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- La période de soudure, marquée par une faible disponibilité des stocks familiaux, un niveau élevé des prix des produits de base et une détérioration des conditions d‘accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires, se poursuit. Malgré une légère amélioration des revenus des ménages pauvres à la faveur de l’hivernage qui offre des opportunités d’emplois agricoles, notamment à l’ouest de la zone de la vallée du fleuve Sénégal, la plupart des ménages pauvres dans les zones agropastorale, cultures pluviales, et péri-urbaines de Nouakchott et Nouadhibou sont en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), avec quelques-uns en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC). À partir de septembre, certains ménages commenceront à consommer leurs productions vertes des cultures précoces, ce qui contribuera à améliorer la sécurité alimentaire dans ces zones.
- Sur la base des tendances historiques, les années El Niño ne sont pas corrélées avec des anomalies notables dans les performances pluviométriques en Mauritanie. Cependant, on constate des déficits pluviométriques dans le sud-est du pays (Hodh El Chargui) à la fin d’août. Ces déficits affectent le niveau des points d’eaux de surface, la régénérescence du pâturage pour le cheptel, et pourrait impacter négativement la production agricole.
- Dans le sud-centre et sud-ouest, les cumuls pluviométriques ont été moyens à supérieurs à la moyenne, contribuant ainsi à de meilleures conditions de croissance pour les cultures et les pâturages. Avec cette bonne allure de la campagne agricole, la demande de main d’œuvre agricole a augmenté et le coût de la main d’œuvre agricole a connu une augmentation de 25 à 50 pour cent environ dans la majeure partie de la zone de culture pluviale et du sud de la zone agropastorale. Cette opportunité est favorable aux ménages pauvres qui vont bénéficier de revenus saisonniers supplémentaires pour un meilleur accès au marché, quoique affaibli par la hausse saisonnière des prix des produits alimentaires.
- Le niveau d’approvisionnement des marchés est satisfaisant. Comparativement à juillet les prix des denrées alimentaires importées sont restés stables. En revanche, les prix des produits agricoles locaux ont connu une hausse sous l’effet de la forte demande en semence. Le sac de riz de 50 kg qui fluctue entre 1100 et 1250 MRU les mois antérieurs est passé en 1530 en ce début de mois. Cette tendance devrait se maintenir jusqu’à la fin du mois si l’évolution de l’hivernage ne connait pas de perturbations car les paysans sont tentés à d’augmenter leurs emblavures. Selon l’Agence Nationale de la Statistique, de l’Analyse Démographique et Economique (ANSADE), l'inflation alimentaire était de+3.5 pour cent en juillet, après avoir diminué de 12 pour cent en mai à 5 pour cent en juin.

Source: FEWS NET
Zone | Anomalies Actuelles | Anomalies Projetées |
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Nationale |
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Figure 1

Source: FEWS NET/USGS
Figure 2

Source: FEWS NET/USGS
A l’exception de l’ouest de la zone vallée (sud Trarza et sud-ouest Brakna) où les ménages pauvres peuvent disposer de revenus payés en nature et en numéraire pour le travail de récolte de riz de contre saison chaude, dans les autres zones de moyen d’existence, en cette période de soudure, les ménages dépendent essentiellement du marché pour se nourrir. Dans les zones de cultures pluviales (sud et centre agropastoral, sud-est de la zone de la vallée principalement au Gorgol et au Guidimakha), la précocité de l’hivernage et la bonne répartition spatio-temporelle des pluies ont stimulé la demande en main d’œuvre agricole. Toutefois, avec les bonnes perspectives de la saison, cette dépendance au marché va se réduire à partir de septembre car certains ménages pourront commencer à consommer leurs productions vertes des cultures précoces.
D'une manière générale, les marchés sont bien approvisionnés en produits importés, mais les prix restent saisonnièrement élevés. La demande de main d’œuvre a augmenté avec le début de la saison, entraînant une augmentation du coût de la main d’œuvre, passant de 200 MRU en 2022 à 250 et 300 MRU cette année. Toutefois, cette hausse ne permet pas de compenser la hausse saisonnière des prix des produits alimentaires qui érode le pouvoir d'achat des ménages.
A la faveur de la bonne pluviométrie, les conditions pastorales se normalisent sur la majeure partie du territoire avec les transhumances internes qui se sont intensifiées à la recherche de pâturages verts, notamment au sud et au sud-ouest du pays. Toutefois, dans l’extrême sud-est du pays où on enregistre un faible développement des pâturages et un faible niveau de remplissage des points d’eau, les conditions pastorales vont connaitre une détérioration précoce.
L’approvisionnement des marchés à bétail s’est fortement ralenti après les différentes fêtes religieuses. il ne devrait retrouver son niveau typique qu’à partir de fin octobre. Dans les marchés principaux marchés à bétail, Nouakchott, Boghé et Kaédi, le prix du mouton moyen a connu une baisse de 10 à 15 pour cent par rapport à la période de fêtes en juin. En revanche, dans les marchés des zones rurales, la faiblesse de l’offre a conduit à une hausse autour de 5 à 10 pour cent, du prix du mouton moyen.
Dans l’ensemble, la bonne allure de la campagne agricole, notamment dans la vallée, principale zone de production agricole, laisse présager de bonnes perspectives de productions, malgré des conditions défavorables dans le sud-est qui pourraient entraîner une production localisée inférieure à la moyenne. Dans la perspective de la poursuite de cette bonne tendance, les ménages de la zone de culture pluviale et ceux au sud-ouest de la zone agropastorale pourront disposer précocement des récoltes des cultures hâtives dont les semis ont été réalisés en juin et début juillet. Le bon niveau de remplissage des barrages et des basfonds va permettre également l’exploitation des zones de décrue à partir d’octobre et renforcer les disponibilités vivrières nationales entre fin janvier et février 2024. La production agricole nationale attendue sera moyenne à supérieure à la moyenne, ce qui permettra d’améliorer la consommation alimentaire et assurer la protection des moyens d’existence des ménages pauvres qui pourront vivre une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) au cours de la période d’octobre 2023 à janvier 2024. Toutefois, les ménages pauvres des zones péri-urbaines de Nouakchott, Nouadhibou et Zouérate qui dépendent des marchés pour leur alimentation et dont les opportunités d’emploi vont demeurer faibles, vont vivre une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) au cours de cette période.
Dans le suivi à distance, un coordinateur travaille d’un bureau régional avoisinant. En comptant sur les partenaires pour les données, le coordinateur applique l’approche de développement des scenarios pour faire l’analyse et élaborer les rapports mensuels. Comme les données peuvent être moins disponibles que dans les pays avec des bureaux de FEWS NET, les rapports de suivi à distance peuvent montrer moins de détail. Pour en savoir plus sur le travail, clique ici.