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Les déficits de production et de pâturages et les niveaux exceptionnellement élevés des prix des céréales locales font que, malgré un fonctionnement normal des marchés, les ménages pauvres vivent une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) pendant la période janvier-juin 2012 (Figures 1 et 2).
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Sans aucune action d’urgence, certains ménages connaitront la Phase 3 : Crise entre juillet et septembre 2012, quant les prix atteindront leur maximum saisonnier (Figure 3).
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Les populations les plus affectées par cette baisse importante des productions agropastorales sont les ménages pauvres des zones de cultures pluviales de mil et sorgho dans le Sahel occidental, des zones exondées de la région de Mopti et Gao (zones de moyens d’existence 04 mil/ élevage transhumants) et des zones du Delta Intérieur du Niger (zone 06 Lacs/Delta du Niger Riz et Elevage -agropastoral) des régions de Mopti et Tombouctou.
A cause principalement d’une mauvaise distribution des pluies, selon la CPS, les productions céréalières totales prévisionnelles au Mali en 2011/12 sont globalement inférieures (-25 pour cent) par rapport à celles de l’année dernière (une année record), mais restent supérieures à la moyenne de 2006-10. Les estimations de la production céréalière définitives suggèrent une diminution significative de la production prévisionnelle estimée.
La production céréalière nettement inférieure à la moyenne est concentrée au Sahel occidental du Mali (nord des régions de Kayes, Koulikoro et Ségou) et dans le Delta Intérieur du Niger de la région de Mopti. La production généralement 50 pour cent inférieure à la moyenne environ sera localement 80 pour cent inférieure à la moyenne, surtout au Sahel occidental.
Le bilan céréalier prévisionnel dégage un excédent net de 752 000 tonnes, toutes céréales confondues. Néanmoins, ce bilan ne prend pas en compte la consommation céréalière animale qui sera significativement supérieure à la moyenne ; de plus il sous estime les exportations plus importantes en 2011/12 vers les pays voisins, comme la Mauritanie.
La moyenne des importations commerciales réalisées entre 2005 et 2009 au Mali, s’élève à 135 958 tonnes pour le riz, 107 202 tonnes pour le blé et l’équivalent de farine en blé grain et 7 431 tonnes pour les céréales sèches. Pour pallier à la hausse de la demande céréalière intérieure, les importations prévues en 2012 seront au dessus de cette moyenne. Depuis 2007/08, les importations ont assurée un approvisionnement suffisant des marchés surtout en riz, le principal produit de substitution.
Le prix moyen du mil en janvier 2012 est entre 50 et 80 pour cent supérieur par rapport à son niveau relativement bas de janvier 2011 et à la moyenne des cinq dernières années. Malgré l’augmentation générale du salaire journalier et des revenus d’autres activités d’auto-emploi (bois de chauffe, paille, etc.) d’environ 30 pour cent, cela n’est pas suffisante pour pouvoir à la fois augmenter la quantité demandée des céréales préférées ou le principal substitut (riz importé) à des prix élevés, surtout au moment de la soudure entre juillet-septembre.
L’incertitude liée au déroulement de la dernière campagne à forcé les producteurs du centre et du sud du pays à la rétention des stocks notamment ceux reports des campagnes record de 2009/10 et 2010/11 malgré les niveaux de prix très incitatifs en fin 2011 et début 2012. Le niveau de l’offre sur les marchés de collecte en cette période de récoltes pour certaines céréales telles que le sorgho, le mil et le maïs, est similaire à celui de 2004/2005.
Depuis la mise sur le marché des récoltes et pour répondre aux appels d’offre d’achats institutionnels (près de 130 pour cent supérieurs en 2012 à la demande typique entre 2005-2009), la demande commerciale s’oriente plus que d’habitude vers les régions du sud et du centre du Mali où sont mobilisés des excédents commercialisables qui ravitaillent les zones structurellement déficitaires et les pays voisins. Les commerçants répondent convenablement à la demande locale.
Vu les besoins d’importation plus importants que d’habitude dans le nord-ouest du Mali et en Mauritanie, on observe le recours des commerçants plus intense et prolongé que d’habitude sur le sorgho du Burkina Faso et le maïs de la Côte d’Ivoire pour assurer la demande des achats institutionnels et celle anticipée de la période de soudure.
Les tracasseries sur le transport des céréales traditionnelles vers les zones déficitaires du Mali et de la Mauritanie sont plus importantes que d’habitude (environ le double). Sans empêcher les exportations plus importantes que d’habitude, du sorgho surtout, ces obstacles informels renchérissent les coûts des céréales dans les zones déficitaires.
Les stocks familiaux dans les zones les plus affectées, qui en année normale couvrent les besoins de consommation de deux voire trois mois, sont presque insignifiants. Ainsi, les besoins de reconstitution des stocks communautaires ou individuels des émigrés de l’ouest du Mali, surtout à Kayes (zone 8), font que la demande de céréales locales est supérieure à la moyenne pour la période avec un niveau d’approvisionnement inférieure à la moyenne.
Marchés de bétail
Les marchés de bétail (bovin, ovin, caprin) sont bien fournis. L’offre des bovins est plus élevée que celle de l’an passé. Dans un avenir proche, l’état d’embonpoint des animaux sera affecté par le manque de pâturages et par conséquent les prix baisseront entre avril et juin, ce qui affectera les revenus des éleveurs qui n’ont pas suffisamment d’animaux à vendre et rendra plus difficile que d’habitude leur accès aux céréales. Quant à l’aliment bétail, il est vendu à un prix environ 10 pour cent supérieur à l’année passée. Les gros acheteurs de l’aliment bétail sont surtout les Mauritaniens.
Le bétail importé, surtout les bovins, parvient essentiellement de la Mauritanie pour satisfaire une partie de la demande locale et assurer les exportations vers le Sénégal et la Côte d’Ivoire. On s’attend à ce que, malgré les difficultés des pasteurs dans les zones affectées par la rébellion dans les parties nord du pays, cette tendance continuera.
Pour les petits ruminants, on observe une stabilité des prix avec toutefois, une offre qui sera en augmentation au moment où l’embonpoint des animaux sera le plus faible qui vont entrainer une baisse significative des prix entre avril-juin. Les prix des bovins ont varié entre 180 000 XOF/tête en janvier 2012 contre 200 000 XOF/tête en janvier 2011.
Réponses
En novembre 2011, en début de cette campagne de commercialisation, les stocks publics (OPAM) s’élevaient à 45 337 tonnes de céréales. Face à la baisse des disponibilités locales, le Gouvernement prévoit un ravitaillement du marché basé sur les stocks de l’OPAM, des importations commerciales exonérées et des aides alimentaires en mil, sorgho et riz (35 000 tonnes de riz du don du Brésil).
Le Mali dispose d’un dispositif de sécurité alimentaire que partagent l’ensemble des bailleurs et qui a en charge la fourniture de l’information et les recommandations d’actions si nécessaire. Sur recommandation du Groupe National SAP, le CSA a comme programme de distribuer gratuitement près de 45 886 Tonnes de céréales (dont 23 300 tonnes disponibles du stock de Sécurité contre 35 000 tonnes son niveau maximum) dans les 104 communes classées en difficultés alimentaires depuis décembre 2011. Cette action est appuyée par des ventes à prix modérés des céréales, la reconstitution des banques de céréales et les actions (distributions gratuites, ventes subventionnées) des ONGs, Associations et des privés.
Les populations les plus à risque d’insécurité alimentaire aiguë sont les ménages très pauvres et pauvres à la fois dépendants des activités agricoles (face à une diminution de la production propre et demande de la main d’œuvre) et des consommateurs nets des céréales. Ceux-ci se trouvent concentrés dans les zones de cultures pluviales de mil et sorgho dans le Sahel occidental, des zones exondées de la région de Mopti et Gao (zones de moyens d’existence 04 mil/ élevage transhumants), celles rizicoles du Delta de la région de Mopti et dans une moindre mesure celle de la vallée du fleuve du Niger par endroits dans les régions de Mopti, Gao et Tombouctou de la zone 06 (Lac et Delta du fleuve Niger riz-élevage (agropastoral).
A l’ouest de la zone 04, dans la région de Kayes, la zone 08 (Nord-ouest Transfert d’argent, Sorgho et Elevage Trasnhumant) fait partie du Sahel occidental, le plus affecté par la baisse drastique des productions propres. Cependant, l’émigration des bras valides et son organisation sociale et économique constitue en temps normal, plus de 80 pour cent des sources alimentaires et plus de 70 pour cent des sources de revenus des ménages de cette zone (cercles de Yelimané et de Kayes) à travers le financent de la production locale (main d’œuvre et intrants), l’assurance des systèmes de crédits et des banques alimentaires communautaires. FEWS NET suppose qu’en année de si mauvaises productions comme l’actuelle, les revenus et l’assistance en nourriture des émigrés seront plus importantes pour tous les ménages et suffisants pour remplir au minimum les besoins alimentaires, y compris des plus pauvres, à travers différentes retombées socio-économiques (assistance/dons, zakats, crédits alimentaires et monétaires).
Aussi, pour les zones 2 (Pastoralisme nomade et transhumant) et 3 (Riz fluvial et élevage transhumant (agropastoral) des régions de Gao et Tombouctou, aussi affectées par les baisses de productions locales, mais moins peuplées, les ménages pauvres pour assurer leur survie (accès alimentaire) auront leur moyen d’existence, l’opportunité d’intensifier l’exode (travail saisonnier comme main d’œuvre au près des éleveurs transhumants en descente et des opportunités des travaux agricoles et de pêche au tour du fleuve). FEWS NET suggère que la hausse des revenus issus de la main d’œuvre et compléter par les assistances programmées en augmentation pourront maintenir l’accès alimentaire essentiel des pauvres et leur épargner d’une décapitalisation de leur moyen d’existence.
Une surveillance et une mise à jour régulière des perspectives sur la sécurité alimentaire s’imposent pour toutes ces zones.
L’ouest de la zone Mil et Elevage transhumant (zone 4, nord Koulikoro, Ségou, Mopti)
Cette année, la production brute du sorgho et du mil, principales céréales consommées dans la zone, était environ 50 pour cent de la moyenne des cinq dernières années. Ainsi, la demande des céréales sur les marchés sera supérieure à la moyenne en 2011/12, environ 15 pour cent pour les ménages très pauvres et pauvres et 30 pour cent pour la population et les marchés de la zone en générale.
Au regard des niveaux élevés des prix de 60-80 pour cent au dessus de la moyenne quinquennale et de 2010/11, cette augmentation de la quantité demandée des céréales fera que les ménages très pauvres et pauvres auraient besoin d’augmenter les dépenses sur l’alimentation par 80 pour cent pour maintenir leurs moyens d’existence aux mêmes niveaux que l’année dernière.
A Nara, le riz importé est la principale céréale de substitution pour le sorgho ou le mil. L’augmentation des prix d’environ 8 pour cent en janvier par rapport à 2011 est moins importante que pour les autres céréales ; la disponibilité est nettement meilleure que celle des autres céréales. La substitution du sorgho au riz importé est déjà visible, car le riz est la céréale la plus vendue et elle sera au maximum quant on arrivera au pic de la soudure. En attendant l‘installation de la saison agricole en juillet, les revenus liés à l’activité d’ouvrier agricole saisonnier à l’Office du Niger et ses alentours, continueront de baisser ou demeurer stables alors que le prix du riz restera dans une tendance haussière saisonnière normale.
L’envoi de plus de bras de valides à l’exode demeure la stratégie la plus répandue. Au sein des ménages n’ayant pas suffisamment de la main d’œuvre parce qu’ils sont en nombre réduit dans le ménage ou que la majorité des membres sont occupés par le travail local, limitent volontairement leur nombre de repas à un ou deux par jour par souci d’économie. Les systèmes internes de solidarité (emprunt de céréales et autres denrées) continuent de fonctionner avec la même intensité mais les volumes seront nettement plus importants encore pendant la période de soudure qui coïncide avec les événements religieux importants dans l’année.
Actuellement, les distributions alimentaires gratuites du CSA recommandées par le SAP concernent les communes des cercles de la zone 04 comme suit : Niono (332 tonnes), Mopti (2036 tonnes), Djenné (3492 tonnes), Tenenkou (4 913 tonnes) et Youvarou (205 tonnes). Elles devraient commencer en mars environ. Des ventes à prix modéré de céréales entre mars et juillet et d’aliments bétail avant mai sont aussi programmées dans presque tous les cercles qui sont compris dans la zone 4. Les distributions et les ventes de céréales auront lieu. Il sera peu probable que le plan sera mis en œuvre tel que programmé au regard des quantités sur optimistes. La compétition des ressources du gouvernement pour répondre à la rébellion et aux besoins des déplacés justifiera d’avantage un meilleur ciblage des besoins et des bénéficiaires qu’identifié dans le programme initial. Les banques de céréales communautaires seront également mises à profit dans tous les villages d’émigrés comme d’habitude.
Surtout concernant le sorgho, l’offre a augmenté momentanément et le prix s’est stabilisé, voire même baissé à partir de janvier 2012. Un facteur explicatif c’est le retrait des acheteurs mauritaniens qui ont satisfait leur besoin d’achats et les distributions d’aides alimentaires gratuites du mil/sorgho du PRODEZEM et d’un émigré en cours dans certaines communes et villages du cercle.
L’absence de programme d’aide alimentaire gratuite du CSA et même avec les ventes à prix modérés des céréales, les ménages pauvres de la zone 04 au nord de Koulikoro connaitront entre janvier et mars et avril et juin une insécurité alimentaire de phase 2 ou Stress. Pour le scenario le lus probable, ces populations vont évoluer dans la phase 3 de l’insécurité alimentaire aiguë entre juillet à septembre. Ce qui demandera des interventions d’urgence ciblées de l’Etat et des partenaires pour permettre aux ménages de faire face aux travaux champêtres sans décapitaliser d’une manière irréversible leur moyen d’existence.
Les brèches critiques d’information
- L’absence de données nutritionnelles comparables.
- L’absence des séries de données quantifiées sur les revenus issus de l’exode ne permet pas leur juste appréciation et l’établissement des termes de l’échange.
- Etant données les anomalies du comportement des prix cette année, la confiance dans la projection des prix sur la base des tendances historiques est moins importante que d’habitude.
- Le financement des programmes d’assistance pour pouvoir inclure dans les analyses des résultats.
- Les impacts de la rébellion sur le fonctionnement des marchés et les sources d’alimentation et de revenus de la population locale.
- L’effectif réel des populations en insécurité alimentaire aiguë ayant besoin d’assistance d’urgence pour remplir les besoins minimums alimentaires est difficile à établir.
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.