétent 35 pour cent de leurs besoins et empruntent environ 20 pour cent. Les sources de revenus en annee typique proviennent de la vente des cultures 20 pour cent du travail agricole 15 pour cent et des apports de l’exode 40 pour cent. La vente d’animaux leur procure cinq pour cent et les apports de la cueillette environ dix pour cent
- Cette année, l’important déficit enregistré dans la production du sorgho principale céréale consommée dans la zone (-74 pour cent par rapport à 2010 et -67 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années), fait qu’ils doivent recourir aux marchés pour satisfaire 85 pour cent de leur nourriture car les parts des emprunts en nature (20 pour cent) auprès des autres ménages ne pourront pas être réalisées. Ils ne pourront compter, compter en partie que sur les emprunts auprès des commerçants locaux qui seront probablement réduits et établis avec des taux de remboursements plus élevés qu’en année typique où ils tournaient entre 50 et 100% du volume emprunté
- L’approvisionnement des marchés en blé comme aliment de substitution pour le sorgho est actuellement suffisant pour la demande additionnelle des personnes et des animaux. .
- En raison de la hausse des prix à l’importation et de ceux du transport (qui ont doublé entre 2010 et janvier 2012) et de la concurrence des boutiques de solidarité dans les centres administratifs urbains les commerçants n’ont plus la capacité de maintenir leurs anciens niveaux d’importation. Les systèmes d’approvisionnement se sont modifiés avec l’approvisionnement direct des marchands des zones rurales à partir les marchés des capitales régionales et l’abandon des demi-grossistes des marchés départementaux et ceci dans le but de réduire les frais de transport et en conséquence les prix de revient des produits.
- Les revenus habituellement tirés de la vente des cultures manqueront aux ménages tout comme une partie de ceux qui relèvent de la main d’œuvre agricole. Bien que le salaire journalier ait connu une hausse de 50 pour cent par rapport à l’année dernière, les ménages pauvres connaissent une baisse de leurs revenus de la vente de la main d’œuvre agricole d’environ 40 pour cent du fait de la diminution de la demande et des jours travaillés. Les revenus provenant des retombées de l’exode sont en baisse de 60 pour cent mais une partie de ce déficit est comblée par les envois de nourriture, surtout dans le centre de la zone,
- Face au déficit de la production du sorgho et de la cherté du riz, les ménages pauvres se sont rabattus sur la consommation de blé dont le prix est nettement plus bas et la disponibilité relativement meilleure que celle des autres céréales. Si comme en 2011 une journée de travail permettait au ménage d’acheter dix kilogrammes de ble, la réduction des journées de travail (2 au lieu de 4) fait que le ménage ne disposera que de75pour cent de ses capacités d’achat. En attendant l’installation de la saison agricole en juillet, les revenus liés à cette activité, continueront de baisser alors que les prix des denrées alimentaires resteront dans une tendance haussière.
- Les termes d’échange sont défavorables) et en constante évolution au détriment du vendeur depuis septembre 2011 où de 19500 MRO, le prix du mouton moyen est tombé à moins de 16000 alors que ceux du riz, du sorgho et du blé (céréale de substitution) sont en hausse (+10 pour cent pour le sorgho) ou sont restés stables (riz et blé
- La limitation des repas (un repas par jour) dés janvier alors qu’en année typique ce phénomène n’était observable dans la zone agropastorale à dominante agricole qu’à partir de mai-juin, montre les difficultés que les ménages pauvres ont à s’alimenter convenablement. . Les systèmes internes de solidarité (emprunt de céréales et autres denrées) continuent de fonctionner avec la même intensité mais les volumes sont nettement moins importants que pendant les périodes précédentes de soudure.
- Actuellement, en dehors des boutiques de solidarité, aucune nouvelle réponse externes n’est encore mise en place.
Les brèches critiques d’information
- Le programme d’assistance du gouvernement est établi comme si tout personne ayant besoin d’assistance démontre la même sévérité d’insécurité alimentaire alors que ce sont les ménages pauvres des zones de cultures pluviales et agropastorales qui sont les pus touchées.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.