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- D’octobre à mai 2026, les conflits continueront à impacter significativement la situation alimentaire dans le centre et du nord du pays, avec des zones en Stress (Phase 2 de l’IPC) à Crise (Phase 3 de l’IPC). À Ménaka, la situation devrait se détériorer jusqu’à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC) en avril 2026. L’extension de l’insécurité par le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) vers l’ouest et le sud du pays, notamment par les tentatives de blocage des approvisionnements en carburant, perturbera les mouvements des populations et des biens, la production d’électricité et les activités économiques. Au moment de la publication de ce rapport, le blocus s'intensifiait à travers la flambée des prix de carburant auprès des distributeurs informels, les files d'attente dans les stations-services, et des pénuries. FEWS NET suit de près ces événements et fournira une analyse actualisée en novembre.
- Bien que le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire diminue dans la période post-récolte, ces besoins resteront atypiquement élevés dans le pays, notamment pour les populations dans les zones de conflit et les déplacés. Le nombre de personnes dans le besoin s’élèvera de manière saisonnière à partir de mars jusqu'en mai 2026, correspondant à la période de soudure pastorale.
- La disponibilité moyenne des céréales au niveau national est attendue d'octobre 2025 à mai 2026, avec une production céréalière moyenne à supérieure à moyenne. Toutefois, une baisse localisée est observée dans les zones de conflit du centre et du nord où un épuisement précoce des stocks dès mars est attendu et qui induira une soudure précoce dans ces zones.
- L’amélioration saisonnière de l’accès des ménages aux denrées alimentaires est observée grâce aux récoltes en cours et à la baisse saisonnière des prix des céréales de base. Toutefois, pour les ménages pauvres des zones d’insécurité notamment des zones pastorales, l’accès restera limité à cause des dysfonctionnements des marchés qui engendrent des prix des céréales nettement supérieurs à la moyenne quinquennale.
L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 17 octobre 2025.
L’insécurité et le conflit qui secouent les régions nord et centre du Mali depuis 2012 se sont étendus à d’autres parties du pays. Le conflit, né de revendications séparatistes dans le nord par des groupes rebelles, s’est aggravé avec l’intensification des opérations des groupes armés dans le nord du pays autour de 2015. Les affrontements entre l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS), le JNIM et les Forces armées maliennes (FAMa) se poursuivent. Bien que le JNIM reste principalement actif dans les régions nord et centre du Mali, ses opérations se sont progressivement étendues aux zones sud et ouest, notamment les régions de Kayes, Nioro du Sahel, Koulikoro, Nara, Kita, Bougouni, Koutiala, Dioila, Ségou, San et Sikasso, tout au long de 2025. De plus, depuis août 2023, les combats persistants entre les FAMa et le Front de libération de l’Azawad (FLA), qui a remplacé le groupe Cadre stratégique permanent (CSP) en décembre 2024, ont entraîné une escalade de la violence dans le nord du Mali. Le contexte sociopolitique du Mali est marqué par deux coups d’État en 2020 et 2021, entraînant des sanctions économiques de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) jusqu’en juillet 2022. Ces mesures ont significativement impacté négativement l’économie, provoqué une hausse des prix et réduit le pouvoir d’achat des ménages. Les tensions avec la CEDEAO ont culminé en janvier 2025 avec le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger, marquant une rupture avec l’intégration régionale au profit de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le conflit prolongé a eu un impact considérable sur l’agriculture et l’élevage, principaux moyens de subsistance de la population malienne. Les ménages agricoles dépendent fortement de l’agriculture vivrière (mil, sorgho, maïs et riz). En plus de leur forte vulnérabilité aux chocs climatiques, tels que les inondations, la sécheresse, le conflit en cours perturbe la production agricole, les activités socioéconomiques ainsi que l’accès aux marchés et leur fonctionnement. Pour les ménages pasteurs, l’impossibilité de suivre les itinéraires habituels de transhumance compromet la santé animale et la productivité du bétail. Les populations du nord dépendent fortement des flux commerciaux en provenance des zones excédentaires et de l’étranger pour la majorité de leurs besoins alimentaires de base. Bien que la majorité de la population réside dans les zones de production du sud et reste relativement moins affectée par le conflit elle connait progressivement des perturbations localisées des marchés et des routes commerciales avec l'expansion progressive du conflit dans les zones au sud.
Ces chocs ont fortement érodé les variations saisonnières typiques dans le nord et centre du Mali. L’insécurité persistante a perturbé les activités agropastorales, entraînant une baisse de la production agricole due à l’abandon des champs. Le mois d’octobre, période de production de ce rapport, marque généralement la saison des récoltes, durant laquelle on observe une amélioration significative de l’accès des ménages à la nourriture et aux revenus dans les régions sud, centre-sud et ouest du pays. Cependant, l’accès réduit à la production locale, la perturbation des flux commerciaux et les prix des denrées de base supérieurs à la moyenne maintiendront les besoins humanitaires élevés dans le nord et centre du Mali bien au-delà de la période post-récolte.
En savoir plus
Les liens suivants fournissent des informations supplémentaires :
- Dernier Mali Rapport sur les Perspectives sur la Sécurité Alimentaire : Octobre 2024 – Mai 2025
- Dernier Mali Mise à jour des messages clés : Juillet- Septembre 2025
- Aperçu de la méthodologie de développement de scénarios de FEWS NET
- Aperçu des analyses IPC et IPC-compatible
- L'approche de FEWS NET en matière d'analyse de l'assistance alimentaire humanitaire
Les conflits armés se poursuivent au centre et au nord du Mali et s’étendent désormais vers l’ouest et le sud (Kayes, Nioro du Sahel, Kita, Nara, Ségou, Dioila, San, Bougouni, Koutiala, Sikasso). Les attaques des groupes armés contre les forces armées, la pose d’engins explosifs et les repressions sur les populations civiles conduisent à des déplacements forcés de populations. En décembre 2024, environ 402 167 personnes déplacées internes étaient hébergées dans les villes, camps ou chez des familles d’accueil, subissant une forte pression sur leurs ressources très limitées. En 2025, le JNIM a intensifié ses attaques dans le sud et l’ouest du pays, en procédant à des agressions contre les civils, prélevant des taxes aux populations et procédant à des opérations plus complexes visant les forces de sécurité. À Kidal et Ménaka, l’intensification des offensives militaires contre le FLA et les groupes terroristes dans la zone frontalière avec l’Algérie et le Niger provoque de fortes perturbations dans la mobilité des personnes et des biens, ainsi que des pertes en vies humaines, des représailles et des pillages de biens. Les répressions du FLA envers les civils ont entraîné de nouveaux déplacements, notamment vers Kidal ville, où environ 1 663 personnes déplacées ont été récemment enregistrées entre décembre 2024 et août 2025 selon le service du développement social.
Parallèlement, le nombre de réfugiés burkinabè ne cesse d’augmenter, atteignant actuellement 165 000 personnes. Entre avril et août 2025, 51 000 nouveaux réfugiés ont été enregistrés dans le cercle de Koro, dont près des trois quarts étaient originaires du Burkina Faso, vivant dans des abris précaires ou temporaires.
Des baisses localisées de la production de céréales dans certains bassins céréaliers sont attendus à cause des déficits pluviométriques qui ont occasionné des ressemis, de la forte crue, du faible accès aux engrais et de l’insécurité, qui réduisent par rapport à la moyenne les stocks et les revenus agricoles des ménages dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka et au nord de Ségou et de Nara.
Dans les zones d’insécurité du centre et du nord, les perturbations de la transhumance réduisent l’accès aux produits animaliers et à la couverture sanitaire du troupeau. Les concentrations inhabituelles de troupeaux, les pertes liées au vol et les ventes de détresse dégradent les conditions d’élevage et réduisent la taille du cheptel.
L’insécurité a conduit au dysfonctionnement des marchés du centre et du nord, limitant l’approvisionnement (Figure 1). Les tentatives de blocus sur les principaux axes d’approvisionnement par les groupes armés du FLA à Kidal depuis juillet et du JNIM et de l’EIGS à Ménaka, Gao et Tombouctou depuis l’année dernière, se poursuivent et se caractérisent par des braquages, des incendies de moyens de transport, de prélèvement illicite de taxes voire des meurtres. À Kidal, ces affrontements ont réduit les échanges avec l’Algérie et le Niger, principales sources d’approvisionnement en denrées alimentaires, provoquant des pénuries et une hausse des prix de plus de 90 pour cent pour certains produits. La hausse de prix, la dégradation des termes de l’échange bétail/céréales en forte baisse par rapport à la moyenne quinquennale et la baisse des activités économiques diminuent les revenus des ménages dans ces zones et leur accès aux marchés.
Depuis septembre 2025, le JNIM tente d’imposer un blocus sur les importations de carburant dans le pays en attaquant les principales voies d'approvisionnement menant aux principaux ports côtiers, entraînant de graves pénuries de carburant et la hausse des prix du carburant sur les marchés informels. Les incendies de camions-citernes, les meurtres de chauffeurs et la prudence de certains importateurs de carburant ont significativement réduit la disponibilité en produits pétroliers à travers le pays¸ en poussant des compagnies comme Shell ou Star à réduire leurs activités. Bien que les prix officiels dans les stations-services soient fixés et sous le contrôle du gouvernement, des hausses de prix importantes ont été enregistrées auprès des revendeurs informels de carburant dans les zones y compris les villes. Ces développements perturbent les mouvements de personnes, la production d’électricité et paralysent certaines activités économiques comme le transport, vital pour la circulation des personnes et des biens et même les activités agricoles liées au carburant comme le battage des récoltes. Les pénuries de carburant sont plus graves dans les régions du sud et centre, particulièrement à Koutiala, Ségou, Mopti et San, vers où des convois de citernes seront probablement escortés par l’armée. En octobre, les impacts sur les récoltes, les marchés et l’accès à la nourriture restent limités, à cause de la disponibilité des stocks, mais la situation pourrait se détériorer selon la durée du blocus et l’organisation des escortes militaires.
Assistance alimentaire humanitaire
La baisse saisonnière des assistances humanitaires est observée avec la fin de la soudure agropastorale mais se poursuit dans le cadre du mécanisme rapide de secours aux personnes déplacées et réfugiées. L’assistance humanitaire en nature, cash et en bon d’achat/coupons, dans le cadre du Plan National de Réponse pour la soudure de juin à septembre 2025 a eu lieu dans le pays et particulièrement dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays. Cependant, la faible mobilisation des finances, n’allouant que 7 pour cent à l’alimentation, et les difficultés d’accès humanitaires ont réduit le niveau de la couverture globale des personnes en besoin. En fin septembre, selon le cluster sécurité alimentaire, les assistances alimentaires mensuelles de janvier à août 2025 ont concerné 821 952 personnes (personnes déplacées, refugiées, communauté hôte), soit 56 pour cent des bénéficiaires ciblés (1 470 144 personnes). Parmi les cercles prioritaires comme Kidal, Ménaka, Gao, Bourem et Ansongo, l'assistance alimentaire a atteint 71 pour cent des bénéficiaires ciblés en fin août 2025. Toutefois, la baisse saisonnière des assistances à partir d’octobre qui seront principalement destinées aux déplacés toucheront moins de 25 pour cent de la population dans ces zones.
Zones de Kidal et de Ménaka au nord du pays : Dans les régions de Ménaka et de Kidal, la forte dégradation des moyens d’existence liée aux impacts du conflit sur les activités économiques continue de limiter les capacités des ménages pauvres à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. L’amélioration saisonnière de la consommation alimentaire reste très limitée à cause de la baisse des disponibilités en produits laitiers, des prix élevés des denrées alimentaires de base, de la dégradation des termes de l’échange bétail/céréales, aussi de la forte baisse des récoltes et des produits de cueillette dans la région de Ménaka. Ainsi, les ménages pauvres ont recours aux stratégies atypiques de vente excessive de bétail, des biens productifs, de réduction de la quantité de repas et à la solidarité locale pour atténuer les difficultés d’accès aux vivres. Les écarts énormes de consommation alimentaire particulièrement élevés dans les zones pastorales de Ménaka traduisent une situation alimentaire difficile particulièrement pour les ménages pauvres et les déplacés représentant une proportion très élevée de plus de 20 pour cent de la population. Ces écarts de consommation affecteront significativement la situation nutritionnelle déjà critique pour les deux régions avec des prévalences de la malnutrition aigüe globale (MAG) au-dessus de 15 pour cent selon la dernière enquête SMART de septembre 2024 ; ce qui est susceptible d’engendrer une hausse de la mortalité au-delà de la moyenne de la zone. Par conséquent, les ménages pauvres incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir de façon atypique à la réduction importante des dépenses non alimentaires et alimentaires, à la vente excessive de bétail, à la vente de biens et au déplacement vers d’autres zones sont en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC). Cette situation d’insécurité alimentaire est beaucoup plus dégradée pour les déplacés et une proportion importante de très pauvres qui seraient en Crise (Phase 3 de l’IPC) à Urgence (Phase 4 de l'IPC).
Zones d’insécurité de Gao, Mopti, Taoudenni et de Tombouctou : L’amélioration saisonnière de la situation alimentaire est observée à la faveur de la disponibilité des récoltes, et des produits animaliers bien que faibles par rapport à une année typique, de la baisse saisonnière des prix des céréales, de meilleurs termes d’échange bétail/céréales, des rémunérations en nature et des dons (zakat) ; ce qui marque la fin de la soudure agropastorale. Cependant, cette amélioration reste moins marquée qu’en année normale en raison de la faible production agricole liée aux aléas climatiques et aux difficultés d’accès aux champs et aussi aux produits de cueillette en lien avec l’insécurité. En plus, la détérioration des moyens d’existence et le niveau encore élevé des prix continuent de limiter l’accès à la nourriture pour les ménages pauvres. Ces ménages, contraints de recourir à la migration, aux emprunts ou à plus de travail, se trouvent en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC). Pour les ménages déplacés dépendant principalement de l’assistance alimentaire en forte baisse et les réfugiés notamment dans la région de Bandiagara, qui représente moins de 20 pour cent de la population dans ces zones, ils sont en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC). Malgré l’amélioration saisonnière de la consommation alimentaire, la situation nutritionnelle demeure préoccupante et serait à l’image des résultats du dernier SMART de septembre 2024 montrant une malnutrition aiguë globale (MAG) sérieuse (>10 pour cent) : 19,3 pour cent à Gao, 9,4 pour cent à Mopti, 9,7 pour cent à Taoudenni et 12 pour cent à Tombouctou. Cette détérioration est liée aux difficultés d’accès à la nourriture, au dysfonctionnement des structures sanitaires, à la baisse des financements des assistances humanitaires et aux obstacles à l’accès humanitaire.
Zones agricoles du sud notamment les régions de Ségou, San, Sikasso, Bougouni, Koutiala, Dioila, Kayes et de Koulikoro : L’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) en cours devrait se poursuivre à la faveur de l’amélioration de la consommation alimentaire liée à la disponibilité moyenne de la propre production et à la baisse des prix des céréales, qui réduisent les difficultés d’accès des ménages aux aliments. En plus, les revenus habituels issus des activités de main d’œuvre agricole ou non agricole, la vente des produits agricoles, permettent aux ménages d’accéder sans grandes difficultés aux aliments ; ce qui est favorable à une situation nutritionnelle similaire à celle d’une année typique.
Zones centres urbains : La baisse du pouvoir d’achat en milieu urbain dans une conjoncture économique difficile et caractérisée par une perturbation des activités économiques, une réduction des opportunités d’emploi, et une inflation alimentaire de 6,5 pour cent en octobre 2025, continue d’affecter négativement l’accès des ménages pauvres aux aliments. L’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire en cours se maintiendra pour les ménages pauvres obligés de recourir à plus d’emprunts que d’habitude en nature et en espèce, à la vente de biens, à la solidarité locale et à la réduction importante des dépenses non alimentaires. Quant aux ménages pauvres sinistrés par les inondations et qui ont de la peine à satisfaire à la fois leurs besoins alimentaires et de reconstitution des biens dégradés ou perdus, ils sont dans un besoin d’assistance afin d’éviter un recours à des stratégies d’adaptation plus élevées et une dégradation inhabituelle de leur consommation alimentaire.
Figure 2
Source: FEWS NET avec les données de l’Agence de Veille et d’Alerte en Sécurité Alimentaire et Nutritonnelle (AVASAN)
- L’insécurité volatile et en extension vers l’ouest et le sud du pays continuera entre octobre 2025 et mai 2026. Le niveau des incidents devrait persister à un niveau similaire ou supérieur à celui de 2024 en raison de la nouvelle stratégie des groupes armés utilisant des drones kamikazes et de surveillance, des agitations du FLA à Kidal et de la multiplication des foyers de tensions par le JNIM dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Bougouni, San, Koutiala, Kita, Dioila et Ségou, face à l’intensification des offensives militaires. Des déplacements de population à la suite des attaques et des persécutions des groupes armés sur les populations civiles se poursuivront notamment au centre et au nord du pays.
- D’après les informations disponibles à la mi-octobre, le blocus de carburant imposé par le JNIM devrait être de courte durée et de gravité limitée. Les perturbations des activités économiques, y compris dans le secteur agricole, devraient être atténuées par l’intervention militaire, notamment les escortes de carburant et l’assouplissement des mesures de restriction des achats dans les bidons. Une incertitude demeure tout de même en raison de l’évolution rapide de la situation.
- Des baisses localisées de productions sont attendues dans les zones d’insécurité des régions du centre et nord à cause de la mauvaise répartition des pluies et des inondations, des difficultés d’accès aux champs et des déplacements inhabituels de population ayant réduit les superficies cultivées. Cependant, les productions de céréales seront globalement moyennes à supérieures à la moyenne dans le pays, compte tenu de la hausse prévue de 9,6 pour cent de la production céréalière par rapport à la moyenne quinquennale selon la Cellule de Planification et des Statistiques du Secteur du Développement Rural, favorables à une disponibilité alimentaire suffisante.
- Bien que les productions animales soient globalement moyennes à supérieures à la moyenne observées cette année dans le pays en raison des conditions d’élevage (pâturages, points d’eau) moyennes, la baisse saisonnière sera observée à partir de mars dans les régions du centre et du nord du pays. Une réduction de la taille de troupeaux des éleveurs à cause des pertes par le vol/enlèvement et des ventes excessives de bétail entraînera une soudure pastorale plus marquée que la moyenne. Dans ces zones, les perturbations de la transhumance engendreront des difficultés d’alimentation par endroits ; ce qui réduira les productions animales.
- Les productions moyennes à supérieures à la moyenne des cultures de contre-saison de maraichage et de céréales sont attendues d’octobre à mars 2026 à la faveur d’une bonne disponibilité de l’eau favorable à l’extension des superficies exploitables.
- Bien que la baisse saisonnière des prix soit amorcée avec le début des récoltes et du déstockage dans les zones de production, la tendance des prix des céréales similaire à supérieure à la moyenne quinquennale se maintiendra dans le pays en raison de la faiblesse des stocks report, du coût élevé de production et aussi des difficultés d’accès à certaines zones de production. Cependant, dans les zones d’insécurité particulièrement à Gao, Kidal et Ménaka (Figure 2), la baisse de l’approvisionnement liée aux difficultés voire aux ruptures en lien avec l’insécurité, contribuera à maintenir les prix des denrées alimentaires supérieurs à nettement supérieurs à la moyenne quinquennale.
- L’économie malienne restera résiliente, malgré la combinaison de facteurs liés à la crise d’électricité, à l’insécurité et aux aléas climatiques, grâce à l’apport du secteur minier. La croissance économique attendue est de 5 pour cent en 2025 selon le Fond Monétaire International (FMI) contre 4,7 pour cent en 2024. Le taux d'inflation qui était de 4,8 pour cent en juillet 2025 devrait atteindre 5,20 pour cent d'ici mai 2026. Les risques politiques et sécuritaires conjugués à des conditions de financement plus restrictives sont encore présents ; ce qui accroît les vulnérabilités budgétaires et d'endettement, et continueront de fragiliser l’économie.
- Les transferts de fonds des migrants et des bras valides seront proches de la moyenne à cause des départs massifs des bras valides particulièrement des zones d’insécurité vers les pays voisins tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Niger et l’Algérie. En dépit du nombre important des départs, la conjoncture économique difficile moins favorable dans les zones d’accueil des centres urbains ne permettra pas d’avoir des revenus au-dessus de la moyenne.
Assistance alimentaire humanitaire
- Les assistances humanitaires destinées aux populations déplacées se poursuivront dans le cadre du mécanisme rapide de réponse (RRM) même avec la baisse saisonnière des assistances d’octobre à janvier 2026 due à l’amélioration de l’accès des ménages aux vivres à la faveur des récoltes. La reprise habituelle des assistances alimentaires et non alimentaires pour la nouvelle année à partir de janvier s’intensifiera dès mars avec la soudure pastorale principalement dans les zones pastorales du centre et du nord du pays. Cependant, au regard d’une crise de financement sans précèdent, FEWS NET s'attend à ce que le nombre de personnes bénéficiaires notamment pendant la période de pré-soudure (mars à mai 2026) et le volume des assistances soient inférieurs à ceux de 2025.
Dans les régions au nord du pays notamment Ménaka et Kidal, les ménages pauvres rencontrent des difficultés énormes d’accès aux aliments à cause de la persistance de l’insécurité qui a réduit significativement les sources de revenus et de nourritures. Ces difficultés sont exacerbées par les prix très élevés des denrées alimentaires, l’accès limité aux produits de cueillette, aux productions animales (lait, beurre, fromage) et la baisse importante des récoltes dans le sud de la région de Ménaka. Pour survivre, ces ménages adoptent des stratégies extrêmes de réduction du nombre et de la qualité des repas, les ventes atypiques de bétail, de la mendicité, et de recours à l’assistance humanitaire. Les écarts importants de consommation alimentaire par rapport à une année typique engendrent une dégradation précoce de la situation nutritionnelle par rapport à la période. Ainsi, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) en cours devrait se poursuivre jusqu’en mars 2026. Les ménages déplacés pauvres dépendants de l’assistance humanitaire se retrouveront dans une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire.
D’avril à mai 2026, correspondant à la soudure pastorale, l’accès des ménages aux aliments se détériorera fortement à cause de la baisse saisonnière plus marquée des productions animales, des prix des denrées de base nettement au-dessus de la moyenne quinquennale, et de la dégradation importante des termes de l’échange bétail/céréales. La dégradation continue de la consommation alimentaire et les difficultés d’accès aux services sociaux de base contribueront à détériorer davantage la situation nutritionnelle déjà critique. L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) se maintiendra jusqu’en mai 2026 à Kidal avec toutefois une proportion de population en phase Urgence (Phase 4 de l’IPC). Quant à la région de Ménaka qui a perduré en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) avec une consommation alimentaire et des moyens d’existence très dégradés et un nombre important de déplacés, on s’attend à une insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) à partir d’avril 2026.
Dans les zones d’insécurité de Gao, Mopti, et Tombouctou, principalement des cercles de Koro, Bandiagara, Bankass, Douentza, Gourma Rharous, Ansongo et de Gao, les récoltes en cours, bien qu’inférieures à celles d’une année typique, la disponibilité moyenne des produits animaliers et la baisse saisonnière des prix des céréales amélioreront l’accès des ménages aux aliments d’octobre à janvier 2026, réduisant ainsi leurs recours aux stratégies d’adaptation atypiques. Cependant, la forte dégradation des moyens d’existence liée à la perturbation des activités socio-économiques ne permet pas aux ménages pauvres de satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Ces ménages pauvres qui ont recours à l’intensification atypique des activités de main d’œuvre, de migration, et de réduction des dépenses non alimentaires seront par conséquent en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) d’octobre 2025 à avril 2026.
À partir de mai 2026, la soudure agropastorale précoce liée à l’épuisement précoce des stocks engendrera une forte dépendance des ménages aux marchés avec des revenus en baisse face à des prix supérieurs à la moyenne des cinq dernières années. Les ménages pauvres adopteront de façon plus marquée les stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction de la quantité et la qualité des aliments, les emprunts en nature ou en espèce auprès de la communauté et commerçants, la vente inhabituelle de bétail et des biens et la réduction des dépenses non alimentaires. Par conséquent, l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) se dégradera en Crise (Phase 3 de l’IPC) pour ces ménages pauvres à la période pré-soudure en mai.
La situation des ménages déplacés pauvres est particulièrement critique, avec un rapport d'octobre 2024 indiquant qu’un nombre significatif à Gao, Tombouctou et Mopti manque de revenus et dépend de l’assistance humanitaire. Les faibles opportunités d’emploi et les difficultés d’accès aux marchés aggravent leur situation déjà précaire entraînant une dégradation de la consommation alimentaire et une malnutrition aiguë critique (supérieur à 15 pour cent) comme indiqué par l’analyse IPC Malnutrition Aiguë de septembre 2024. Ces ménages, déjà en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire, ont besoin d’une assistance urgente pour éviter une détérioration plus marquée de leur situation alimentaire.
Dans les zones agricoles du sud, en raison d’une disponibilité globalement moyenne de la propre production agricole malgré des baisses localisées, des produits de la rémunération en nature, des produits animaliers et la baisse saisonnière des prix des denrées alimentaires, la consommation alimentaire connaîtra son amélioration saisonnière typique. Par conséquent, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) en cours dans les régions agricoles de Ségou, Sikasso, Koulikoro et Kayes devrait se poursuivre jusqu’en mai 2026. Les revenus habituels issus de la vente de produits agricoles, du bétail, de la main-d’œuvre, du petit commerce et de la migration, permettront aux ménages pauvres d’accéder aux marchés sans grandes difficultés d’octobre à mai 2026.
Dans les centres urbains, en dépit d’une amélioration de la situation alimentaire liée à la baisse saisonnière des prix des céréales de base, les ménages pauvres resteront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’en mai 2026. Les ménages pauvres, à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires, de la baisse d’opportunités de revenus et du faible pouvoir d’achat, auront recours de façon atypique aux emprunts en nature et en espèce, à la vente de biens/équipements, à la forte sollicitation de la solidarité locale et à la réduction importante des dépenses non alimentaires voire alimentaires. Il en sera de même pour les ménages victimes des inondations à travers le pays et qui peinent à satisfaire à la fois leurs besoins alimentaires et de reconstitution des biens dégradés/perdus.
| Preuves | Source | Format des données | Éléments d'analyse de la sécurité alimentaire |
|---|---|---|---|
| Evolution campagne agropastorale 2025 | Cluster Sécurité Alimentaire, Rapports décadaires Groupe Technique Pluridisciplinaire Agro-météo (GTPA) | Qualitative | Estimations de production, baisse des rendements et niveau de son impact sur l'offre et les prix des denrées alimentaires sur les marchés |
| Etat des conditions d’élevage et du mouvement du bétail | Bulletin surveillance ACF, USGS-NDVI, IOM | Qualitative | La disponibilité et l’accès aux ressources pastorales et leurs impacts sur l’état d’embonpoint, la production laitière, et les revenus pastoraux |
| Projection de prix des céréales | FEWS NET, l’Agence de Veille et d'Alerte en Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AVASAN). | Quantitative | Tendance anticipée des prix et impacts sur l’accès aux aliments, les revenus et sur le pouvoir d’achat |
| Perte de superficie cultivée | FAO, Système d’évaluation de suivi des inondations (DIEM-EVE) | Quantitative | Données cartographiques des inondations et incidences sur les productions agricoles et pastorales |
| Analyse et projections de conflit | ACLED | Qualitative/quantitative | Données sur la situation sécuritaire et la tendance et implications sur les populations |
| Macro-économie | FMI, Trading Economics | Quantitative/qualitative | Données sur l’inflation générale et alimentaire et implications sur le pouvoir d’achat des ménages |
| Assistance alimentaire | Cluster Sécurité Alimentaire, OCHA | Quantitative | Données sur le plan humanitaire, sur les quantités distribuées et le nombre de personnes bénéficiaires |
| Agro-climatologie | USGS, NOAA’s Climate Prediction Center, Climate Hazards Center, FANFAR | Quantitative | Données satellitaires sur la situation et l’évolution de la saison agricole |
| Profils de moyens d’existences | FEWS NET | Qualitative | Sources typiques de nourriture et de revenus par zone de moyens d'existence |
| Nutrition | Ministère de la Santé Publique | Qualitative | Données sur cas d’enfants admis dans les centres de récupérations nutritionnelles et sur la prévalence de la malnutrition |
| Personnes en déplacements forcés | UNOCHA, UNHCR | Quantitative et qualitative | Données sur les déplacements forcés selon les localités et les périodes |
L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs plusieurs mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, il est impossible de faire des prévisions définitives. Le développement de scénarios est une méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en élaborant un scénario « le plus probable » du futur.
Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une approche basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de sa vulnérabilité face à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance à la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité du ménage à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension approfondie des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).
Comment FEWS NET analyse-t-il les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë ? FEWS NET évalue dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec celles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de changement des moyens d’existence. FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles sur l'état nutritionnel et la mortalité, en évaluant si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë. FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases, mondialement reconnue, pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.
Comment FEWS NET élabore-t-il ses suppositions clés pour le scénario le plus probable ? Une étape clé du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs influencent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et anomalies susceptibles d'affecter l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs affectant l'état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions forment la base du scénario « le plus probable ».
Comment FEWS NET analyse-t-il les résultats projetés de l’insécurité alimentaire aiguë ? En utilisant les suppositions clés soutenant le scénario « le plus probable », FEWS NET projette les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux au fil du temps. FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire de la consommation alimentaire et les changements dans les moyens d’existence au niveau des ménages avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC serait probablement plus sévère d’au moins une Phase sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée, qui devrait être financée et livrée.
Comment FEWS NET analyse-t-il l'aide alimentaire humanitaire ? L’assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance, bien que ces informations varient considérablement selon les zones géographiques et au fil du temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance). En outre, FEWS NET analyse les impacts probables de l’assistance sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios.
Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme. Cela signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.
La persistance des problèmes d’approvisionnement en carburant dans le pays.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Le groupe terroriste JNIM poursuit ses attaques contre les convois de produits pétroliers, même escortés par l’armée, dans le but de bloquer les principaux axes d’approvisionnement du pays. Cette stratégie d’usure compromet la durabilité des escortes et entraîne des pénuries de carburant à l’intérieur du pays. Même si les prix des transports restent maintenus pour les principales compagnies, la pénurie de carburant devrait entraîner une augmentation des prix des transports et des produits de première nécessité, et limiter la capacité à mener certaines activités agricoles telles que le battage, le décorticage, et l’irrigation pour les cultures de contre-saison. Si le blocus sur le carburant persistait, il devrait entraîner une hausse plus importante des prix de carburant, qui se répercutera sur l'économie par le biais d'une augmentation des coûts de transport, suivie d'une hausse plus importante des prix des produits de première nécessité et même la suspension de certaines activités économiques. Cela limitera davantage l’accès des ménages pauvres aux aliments par l’aggravation de leurs difficultés à satisfaire les besoins alimentaires et non alimentaires, réduira la mobilité des personnes et des biens, et augmentera par conséquent le nombre de personnes en besoin (Phase 3 de l’IPC ou pire). Cela conduirait à un changement de phase de Minimal (Phase 1 de l’IPC) à Stress (Phase 2 de l’IPC) pour les zones au nord de Ségou, San, et Mopti, déjà fragilisées par l’insécurité et les conflits, dans les prochains mois. Les autres zones touchées au sud de ces régions verront une augmentation du nombre de personne en Crise (Phase 3 de l’IPC) sans changement de phase par ce qu’il s’agit des zones de grande production agricole où les activités agricoles pourraient ralentir en raison des pénuries de carburant, mais pourront se poursuivre manuellement.
L’intensification des conflits plus qu'observé présentement continuera de dégrader les moyens d’existence des ménages.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Si le conflit à Kidal et Ménaka s'intensifie davantage que prévu dans le scénario le plus probable, l'accès des ménages aux sources de revenus et de nourriture déjà réduit serait en outre remis en cause par les limitations de l'accès physique aux approvisionnements des marchés et aux activités économiques à cause des affrontements entre les FAMa et les groupes armés à Kidal et de Ménaka, et les déplacements de population qui en résulteront. La baisse des revenus qui en résultera et les difficultés d’accès humanitaire réduiront davantage l’assistance aux personnes en besoin, notamment pour les déplacés qui en dépendent. La forte dégradation des moyens d’existence à travers les ventes inhabituelles de bétail, les vols/pillages de troupeaux et l’arrêt de certaines activités économiques vitales comme le petit commerce et l’artisanat rehausseront l’exposition des ménages à l’insécurité alimentaire. Dans ce scenario, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) à Kidal se dégradera en insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) à partir d’avril. Le nombre de personnes en situation d'Urgence (Phase 4 de l’IPC) à Ménaka, avec une faible proportion en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC), devrait également augmenter tout au long de la période de projection.
Figure 3
Le conflit armé dans la bande frontalière avec l’Algérie et le Niger a de graves impacts sur la sécurité alimentaire dans les régions de Kidal et Ménaka. Les populations ont connu une dégradation significative de leurs moyens d’existence, affectant particulièrement leurs sources habituelles de revenus et d’alimentation. La tendance du nombre d'incidents d’insécurité dans les deux régions au cours de l'année est illustrée dans la Figure 3.
La région de Kidal reste une zone de résistance pour les rebelles du FLA et les JNIM. Le FLA appuyé en circonstance par le JNIM s’engage dans des affrontements parfois très meurtriers contre l’armée comme en juillet 2025 lors d’une embuscade contre un convoi des FAMa sur l’axe Kidal-Anefis. Ces affrontements surviennent dans un contexte de tensions exacerbées par un redéploiement militaire significatif appuyé par les partenaires russes d’Africa Corps dans cette zone stratégique, à la lisière de l'Algérie en juin 2025. La pose d’engins explosifs, les attaques des positions des FAMa, les embuscades par le FLA se poursuivent en dépit de l’intensification des bombardements sur les bases du FLA et du JNIM. Le recours aux drones kamikazes par le FLA et le JNIM constitue un changement notoire de stratégies dans leurs affrontements contre les FAMa. Les repressions du FLA contre les communautés Imghad désignées comme proches du gouvernement ont engendré des déplacements forcés et des morts en août 2025. Malgré la baisse des incidents liés au JNIM dans la région, leurs tentatives de blocus à travers des attaques sporadiques sur les principaux axes et contre les convois militaires et de fournisseurs de la région restent tout de même présentes.
La région de Ménaka est en proie à un conflit prolongé et marqué par des affrontements et des mesures de représailles entre le EIGS, les groupes armés locaux et les FAMa. Les blocus armés, les attaques contre les civils et les pillages ont gravement perturbé le commerce et l'accès humanitaire, forçant des milliers de personnes à se déplacer et à abandonner leurs moyens de subsistance. En 2025, les FAMa, soutenues par les FDS nigériennes, ont été en mesure de limiter les avancées de l’EIGS à Ménaka. Les attaques de l'EIGS contre les civils, les forces de sécurité et les groupes armés pro-gouvernementaux se sont poursuivies autour de la réserve naturelle d'Ansongo-Ménaka et dans le cercle d'Andéramboukane, en vue de consolider sa présence dans la région. En dépit d’une baisse d’intensité des affrontements avec les FAMa soutenues par ses alliés de l’AES, l’EIGS a recours aux meurtres à grande échelle de civils comme forme de punition collective pour dissuader les communautés à coopérer avec l'État malien, tout comme le FLA à Kidal. Les frappes aériennes fréquentes de l’armée ciblant les véhicules suspects réduisent l’accès physique dans la zone et perturbent les mouvements de transhumance, les activités économiques et l’accès humanitaire. L'EIGS a maintenu son blocus de facto à Ménaka, limitant ainsi les flux commerciaux et l'aide humanitaire vers Ménaka, exacerbant une situation humanitaire déjà préoccupante.
Ces incidents perturbent les mouvements des personnes et de leurs biens et les activités économiques, provoquent aussi des déplacements massifs de populations, y inclus les grands acteurs économiques, dans les régions de Kidal et de Ménaka. Ces deux régions qui ont une production agricole négligeable voire inexistante dans la majeure partie, sont fortement dépendantes du marché pour leur sécurité alimentaire. Dans les zones pastorales de Ménaka et Kidal, la perturbation du commerce transfrontalier avec l’Algérie et le Niger a entraîné une forte réduction de l’approvisionnement en denrées alimentaires et produits manufacturés avec des séquences de pénuries sur les marchés, notamment en farine et semoule de blé. Selon les informateurs clés, une réduction de plus de la moitié du volume des produits importés est observée à Ménaka et beaucoup plus élevée encore à Kidal. Les importations limitées depuis Gao lors des convois militaires non réguliers ne suffisent pas à compenser la baisse des offres. Cela limite l’activité commerciale, maintient les prix à un niveau nettement élevé par rapport à l’année dernière voire doublé par rapport à la moyenne quinquennale ; ce qui réduit considérablement l’accès des ménages pauvres à la nourriture.
La forte hausse des prix par rapport à la moyenne quinquennale réduit significativement l’accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires dans un environnement où les opportunités de revenus sont fortement réduites. Il s’agit entre autres du transport, du courtage, du manœuvre et du petit commerce. La réduction de la taille des troupeaux de 20 à 30 pour cent, selon la collecte des paramètres clés, à la suite des vols/pillages de bétail et des ventes excessives a réduit la disponibilité en produits animaliers (lait, beurre et fromage) très importants dans la consommation alimentaire des ménages des deux régions.
Le départ des grands acteurs économiques de la zone qui a commencé en 2023 et qui s’est intensifié depuis la reprise des hostilités en mai/juin 2025 et le dysfonctionnement des marchés ont réduit fortement les opportunités d’emplois locaux. Les difficultés d’accès physique aux marchés pour la vente de bétail qui constitue la principale source de revenus des ménages les amènent à céder à des prix nettement en dessous de la moyenne quinquennale. La baisse importante du revenu pastoral des ménages pauvres qui en résulte face à des prix des denrées de base très élevés, engendre des ventes atypiques aboutissant à une décapitalisation pour des ménages qui ont des effectifs limités.
Les difficultés d’accès physique à certaines zones réduisent l’assistance humanitaire aux ménages en besoin en dehors des villes de Kidal, Ménaka et Andéramboukane. L’assistance humanitaire apportée jusqu'à présent s'est avérée insuffisante au regard des besoins et de la persistance d'importants déficits alimentaires. Les conséquences de la réduction du financement des programmes et les difficultés d’accès continueront à réduire le niveau d’assistance aux personnes en besoin.
La situation sécuritaire a contribué à dégrader les moyens de subsistance, les stratégies d'adaptation et la consommation alimentaire beaucoup plus dans la région de Ménaka que dans celle de Kidal en raison d’une situation déjà précaire pour Ménaka. Depuis deux ans, Ménaka a une proportion nettement plus élevée de personnes déplacées et avec des zones inaccessibles notamment dans la bande frontalière avec le Niger et où les marchés sont pratiquement non fonctionnels. Toutefois, certains ménages pauvres de Kidal ont recours à des stratégies d’adaptation extrêmes de réduction du nombre et de la qualité des repas, de ventes atypiques de bétail, de la mendicité, et de recours à l’assistance humanitaire en raison de la détérioration significative de leurs sources habituelles de revenus et de nourriture.
Citation recommandée: FEWS NET. Mali Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2025 - Mai 2026: Les conflits maintiennent l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire dans le nord et le centre du Mali, 2025.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.