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Dégradation des moyens d’existence des ménages par l’insécurité et la COVID-19

  • Mise à jour sur la sécurité alimentaire
  • Mali
  • Août 2021
Dégradation des moyens d’existence des ménages par l’insécurité et la COVID-19

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  • Messages clé
  • SITUATION ACTUELLE
  • SUPPOSITIONS MIS A JOUR
  • PERSPECTIVE ESTIMÉE JUSQ’EN JANVIER 2022
  • Messages clé
    • L’évolution de la campagne agropastorale est moyenne dans l’ensemble avec une superficie cultivée inférieure de 3 pourcents par rapport à juillet 2020 et une reprise salutaire de la culture de coton après le boycott de l’année dernière. La poursuite des installations pour la culture de riz et les travaux d’entretien en cours constituent des opportunités moyennes de revenus et de nourriture pour les ménages pauvres.

    • L’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires reste suffisant à travers le pays malgré les perturbations des flux liées à la persistance de l’insécurité dans les zones du centre et du nord du pays. Les prix des céréales similaires à légèrement supérieurs à la moyenne quinquennale et les termes de l’échange chèvre/céréales en hausse, sont favorables à un accès moyen des ménages aux denrées excepté certains marchés reculés des régions de Gao et de Tombouctou.

    • L’assistance humanitaire en vivres et en cash par le Gouvernement et les partenaires humanitaires en cours se poursuivra jusqu’en septembre pour environ 1,4 millions de personnes en insécurité alimentaire. Cette assistance réduit les difficultés d’accès aux aliments des ménages bénéficiaires et le recours aux stratégies d’adaptation négatives.

    • L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) en cours dans la région du Liptako Gourma et de Stress (Phase 2 de l’IPC) dans certaines localités dans le nord du pays et les centres urbains se poursuivront jusqu’en septembre 2021. La disponibilité des récoltes en octobre, la baisse des prix des céréales et l’amélioration des termes d’échange bétail/céréales attendues, seront favorables à un accès moyen de la majorité des ménages aux vivres. Par conséquent, la majorité des ménages sera en Minimale (Phase 1 de l’IPC) à partir d’octobre.


    SITUATION ACTUELLE

    Situation sécuritaire

    La recrudescence de l’insécurité en août marquée par des attaques contre les civiles est observée dans les cercles de Niono, de Nara et d’Ansongo. Les perturbations des activités socio-économiques dans les zones concernées limitent la relance économique et les opérations de mise en œuvre de l’assistance humanitaire. D’une manière générale, la tendance des incidents sécuritaires est en légère hausse depuis le début de l’année avec 592 incidents répertoriés de janvier à juillet 2021 occasionnant 1061 décès contre 628 pour 1956 décès en fin juillet 2020 (ACLED). Les pillages de biens, l’inaccessibilité des ménages à leurs champs et les perturbations de marchés, continuent de réduire les capacités des ménages à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. En fin juin, le nombre de personnes déplacées à cause de l’insécurité et aux conflits intercommunautaires a été estimé à 372 266 (CMP, juin 2021). Les difficultés d’accès aux services sociaux de base, aux champs, les pertes de bétail, la diminution d’opportunités pour trouver l’emplois, et les difficultés d’accéder à l’assistance humanitaire rehaussent la vulnérabilité des ménages pauvres particulièrement dans la zone du Liptako-Gourma.

    Progrès saisonnier

    L’évolution de la campagne agricole est jugée moyenne dans le pays grâce aux pluies normales à excédentaires enregistrées. En fin juillet, les superficies emblavées pour les céréales sont légèrement inférieures de -3% à celles de 2020. La baisse est plus marquée pour le riz (-34%) pour lequel l’installation se poursuit à cause de l’insuffisance des pluies. Pour le coton, l’accord conclu entre la CMDT (La Compagnie Malienne de Développement des textiles) et les agriculteurs a permis d’atteindre 789 527 ha de superficie emblavée contre 170 909 ha en 2020 (année de boycott) et 777 249 ha en 2019 selon la Direction Nationale de l’Agriculture). Les travaux d’entretiens des cultures en cours offrent des opportunités moyennes de revenus et de nourritures aux ménages pauvres.

    Cependant, des perturbations liées à l’insécurité dans les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara, nord de Niono et Nara limitent l’accès des ménages à leurs champs. Les inondations en cours dans les zones agricoles du sud du pays engendrent des pertes de culture et perturbent les opérations agricoles ; ce qui réduit les opportunités d’emplois agricoles.

    La reconstitution des points d’eau et la régénération des pâturages se poursuivent activement à travers le pays grâce aux pluies enregistrées. La production de la biomasse végétale est normale à excédentaire par rapport à la moyenne décennale de 2009-2018 dans tout le pays avec toutefois des poches de léger déficit localisées dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti, Tombouctou.

    La remontée des troupeaux vers les pâturages d’hivernage se poursuit. La reprise de la production de lait estimée moyenne dans l’ensemble améliore la consommation des ménages pasteurs et les revenus par la vente du lait et des produits laitiers (beurre, fromage). La situation zoo-sanitaire est calme et la campagne de vaccination contre les principales maladies se poursuit avec l’appui de certains partenaires.

    Marché et Prix

    Le fonctionnement des marchés se poursuit normalement dans l’ensemble mais connait des perturbations dans les cercles de Niono et dans la bande du Liptako Gourma à cause de la recrudescence de l’insécurité. L’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires reste suffisant dans l’ensemble. Les prix des céréales sont stables ou en légère hausse par rapport au mois passé. Par rapport à la moyenne quinquennale, le prix de la principale céréale au niveau des capitales régionales est similaire à Koulikoro (-3%), Kidal (+2%), Ségou (+2%), en baisse à Mopti (-10%), Tombouctou (-7%) et en hausse à Sikasso (28%), Ménaka (21%), Gao (8%), Kayes (6%). Ces niveaux de prix sont favorables pour un accès moyen des ménages aux denrées excepté à Sikasso, Ménaka et Gao où la hausse des prix limite l’accès des ménages plus pauvres au marché. Par ailleurs, la hausse globale de 10 à 20 pourcents pour les denrées de première nécessité (huile, lait, sucre, etc…) voire plus de 20 pourcents pour la viande et les œufs, limite l’accès des ménages plus pauvres à ces aliments. Des mesures d’exonération de taxes et de subventions sont prises par le Gouvernement pour améliorer l’accès des ménages à ces produits de premières nécessités à travers la stabilisation/diminution des prix.

    Une hausse généralisée du prix du bétail a été observée en juillet avec les préparatifs de la fête de Tabaski et des fortes demandes des pays voisins et se poursuit grâce à l’amélioration des conditions d’élevage. Le prix de la chèvre est supérieur à la moyenne quinquennale à Rharous (+23%), Nara (+27%), Tombouctou (+30%), Mopti (+38%), Bourem (+41%) et Ménaka (+62%) et similaires à Gao. Les termes de l’échange chèvre/mil par rapport à la moyenne quinquennale sont en baisse de 8 pourcents à Gao et en hausse de 34 pourcents à Rharous et Ménaka, 39 pourcents à Nara et Tombouctou et de 54 pourcents à Mopti ; ce qui est favorable à une amélioration de l’accès aux marchés des ménages d’éleveurs.

    Inondations

    Les fortes pluies enregistrées à partir de la troisième décade de juillet ont causé des dégâts légers à importants sur les biens d’équipements, les habitations, les greniers de céréales, et les cultures dans les champs à travers le pays et particulièrement dans le District de Bamako et les régions de Kayes, Sikasso et Ménaka. Selon la DGCP (Direction Générale de la protection Civile), les inondations affectent les moyens d’existence des ménages et leurs capacités à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires en cette période de soudure.  La DGPC estime que 15530 personnes ont été affectées par les inondations ou cours du mois d’aout.

    Impact de la COVID-19

    La reprise des activités économiques grâce à l’assouplissement des mesures barrières et l’ouverture des flux commerciaux a été salutaire pour certaines activités comme la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat, les unités industrielles qui étaient durement touchés. En dépit de cette reprise, les activités économiques restent à un niveau inférieur à la normale, particulièrement pour le secteur informel qui emploie un nombre élevé des travailleurs urbains qui, reste très affecté à travers la réduction des demandes et des emplois. Pour les transferts monétaires des migrants, la reprise des activités économiques dans les zones d’accueil a contribué à améliorer les rémittences mais à un niveau toujours inférieur à la moyenne de 10 à plus de 30 pourcents pour plus d’un tiers des ménages (36,9%) qui en reçoivent (mVAM juin 2021). La réduction des revenus liée à la pandémie a eu un impact sur la campagne agricole en termes de réduction des capacités de certains ménages à accéder aux intrants agricoles et à la main d’œuvre.

    Assistance humanitaire

    Les assistances humanitaires en vivres et en cash par le Gouvernement et les partenaires humanitaires se poursuivent pour près de 1,4 millions de personnes principalement dans les zones d’insécurité du Liptako Gourma et ailleurs dans le pays. Ces assistances mensuelles principalement en cash se poursuivront jusqu’en septembre ; ce qui atténuera les difficultés d’accès des ménages bénéficiaires à la nourriture pendant cette période de soudure qui a été précoce et plus dure qu’une année normale.

     


    SUPPOSITIONS MIS A JOUR

    La situation actuelle n’a pas fondamentalement affecté les hypothèses émises pour le développement du Scenario de FEWS NET le plus probable pour la période de juin 2021 à janvier 2022. Cependant, elle pourrait connaitre des changements liés à l’évolution de la situation sécuritaire et socio-politique en cours au Mali. Dans ce cadre, les hypothèses suivantes ont été élaborées.

    Evolution de la situation socio-politique : L’incertitude politique reste élevée après l’annonce par le Premier ministre le 8 juillet que le gouvernement malien formerait une nouvelle commission de gestion des élections avant les élections générales prévues en février 2022, une décision que l’opposition craint de servir de prétexte pour prolonger la transition politique. La situation politique au Mali devrait rester tendue jusqu’au début de 2022, avec des manifestations et des protestations de plus en plus fréquentes à l’approche des élections, en particulier en décembre 2021 et janvier 2022. 

    Situation sécuritaire : Les attaques contre les civils, les forces de sécurité nationales et internationales de l’État islamique au Sahara (EGLI) et de jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) continuent d’être concentrées dans les régions de Gao et de Mopti. Les attaques jusqu’en octobre devraient diminuer en raison des difficultés de mouvement causées par de fortes pluies et des inondations, mais devraient reprendre de novembre 2021 à janvier 2022, et atteindre les mêmes niveaux élevés de conflit au cours de la même période de l’année précédente en raison du retrait des forces françaises annoncé pour le premier trimestre de 2022. Il en sera de même dans les cercles de Niono et de Nara. Quant aux violences intercommunautaires elles sont en baisse dans le centre du pays à la suite d’une série d’accords de paix négociés en 2020 et début 2021. Cette tendance devrait se poursuivre et être en dessous du niveau des années précédentes.


    PERSPECTIVE ESTIMÉE JUSQ’EN JANVIER 2022

    La soudure normale en cours grâce à la disponibilité moyenne en vivres, des prix des céréales similaires à légèrement supérieurs à la moyenne, les termes de l’échange bétail/céréales en amélioration par rapport à la moyenne et les revenus proches de la moyenne tirés des activités habituelles de mains d’œuvre agricole ou non, de petits commerces, de transfert des migrants, vente de bétail, permettent à la majorité des ménages agro pastorales d’accéder à la nourriture sans grandes difficultés en cette période de soudure. Par conséquent, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) en cours se poursuivra jusqu’en fin septembre 2021.

    Dans le Liptako-Gourma, et par endroits dans le nord du pays et du nord de Ségou, les ménages pauvres à cause des effets combinés de l’insécurité et de la COVID-19 sur les activités économiques qui limitent leur accès à la nourriture, ont recours à des stratégies d’adaptation atypiques telles que la réduction des dépenses alimentaires et non alimentaires, l’emprunt en nature et en espèce, de vente de biens et la dépendance à l’assistance humanitaire pour satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. La situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) qu’ils connaissent en cette période de soudure devrait se poursuivre jusqu’en septembre 2021 particulièrement pour les déplacés dans les zones inaccessibles.

    À partir de septembre, la disponibilité moyenne des récoltes vertes, des produits de cueillette, de lait et l’assistance humanitaire amélioreront l’accès des ménages en vivres et limiteront le recours aux stratégies d’adaptation négatives avant les récoltes principales attendues en octobre. L’accès à la propre production et des  céréales issues de la rémunération en nature de même que l’amélioration des termes de l’échange bétail/céréales permettront à la majorité des ménages d’être en situation  Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en janvier 2022 exception faite pour les  ménages pauvres des zones de conflit  du Liptako Gourma (Koro, Bankass, Ménaka, le nord des cercles de Niono et de Nara), les déplacés et les victimes des inondations qui seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire.

    Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.

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