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La hausse de la production de céréales de 7,1 pour cent par rapport à 2018/19 et de 25,5 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale permet une disponibilité céréalière moyenne dans le pays durant l’année alimentaire 2019/20 en dépit des poches de baisse de production signalées dans le sahel occidental et dans les zones de conflit du Centre.
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L’accès des ménages aux vivres est favorisé grâce à la propre production, les revenus moyens tirés des activités habituelles et les prix des denrées stables ou en baisse par rapport à la moyenne. Par conséquent, la majorité des ménages du pays se retrouve en situation d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en mai 2020.
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L’épuisement précoce des stocks à cause de la baisse des productions agricoles dans le sahel occidental, le Liptako Gourma en plus de la dégradation des moyens d’existence liée à l’extension des conflits et aux inondations amènent les ménages pauvres touchés à recourir de façon atypique à la main d’œuvre, la migration, la réduction des dépenses non alimentaires, et à la dépendance à l’aide humanitaire ou des parents pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Par conséquent, ils seront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en mars avec nécessité d’assistance à partir d’avril pour éviter une dégradation en pire.
Campagne agropastorale
Les récoltes jugées moyennes à bonnes pour 88,6 pour cent des ménages du pays se poursuivent à travers le pays. Les prévisions de production de céréales sont en hausse de 27,5 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale et de 7,1 pour cent par rapport à la campagne dernière (Cellule de Planification et de Statistique du Secteur Développement Rural) en dépit des poches de mauvaise production particulièrement dans le sahel occidental de Kayes, à cause de l’insuffisance des pluies, et dans les zones de conflit des cercles du Liptako Gourma. Les perspectives pour les cultures de contre-saison, particulièrement pour le maraichage en cours, sont moyennes dans l’ensemble au regard du niveau d’eau dans les retenues et sur les cours d’eau à travers le pays.
Les récoltes moyennes à bonnes de la saison principale et celles attendues des contre-saisons permettent une disponibilité céréalière moyenne auprès des ménages et sur les marchés à travers le pays durant la nouvelle année alimentaire.
La disponibilité moyenne à excédentaire des pâturages et des points d’eau particulièrement dans les zones pastorales du pays augure d’une soudure pastorale globalement apaisée dans le pays. L’état d’embonpoint des animaux et le niveau des productions animales sont globalement moyens ; ce qui améliore la disponibilité en produits laitiers (lait, beurre, fromage) en cette période de retour habituel des troupeaux pour les résidus de récolte. Cependant, la dégradation rapide attendue dans le sahel occidental à cause du déficit de biomasse et de la descente précoce des troupeaux mauritaniens de même que les perturbations des mouvements des animaux dans les zones de conflit et qui limitent l’accès à certains pâturages, pourront affecter négativement l’alimentation du bétail dans les zones de concentration de saison sèche notamment dans les bourgoutières et autour des points d’eau plus sécures où la soudure pourrait être précoce.
Marchés et prix
L’approvisionnement des marchés en vivres, en dépit des perturbations de flux liées à l’insécurité par endroits dans le Centre et le Nord du pays, est suffisant partout grâce à la hausse saisonnière des offres à un niveau supérieur à la moyenne consécutive aux déstockages, à l’arrivée des nouvelles récoltes et à la facilité d’accès physique aux marchés. La baisse saisonnière des demandes en cette période de disponibilité de la propre récolte et les offres élevées, engendrent la baisse saisonnière des prix qui est de plus en plus observée au niveau des marchés de production. Les prix des céréales en fin novembre sur la plupart des marchés suivis sont en baisse ou stable par rapport au mois passé. Par rapport à la moyenne quinquennale, la tendance générale sur les capitales régionales est à la baisse notamment pour le mil à Koulikoro (-17 pourcent), Ségou (-22 pourcent), Mopti (-20 pourcent) et Niafunké (-19 pourcent) et similaire à Gao (4 pourcents), Tombouctou et Kidal (3 pour cent). Ces niveaux de prix sont favorables à un accès moyen des ménages aux denrées.
Les marchés à bétail sont bien approvisionnés en cette période de retour des transhumants et de reconstitution des stocks pour les ménages d’éleveurs qui profitent des bons termes de l’échange bétail/céréales. Cependant, la demande est impactée négativement par l’insécurité sur certains marchés du Nord et du Centre ; ce qui engendre des flux inhabituels sur certains marchés de Ségou et de Sikasso avec baisse des prix réduisant du coup les revenus pastoraux. Le prix de la chèvre qui est l’animal le plus vendu par les pauvres est pratiquement stable ou en hausse par rapport au mois passé. Par rapport à la moyenne quinquennale, il est en hausse dans l’ensemble comme à Mopti et Nara (8 pour cent) à Gao (16 pour cent) à Bourem (14 pour cent), Gourma Rharous (23 pour cent) et similaire à Ménaka. Par conséquent, les termes de l’échange chèvre/mil sont en amélioration au niveau des marchés pastoraux suivis de 5 pour cent à Tombouctou, 11 pour cent à Gao, 16 pour cent à Nara, 17 pour cent à Bourem, à 51 pour cent à Gourma Rharous ; ce qui est favorable à un accès moyen des ménages éleveurs aux vivres.
Inondations
Les fortes pluies enregistrées en juillet-août ont engendré des dégâts sur les cultures, les biens d’équipements, des habitats, des greniers de céréales et sur le bétail dans les régions de Ségou, Koulikoro, Bamako, Tombouctou, Mopti et Kidal. La dégradation des moyens d’existence qui en découle affecte négativement les capacités des ménages estimés à plus de 90000 personnes (Direction Générale de la Protection Civile, octobre 2019), à satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires et de reconstitution des moyens d’existence.
Mouvements des populations et insécurité
Les mouvements inhabituels de populations continuent au rythme de l’évolution de la situation sécuritaire notamment dans la zone du Liptako Gourma où les conflits persistent et s’étendent en plus des opérations militaires en cours. Selon le rapport de la CMP (Commission Mouvements des Populations), le nombre de déplacés internes est de 199385 personnes en fin octobre. Ces personnes déplacées au niveau des camps (Bamako, Ségou) et chez les ménages hôtes sur lesquels ils exercent une pression sur les maigres ressources, se retrouvent dans des besoins d’assistance alimentaire et de renforcement des moyens d’existence.
La situation actuelle n’a pas affecté les hypothèses utilisées dans le développement du scenario de FEWS NET probable pour la période d’octobre 2019 à mai 2020.
La disponibilité moyenne à bonne des récoltes et l’évolution attendue des prix des denrées à des niveaux inférieurs à similaires à la moyenne sont favorables à un accès moyen des ménages aux denrées à travers les revenus tirés des activités habituelles de mains d’œuvre agricole et non agricole. Par conséquent, la majorité des ménages du pays se retrouvera dans une situation d’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC), de décembre 2019 jusqu’en mai 2020.
Toutefois, l’épuisement précoce des stocks à cause de la baisse importante de production liée à l’insuffisance des pluies et aux ennemies des cultures engendrera une dépendance précoce aux marchés pour les populations des cercles de Kayes, Nioro, Yélimané et par endroits dans la bande du fleuve de Mopti à Gao. Ces ménages qui ont un accès relativement moyen aux vivres en cette période de récolte bien que faibles, de la solidarité locale connaitront dès mars une dégradation de la consommation alimentaire et de la situation nutritionnelle à des niveaux supérieurs à la moyenne. Les ménages pauvres qui ne pourront satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir de façon atypique à la migration, aux emprunts, à la main d’œuvre et à la réduction de dépenses non alimentaires seront par conséquent en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) de mars à mai 2020.
Dans les zones d’insécurité particulièrement dans la région du Liptako Gourma, les ménages pauvres aux revenus en baisse surtout pour ceux de Bankass, Koro, Bandiagara, Douentza, Ménaka connaissent une forte dégradation des moyens d’existence qui limite leurs capacités à satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Ces ménages en situation d’insécurité de Stress (Phase 2 de l’IPC) d’octobre jusqu’en mars grâce à leurs propres récoltes même faibles, des rémunérations en nature dans les récoltes, de la solidarité locale et des appuis du Gouvernement et des agences humanitaires connaitront dès mars la dégradation de leur consommation alimentaire à des niveaux supérieurs à la moyenne. Le recours aux stratégies d’adaptation négatives à cause de leur dépendance plus longue que d’habitude aux marchés engendrera une dégradation précoce de la consommation alimentaire à cause des difficultés d’accès aux vivres et de perte importante du bétail ; ce qui les met en situation d’insécurité alimentaire de Stress avec nécessité d’assistance à partir d’avril (Phase 2 ! de l’IPC) jusqu’en mai.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.