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L’insécurité et les prix élevés réduisent l’accès des ménages pauvres aux aliments

L’insécurité et les prix élevés réduisent l’accès des ménages pauvres aux aliments

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  • Messages clé
  • Situation actuelle
  • Suppositions mises à jour
  • Perspectives jusqu’ à septembre 2023
  • Résultats les plus probables en matière de sécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’aide humanitaire
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    • Une dégradation de l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de mai/juin est attendue pour les ménages pauvres des zones d’insécurité du centre et du nord du pays à cause des difficultés d’accès aux vivres liées à l’épuisement précoce des stocks, aux prix élevés des céréales de base et de la dégradation continue des moyens d’existence en lien avec l’insécurité résiduelle. Dans la région de Ménaka, près de 40 pour cent de la population est déplacée. Dans les zones inaccessibles de cette région en raison de perturbations récentes, et là où l’accès aux sources de revenus et de nourritures voire l’accès aux assistances humanitaires est très limité, une dégradation probable en Urgence (Phase 4 de l’IPC) est attendue de juin à septembre 2023.

    •  La multiplication des affrontements entre groupes armés, particulièrement dans les régions de Gao et de Ménaka, engendre des difficultés d’approvisionnement des marchés de ces zones déjà fragilisées par la réduction des flux commerciaux. Les vols de bétail, la réduction des activités économiques et de l’accès humanitaire aux populations dans les zones inaccessibles exposent davantage les populations de la zone à une insécurité alimentaire élevée. 

    • L’accès des ménages pauvres aux vivres est réduit à travers le pays à cause du niveau élevé des prix des céréales par rapport à la moyenne quinquennale de plus de 30 pour cent sur les différents marchés suivis par FEWS NET. En plus, la baisse des termes de l’échange bétail/céréales en fin mars de 25 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale réduit les capacités d’accès des ménages éleveurs aux marchés.

    • La soudure pastorale en cours poursuit normalement dans le pays grâce à la disponibilité moyenne des pâturages et des points d’eau. Toutefois, les concentrations inhabituelles de bétail à cause de l’insécurité dans les régions de Mopti, Ségou, Ménaka et de Gao engendrent des dégradations de pâturages précoces dans les zones plus sécures, ce qui affectera négativement l’alimentation du bétail et par conséquent une baisse de productions animales et de revenus pastoraux. 

    Situation actuelle

    Situation sécuritaire: Les incidents sécuritaires et leur recrudescence persistent dans les régions de Ménaka, Gao et par endroits à Mopti et Tombouctou, et le nord de Ségou, Koulikoro, et Kidal. Cela continue d’engendrer des déplacements de populations, de perturber les activités économiques et les capacités d’accès des ménages à des sources habituelles de revenus et de nourriture. Selon les données d’ACLED, une baisse globale de 18 pour cent du nombre d’incidents sécuritaires a été observée à travers le pays entre février et mars 2023 avec toutefois une hausse des fatalités de 58,9 pour cent entre les deux périodes. Cependant, une hausse de 65 pour cent du nombre d’incident est observée dans la région de Ménaka, ce qui engendre des difficultés énormes d’accès à certaines parties de cette région. Les vols de bétail, des destructions de biens de production et des difficultés d'accès humanitaire réduisent la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies d’adaptation inhabituelles. Les déplacements inhabituels de la population, particulièrement dans la ville de Ménaka où les personnes déplacées représentent près de 40 pour cent de sa population, contribuent davantage aux écarts de consommation alimentaire. La poursuite des déplacements de population vers les villes plus sécurisées de Gao, Ansongo, Kidal et de Ménaka à la suite des nombreux affrontements entre les groupes armés dans les régions de Gao et de Ménaka constitue une pression supplémentaire sur les maigres ressources pour ces zones d’accueil. De plus, les braquages sur les principaux axes de ravitaillement de la zone ont réduit les flux commerciaux. En fin mars 2023, près de 9 000 personnes nouvellement déplacées ont été recensées à Ménaka selon OCHA.

    Productions agropastorales: Les récoltes en cours des cultures maraîchères de contre-saison sont globalement moyennes et améliorent la consommation alimentaire et le revenu des ménages. Cependant, ces activités sont fortement perturbées dans certaines zones d'insécurité du centre et du nord du pays, où les déplacements de population et les abandons de champs liés à l'insécurité sont fréquents. L’évolution du riz de contre-saison est moyenne dans l'ensemble, mais l'insécurité et le prix élevé des intrants agricoles ont réduit les superficies emblavées dans les zones habituelles de culture de l'Office du Niger et dans la vallée du fleuve Niger de Mopti à Gao. Les travaux d'installation et d'entretien des cultures de contre-saison en cours offrent des opportunités de revenus et de nourriture pour les ménages pauvres dans les zones des périmètres irrigués. Les récoltes attendues à partir de mai, bien qu'inférieures à la moyenne, amélioreront la disponibilité céréalière sur les marchés.

    La disponibilité des pâturages et de points d'eau est moyenne dans l’ensemble et favorable à une soudure pastorale normale dans le pays. Cependant, dans les zones d'insécurité de Gao, Ménaka et Mopti, l'accès à certains pâturages est perturbé à cause de l'insécurité, ce qui engendre des concentrations inhabituelles de troupeaux dans les zones plus accessibles de la vallée du fleuve et par endroits dans la région de Kidal. La dégradation inhabituelle des pâturages qui en découle engendrera des difficultés d'alimentation du bétail et affectera négativement la production des produits animaliers (lait, beurre, fromage) ainsi que l'embonpoint des animaux. Actuellement, les troupeaux se trouvent dans les pâturages de saison sèche le long du fleuve et des points d'eau permanents. Cependant, la hausse du prix de l'alimentation du bétail de plus de 30 pour cent par rapport à la moyenne, conjuguée à la baisse des revenus due à la baisse de la production de coton, et à la réduction des pâturages disponibles en raison des dégâts des feux de brousse dans certaines zones du nord du pays, entraîneront des difficultés à fournir une alimentation adéquate du bétail.

    La situation zoo-sanitaire reste marquée par des suspicions de foyers de pasteurellose bovine, ovine et caprine (une infection bactérienne) dans la région de Kidal, au cours de février à mars avec des cas de mortalités signalées. La campagne de vaccination se poursuit dans les régions du centre et nord du pays avec l’appui de certains partenaires humanitaires notamment le CICR et la FAO.

    Pêche: La décrue sur les fleuves a permis une hausse saisonnière des captures de poissons dans les différentes zones de pêche. Les ménages pêcheurs bénéficient alors des prix supérieurs à la moyenne et de revenus moyens à supérieurs à la moyenne. Cependant, dans les zones d’insécurité du delta du Niger et par endroits à Gao et Ansongo, l'activité de pêche reste perturbée par des incidents sécuritaires, ce qui affecte négativement les revenus des ménages pêcheurs dans ces régions.

    Marchés et prix: L’approvisionnement des marchés se poursuit normalement dans l’ensemble. Toutefois, des difficultés d’accès aux marchés sont signalées dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays et en en particulier dans la région de Ménaka, les cercles d’Ansongo (sud-est) et Gao (sud) où l’accès reste très limité et ou des cessations du trafic par les transporteurs est parfois observée à cause de cette insécurité. L’offre de céréales et produits importés reste suffisante sauf dans les régions de Ménaka et dans la partie de Gao où les circuits d’approvisionnement sont fortement perturbés.

    Le prix de la céréale de base (mil, sorgho, maïs) reste nettement supérieur à la moyenne quinquennale sur les marchés des capitales régionales. Les hausses sont de 62 pour cent à Ménaka, 61 pour cent à Sikasso, 49 pour cent à Koulikoro, 45 pour cent à Ségou, 38 pour cent à Gao, 35 pour cent à Mopti, 32 pour cent à Kayes et 26 pour cent à Tombouctou. Ce niveau élevé des prix des céréales réduit l'accès des ménages pauvres aux aliments, en particulier pour les ménages déplacés qui n'ont plus accès aux sources habituelles de revenus et de nourriture en raison de l'insécurité. Cette situation est d'autant plus marquée dans les zones inaccessibles de la région de Ménaka et le nord d'Ansongo où les activités économiques sont presque à l’arrêt.

    Marchés à bétail: La hausse saisonnière de l'offre de bétail en plus des demandes pour le Ramadan au Mali et dans les pays voisins est observée sur les marchés. Cependant, les dysfonctionnements des marchés dans les zones pastorales du nord en raison de l'insécurité réduisent les flux commerciaux vers les principaux marchés de la région, affectant ainsi les revenus tirés de la vente. Les prix de la chèvre sont supérieurs à la moyenne quinquennale sur les marchés pastoraux et affichent une hausse de 6 pour cent à Tombouctou, 17 pour cent à Mopti, 18 pour cent à Ménaka, 22 pour cent à Nara, 26 pour cent à Rharous, 30 pour cent à Bourem et 36 pour cent à Gao. Bien que ces prix soient favorables aux éleveurs, ils ne profitent pas aux petits éleveurs qui connaissent une réduction importante de leur effectif à la suite des ventes excessives et des vols. En outre, les termes de l'échange chèvre/mil sont en baisse sur tous les marchés suivis par rapport à la moyenne quinquennale en raison des prix élevés des céréales (Figure I). Ils sont en baisse par rapport à la moyenne quinquennale de 27 pour cent à Ménaka, 16 pour cent à Tombouctou, 15 pour cent à Rharous, 14 pour cent à Mopti, 12 pour cent à Nara et Gao et 11 pour cent à Bourem, ce qui réduit l'accès des ménages éleveurs aux vivres.

    Figure 1

    Termes de l’échange caprin/mil (kg/tête) sur certains marchés en mars 2023

    Source: FEWS NET

    L’aide humanitaire alimentaire et aide aux moyens d’existence: Les appuis humanitaires en vivres et en non-vivres de la part du gouvernement et des différents partenaires se poursuivent principalement à l’endroit des ménages pauvres et des déplacés dans le cadre du mécanisme rapide de réponse. Le Programme Alimentaire Mondial, à travers ses partenaires World Vision et Action contre la Faim, a distribué 468 tonnes de vivres (céréales, légumineuses, huile et sucre) et fourni une aide en espèces à 36 600 personnes déplacées (PDI). Sur le total des PDI, 11 982 se trouvaient à Ménaka et 24 618 à Gao (OCHA). Des opérations d’appui en moyens d’existence (engrais, semences, aliments de bétail et de petits équipements) sont également en cours par la FAO, le CICR et d’autres partenaires au profit des ménages pauvres des zones d’insécurité du centre et du nord du pays. Toutefois, la recrudescence des incidents sécuritaires qui restreint les mouvements, limite l’accès humanitaire pour les populations en besoin d’assistance dans certaines zones d’insécurité dans les régions de Gao et de Ménaka. Bien que les appuis humanitaires mensuels de vivres couvrant au moins 60 pour cent des besoins énergétiques des bénéficiaires de la part du gouvernement et des différents partenaires se poursuivent, l'accès humanitaire reste un défi dans les zones inaccessibles de Ménaka et par endroits à Gao et Ansongo où les ménages manquent également de services sociaux de base. Dans les zones accessibles de Ménaka, l’arrivée continue des populations déplacées augmente les besoins d’assistance.

    Suppositions mises à jour

    Les hypothèses du rapport sur les perspectives de sécurité alimentaire de février à septembre 2023 se maintiennent, à l'exception de celles mises à jour ci-dessous:

    • Situation sécuritaire et ses impacts sur les moyens d’existence des ménages: Étant donné la recrudescence des affrontements en cours entre les groupes armés et avec les forces armées dans le centre et le nord du pays en particulier dans les régions de Ménaka et Gao, une augmentation du nombre d’incidents est attendue jusqu’en septembre 2023. Cette escalade des affrontements aura un impact plus important que prévu sur les moyens d’existence. Dans les zones centres et le nord des régions de Ségou et de Koulikoro, les attaques contre les populations civiles devraient également se poursuivre. La hausse du nombre de population déplacée, les perturbations énormes des activités économiques et les difficultés d’accès humanitaires aux zones en dehors des villes réduiront la capacité des ménages à accéder aux sources habituelles de revenus et de nourriture. Les ménages les plus touchés se trouvent dans les zones inaccessibles des régions de Ménaka et de Gao.
    Perspectives jusqu’ à septembre 2023

    Dans les zones agricoles du sud du pays, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l'IPC) en cours se poursuivra jusqu’en fin septembre 2023 grâce aux récoltes globalement moyennes et des revenus proches de la moyenne. Les activités habituelles pendant cette période comprennent la vente de produits agricoles (céréales, de contre-saison), de bétail et du poisson, des activités de main d’œuvre agricole et non-agricole et de la migration, entre autres. Cependant, l'inflation générale élevée (6,1 pour cent en un an) et les prix des céréales de base nettement supérieures par rapport à la moyenne réduisent le pouvoir d'achat des ménages pauvres, les obligeant à recourir à des stratégies d'adaptation atypiques de réduction des dépenses non alimentaires pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Par conséquent, les ménages pauvres des centres urbains et des zones ayant connu un épuisement précoce des stocks en raison de la baisse des productions de céréales et leur dépendance inhabituelle au marché, connaîtront une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l'IPC) d'avril à septembre 2023.

    Dans la zone du Liptako Gourma, la dégradation continue des moyens d’existence en lien avec l’insécurité récurrente réduit l’accès des ménages aux aliments particulièrement dans la région de Ménaka et par endroits dans celles de Gao et de Mopti où une recrudescence des attaques armées est observée. L’épuisement précoce des stocks et les difficultés d’accès aux sources habituelles de revenus et de nourriture à une période où les prix des denrées de base sont largement au-dessus de la moyenne quinquennale, réduiront significativement les capacités des ménages pauvres dans ces zones à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Une dégradation inhabituelle de la consommation alimentaire dans la zone a été générée par les ventes excessives de bétail (pour ceux-là qui en disposent encore), la réduction des dépenses alimentaires et non alimentaires, et la réduction du volume et de la qualité des repas. Par conséquent, l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) en cours dans les cercles Bankass, Koro, Douentza, Bandiagara (Mopti), Gourma Rharous (Tombouctou) connaitra une dégradation en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de juin jusqu’en septembre 2023.

    Dans les zones inaccessibles de la région de Ménaka, qui abritent entre 20 et 30 pour cent de la population totale de la zone, notamment dans les communes d’Andéramboucane et Inekar, la situation actuelle de Crise se dégradera probablement en Urgence (Phase 4 de l'IPC) de juin à septembre. En effet, ces zones sont confrontées à une réduction significative voire l’arrêt des opportunités de revenus, une hausse des prix des céréales, une baisse du pouvoir d'achat et une inaccessibilité aux assistances humanitaires.

    Les difficultés d’accès aux vivres pendant la soudure surtout dans les zones d’insécurité engendreront la détérioration habituelle de la situation nutritionnelle d’avril à septembre 2023. Cette situation sera aggravée par l'accès réduit aux services sociaux de base et par les mauvaises pratiques alimentaires et d'hygiène, ainsi que par la prévalence élevée de maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires aiguës. Dans ces zones inaccessibles avec un accès aux vivres très limité, la prévalence de la malnutrition aigüe globale (MAG) est très élevée selon l’enquête SMART de mars 2023 qui donne une prévalence de MAG de 19,7 pour cent pour le Cercle d’Ansongo et 7,7 pour cent pour celui de Gao. La prévalence est beaucoup plus élevée au niveau des sites de PDI de Gao (15,1 pour cent) et de Ménaka (26,9 pour cent) avec des cas de malnutrition aigüe sévère, respectivement de 4,2 pour cent et 8,2 pour cent. Ces chiffres confirme une situation alimentaire très critique avec probablement des niveaux élevés de mortalité dans ces deux cercles.

    Résultats les plus probables en matière de sécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’aide humanitaire

    Citation recommandée: FEWS NET. Mali Mise à jour des Perspectives sur la Sécurité Alimentaire, avril à septembre 2023 : L’insécurité et prix élevé réduisent l’accès des ménages pauvres aux aliments

    Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.

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