Les ménages pauvres font face à une dépendance accrue aux marchés et des prix élevés des aliments de base.

Dans les zones de cultures pluviales, la campagne agricole 2020/2021 a été caractérisée par de mauvaises conditions agropastorales, notamment des taux de remplissage inférieurs à la moyenne dans les zones de dépression et les pâturages. Pour les cultures de décrue, même lorsque le taux de remplissage des réservoirs d'eau a été considéré comme moyen par endroits, les perspectives de récolte sont restées très inférieures à celles d'une année moyenne en raison de la superficie cultivée relativement faible par rapport à la production agricole globale. Cela s'est donc traduit par une baisse importante de la demande d'activités de main-d'œuvre agricole et des départs anticipés pour la migration saisonnière en décembre au lieu de février. Plus d'opportunités de travail que d'habitude seront recherchées dans les grands centres urbains où la demande dépassera l'offre compte tenu du ralentissement des activités dans plusieurs secteurs en raison des effets résiduels de la pandémie de COVID-19. Les revenus de la migration saisonnière seront inférieurs à la moyenne.

La disponibilité fourragère reste toujours précaire malgré la présence des pluies de la saison froide (décembre/janvier) dans les zones du centre et du sud du pays (zone agropastorale, celle de la vallée du fleuve Sénégal et celle des cultures pluviales qui concentrent l’essentiel du cheptel ovin, bovin et caprin). Il en résulte des départs précoces en transhumance vers le Mali et le Sénégal et le déstockage préventif du bétail par les éleveurs. Avec les frontières de la Mauritanie ouvertes et celles du Mali fermées à ses pays voisins de la CEDEAO, les prix du bétail sont actuellement encore moyens ou légèrement supérieurs à la moyenne, la Mauritanie répondant à la demande non satisfaite. Aussi, la demande nettement supérieure à la moyenne d’aliment bétail est présente partout sur les marchés, et reste satisfaite par les offres maliennes et sénégalaises, y compris dans ceux du sud de la zone de cultures pluviales où les conditions pastorales devraient restées encore favorables.

Les niveaux d’approvisionnements en produits alimentaires de base sont moyens sur les marchés locaux, avec des flux réguliers des produits en provenance du Mali et du Sénégal. Les prix des produits de première nécessité sont toujours en hausse comparé à l’année dernière et à la moyenne quinquennale dû notamment aux mauvaises récoltes 2021/22, à la hausse du coût du transport maritime et à la hausse des cours mondiaux. Actuellement, le marché reste moyennement approvisionné et constitue la principale source de nourriture pour la majorité des ménages surtout ceux pauvres et très pauvres. La période de soudure débutera en avril au lieu de juin comme d’habitude dans de nombreuses zones rurales. La dépendance des ménages vis-à-vis du marché sera davantage croissante avec des prix qui resteront probablement supérieurs à la moyenne.

La situation alimentaire du pays reste toujours sous pression à cause de la faible production agricole, de la baisse des revenus et du déficit de pâturage ainsi que la hausse continue des prix des produits alimentaires (surtout importés). Les stocks issus des principales récoltes d’octobre sont presque complètement épuisés auprès des ménages pauvres et les affectés seront confrontés à des résultats de sécurité alimentaire en Stress (Phase 2 de l’IPC) de février a mai. Les récoltes de décrue entre janvier et mars qui seront inférieures à la moyenne permettront de couvrir à peine un à deux mois de consommation. Avec le faible niveau de revenus des ménages pauvres et la hausse anticipée des prix des denrées alimentaires, une partie de ces derniers sera confronté à la Crises (Phase 3 de l’IPC) à partir d’avril/mai, particulièrement dans les zones de cultures pluviales et celles agropastorales.