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L’évolution de la campagne agricole est moyenne dans l’ensemble grâce à une accalmie des attaques des ennemis des cultures et une pluviométrie globalement satisfaisante pour un développement normal des cultures. Toutefois, l’accès aux fertilisants est limité à cause de leur faible disponibilité et de leurs prix élevés de plus de 50 pour cent par rapport à la moyenne ; ce qui affectera négativement la production agricole par endroits.
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La hausse des prix des denrées alimentaires de base, notamment les céréales (mil, sorgho et maïs) de 40 à 100 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale couplée à la détérioration des termes de l’échange chèvre/céréales de plus de 25 pour cent réduisent le pouvoir d’achat des ménages pauvres entrainant par conséquent des difficultés d’accès aux vivres.
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En fin juin, 1 413 570 personnes (77% des ciblés) ont bénéficié d’assistance alimentaire de janvier à juin 2022 dont 209 614 IDPs, principalement dans les régions du centre et du nord du pays ; ce qui atténue les difficultés d’accès des bénéficiaires aux vivres.
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En raison du prix élevé des denrées alimentaires, de la forte dégradation des moyens d’existence avec des déficits de protection ou de survie et de la situation sécuritaire volatile, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) est présente dans la zone du Liptako Gourma, dans les zones d’insécurité du Nord et avec nécessité d’assistance dans la zone de Ménaka pour éviter une dégradation en Phase Crise 3!. De même, pour les ménages pauvres du Sahel Occidental et de la vallée du fleuve Niger qui sont incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires sans recourir à des stratégies atypiques, ils seront respectivement en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire et en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) d’octobre à janvier 2023 à la faveur de la disponibilité des récoltes.
La pluviométrie : Des hauteurs de pluies moyennes à importantes ont été enregistrées au cours du mois d’août à travers le pays et ont permis de réduire le deficit observé durant les mois de juin et de juillet dans les zones agricoles. Le cumul pluviométrique du 1er avril au 20 août est similaire à inférieure de 10 à 25 pour cent par rapport à la moyenne inter-annuelle 1991-2020. En depit du deficit observé dans beaucoup de zone, les hauteurs de pluies enregistrées sont jugées suffisantes pour les besoins des cultures dans l’ensemble et favorables à la poursuite normale des travaux d’entretien des cultures.
Campagne agropastorale : Les opérations d’entretien des cultures se poursuivent et constituent des opportunités de revenus et de nourritures pour les ménages pauvres dans les zones agricoles du pays. Grace à la bonne pluviométrie, les superficies cultivées sont globalement similaires à celles de l’année dernière à la même période dans l’ensemble selon le service de l’Agriculture malgré les difficultés d’accès aux engrais minéraux peu disponibles et dont les prix élevés de plus de 50 pour cent par rapport à la moyenne ont augmenté les dépenses des ménages aisés et réduit leur utilisation au niveau des pauvres. Toutefois, dans les zones d’insécurité de l’Office du Niger dans la région de Ségou, du centre et par endroits au nord du pays, les superficies cultivées sont inférieures à la moyenne à cause des difficultés d’accès aux champs liées à l’insécurité. Le faible accès aux engrais et les inondations des champs à cause des grandes pluies observées au cours du mois, affecteront négativement les rendements attendus des cultures principalement celles dépendantes des engrais (coton, maïs, riz voire le sorgho).
Conditions pastorales : Les ressources pastorales (pâturages et eau) sont en reconstitution à travers tout le pays grâce aux hauteurs satisfaisantes de pluies enregistrées. L’embonpoint des animaux ainsi que les productions animales (lait, beure, et viande) sont en amélioration par rapport au mois précedent ; ce qui améliore la consommation alimentaire des ménages éleveurs ainsi que les revenus issus de la vente du bétail et des produits animaliers. Par contre, le retour des animaux dans les pâturages d’hivernage est perturbé par la recrudescence des attaques terroristes dans la bande sud de Ménaka, Ansongo et aussi dans la zone du Liptako Gourma. Cette insécurité entraîne des difficultés d’alimentation du bétail donc une baisse de la production animalière qui affecte négativement l’alimentation et le revenu des ménages éleveurs. Pour la santé animale, la situation est calme dans l’ensemble et la campagne de vaccination se poursuit avec l’appui de certains partenaires humanitaires tels que le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et la FAO.
Pêche : La baisse saisonnière habituelle des captures de poissons est observée à cause de la montée de la crue sur les cours d’eau. Les captures sont inférieures à la moyenne ainsi que les revenus générés.
Situation sécuritaire : Une intensification des incidents sécuritaires a été observée dans le pays particulièrement dans la bande frontalière avec le Burkina Faso et le Niger. Selon Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), de janvier au 10 août 2022, il a été enregistré 788 incidents occasionnant 3056 décès contre 678 incidents avec 1185 décès pour la même période de 2021 à travers le pays. Ces incidents engendrent des déplacements inhabituels de populations et une dégradation des moyens d’existence à travers les vols/pillages et perturbation des activités économiques. Selon le rapport Matrice de Suivi des Déplacements (DTM), le nombre de personnes déplacées en fin mai 2022 est estimé à 377 519 personnes contre 370 548 personnes déplacées en avril 2022, soit une hausse de 1,9 pour cent particulièrement dans la zone du Liptako-Gourma et des régions du nord du pays.
Marchés et prix : L’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires se poursuit à un niveau inférieur à la moyenne à cause de la baisse globale de productions de céréales de l’année dernière et des sanctions économiques et financières de la CEDEAO qui ont réduit les flux des produits commerciaux et de la recrudescence de l’insécurité. Aussi, le conflit Ukrainien-Russe a entrainé une hausse du prix des hydrocarbures, une faible disponibilité et une inflation des prix de certaines denrées alimentaires. L’offre de céréales bien que faible par rapport à la moyenne reste suffisante dans l’ensemble. Les prix des céréales sont stables par rapport au mois précédent. Par rapport à la moyenne quinquennale, les prix des céréales de base au niveau des marchés des capitales régionales sont nettement en hausse de 101 pour cent à Sikasso, 91 pour cent à Ségou, 84 pour cent à Koulikoro, 80 pour cent à Mopti, 64 pour cent à Kayes, 53 pour cent à Ménaka, 51 pour cent à Gao et 47 pour cent à Tombouctou.
L’offre de bétail reste perturbée dans les zones d’insécurité, ce qui réduit les flux vers les principaux marchés. Au regard de la reprise de l’embonpoint des animaux grâce à la reconstitution des pâturages et des points d’eau, le prix du bétail est similaire à supérieur à la moyenne quinquennale dans l’ensemble. Le prix de la chèvre, par rapport à la moyenne quinquennale est supérieur sur les marchés pastoraux suivis, soit 46 pour cent à Bourem, 41 pour cent à Ménaka, 29 pour cent à Rharous, 21 pour cent à Gao, Nara et Tombouctou. Cependant, le prix de la chèvre est resté stable à Mopti en raison d’une relative stabilité de l’offre. Les termes de l’échange chèvre/céréale sont stables (réf. Figure 1) dans l’ensemble par rapport au mois de juin 2022, mais ils sont inferieurs par rapport à la moyenne quinquennale à Bourem (-4 pour cent), Nara (-37 pour cent), Rharous et Gao (-20 pour cent), Mopti (-45 pour cent), Tombouctou (-25 pour cent), Ménaka (-8 pour cent). Cette hausse de prix de la chèvre améliore les revenus des ménages éleveurs, en revanche, la détérioration des termes de l’échange chèvre/céréale réduisent l’accès des ménages éleveurs aux vivres dans l’ensemble en raison des prix élevés des céréales.
Assistance humanitaire : La distribution de l’assistance alimentaire s’est intensifiée en cette période de soudure par l’état et les partenaires humanitaires pour les 1 841 067 personnes identifiées en insécurité alimentaire à travers tout le pays. De janvier à juin 2022, selon le cluster SA, 1 413 570 personnes (dont 209 614 IDPs) ont bénéficié des assistances alimentaires principalement sous forme de cash/coupon pour 95 pour cent et en nature pour 5 pour cent. Au même moment, 656 657 personnes ont reçu un appui aux moyens d’existence à travers les appuis dans la vaccination du bétail, les intrants agricoles et les fonds pour les activités génératrices de revenus. Toutefois, la faible mobilisation des finances du côté du gouvernement pour ses assistances planifiées et les difficultés d’accès humanitaires dans les zones concernées risquent de limiter l’impact de ces assistances. Ces assistances humanitaires mensuelles en vivres et en non-vivres améliorent la disponibilité alimentaire et l’accès des ménages bénéficiaires pendant cette période de soudure.
SUPPOSITION MIS À JOUR
La situation actuelle n’a pas fondamentalement affecté les hypothèses utilisées pour développer le Scenario le plus probable pour la période de juin 2022 à janvier 2023 hormis l’insécurité qui connait une détérioration plus marquée que prévue.
- Situation sécuritaire et mouvement des populations : La dégradation de la situation sécuritaire observée depuis le mois de juin dans le Nord, Centre voire le Sud du pays se poursuivra particulièrement dans la bande Sud de Ménaka et Ansongo à la suite de l’avancée du groupe terroriste « Etat Islamique au Grand Sahara ». Au centre, l’intensification des opérations militaires dans le cadre du soutien à la campagne agricole engendre une multiplication des foyers de tension de la part des groupes du Katiba de Macina. Ces incidents sécuritaires marqués par la pose d’engins explosifs, des assassinats ciblés dans le nord et le centre du pays continueront à perturber les activités socio-économiques et à engendrer une hausse continue du nombre de populations déplacées.
PERSPECTIVE ESTIMÉE JUSQU’EN JANVIER 2023
Les difficultés d’accès des ménages pauvres aux vivres à cause des prix élevés des céréales de base, la détérioration des termes de l’échange chèvre/céréales et la précarité des revenus des ménages, engendrent une dégradation plus marquée que la moyenne de leur consommation alimentaire en cette période de soudure. Le Score de Consommation Alimentaire (SCA) pauvre plus limite selon le mVAM du deuxième trimestre affecte 40,5 pour cent des ménages (SCA pauvre 7,8 pour cent) dont 11,5 pour cent éprouvent une faim faible (4,7 pour cent) et modérée (6,8 pour cent), ce qui dénote des problèmes de consommation alimentaire. Ainsi, les ménages pauvres des centres urbains, de la zone du Sahel Occidental et de la vallée du fleuve Niger, incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires sans recourir à des stratégies atypiques telles que l’emprunt ou la réduction des dépenses non alimentaires, sont en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) d’août à septembre 2022.
Dans les zones du Liptako Gourma, les ménages connaissent une exacerbation des incidents sécuritaires avec une dégradation continue de leurs moyens d’existence marquée par un déficit total de protection de moyens d’existence voire de survie. En plus, l’indice de stratégie d’adaptation alimentaire de crise à urgence élevé particulièrement dans la région de Gao (42,3%) et Tombouctou (32,1%). Cela se traduit par la réduction drastique des dépenses alimentaires et non alimentaires, la réduction du volume des repas voire du nombre de repas, la dépendance à l’assistance humanitaire et la flambée des prix des céréales de base. Par conséquent, les ménages pauvres du Liptako Gourma connaissent une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) qui se poursuivra jusqu’en septembre. Dans la zone de Ménaka avec un taux de malnutrition aigüe globale de 17,9 pour cent selon le SMART de 2021, la flambée des prix des produits alimentaires, la détérioration des termes de l’échange chèvre/mil, la précarité des revenus des ménages et la poursuite de la hausse du nombre des PDIs à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire dégradent fortement les moyens d’existence des ménages. Ainsi l’insécurité alimentaire de Crise avec nécessité d’assistance humanitaire (Phase 3! de l’IPC) se poursuivra jusqu’en septembre 2022.
À partir de septembre, la disponibilité moyenne des récoltes vertes, des produits de cueillette (fruits sauvages, légume feuille, et fonio sauvage), des produits animaliers (lait, fromage, et beurre) et l’assistance humanitaire amélioreront l’accès des ménages en vivres et limiteront le recours aux stratégies d’adaptation négatives avant les récoltes principales en octobre. La disponibilité de la propre production, des céréales issues de la rémunération en nature, permettront à la majorité des ménages d’être en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en janvier 2023. Cependant, les ménages pauvres dans la zone du Liptako Gourma, les zones d’insécurité du Nord, les ménages pauvres des centres urbains et les déplacés seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire, notamment avec nécessité d’assistance dans la zone de Ménaka.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.