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- La persistance des incidents sécuritaires continuera à perturber les moyens d’existences des ménages notamment dans le centre et le nord du pays. Ménaka reste la zone de plus haute préoccupation, où les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) se dégraderont précocement en Urgence (Phase 4 de l’IPC) à partir d’avril avec le maintien d’une proportion de ménages dans les zones inaccessibles en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
- Bien que le nombre de personnes ayant besoin d’assistance alimentaire diminue dans la période post-récolte, les besoins d’assistance resteront élevés dans le pays, notamment les populations dans les zones de conflit, les PDIs, et celles dans les zones inaccessibles de Ménaka. Les besoins commenceront à augmenter de manière saisonnière au début de l'année 2025 jusqu'à la fin de la période de projection, ou entre 500,000 et 749,999 personnes auront besoin d’assistance alimentaire en avril-mai 2025.
- Les productions de céréales globalement moyennes à inférieures à la moyenne sont favorables à une disponibilité moyenne de céréales dans le pays à partir d’octobre. Cependant, la baisse globale des productions dans certains bassins de production à cause des inondations et des abandons de champs en lien avec l’insécurité, engendrera un épuisement précoce des stocks au niveau des ménages et une baisse inhabituelle des disponibilités de céréales sur les marchés après la période de post récolte.
- En octobre, l’accès des ménages à la nourriture et aux revenus connait son amélioration saisonnière grâce aux récoltes en cours bien que faibles par endroits et à la baisse des prix des céréales. Dans les zones de conflit du centre et du nord, l’accès à la nourriture reste réduit par rapport à la normale à cause de la hausse des prix nettement supérieurs à la moyenne et de la dégradation des termes de l’échange bétail/céréales dans le pays.
L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 15 octobre, 2024.
Une aide humanitaire reste nécessaire au nord du pays en période post-récolte
En plus de l’insécurité, les dégâts importants liées aux inondations ont fragilisé les moyens d’existence des ménages dans les zones concernées. Au 20 octobre 2024, 703 cas d’inondations ont été enregistrés, affectant plus de 351,221 personnes, avec 86 pertes en vies humaines, et 154 blessés. Des dégâts matériels très importants, notamment au niveau des habitations, des infrastructures socio-économiques, du bétail, ont été signalés. Les pertes de superficies cultivées estimées à environ 544 172 hectares de cultures (FAO), soit 8,6 pour cent des superficies réduiront les disponibilités alimentaires et induiront des hausses de prix sur les marchés. Toutes les régions sont concernées, particulièrement celles de Ségou, Bamako, Gao, Mopti, Koulikoro et Bandiagara.
Les ménages dans les zones impactés par l’insécurité restent atypiquement dépendants aux marchés. Le prix des produits de base reste supérieur à la moyenne de plus de 40 pour cent voire plus de 100 pour cent à Ménaka. Ces niveaux élevés de prix et la baisse des termes de l’échange bétail/céréales, réduisent l’accès adéquat des ménages pauvres aux denrées alimentaires dans un environnement de baisse de revenus.
Malgré l’amélioration saisonnière en cette période de post-récolte d’octobre à janvier, la population ayant besoin d’une assistance alimentaire restera élevé au-delà de la période post récolte. Dans les zones agropastorales, les stocks des ménages devraient s'épuiser plus tôt que d'habitude par endroits, en raison de la faible production céréalière et de l'insécurité persistante. Les cultures de contre-saison comme le maraîchage compenseront partiellement le manque de nourriture, mais les ménages devront de plus en plus recourir au marché dans un contexte de prix élevés, en particulier entre février et mai. A Ménaka, les ménages qui rencontrent des difficultés d’accès aux vivres renforceront le recours aux stratégies de réduction du nombre et du volume de repas, à la vente de biens productifs, à la dépendance à la solidarité sociale et à la mendicité. Par conséquent, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) se dégradera en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) dès avril 2024.
Les assistances humanitaires en cours par le Gouvernement et ses partenaires humanitaires se focalisent notamment sur les assistances aux déplacées dans le cadre du mécanisme de réponse rapide (RRM) et celles de la soudure en retard. Cependant, les contraintes d'accès humanitaire et la faiblesse de mobilisation du financement menacent de réduire l'efficacité de la distribution d'aide dans les zones critiques. Dans le souci de répondre aux besoins d’urgence et de renforcer la résilience des ménages affectés par la crise sécuritaire et alimentaire au Mali, une réponse humanitaire soutenu demeure impérative. Une action urgente est essentielle pour renforcer le financement humanitaire, améliorer l'accès des ménages aux aliments et atténuer l'impact profond du conflit et de la variabilité climatique sur des millions de personnes à travers le pays.
Le Mali est en proie à l'insécurité et au conflit au nord et centre du pays depuis 2012. Le conflit, née de la volonté d’autonomisation du nord par les groupes rebelles, s’est exacerbé par l'augmentation des opérations des groupes armés non étatiques (GANEs) dans le nord du pays autour de 2015. Les combats entre l'État Islamique du Sahel (EIS), Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) et les Forces Armées Maliennes (FAMa) se poursuivent dans le pays. De plus, les combats persistants entre le groupe du Cadre Stratégique Permanent (CSP) et les FAMa depuis août 2023 ont conduit à une escalade de la violence dans le nord du Mali. Le contexte sociopolitique du Mali, marqué par le coup d'État en 2020, a entrainé l'imposition de sanctions économiques et financières de la part de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) jusqu’en juillet 2022, ce qui a ralenti l'économie et contribué à l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant. La capacité des ménages à acheter de la nourriture s’est réduite à travers le pays. En janvier 2024, la décision du Mali de se retirer de la CEDEAO, marquant une rupture significative avec les efforts de coopération régionale et d'intégration économique, laisse encore des questions quant à l’impact de cette décision sur l’économie du pays.
Le conflit prolongé a eu un impact immense sur les moyens d’existence au Mali. L'agriculture et le pastoralisme sont les principaux moyens d’existence pour la majorité de la population. Le secteur agricole repose fortement sur l'agriculture de subsistance, avec des cultures de base telles que le mil, le sorgho, le maïs et le riz. L'élevage est aussi important comme moyens d’existence dans les régions au nord et du centre du pays. Cependant, ces moyens d’existence sont très vulnérables aux chocs, y compris les variations climatiques et le conflit en cours, qui perturbent les activités agricoles, socioéconomiques, les routes de transhumance et l'accès aux marchés. Pour les ménages pastoraux, l'incapacité de suivre les itinéraires typiques de transhumance perturbe la santé (vaccination) et la productivité du bétail. Bien que la majorité de la population soit concentrée dans les zones productrices du sud du pays, relativement épargnées par le conflit, les populations du nord dépendent fortement des flux commerciaux provenant de ces zones excédentaires et de l’extérieur pour la majorité de leurs besoins alimentaires de base.
Ces chocs ont sévèrement impacté les variations saisonnières typiques dans le nord du Mali. L'insécurité persistante a perturbé les activités agropastorales, entraînant une réduction de la production des cultures à la suite des abandons de champs. Le mois d’octobre, période actuelle de ce rapport, marque typiquement la période des récoltes, où une amélioration significative de l'accès à la nourriture et aux revenus est observée dans le sud du pays, le centre-sud et l’ouest. Toutefois, le manque d'accès à la propre production, la perturbation des flux commerciaux et les prix des denrées alimentaires de base supérieurs à la moyenne maintiendront les besoins élevés en aide humanitaire dans le nord du Mali bien après la période post-récolte.
En savoir plus
Les liens suivants donnent des informations supplémentaires :
- Dernier Perspectives sur la Sécurité Alimentaire
- Aperçu de la méthodologie de développement de scénarios de FEWS NET
- L’approche de FEWS NET pour estimer la population dans le besoin
- Aperçu des analyses IPC et IPC-compatible
L'approche de FEWS NET en matière d'analyse de l'assistance alimentaire humanitaire
L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section.
Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).
Principaux dangers
Insécurité :
Les incidents sécuritaires se poursuivent dans le pays avec une extension à l'ouest et au sud du pays dans les régions de Nioro, Yélimané, Nara et Sikasso, où des attaques attribuées au JNIM ont visé des positions des forces de sécurité à Yélimané et Nioro en août 2024 et des populations civiles par des vols, des meurtres et des enlèvements de bétail. La pose d'explosifs sur les axes routiers et les enlèvements se poursuivent principalement dans les régions de Gao et de Ménaka, qui sont l'œuvre de EIS. En fin juillet 2024, la bataille de Tinzawatène a mobilisé outre le CSP-SDA, les groupes du JNIM et de EIS qui ont mis à profit cette attaque pour multiplier les foyers de tension à travers le pays. Selon ACLED, une hausse de 10 pour cent du nombre d’incidents et de 22 pour cent pour les fatalités est observée entre août 2023 à août 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Les déplacements de populations fuyant les persécutions des groupes armés se poursuivent dans le nord et le centre du pays voire dans les régions de Ségou et de San. Les dernières estimations en fin mai 2024 donnent 330,713 personnes déplacées. Toutefois les déplacements se sont poursuivis notamment dans le Liptako Gourma, la région de Kidal et celle de Ségou. Aussi, selon OCHA, des arrivées de réfugiés du Burkina Faso estimés à 122,992 personnes en fin septembre 2024.
Source: FAO/DIEM
Inondations :
Les grandes pluies de juillet à octobre 2024 ont engendré d’importantes inondations pratiquement dans toutes les régions du pays incitant le gouvernement à déclarer l’état de catastrophe nationale le 23 août 2024. Selon le comité de gestion des catastrophes, du début de l’hivernage au 20 octobre 2024, 703 cas d’inondations ont été enregistrés, affectant 351,221 personnes sinistrées, 86 pertes en vies humaines, et 154 blessés. Des dégâts matériels très importants notamment, sur les habitats, les infrastructures socio-économiques, le bétail, les superficies agricoles, sont également signalés. En plus, le débordement de mares et la forte crue historique sur les fleuves (Niger, Bani, Sénégal) continuent de submerger les superficies cultivées dans les bas-fonds principalement le riz de submersion dans les vallées des fleuves de Ségou à Gao en passant par Mopti et Tombouctou et aussi à la frontière avec le Sénégal. Selon le système de suivi des inondations du Sahel et de l’Afrique Centrale de la FAO, environ 544,172 hectares de culture soit plus du double de 2023 (Figure 3) soit 8.6 pour cent des réalisations ont été inondés au Mali au 30 septembre 2024. Des secours d’urgence ont été apportés par le Gouvernement et ses partenaires en termes de vivres, de non-vivres, de cash et d’abris. La région de Ségou est la plus touchée, avec 47 pour cent des sinistrés, particulièrement dans le cercle de Bla.
Conjoncture économique :
La crise d’électricité liée au déficit de production d’énergie depuis 2022 et qui se poursuit continue de réduire le niveau des activités économiques dans le pays à travers la baisse importante du niveau des activités économiques, voire la fermeture de certaines unités industrielles et de licenciement de personnel. La hausse du chômage qui en découle face à une économie qui a de la peine à se relever des séquelles de la crise sécuritaire, des sanctions de la CEDEAO et de la réduction de l’aide au développement, affecte significativement le pouvoir d’achat des ménages. La croissance du Produits Intérieur Brut (PIB) du Mali est passée de 4.7 pour cent au quatrième trimestre de 2023 à 4.2 pour cent au premier trimestre de 2024 et s’est encore diminué à 3.8 pour cent au deuxième trimestre de 2024. L’inflation globale en septembre 2024 est de 5.5 pour cent tandis que l’inflation alimentaire est à 6.6 pour cent contre 8.5 pour cent en août 2024 (INSTAT), réduisant du coup les capacités d’accès des ménages aux aliments particulièrement pour les plus pauvres.
Productions agricoles :
Selon la Cellule de Planification et des Statistiques du Secteur du Développement Rural (CPS/SDR), l’hypothèse la plus probable de la production de céréales, basée sur les conditions d’août, serait estimée à 10,520,525 tonnes; ce qui est en hausse de 5 pour cent à celle de l’an passé et de 6 pourcent à la moyenne des cinq dernières années. Cette estimation basée sur les conditions d’août ne tient pas compte des grandes pertes de superficies à la suite des inondations qui se sont poursuivies en septembre et octobre et de leur impact sur les rendements des cultures dans les zones touchées. Selon FEWS NET, la production attendue serait proche de l’hypothèse basse qui est de 9,965,088 tonnes en raison des difficultés d’installation des cultures en début de saison, de l’accès difficile aux intrants agricoles, des pertes de superficies cultivées dues aux inondations (en particulier pour le riz) et aux abandons de champs liés à l’insécurité y compris dans les bassins de production (inter-fleuve de Ségou et de San, le Seno), les difficultés d'entretien des champs dues à l'excès de pluie.
- Les récoltes moyennes à inférieures à la moyenne pour les cultures de décrue au niveau des mares et lacs des régions de Tombouctou, Mopti sont en cours ; ce qui améliore l’accès et le revenu des ménages dans ces zones. Ailleurs, les premières récoltes des légumineuses (arachide, niébé) et de maïs sont de plus en plus disponibles et procurent des revenus et de la nourriture pour les ménages exploitants. Toutefois, à cause des inondations qui ont engendré des pertes importantes de superficies de culture dans certaines localités particulièrement dans les régions de Ségou, Mopti et de Koulikoro, les disponibilités dans les zones touchées ont été réduites par rapport à la moyenne.
- Dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays et le nord des régions de Ségou, San et de Koulikoro, les déplacements de populations, les difficultés d’accès aux champs et les abandons de champs à la suite des attaques et des persécutions des groupes armés, ont fortement perturbé les activités agropastorales ; ce qui réduit par rapport à la moyenne les revenus et la norriture issus de ces activités.
Productions animales :
L’amélioration saisonnière de la production de lait observée à travers le pays grâce à la reconstitition des conditions d’élevage est favorable à un accès moyen des ménages aux produits animaliers (lait, beurre, fromage). Cependant, la réduction de la taille des troupeaux dans les zones d’insécurité de 20 à plus de 30 pour cent selon le SAP, à la suite des vols/enlèvements et ventes excessives, réduit la disponibilité en ces produits; ce qui affecte négativement l’alimentation et le revenu pastoral des ménages pasteurs. Les troupeaux sont au niveau des zones habituelles de concentration d’hivernage excepté dans les zones d’insécurité de Tombouctou, Gao, Ménaka où des perturbations majeures d’accès à certains pâturages sont observées ; ce qui crée des concentrations inhabituelles au niveau des zones d’accueil.
Revenus en dehors de la propre production agricole :
Les opportunités de mains d’œuvre sont en baisse en raison de la conjoncture économique difficile dans le pays et se resument à la construction, à la main d’œuvre agricole, à la vente de paille, au transport, au courtage aux marchés et aux petits métiers. Quant aux travaux agricoles qui constituent des opportunités de revenus et de nourriture pour les ménages pauvres dans les zones agricoles, la perte de superficies par inondation et où abandon des champs a réduit les opportunités d’emplois agricoles.
- Dans les zones d’insécurité de Mopti, Tombouctou, Ménaka, Kidal, Gao, Ségou, San et Nara, une baisse moyenne à importante des opportunités d’emploi est constatée à la suite de la persistance des incidents sécuritaires, des déplacements de populations, de la baisse du niveau des activités voire leur arrêt ; ce qui réduit en dessous de la moyenne les revenus tirés de ces activités.
Marchés de céréales et de bétails :
Le marché constitue la principale source de nourriture pour les ménages pauvres urbains et les ménages pasteurs. La persistance des dysfonctionnements liés à l’imposition de blocus intermittants depuis août 2023 par les groupes armés à la suite de l’intensification des offenssives militaires, continue de réduire l’approvisionnement régulier des marchés dans les zones d’insécurité. La hausse saisonnière des offres de denrées alimentaires sur les marchés est de plus en plus observée grâce aux récoltes en cours. Des ventes de l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) de mai à juin sur les marchés du nord du pays pour plus de 1500 tonnes de riz ont eu lieu et se poursuivent dans le but d’améliorer la disponibilité alimentaire sur les marchés et attenuer les difficultés d’accès des ménages en cette denrée.
- Dans les régions de Kidal et de Ménaka, qui dependent de l’Algérie de plus de 50 à 80 pour cent pour les produits alimentaires, non-alimentaires et pour la vente du bétail, l’intensification des offensives militaires dans la région de Kidal à la frontière algérienne continue de perturber fortement les flux commerciaux pour les régions de Kidal, Gao et de Ménaka où des ruptures d’approvisionnement sont parfois signalées sur les marchés en dehors des villes de Ménaka et d’Andéramboukane.
- La forte dégradation des routes plus prononcée cette année en lien avec les conditions climatiques marquées par de fortes pluies diluviennes a contribué à réduire les flux commerciaux sur beaucoup d’axes et renchéri les coûts du transport ; ce qui soutient les prix élevés en cette période de début de récolte.
- Suivez ce lien pour plus d’informations sur les perspectives de l’offre et du marché.
Pouvoir d’achat des ménages :
La hausse du prix des denrées alimentaires de base de plus de 35 pour cent au dessus de la moyenne dans toutes les régions excepté à Koulikoro (30 pour cent) et Kayes (29 pour cent) et la baisse globale de revenus en lien avec la conjoncture économique difficile qui a réduit le niveau des activités économiques, limitent l’accès des ménages aux marchés particulièrement dans les zones d’insécurité où les prix sont supérieurs à la moyenne quinquennale de plus de 40 pour cent voire plus de 100 pour cent à Ménaka. Les termes de l’échange chèvre/céréales restent inférieurs à la moyenne quinquennale au niveau des marchés dans les zones pastorales suivies à cause essentiellement du niveau élevé des prix des céréales ; ce qui réduit l’accès des ménages éleveurs aux aliments sur les marchés. Le dysfonctionnement des marchés à la suite des difficultés d’accès physique en lien avec l’insécurité et les contraintes climatiques en cette période de pluies, renchérissent les prix des denrées de base sur les marchés notamment dans le centre et le nord du pays.
- Une rétention des céréales au niveau des producteurs est observée dans les zones de production à cause des perspectives peu rassurantes de la campagne agricole en cours liées aux dégâts d’inondation et aux abandons de champs qui induiront des baisses de production particulièrement pour le riz. Cet état de fait, en plus de la poursuite des achats institutionnels pendant la soudure, ont contribué au maintien des prix au-dessus de la moyenne sur tous les marchés.
- Suivez ce lien pour plus d'informations sur les prix sur les marchés clés.
L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.
Les assistances alimentaires mensuelles dans le cadre du Plan National de Réponse (PNR) de janvier à juin 2024 ont eu lieu pour 754 291 personnes , soit 48,4 pour cent des bénéficiaires ciblés (1 555 294), principalement sous forme de bon d’achat dans toutes les régions, particulièrement dans celle de Ménaka où la proportion de personnes bénéficiaires rapportée à la population totale représentent 61 pour cent, moins de 11 pour cent pour Tombouctou et près de 6% à Gao et Mopti. Au même moment, 97 686 personnes ont bénéficié des appuis en renforcement des moyens d’existence à travers la distribution d’aliment de bétail, de petits équipements et d’intrants agricoles (semences, engrais) de la part du Gouvernement et ses partenaires. Cependant, la persistance des contraintes d’accès humanitaire et de mobilisation des finances amènent les agences humanitaires à réduire le volume voire le nombre de bénéficiaires à l’assistance humanitaire qui constitue une source principale de revenus et de nourritures pour les ménages bénéficiaires particulièrement dans les zones de conflit des régions du centre et du nord du pays. En plus, on assiste à la baisse saisonnière des assistances alimentaires avec la fin des distributions de la soudure. En fin septembre 2024, le plan national de réponse n’avait que 38 pour cent du financement requis pour le volet sécurité alimentaire (OCHA). Aussi, des assistances d’urgence en vivres et en non-vivres du Gouvernement et de ses partenaires sont en cours pour les victimes des inondations estimées à plus de 350 000 personnes au 20 octobre 2024 personnes.
Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.
Zones d’insécurité au centre et au nord du pays :
Dans la région de Ménaka, en dépit de l’amélioration saisonnière de la consommation alimentaire grâce à la disponibilité des productions agricoles et des produits animaliers bien que faibles par rapport à la moyenne, les ménages continuent de recourir aux stratégies de crise à urgence telles que la vente des dernières femelles, des biens productifs, et de la mendicité pour accéder à la nourriture. Selon le DIEM de juillet 2024, 38.4 pour cent des ménages ont recouru à ces stratégies. Selon ENSAN de février 2024, période post-récoltes, la mendicité constituait un recours important pour 23.8 pour cent des ménages de la région ; ce qui serait similaire voire plus élevé actuellement compte tenu de la persistance des difficultés et de la réduction des assistances humanitaires. La baisse de revenus pour plus de 60,7 pour cent des ménages selon le DIEM de juillet 2024 et qui se poursuit en raison du manque d’opportunités de revenus, la forte hausse des prix des denrées de base notamment des céréales de 104 pour cent par rapport à la moyenne de même que la forte dégradation des termes de l’échanges bétail/céréales de 51 pour cent, continuent de limiter significativement l’accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires, notamment dans les zones à accès limité et pour les ménages déplacés estimés à plus de 50 pour cent de la population. Par conséquent, les ménages incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir de façon atypique aux stratégies de Crise à Urgence se retrouvent en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC). La situation nutritionnelle demeure très critique selon les normes OMS (MAG > 15 pour cent) avec une prévalence de la MAG de 22.2 pour cent dont 6.8 pour cent de MAS (Figure 4) ; ce qui est susceptible d’engendrer une hausse de la mortalité au-delà de la moyenne de la zone.
Dans les zones d’insécurité de Gao, Mopti, de Kidal et de Tombouctou : L’atténuation des difficultés d’accès grâce à la disponibilité de la propre récolte, bien que faible par rapport à la moyenne, des produits animaliers, à la baisse saisonnière des prix des céréales de base, à l’amélioration des termes de l’échange bétail/céréales, aux produits issus de la rémunération en nature durant les travaux de récoltes et aux dons/zakat, contribuera à améliorer la consommation alimentaire des ménages dans ces zones. Selon l’enquête l’Evaluation Multisectorielle des Besoins (MSNA) de REACH de septembre 2024, les ménages dans les régions Tombouctou (26 pour cent), et Gao (26 pour cent) étaient les plus concernées par les problèmes graves d’accès à la nourriture. En dépit de l’amélioration de l’accès des ménages aux denrées alimentaires, la forte dégradation des moyens d’existence et le prix élevé des denrées alimentaires continueront à limiter l’accès des ménages pauvres aux aliments. Par conséquent, ces ménages incapables de satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires et non alimentaires sans recourir à une intensification atypique des activités de main d’œuvre, de migration, de recours aux emprunts sont en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC). En outre, la situation nutritionnelle demeure critique voire alarmante pour les ménages déplacés qui ont une prévalence de plus de 15 pour cent pour la malnutrition aiguë globale (MAG). Selon le SMART de septembre 2024, la prévalence de la MAG est de 19.3 pour cent dont 3.6 pour cent de MAS dans la région de Gao, 16.1 pour cent dont 4.7 pour cent de MAS dans la région de Kidal et 9.4 pour cent dont 1.5 pour cent de MAS dans celle de Mopti (Rapport préliminaire SMART de septembre 2014). Dans ces zones d’insécurité du centre et du nord du pays, en depit de l’amélioration saisonnière de la consommation alimentaire, la persistance des difficultés d’accès aux aliments, le manque d’hygiène, et le dysfonctionnement des structures socio-sanitaires continuent de maintenir le niveau de la malnutrition aiguë globale au-dessus de la moyenne de la période qui reste toute de même structurellement élevée (> à 10 pour cent) selon les normes OMS.
Les ménages déplacés dans la région de Gao estimés à 41,991 personnes (11,697 ménages) en mai 2024 sont dans une situation préoccupante à cause de la faiblesse des assistances humanitaires, du prix élevé des denrées alimentaires de base, des difficultés d’insertion socio-économique dans les villes d’accueil qui connaissent une baisse d’opportunités d’emplois. L’aide alimentaire constitue la principale source d’approvisionnement en nourriture dans la communauté pour 73 pour cent puis viennent les emprunts/crédit (67 pour cent), les dons des familles d’accueil (49 pour cent) et les achats (28 pour cent) selon le rapport d’évaluation sectorielle des sites PDI du cercle de Gao en juillet 2024. La forte détérioration de la consommation alimentaire des ménages avec 83 pour cent ayant une consommation alimentaire pauvre ou limité amène 68 pour cent des ménages à recourir aux stratégies de survie sévères selon le même rapport. La prévalence de la malnutrition aiguë globale au niveau du site est de 30.1 pour cent dont 11 pour cent de forme sévère selon le SMART rapide de juin 2024 ; ce qui dénote une situation très préoccupante et qui nécessite une intervention adéquate pour éviter la hause de la mortalité au niveau de ces sites de déplacés.
Zones pastorales du nord :
Les perturbations majeures dans le déroulement normal des activités pastorales et d’échanges (commerce) qui constituent les sources principales d’approvisionnement des ménages pastorales engendrent des difficultés d’accès aux aliments. La baisse des revenus pastoraux liée à la mévente et aux vols/pillages du bétail par les groupes armés et la forte baisse des termes de l’échange bétail/céréales à cause de la hausse des prix des aliments engendrent un recours accru aux stratégies d’adaptation d’emprunts, de vente inhabituelle de bétail, de départ des troupeaux loin des ménages, de la migration ; ce qui met les ménages en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l'IPC) à pire.
Centres urbains :
La baisse du pouvoir d’achat en milieu urbain à cause de la conjoncture économique difficile marquée par une inflation du coût de l’alimentation qui est de 6,6 pour cent en septembre 2024, la réduction des opportunités d’emplois, continue d’affecter négativement l’accès des ménages pauvres aux aliments. L’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire se maintiendra pour les ménages pauvres obligés de recourir à plus d’emprunts que d’habitude en nature et en espèce, à la vente de biens à la solidarité locale et à la réduction importante des dépenses non alimentaires. Les ménages pauvres victimes des inondations et qui ont de la peine à satisfaire leurs besoins alimentaires et faire face aux dépenses de reconstitution des biens dégradés ou perdus se retrouvent dans un besoin d’assistance afin d’éviter une dégradation inhabituelle de leur consommation alimentaire.
La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.
Suppositions nationales
- L’insecurité va persister dans les régions du nord et du centre, voire s’intensifier dans les régions de Tombouctou, Kidal et Ménaka et même s’étendre vers l’ouest du pays et dans les régions de Ségou et San au cours de la période de projection. Les déplacements des populations à la recherche de zones plus sécures continueront, ainsi que les limitations aux mouvements des personnes et des biens et aux assistances humanitaires, particulièrement dans les régions de Ménaka et de Kidal à la suite des affrontements entre l’armée et les groupes armés.
- Une baisse de productions agricoles par rapport à la moyenne est probable dans le pays y compris dans les bassins de production.
- Les productions des cultures de contre-saison maraichère et de céréales moyennes à supérieures à la moyenne sont attendues jusqu’en mars grâce à la bonne disponibilité en eau au niveau des mares, lacs et barrages. Une production de riz moyenne à partir de mai/juin est attendue au niveau des périmètres irrigués tandis qu’au niveau des cultures de décrue dans les régions de Tombouctou, Kayes et Mopti, les perspectives de production s’annoncent moyennes à bonnes au regard du bon niveau de remplissage des points d’eau.
- La tendance des prix des céréales supérieure à la moyenne quinquennale se maintiendra à cause de la baisse attendue des productions de céréales,des niveaux de stocks report faibles et des demandes qui seront au dessus de la moyenne.
- Une production animale moyenne dans le pays sera attendue grâce à la disponibilité des pâturages moyenne à supérieure à la moyenne, particulièrement dans les zones pastorales, et aussi du bon niveau de remplissage des points d’eau.
- Toutefois, dans les zones d’insécurité, à cause des perturbations des mouvements de bétail qui réduisent l’accès à certains parcours pastoraux, des difficultés d’alimentation sont probables dans les zones de concentration inhabituelle et qui, en plus de la réduction des effectifs, réduiront le niveau des productions en dessous de la moyenne.
- La tendance de prix du bétail globalement supérieur à la moyenne se maintiendra grâce aux bonnes conditions d’élevage favorables, à un embonpoint satisfaisant des animaux et à la réduction des offres sur les marchés. Cependant, dans certaines zones d’insécurité, les prix baisseront en dessous de la moyenne d’octobre à mai 2025 en raison des difficultés d’accès aux marchés alors que l’offre augmente face à une baisse de la demande.
Suppositions sous-nationales pour zones de centre et du nord impactées par le conflit
- Les incidents de sécurité se poursuivront à un niveau similaire à celui de 2023 à cause de l’intensification des offenssives militaires et les opérations conjointes entre les trois états de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui ont réduit les capacités d’action des groupes armés. Les attaques de l'Etat Islamique au Sahel contre les populations civiles de Gao et de Ménaka devraient rester à leur niveau actuel jusqu'en mai 2025 pour les mêmes raisons. Quant au JNIM, sa volonté de reconquête et d’extension de sa zone d’influence à l’ouest et le sud du pays engendrera des violences et des persécutions sur la population civile dans les régions de Tombouctou, Mopti, San, Koulikoro, Kayes (Diéma, Yélimané).
- La baisse de la production agricole sera observée au niveau des producteurs à cause de la réduction des superficies cultivées à la suite des abandons de champs pour raison d’insécurité et les pertes moyennes à importantes de superficies liées aux inondations.
- Les difficultés d’approvisionnement des marchés en denrées de base persisteront, beaucoup plus marquées dans l’extrême nord (Kidal, Ménaka), à cause de la recurrence des attaques et des blocus intermitents des groupes armés. La fluidité des flux commerciaux est favorable pour les zones situées dans la vallée d'octobre à janvier compte tenu de la forte crue sur le fleuve. Les escortes militaires organisées par moment favoriseront l’approvisionnement des marchés concernés mais qui restera nettement en dessous de la moyenne.
Source: FEWS NET avec données du SAP
- Les prix supérieurs à la moyenne quinquennale des denrées alimentaires de base persisteront à cause des difficultés d’approvisionnement des marchés en lien avec l’insécurité et de la baisse des productions (Figure 5).
- La poursuite des vols/enlèvements de bétail et les perturbations énormes dans le mouvement de transhumance des animaux engendreront une baisse des productions animales.
Suppositions sous-nationales pour les centres urbains
- Les effets d'une conjoncture économique nationale difficile, exacerbés par la pénurie d'électricité et un indice des prix à la consommation des ménages en hausse de 5,5 pourcent par rapport à 2023 selon l’INSTAT, entraîneront une réduction des activités économiques et une baisse continue du pouvoir d'achat des ménages.
- La situation économique difficile, aggravée par la crise énergétique, réduira les opportunités de travail à mesure que les unités industrielles fermeront et que les petits métiers seront perturbés dans le pays, notamment dans les centres urbains.
Assistance alimentaire humanitaire
Supposition nationale
- La baisse habituelle de l’assistance humanitaire par le Gouvernement et ses partenaires sera observée d’octobre jusqu’en janvier grâce à l’amélioration saisonnière de l’accès des ménages aux aliments liée à la disponibilité des nouvelles récoltes et à la baisse saisonnière des prix des céréales de base. Pendant cette période, les assistances alimentaires se poursuivront à l’endroit des personnes déplacées dans le cadre du mécanisme rapide de réponse (RRM) et des besoins d’urgence principalement dans les zones d’insécurité et pour les victimes des inondations. Les planifications pour l’assistance humanitaire en 2025 ne sont pas encore disponibles, toutefois, selon les tendances historiques, on assistera à la reprise habituelle des assistances en vivres et en non-vivres à partir de mars dans le cadre de la soudure pastorale et de pré-soudure agricole.
Supposition sous-nationales pour les zones d’accueil de PDIs
- La faible capacité d’action des agences humanitaires à cause des difficultés financières en cette période habituelle de baisse saisonnière des assistances et la poursuite des déplacements de populations qui grève le nombre de personnes à assister, ne permettront pas une prise en charge adéquate des ménages déplacés dans le cadre du RRM particulièrement dans les zones où l’accès humanitaire reste un defi.
| Principales sources de données | ||
|---|---|---|
| Rapport Institut National de la Statistique (INSTAT) | Analyses et prévisions de conflits produites par ACLED, Control Risks et d'autres sources | Entretiens avec des informateurs clés, partenaires humanitaires, etc. |
| FEWS NET Outcome Analysis produit en septembre 2024 | Rapports des partenaires (OCHA, Cluster Securite Alimentaire.) | Données macro-économiques (Trading Economics) |
| Assistances alimentaires (Plan national de réponse 2024) | Système de suivi des inondations de la FAO | Système d’Alerte Précoce du Mali (SAP) et Observatoire des marchés agricoles (OMA) |
En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.
Zones pastorales du nord :
Région de Ménaka : L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) en cours se poursuivra jusqu’en mars 2024 en dépit de l’amélioration saisonnière de l’accès des ménages aux denrées alimentaires liée à la disponibilité très faible par rapport à la moyenne des productions agricoles, des produits de cueillette, des produits animaliers, et à la baisse saisonnière des prix des denrées alimentaires. Les ménages pauvres continuent de rencontrer des difficultés énormes à satisfaire leurs besoins alimentaires particulièrement dans les zones à accès limité à cause de la dégradation importante des moyens d’existence, et la persistance des perturbations sécuritaires avec déplacements continu des personnes.
De mars à mai, la hausse saisonnière des prix des denrées de base qui sera plus élevée que la moyenne à cause des difficultés d’accès à la zone dans un environnement de baisse importante de revenus, contribuera à aggraver les difficultés d’accès des ménages aux aliments. Les ménages qui rencontrent des difficultés d’accès aux vivres renforceront le recours aux stratégies de réduction du nombre et du volume de repas, à la vente de biens productifs, à la dépendance à la solidarité sociale et à la mendicité. La forte dégradation de la consommation alimentaire, les difficultés d’accès humanitaires et d’accès aux services sociaux de base pendant cette période réhausseront la prévalence de la malnutrition aiguë globale déjà très élevée dans la zone (MAG >15 pour cent). Par conséquent, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) se dégradera en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) dès avril 2024. Une faible proportion de ménages dans les zones inaccessibles qui ne sont pas en mesure de se déplacer pour accéder à la nourriture seront en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
Zones d’insécurité au centre et au nord du pays :
Régions de Mopti, Tombouctou et Gao (cercles de Koro, Bandiagara, Bankass, Douentza, Rharous, Ansongo, Gao): L’atténuation des difficultés d’accès aux aliments grâce à la disponibilité moyenne de la propre récolte, des rémunérations en nature dans les activités agricoles, des produits animaliers et la baisse saisonnière des prix des denrées alimentaires, contribuera à l’amélioration saisonnière de la consommation alimentaire qui se poursuivra jusqu’en avril. Toutefois, les ménages pauvres dans ces zones aux moyens d’existence fortement réduit et incapables de satisfaire convenablement leurs besoins non alimentaires et non alimentaires sans recourir à une intensification atypique des activités de main d’œuvre, de migration, et de réduction des dépenses non alimentaires, seront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) d’octobre 2024 à avril 2025.
L’épuisement précoce des stocks à partir d’avril/mai lié à la réduction des productions agricoles et les prix des denrées qui seront au-dessus de la moyenne, réduiront l’accès des ménages pauvres aux aliments. La consommation alimentaire connaitra alors sa dégradation saisonnière mais beaucoup plus marquée qu’en année normale. Les ménages auront alors recours de façon atypique à la réduction du volume et de la qualité des aliments, aux emprunts en nature ou en espèce auprès des parents/amis et commerçants, à la vente de bétail, des biens/équipements et à la réduction des dépenses non alimentaires. Par conséquent, l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) pour les ménages pauvres de la zone du Liptako Gourma, notamment dans les cercles de Bankass, Koro, Douentza, Gourma Rharous, qui connaitront une soudure précoce dans une conjoncture économique difficile, se dégradera en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de mai 2024.
Centres urbains :
La baisse du pouvoir d’achat en milieu urbain à cause de la conjoncture économique difficile marquée par une inflation du coût de l’alimentation de 6,6 pour cent en septembre 2024 et la réduction des opportunités d’emplois continuent d’affecter négativement l’accès des ménages pauvres aux aliments. L’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire se maintiendra pour les ménages pauvres obligés de recourir à plus d’emprunts en nature et en espèce, à la vente de biens, à la solidarité locale et à la réduction importante des dépenses non alimentaires. Les ménages pauvres victimes des inondations et qui ont de la peine à satisfaire leurs besoins alimentaires et faire face aux dépenses de reconstitution des biens dégradés ou perdus se retrouvent dans un besoin d’assistance afin d’éviter une dégradation inhabituelle de leur consommation alimentaire.
Zones agricoles du sud :
La disponibilité de la propre production, même faible par endroits, des produits en nature et en espèce issus de la rémunération dans les travaux de récoltes, des produits animaliers (lait, beurre, fromage) et la baisse saisonnière des prix des denrées alimentaires permettront aux ménages dans ces zones un accès moyen aux aliments et par conséquent, une amélioration de la consommation alimentaire des ménages. Les revenus habituels issus de la vente des produits agricoles, du bétail, des activités habituelles de mains d’œuvre et du petit commerce, permettront aux pauvres d’accéder aux marchés sans grandes difficultés. Par conséquent, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) en cours se poursuivra jusqu’en mai 2025.
Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.
National
L’absence d’accord avec les pays de la CEDEAO compliquerait la situation économique du pays.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : En dépit du maintien du pays dans l’UEMOA, l’absence d’accord, le non-respect des règles de l’UEMOA par certains pays de la CEDEAO engendrera une augmentation des coûts des flux commerciaux sur les différents corridors ; ce qui contribuera à augmenter les prix des denrées importées déjà élevés. La hausse des prix des denrées de base au-dessus de la moyenne, exacerbera les difficultés d’accès des ménages pauvres aux aliments dans une conjoncture économique peu favorable marquée par une baisse globale des revenus. Il s’agira surtout des ménages pauvres et particulièrement ceux des zones urbaines, des zones de conflit. Le recours aux stratégies atypiques d’emprunts, de réduction des dépenses non alimentaires voire alimentaires rehaussera le nombre de personne en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Le retour à l’ordre constitutionnel contribuera à améliorer la situation économique du pays.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : L’organisation des élections qui consacrera le retour à l’ordre constitutionnel relancera la coopération économique entre le Mali et ses partenaires. L’amélioration des finances publiques qui en résultera améliorera le tissu économique à travers la relance des activités économiques et par conséquent accroitre le revenu des ménages et la capacité d’action du gouvernement pour soulager la population. Ainsi, la baisse des difficultés d’accès des ménages aux aliments réduira le nombre de personnes qui font face aux résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire.
Zones d’insécurité du centre et du nord
Une exacerbation de l’insécurité liée à l’intensification des opérations militaires contre les groupes armés.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : La probable intensification des affrontements liée à la volonté de reconquête de territoires entre l’armée et les groupes armés et entre les groupes armés dans les zones centre et nord du pays contribuera à dégrader davantage les moyens d’existence fortement érodés et maintenir les difficultés d’accès des ménages aux services sociaux de base et à l’accès humanitaire particulièrement dans les zones à accès limité. Ainsi, malgré l’amélioration saisonnière d’octobre à janvier 2025, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire se maintiendra avec une proportion plus élevée de personnes en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) dans la région de Ménaka.
L’amélioration de la couverture de l’assistance alimentaire sera salutaire pour les ménages en besoins en dehors de la période de récolte.
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : L’amélioration de la couverture humanitaire limitée par les difficultés de financement et le défi de l’accès humanitaire aux zones de conflits, contribuera à atténuer significativement les écarts de consommation alimentaire et le recours aux stratégies d’adaptation négatives pour les ménages en besoin. Ainsi, l’insécurité alimentaire de Crise à pire pourrait passer à un niveau inférieur passant de l'Urgence (Phase 4 de l'IPC) à une situation de Crise! (Phase 3 ! de l'IPC) ou de la phase de Crise (Phase 3 de l'IPC) à la phase de Stresse ! (Phase 2 ! de l'IPC).
Zone de moyen d’existence ML01 (Nomadisme et commerce transsaharien), ML02 (Nord élevage), et ML04 (Bétail, mil et envois de fonds), Région de Ménaka (Figure 6)
La raison du choix de cette zone : L’insécurité persistante dans les régions du nord continue d’impacter négativement les capacités des ménages à accéder aux sources habituelles de nourritures et de revenus. La situation est plus marquée dans la région de Ménaka à cause de la multiplication des incidents sécuritaires qui ont forcé plus de 50 pour cent de la population à se déplacer vers des zones plus sécures. Les perturbations énormes de flux commerciaux engendrent des ruptures d’approvisionnement et des hausses atypiques de prix des denrées alimentaires dans un environnement de baisse significative des revenus. En plus, la forte dégradation des moyens d’existence, les difficultés d’accès humanitaires engendrent le recours aux déplacements forcés, à la vente excessive de bétail jusqu’à la décapitalisation, à la vente de biens d’équipement et de production, à la mendicité et à la dépendance à l’aide et à la réduction importante du volume et de la fréquence des repas par les ménages de la région, particulièrement dans les zones inaccessibles. FEWS NET a sélectionné cette zone de préoccupation pour ce rapport afin d'illustrer les impacts à moyen et long terme de l’insécurité/conflit de 2020-2024 dans le nord du pays.
| Période d’analyse : | Octobre 2024 à Janvier 2025 | Février à Mai 2025 |
|---|---|---|
| Classification la plus élevée au niveau de la zone | Crise (Phase 3 de l’IPC) | Urgence (Phase 4 de l’IPC) |
| Classification la plus élevé au niveau du ménage | Urgence (Phase 4 de l’IPC) | Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) |
La multiplication des affrontements entre les FAMas et les groupes armés pour le contrôle de la zone frontalière de Tinzawatène et d’autres attaques dans la région de Ménaka à travers la pause des explosifs et l’instauration de blocus intermittents, impactent négativement les activités économiques, l’approvisionnement des marchés et la population par les déplacements. La volonté de l’armée aidé par ses alliées du Groupe d'Autodéfense Touareg et Alliés d'Imghad (GATIA) dans la zone et particulièrement dans celle de Tinzawatène de reconquérir les groupes armés du Mouvement pour le Salut de l'Azawad (MSA), le JNIM et l’Etat Islamique du Sahel (IS-Sahel) engendre une multiplication des foyers de tension dans la zone.
Les répressions des populations civiles prises entre des affrontements les amènent à se déplacer vers les villes de Ménaka et d’Andéramboukane où ils sont sûrs d’accéder à de l’assistance humanitaire moins perturbée qu’ailleurs dans la région. D’autres se réfugient de l’autre côté de l’Algérie et du Niger. Selon le rapport de suivi des déplacements des populations, le nombre de populations déplacées en fin septembre 2024 est estimé à 59 479 personnes, soit un peu plus de 60 pour cent de la population de la région.
La consommation alimentaire connaitra une amélioration saisonnière à partir d’octobre mais très limitée grâce à la baisse saisonnière des prix des denrées alimentaires en lien avec les récoltes de céréales, à la disponibilité des produits animaliers (lait, beurre, fromage, viandes) et à la disponibilité bien que nettement inférieure à la moyenne des productions agricoles locales, des produits de cueillette. En effet, les déplacements importants de populations et les difficultés d’accès aux champs ont fortement réduit les superficies cultivables autour des zones de concentration de la commune de Ménaka et d’Andéramboukane.
L’approvisionnement des marchés reste un défi à cause de la persistance des conflits qui perturbent significativement les flux commerciaux avec les sources habituelles d’approvisionnement de l’Algérie, du Niger et de la région de Gao. La baisse importante des offres et le paiement des frais illicites aux groupes armés ont contribué à renchérir le prix des denrées alimentaires qui sont nettement au-dessus de la moyenne quinquennale. Le prix de la principale denrée de base a presque doublé (+104 pour cent) réduisant ainsi les termes de l’échange bétail/céréales de 51 pour cent ; ce qui limite significativement l’accès des ménages aux aliments dans un environnement de baisse importante d’opportunités de revenus.
Les assistances humanitaires en vivres et en non-vivres se poursuivent de la part du Gouvernement et des agences humanitaires. Cependant, l‘accès humanitaire restreint et la faible mobilisation des fonds limitent la portée des opérations en faveur des ménages dans le besoin (au niveau régional et particulièrement pour les populations déplacés et des zones inaccessibles en dehors des villes de Ménaka et d’Andéramboukane.
La consommation alimentaire, malgré l’amélioration saisonnière, restera nettement en dessous de la moyenne et beaucoup plus dégradée pour les ménages déplacés et les ménages des zones inaccessibles. L‘indice de faim de Crise à pire pour 52.4 pour cent des ménages selon le DIEM de juillet 2024 ne devrait pas connaitre un grand changement. Dans ces zones, l'amélioration saisonnière liée aux récoltes, la disponibilité des produits animaux et la baisse des prix ont amélioré la situation d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) en une situation actuelle de Crise (Phase 3 de l'IPC). Cependant, le recours continu à des stratégies d’adaptation de crise à urgence persistera et entraînera à son tour une dégradation précoce des résultats en Urgence (Phase 4 de l'IPC) dès avril 2025. Selon le SMART de septembre 2024, la situation nutritionnelle est alarmante, avec une prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) critique dépassant les 15 pour cent (MAG 22.2 pour cent) à cause des difficultés d’alimentation (en quantité et qualité), de prévalence des maladies et d’accès aux soins sanitaires. La prévalence de la malnutrition aiguë sévère (MAS) de 6.8 pour cent selon la même enquête est susceptible d’augmenter la mortalité infantile au-dessus de la moyenne en absence d’une prise en charge adéquate.
Citation recommandée: FEWS NET. Mali Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2024 - Mai 2025: Des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire attendus au nord du Mali dans la période post-récolte, 2024.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.