Les déficits céréaliers localises accentuent l’insécurité alimentaire

• Les déficits céréaliers consécutifs à l’échec des cultures pluviales dans le centre sud du pays et à la baisse des flux transfrontaliers ont intensifié le recours des ménages pauvres de l’ouest de la Zone agropastorale et du centre de la Vallée du Fleuve Sénégal, au marché pour se nourrir, alors que leurs revenus saisonniers ont accusé de fortes baisses.

• Face aux mauvaises conditions pastorales, les éleveurs et agropasteurs ont opéré des délestages avant leur transhumance précoce (novembre). Il en a résulté une suroffre qui a fait baisser le prix des animaux et déprécier les termes d’échange.

• Le niveau actuel de Stress (Phase 2 de l’IPC) dans l’ouest de la Zone agropastorale et du centre de la Vallée du Fleuve Sénégal ne tiendra que jusqu’en janvier dans plusieurs endroits. À partir de février/mars, des régions localisées de sud centre du pays seront en Crise (Phase 3 de l’IPC).

Progression de la saison : Des pluies de saison de froide (58 mm à Bir Moghreïn ; 22 mm à Zouerate) ont commencé, depuis fin novembre, à tomber dans le nord du pays. On s’y attend à des pâturages qui fixeront, comme d’habitude, les éleveurs des zones pastorales sur place, jusqu’en mai/juin.

Les cultures du centre sud de la Zone vallée du Fleuve Sénégal et de la Zone agropastorale : Les récoltes de riz ont commencé et une production moyenne est attendue car les paysans ont surtout recouru à des variétés de court cycle. En plus, ils ont vendu aux éleveurs sédentaires leur paille de riz, à des prix avantageux. Ces apports ne concernent cependant qu’un petit nombre de ménages pauvres vu la petitesse des exploitations communautaires. Par ailleurs, en raison du faible niveau dans le fleuve, on ne s’attend pas à la réalisation d’une campagne de contre saison chaude qui contribuerait à réduire le déficit céréalier annuel. Le walo, qui fournissait aux ménages pauvres plus de 60 pour cent de leurs besoins en céréales et 80 pour cent de leurs revenus annuels, n’a pas été exploité faute de crue. Dans toutes les zones de cultures la baisse des superficies exploitées a entrainé celle des revenus saisonniers et des productions agricoles des ménages pauvres à baisser.

Les conditions pastorales : Elles sont si défavorables, dans l’ouest et le nord de la Zone agropastorale, le centre de la Vallée du Fleuve Sénégal et dans le sud de la Zone oasienne, que la transhumance vers le sud du pays  a commencé en novembre, beaucoup plus tôt que la normale.  Ces destinations constituent des étapes sur le chemin qui mènent aux pâturages maliens de la zone de Kayes. Les éleveurs ont procédé à des grands délestages qui ont entrainé, comparativement à octobre, une baisse significative des prix des animaux (-15.70 à Boghé et -9.20% à Magta Lahjar) et déprécié les termes d’échange au détriment des ménages pauvres.

Les marchés : Les marchés restent bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, blé) dans presque tout le pays. Cependant l’offre en céréales traditionnelles (sorgho, mil) est toujours faible tant à cause de la mauvaise production céréalière locale que de la faiblesse des flux transfrontaliers maliens et senegalais. Il en résulte une intensification du recours au blé dont le prix reste néanmoins stable, malgré l’augmentation de la demande, en raison du bon fonctionnement des programmes d’assistance où les prix pratiqués sont plus bas.

L’évolution de la situation alimentaire dans les zones de moyens d’existence reste relativement conforme aux perspectives projetées pour la période d'octobre 2014 à mars 2015. L’échec des cultures pluviales, la faible production de décrue, attendue, l’importante baisse des revenus saisonniers et les mauvaises conditions pastorales sont des facteurs d’insécurité alimentaire qui affectent déjà les ménages pauvres du centre de la vallée du fleuve et de l’ouest de la zone agropastorale.

L’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires importées restera régulier et satisfaisant mais les flux transfrontaliers resteront faibles vu aussi la baisse de production au Sénégal. Les ménages du centre sud de la Zone vallée du Fleuve Sénégal et de la Zone agropastorale qui ont connu des productions significativement inférieures à la moyenne seront, pour leurs besoins alimentaires, plus dépendants de l’achat au marché qu’en année normale. En raison de la persistance de revenus inférieurs à la moyenne, l'achat au marché sera difficile. Les niveaux actuels de Stress (Phase 2 de l’IPC) devraient alors se dégrader vers un niveau de Crise (Phase 3 de l’IPC) dès février/mars, surtout dans le centre sud de la Zone vallée du Fleuve Sénégal et dans le nord de la Zone agropastorale. La baisse du prix des animaux va accentuer le déficit de revenus, entre janvier et juin, et réduire d’avantage la capacité des ménages pauvres à acheter ou emprunter leur nourriture.